HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Oeuvres morales, Propos de table, livre V

Chapitre 1

  Chapitre 1

[5,1] ΠΡΟΒΛΗΜΑ Α Διὰ τί τῶν μιμουμένων τοὺς ὀργιζομένους καὶ λυπουμένους ἡδέως ἀκούομεν, αὐτῶν δὲ τῶν ἐν τοῖς πάθεσιν ὄντων ἀηδῶς. Περὶ ὧν ἐγένοντο λόγοι καὶ σοῦ παρόντος ἐν Ἀθήναις ἡμῖν, ὅτε Στράτων κωμῳδὸς εὐημέρησεν (ἦν γὰρ αὐτοῦ πολὺς λόγος), ἑστιωμένων ἡμῶν παρὰ Βοήθῳ τῷ Ἐπικουρείῳ· συνεδείπνουν δ´ οὐκ ὀλίγοι τῶν ἀπὸ τῆς αἱρέσεως. εἶθ´ οἷον ἐν φιλολόγοις περιέστησεν τῆς κωμῳδίας μνήμη τὸν λόγον εἰς ζήτησιν αἰτίας, δι´ ἣν ὀργιζομένων λυπουμένων δεδιότων φωνὰς ἀκούοντες ἀχθόμεθα καὶ δυσκολαίνομεν, οἱ δ´ ὑποκρινόμενοι ταῦτα τὰ πάθη καὶ μιμούμενοι τὰς φωνὰς αὐτῶν καὶ τὰς διαθέσεις εὐφραίνουσιν ἡμᾶς. ἐκείνων μὲν οὖν ἁπάντων σχεδὸν εἷς ἦν λόγος· ἔφασαν γάρ, ἐπειδὴ κρείττων μιμούμενός ἐστι τοῦ πάσχοντος ἀληθῶς καὶ τῷ μὴ πεπονθέναι διαφέρει, συνιέντας ἡμᾶς τοῦτο τέρπεσθαι καὶ χαίρειν. Ἐγὼ δέ, καίπερ ἐν ἀλλοτρίῳ χορῷ πόδα τιθείς, εἶπον ὅτι φύσει λογικοὶ καὶ φιλότεχνοι γεγονότες πρὸς τὸ λογικῶς καὶ τεχνικῶς πραττόμενον οἰκείως διακείμεθα καὶ θαυμάζομεν, ἂν ἐπιτυγχάνηται. ’καθάπερ γὰρ μέλιττα τῷ φιλόγλυκυς εἶναι πᾶσαν ὕλην, τι μελιτῶδες ἐγκέκραται, περιέπει καὶ διώκει, οὕτως ἄνθρωπος, γεγονὼς φιλότεχνος καὶ φιλόκαλος, πᾶν ἀποτέλεσμα καὶ πρᾶγμα νοῦ καὶ λόγου μετέχον ἀσπάζεσθαι καὶ ἀγαπᾶν πέφυκεν. εἰ γοῦν παιδίῳ μικρῷ προθείη τις ὁμοῦ {μικρὸν} μὲν ἄρτον, ὁμοῦ δὲ πεπλασμένον ἐκ τῶν ἀλεύρων κυνίδιον βοΐδιον, ἐπὶ τοῦτ´ ἂν ἴδοις φερόμενον· καὶ ὁμοίως εἴ τις ἀργύριον ἄσημον, ἕτερος δὲ ζῴδιον ἀργυροῦν ἔκπωμα παρασταίη διδούς, τοῦτ´ ἂν λάβοι μᾶλλον, τὸ τεχνικὸν καὶ λογικὸν ἐνορᾷ καταμεμιγμένον. ὅθεν καὶ τῶν λόγων τοῖς ᾐνιγμένοις χαίρουσι μᾶλλον οἱ τηλικοῦτοι καὶ τῶν παιδιῶν ταῖς περιπλοκήν τινα καὶ δυσκολίαν ἐχούσαις· ἕλκει γὰρ ὡς οἰκεῖον ἀδιδάκτως τὴν φύσιν τὸ γλαφυρὸν καὶ πανοῦργον. ἐπεὶ τοίνυν μὲν ἀληθῶς ὀργιζόμενος λυπούμενος ἔν τισι κοινοῖς πάθεσι καὶ κινήμασιν ὁρᾶται, τῇ δὲ μιμήσει πανουργία τις ἐμφαίνεται καὶ πιθανότης ἄνπερ ἐπιτυγχάνηται, | τούτοις μὲν ἥδεσθαι πεφύκαμεν ἐκείνοις δ´ ἀχθόμεθα. καὶ γὰρ ἐπὶ τῶν θεαμάτων ὅμοια πεπόνθαμεν· ἀνθρώπους μὲν γὰρ ἀποθνήσκοντας καὶ νοσοῦντας ἀνιαρῶς ὁρῶμεν· τὸν δὲ γεγραμμένον Φιλοκτήτην καὶ τὴν πεπλασμένην Ἰοκάστην, ἧς φασιν εἰς τὸ πρόσωπον ἀργύρου τι συμμῖξαι τὸν τεχνίτην, ὅπως ἐκλείποντος ἀνθρώπου καὶ μαραινομένου λάβῃ περιφάνειαν χαλκός, ἰδόντες ἡδόμεθα καὶ θαυμάζομεν. τοῦτο δ´εἶπον, ’ἄνδρες Ἐπικούρειοι, καὶ τεκμήριόν ἐστι μέγα τοῖς Κυρηναϊκοῖς πρὸς ὑμᾶς τοῦ μὴ περὶ τὴν ὄψιν εἶναι μηδὲ περὶ τὴν ἀκοὴν ἀλλὰ περὶ τὴν διάνοιαν ἡμῶν τὸ ἡδόμενον ἐπὶ τοῖς ἀκούσμασι καὶ θεάμασιν. ἀλεκτορὶς γὰρ βοῶσα συνεχῶς καὶ κορώνη λυπηρὸν ἄκουσμα καὶ ἀηδές ἐστιν, δὲ μιμούμενος ἀλεκτορίδα βοῶσαν καὶ κορώνην εὐφραίνει· καὶ φθισικοὺς μὲν ὁρῶντες δυσχεραίνομεν, ἀνδριάντας δὲ καὶ γραφὰς φθισικῶν ἡδέως θεώμεθα τῷ τὴν διάνοιαν ὑπὸ τῶν μιμημάτων ἄγεσθαι {καὶ} κατὰ τὸ οἰκεῖον. ἐπεὶ τί πάσχοντες τίνος ἔξωθεν γενομένου πάθους τὴν ὗν τὴν Παρμένοντος οὕτως ἐθαύμασαν, ὥστε παροιμιώδη γενέσθαι; καίτοι φασὶ τοῦ Παρμένοντος εὐδοκιμοῦντος ἐπὶ τῇ μιμήσει, ζηλοῦντας ἑτέρους ἀντεπιδείκνυσθαι· προκατειλημμένων δὲ τῶν ἀνθρώπων καὶ λεγόντωνεὖ μὲν ἀλλ´ οὐδὲν πρὸς τὴν Παρμένοντος ὗν’, ἕνα λαβόντα δελφάκιον ὑπὸ μάλης προσελθεῖν· ἐπεὶ δὲ καὶ τῆς ἀληθινῆς φωνῆς ἀκούοντες ὑπεφθέγγοντοτί οὖν αὕτη πρὸς τὴν Παρμένοντος ὗν;’ ἀφεῖναι τὸ δελφάκιον εἰς τὸ μέσον, ἐξελέγχοντα τῆς κρίσεως τὸ πρὸς δόξαν οὐ πρὸς ἀλήθειαν. μάλιστα δῆλόν ἐστιν, ὅτι τὸ αὐτὸ τῆς αἰσθήσεως πάθος οὐχ ὁμοίως διατίθησι τὴν ψυχήν, ὅταν μὴ προσῇ δόξα τοῦ λογικῶς φιλοτίμως περαίνεσθαι τὸ γινόμενον.‘ [5,1] QUESTION I. Pourquoi nous écoutons avec plaisir ceux qui imitent les gens irrités ou affligés, et avec déplaisir ceux qui éprouvent véritablement ces affections. PERSONNAGES DU DIALOGUE : SOSSIUS SÉNÉCION - PLUTARQUE - BOÉTUUS - AUTRES ASSISTANTS. 1. Ce fut sur ce texte que nous engageâmes la conversation, et même en votre présence, à Athènes, lorsque le comédien Straton remportait ses plus grands succès et que partout il était question de lui. Nous étions réunis à un banquet chez Boéthus l'Épicurien. Parmi les convives se trouvaient plusieurs philosophes de sa secte. A la suite du repas, le souvenir de la comédie que nous avions vu jouer nous amena, par le cours de la conversation, comme il est naturel entre gens de lettres, à rechercher la cause pour laquelle, en entendant les voix de ceux qui se courroucent, ou se désolent, ou tremblent de frayeur, nous éprouvons du malaise ou de l'impatience, tandis que ceux qui simulent ces mêmes passions, qui en représentent la voix et la manière d'être, nous donnent du plaisir. Entre tous les assistants, il n'y avait presque qu'une seule opinion. Comme l'imitateur, disaient-ils, a l'avantage sur celui qui souffre réellement, et que sa supériorité tient à ce qu'il n'est affecté en aucune façon, c'est la certitude que nous avons de sa parfaite sécurité qui cause notre plaisir et notre agrément. 2. Mais moi, bien que je misse le pied en la danse d'autrui, je n'hésitai pas à prendre la parole : « Attendu que nous sommes doués en naissant de raison et de goût pour les arts, ce qui offre le caractère de l'art et de la raison nous inspire une sympathie naturelle et s'empare de notre admiration dès qu'il se produit. En effet, de même que l'abeille, par le goût qu'elle éprouve pour les choses douces, aime et recherche toute matière qui contient quelque substance emmiellée; de même l'homme, lequel est né avec l'amour de l'art et du beau, s'il est devant une oeuvre, devant un acte accompli par l'intelligence et la raison, éprouve un sentiment instinctif d'admiration et d'intérêt. De là vient que si à un enfant on présente à la fois un petit pain, et en même temps, fait de la même farine, un petit chien ou un petit boeuf, ce sera vers ces derniers que vous le verrez se porter. Pareillement, si une personne met devant lui et lui montre un morceau d'argent non façonné, tandis qu'une autre lui offrira un petit animal ou un gobelet fait en argent, il prendra de préférence l'objet où il verra l'art et l'intelligence unis à la matière. Aussi, les propos qui ressemblent à des énigmes sont-ils ceux qu'on aime le mieux à cet âge, de même que les jeux qui présentent quelque complication et quelque difficulté. Il y a, jusqu'à certain point, un attrait intime qui, d'instinct et sans maître, porte la nature humaine vers ce qui est ingénieux et artistement exécuté. Il suit de là, que si un homme est véritablement irrité ou affligé, nous n'y voyons que des affections, des mouvements ordinaires et communs. Mais l'imitation, si elle en est bien faite, révèle à nos yeux de l'habileté et un talent d'illusion qui nous causent autant de plaisir naturel que la réalité nous déplaît. Et, en effet, au théâtre nous éprouvons des impressions analogues. Les hommes mourants, les malades, sont pour nous partout ailleurs un spectacle pénible. Mais devant un tableau qui représente Philoctète, devant cette statue de Jocaste où l'on dit que l'artiste avait mis sur la figure une couche d'argent de manière à ce que le bronze présentât le caractère de la défaillance et de l'épuisement, nous éprouvons du plaisir et de l'admiration. C'est même là, ô Epicuriens, continuai-je, un grand argument que les Cyrénaïques vous opposent, pour établir que ce n'est ni dans la vue ni dans l'ouïe, mais dans l'âme, que réside le plaisir causé par ce que l'on entend ou par ce que lon voit. En effet, les cris non discontinués d'une poule, d'une corneille, seraient une musique désagréable et fatigante; mais celui qui imite le gloussement de la poule ou le cri de la corneille nous fait plaisir. A voir des gens frappés de phthisie, nous éprouvons un sentiment pénible ; mais des statues et des peintures qui représentent des phthisiques sont pour nous un spectacle intéressant, parce que l'imitation porte notre esprit vers une pente qui lui est naturelle. Car à quel propos, et par suite de quelle impression tout extérieure, se serait-on émerveillé du pourceau de Parménon, au point que le conte en soit devenu proverbe? On dit, en effet, que ce Parménon ayant une grande vogue pour son imitation du pourceau, d'autres devinrent jaloux de lui et donnèrent de leur côté des représentations. Mais les spectateurs avaient l'esprit prévenu, et l'on disait : "Voilà qui est bien : pourtant ce n'est rien auprès du pourceau de Parménon." Il y en eut un qui s'avisa de prendre un cochon de lait sous son aisselle et de se présenter devant le public. Et comme, en entendant le cri véritable, on se disait : "Qu'est ce cri auprès celui de Parménon?" il lâcha le cochon de lait au milieu de tous, afin de les convaincre que leur jugement était dicté par la prévention et non par la vérité. C'est là une des preuves les plus évidentes, que telle impression qui agit sur nos sens n'affecte pas notre âme de la même manière, s'il ne s'y ajoute la pensée que l'action est faite avec intelligence ou dans le dessein de réussir parfaitement. »


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Dernière mise à jour : 24/11/2005