[3,8] ΠΡΟΒΛΗΜΑ Η
Διὰ τί τῶν ἀκροθωράκων λεγομένων οἱ σφόδρα μεθύοντες ἧττον
παρακινητικοί εἰσιν.
‘Οὐκοῦν’ εἶπεν ὁ πατήρ ‘ἐπεὶ παρακεκινήκαμεν
τὸν Ἀριστοτέλη, καὶ περὶ τῶν ἀκροθωράκων τι καλουμένων
ἴδιον ἐπιχειρήσομεν εἰπεῖν· οὐ γὰρ ἱκανῶς μοι
δοκεῖ, καίπερ ὀξύτατος ὢν ἐν τοῖς τοιούτοις ζητήμασι,
διηκριβωκέναι τὴν αἰτίαν. φησὶ γὰρ οἶμαι τοῦ μὲν νήφοντος
εὖ καὶ κατὰ τὰ ὄντα κρίνειν τὸν λογισμόν, τοῦ δ´ ἄγαν
μεθύοντος ἐκλελυμένην κατέχεσθαι τὴν αἴσθησιν, τοῦ δ´
ἀκροθώρακος ἔτι μὲν ἰσχύειν τὸ φανταστικὸν ἤδη δὲ
τεταράχθαι τὸ λογιστικόν· διὸ καὶ κρίνειν καὶ κακῶς
κρίνειν ἐπακολουθοῦντα ταῖς φαντασίαις. ἀλλὰ πῶς’ εἶπεν
‘ὑμῖν δοκεῖ περὶ τούτων;’
‘Ἐμοὶ μέν’ ἔφην ‘ἐπισκοποῦντι κατ´ ἐμαυτὸν ἀποχρῶν
οὗτος ἦν πρὸς τὴν αἰτίαν ὁ λόγος· εἰ δὲ κελεύεις
ἴδιόν τι κινεῖν, ὅρα πρῶτον εἰ τὴν εἰρημένην διαφορὰν ἐπὶ
τὸ σῶμα μετοιστέον ἐστίν. τῶν γὰρ ἀκροθωράκων ἡ
διάνοια μόνον τετάρακται, τὸ δὲ σῶμα ταῖς ὁρμαῖς ἐξυπηρετεῖν
δύναται, μήπω βεβαπτισμένον· ὅταν δὲ κατασεισθῇ
καὶ πιεσθῇ, προδίδωσι τὰς ὁρμὰς καὶ παρεῖται,
μέχρι γὰρ ἔργων οὐ πρόεισιν· ἐκεῖνοι δὲ τὸ σῶμα
συνεξαμαρτάνον ἔχοντες οὐ τῷ μᾶλλον ἀλογιστεῖν ἀλλὰ
τῷ μᾶλλον ἰσχύειν ἐλέγχονται. ἀπ´ ἄλλης δ´’ εἶπον
‘ἀρχῆς σκοποῦντι τοῦ οἴνου τὴν δύναμιν οὐδὲν κωλύει
ποικίλην εἶναι καὶ τῇ ποσότητι συμμεταβάλλουσαν· ὥσπερ
τὸ πῦρ τὸν κέραμον, ἂν μὲν ᾖ μέτριον, συγκρατύνει καὶ
πήγνυσιν, ἂν δ´ ὑπερβολῇ πλήξῃ, συνέτηξε καὶ ῥεῖν
ἐποίησεν· ἀνάπαλιν δ´ ἡ ὥρα τοὺς πυρετοὺς ἀρχομένη μὲν
ἀνακινεῖ καὶ ἐκκαίει, προϊούσης δὲ μᾶλλον καθίστανται
καὶ ἀπολήγουσιν. τί οὖν κωλύει καὶ τὴν διάνοιαν ὑπὸ τοῦ
οἴνου φυσικῶς κινουμένην, ὅταν ταραχθῇ καὶ παροξυνθῇ,
πάλιν ἀνίεσθαι καὶ καθίστασθαι πλεονάζοντος; ὁ γοῦν
ἐλλέβορος ἀρχὴν τοῦ καθαίρειν ἔχει τὸ ταράττειν τὸν
ὄγκον· ἂν οὖν ἐλάττων τοῦ μετρίου δοθῇ, ταράττει μὲν
οὐδὲν δὲ καθαίρει. καὶ τῶν ὑπνωτικῶν ἔνιοι λαβόντες
ἐνδοτέρω τοῦ μετρίου θορυβωδέστερον διατίθενται, πλέον
δὲ λαβόντες {ἔνιοι} καθεύδουσιν. εἰκὸς δέ που καὶ
ταύτην τὴν περὶ τὸν ἀκροθώρακα ταραχήν, ὅταν ἀκμὴν
λάβῃ, μαραίνεσθαι, καὶ πρὸς τοῦτο συνεργεῖν τὸν οἶνον·
πολὺς γὰρ εἰσελθὼν τὸ σῶμα συνεξέκαυσε | καὶ κατανάλωσε
τὸ μανιῶδες τῆς ψυχῆς. ὥσπερ γὰρ ἡ θρηνῳδία καὶ
ὁ ἐπικήδειος αὐλὸς ἐν ἀρχῇ πάθος κινεῖ καὶ δάκρυον ἐκβάλλει,
προάγων δὲ τὴν ψυχὴν εἰς οἶκτον οὕτω κατὰ
μικρὸν ἐξαιρεῖ καὶ ἀναλίσκει τὸ λυπητικόν, ὁμοίως ἴδοις
ἂν καὶ τὸν οἶνον, ὅταν σφόδρα ταράξῃ καὶ παροξύνῃ τὸ
ἀκμαῖον καὶ θυμοειδές, αὖθις καταδύοντα καὶ καθιστάντα
τὴν διάνοιαν, ὡς πορρωτέρω μέθης προϊοῦσαν ἡσυχάζειν.’
| [3,8] QUESTION VIII.
Pourquoi les gens pris d'une demi-ivresse, (en grec "acrothoraces"),
ont des mouvements plus désordonnés que ceux qui sont tout à fait
ivres.
PERSONNAGES DU DIALOGUE : PLUTARQUE —PÈRE DE
PLUTARQUE — AUTRES ASSISTANTS.
1. — « Eh bien! dit mon père, puisque nous avons commencé
à remuer Aristote, nous allons essayer aussi de dire
quelque chose de particulier sur les « acrothoraces », à savoir
sur les gens pris d'une demi-ivresse. Il ne me semble pas
que, malgré la sagacité éminemment pénétrante qu'il apporte
en ces genres de recherches, Aristote ait assez exactement
déterminé la cause du fait. Il dit, je crois, « que celui qui est
sobre raisonne sur les choses avec netteté et comme elles
sont : que celui qui est par trop ivre devient abruti et n'a
plus l'usage de son intelligence ; mais que chez l'acrothorace
l'imagination se maintient dans toute sa vigueur, bien que la
raison soit déjà troublée : de façon que ces hommes-là jugent
encore, tout en jugeant mal, et qu'ils ne laissent pas de poursuivre
les objets conçus par leur fantaisie. » — "Or, quelle
est, nous demanda mon père, votre opinion à cet égard?"
2. — « Quant à moi, répondis-je, plus j'examine en moi-même,
plus ce que dit Aristote pour expliquer la cause de
cet effet me semble satisfaisant. Mais, puisque vous exigez
que nous soulevions quelque argument qui nous soit propre,
considérez en premier lieu, si la différence qu'Aristote signale
ne doit pas être rapportée au corps. Chez les gens
qui ont ainsi bu la raison seule est troublée ; mais le corps
peut se prêter au service de toutes leurs volontés, parce
qu'il n'est pas complétement noyé de vin. Quand le corps
est abattu et terrassé, quand il fait défaut aux désirs dont
il est assailli, c'est alors qu'il ne les accomplit et ne les réalise
plus par des actes. Nos buveurs en question, au contraire,
ont le corps pour auxiliaire de leurs désordres. Ce n'est pas
en déraisonnant davantage, c'est en conservant plus de
force, qu'ils font reconnaître leur ivresse.
Si, prenant la question à un autre point de vue, nous
examinons la force du vin, rien n'empêche que cette force ne
soit variable et qu'elle ne change d'effets en changeant de
quantité : comme le feu par rapport à l'argile, s'il est modéré,
la fortifie et la consolide; s'il la frappe d'une chaleur
excessive, la liquéfie, et la fait couler. D'autre part, le
commencement de la saison « provoque et excite des fièvres qui,
à mesure que l'année s'avance, se calment et cessent tout à
fait. Qu'est-ce qui empêche donc aussi que la raison,
ébranlée naturellement par le vin, ne se calme après avoir subi
un grand trouble et une grande surexcitation, et qu'elle ne
se rétablisse lorsque la dose de vin est augmentée?
« Prenons un exemple. L'ellébore commence son office
de purgation en ébranlant toute la masse du corps; mais,
s'il est donné en quantité moindre qu'il ne faut, il trouble
et ne purge pas. Les soporifiques aussi, administrés à trop
faibles doses, déterminent beaucoup d'agitation; si l'on
en prend davantage ils endorment. De même, selon toute
apparence, après que le trouble produit par une demi-ivresse
a déployé toute sa vigueur, il s'apaise sensiblement.
Le vin lui-même contribue à ce résultat : car, entré abondamment
dans le corps, il enflamme, et en même temps il
consume les principes de folie qui troublent l'intelligence.
C'est ainsi que les chants plaintifs et les flûtes des convois
funèbres éveillent la douleur et font pleurer; mais après
avoir porté dans l'âme des impressions de pitié, cette musique
calme et dissipe insensiblement la tristesse. Semblable
est l'effet que l'on peut voir produit par le vin. Après qu'il
a si violemment porté le trouble et l'excitation dans la
partie active et passionnée de notre âme, il réagit en sens
inverse sur l'entendement, il le fait se rasseoir : et, dût
l'ivresse aller elle-même en augmentant, le vin laisse aux
esprits tout leur calme."
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