[3,7] ΠΡΟΒΛΗΜΑ Ζ
Διὰ τί τὸ γλεῦκος ἥκιστα μεθύσκει.
Τοῦ νέου οἴνου Ἀθήνησι μὲν ἑνδεκάτῃ μηνὸς
Ἀνθεστηριῶνος κατάρχονται, Πιθοίγια τὴν ἡμέραν
καλοῦντες· καὶ πάλαι γ´ ὡς ἔοικεν εὔχοντο, τοῦ οἴνου
πρὶν ἢ πιεῖν ἀποσπένδοντες, ἀβλαβῆ καὶ σωτήριον αὐτοῖς
τοῦ φαρμάκου τὴν χρῆσιν γενέσθαι. παρ´ ἡμῖν δ´ ὁ μὲν
μὴν καλεῖται Προστατήριος, ἕκτῃ δ´ ἱσταμένου νομίζεται
θύσαντας Ἀγαθῷ Δαίμονι γεύεσθαι τοῦ οἴνου μετὰ
ζέφυρον· οὗτος γὰρ μάλιστα τῶν ἀνέμων ἐξίστησιν καὶ
κινεῖ τὸν οἶνον, καὶ ὁ τοῦτον διαφυγὼν ἤδη δοκεῖ παραμένειν
βέβαιος. ἔθυσεν οὖν ὁ πατὴρ ὥσπερ εἰώθει τὴν
θυσίαν, καὶ μετὰ τὸ δεῖπνον, ἐπαινουμένου τοῦ οἴνου,
τοῖς φιλοσοφοῦσι μειρακίοις μεθ´ ἡμῶν προὔβαλεν ζητεῖν
λόγον, ὡς τὸ γλεῦκος ἥκιστα μεθύσκει. τοῖς μὲν οὖν πολλοῖς
παράδοξον ἐφάνη καὶ ἄπιστον· ὁ δ´ Ἁγίας ἔφη τὸ
γλυκὺ πανταχοῦ προσίστασθαι καὶ πλήσμιον εἶναι· διὸ
καὶ γλεύκους οὐκ ἄν τινα πιεῖν ῥᾳδίως ὅσον εἰς μέθην
ἱκανόν ἐστιν· ἀπαγορεύειν γὰρ ἀηδίᾳ τὴν ὄρεξιν ἄχρι τοῦ
μὴ διψῆν προελθοῦσαν. ὅτι δὲ τοῦ γλυκέος διαφέρει τὸ
ἡδὺ καὶ τὸν ποιητὴν ἐπιστάμενον λέγειν
‘τυρῷ καὶ μέλιτι γλυκερῷ καὶ ἡδέι οἴνῳ·’
τὸν γὰρ οἶνον ἐν ἀρχῇ μὲν εἶναι γλυκύν, γίνεσθαι δ´ ἡδὺν
ὅταν εἰς τὸ αὐστηρὸν τῇ πέψει μεταβάλῃ παλαιούμενος.
Ἀρισταίνετος δ´ ὁ Νικαεὺς ἔν τισιν ἐνίοις
γράμμασιν ἀνεγνωκὼς ἔφη μνημονεύειν, ὅτι γλεῦκος μιχθὲν
οἴνῳ παύει μέθην· τῶν δ´ ἰατρῶν τινας λέγει τοὺς
πλέον πιόντας κελεύειν ἐμεῖν, εἶθ´, ὅταν μέλλωσι καθεύδειν,
ἄρτον εἰς μέλι καταβάψαντας ἐμφαγεῖν ἔδοσαν.
εἴ τι οὖν αἱ γλυκύτητες ἀμβλύνουσιν ἄκρατον, εἰκότως ὁ
νέος οἶνος οὐ μεθύσκει, πρὶν ἂν ἡ γλυκύτης μεταβάλῃ.
Σφόδρ´ οὖν ἀπεδεξάμεθα τὴν εὑρησιλογίαν τῶν
νεανίσκων, ὅτι τοῖς ἐμποδὼν οὐκ ἐπιπεσόντες ἰδίων
ηὐπόρησαν ἐπιχειρημάτων. ἐπεὶ τά γε πρόχειρα καὶ ῥᾴδια
λαβεῖν ἥ τε βαρύτης ἐστὶ τοῦ γλεύκους, ὡς Ἀριστοτέλης
φησίν, ἡ διακόπτουσα τὴν κοιλίαν, καὶ τὸ πολὺ
συμμεμιγμένον πνευματῶδες καὶ ὑδατῶδες· ὧν τὸ μὲν
εὐθὺς ἐκπίπτει βιαζόμενον, τὸ δὲ πέφυκε {τὸ ὑδατῶδες}
ἀμβλύτερον ποιεῖν τὸν οἶνον· παλαίωσις δ´ ἐπίτασιν
ποιεῖ, ἐκκρινομένου τοῦ ὑδατώδους· καὶ γίνεται μέτρῳ
μὲν ἐλάττων ὁ οἶνος δυνάμει δὲ σφοδρότερος.
| [3,7] QUESTION VII.
Pourquoi le vin doux n'enivre point.
PERSONNAGES DU DIALOGUE : PLUTARQUE- LE PÈRE DE
PLUTARQUE - HAGIAS - ARISTÉNATE - AUTRES JEUNES GENS.
1. C'est dans Athènes que l'on offre les prémices du vin
doux, le onze du mois Anthestérion; et ce jour est appelé
"Pithigia", (ouverture des tonneaux). Anciennement, à ce
qu'il paraît, avant que d'en boire on en faisait des libations,
et l'on priait les Dieux que l'usage en fût innocent et salutaire.
Mais en notre pays ce mois se nomme "Prostatérius",
(tutélaire); et il est d'usage que le sixième jour, à la suite
d'un sacrifice offert au bon Génie, on goûte le vin nouveau
lorsque le zéphyr a soufflé. Car de tous les vents, c'est celui
qui agite et fait travailler davantage le vin; et lorsque le vin
a échappé à cette épreuve, on espère que désormais il se
conservera dans de bonnes conditions. Mon père fit donc le
sacrifice d'usage; et après le souper, son vin étant loué
par les jeunes gens qui étudiaient la philosophie avec moi,
il leur proposa d'examiner cette question :
« Pourquoi le vin doux n'enivre point. »
A la plupart d'entre eux le fait parut étrange et invraisemblable.
Mais Hagias se prit à dire, que tout ce qui est
doux émousse les organes et provoque la satiété : au moyen
de quoi un homme en boirait difficilement une quantité
assez grande pour s'enivrer, parce que le peu de plaisir
qu'on trouve à boire en éteint le désir, et l'on ne va pas plus
loin qu'à faire cesser la soif. « Qu'il y ait de la différence,
ajouta-t-il, entre le doux et entre l'agréable, c'est ce que
le Poète sait parfaitement lorsqu'il dit :
"Du fromage, du miel, et du vin agréable".
Le vin à son commencement, est doux; et il finit par devenir
agréable, lorsqu'il a travaillé et qu'en vieillissant il a
pris de l'austérité par la coction."
2. Aristénète, de Nicée, dit se rappeler avoir lu dans
certains traités, que le vin doux mêlé avec un autre vin fait
cesser l'ivresse. Il ajouta que quelques médecins donnent
un vomitif à ceux qui ont trop bu, et que quand ceux-ci
vont s'endormir on leur fait manger du pain trempé dans
du miel. Si donc les douceurs émoussent la force du vin
pur, naturellement le vin nouveau n'enivre point avant d'avoir
échangé cette saveur douce contre une autre.
3. Nous approuvâmes fort la sagacité de nos jeunes gens,
qui, sans se rabattre sur des arguments vulgaires, produisaient
avec tant de facilité des explications originales. Les
raisons banales et sues de tous sont, d'abord, la pesanteur
du vin doux, comme la nomme Aristote, laquelle s'ouvre
un libre passage dans les viscères, et ensuite la grande quantité
d'air et d'eau que ce vin renferme. L'air qui s'y trouve
comprimé violemment se dégage sur le champ. Pour ce qui
est de l'eau, naturellement elle affaiblit le vin; et celui-ci
en vieillissant acquiert plus de ton, parce qu'il y a constante
évaporation de l'eau. Ainsi, ce que le vin perd de quantité,
il le regagne en force dans la même proportion.
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