[3,3] ΠΡΟΒΛΗΜΑ Γ
Διὰ τί γυναῖκες ἥκιστα μεθύσκονται τάχιστα δ´ οἱ γέροντες.
Ἐθαύμαζε Φλῶρος, εἰ γεγραφὼς Ἀριστοτέλης ἐν
τῷ περὶ μέθης, ὅτι μάλιστα μὲν οἱ γέροντες ἥκιστα
δ´ αἱ γυναῖκες ὑπὸ μέθης ἁλίσκονται, τὴν αἰτίαν
οὐκ ἐξειργάσατο μηδὲν εἰωθὼς προΐεσθαι τῶν τοιούτων·
εἶτα μέντοι προὔβαλεν ἐν μέσῳ σκοπεῖν τοῖς παροῦσιν.
ἦν δὲ τῶν συνήθων τὸ δεῖπνον. ἔφη τοίνυν ὁ Σύλλας
θατέρῳ θάτερον ἐμφαίνεσθαι· κἂν εἰ περὶ τῶν γυναικῶν
ὀρθῶς τὴν αἰτίαν λάβοιμεν, οὐκ ἔτι πολλοῦ λόγου δεήσεσθαι
περὶ τῶν γερόντων· ἐναντίας γὰρ εἶναι μάλιστα τὰς
φύσεις τῇ θ´ ὑγρότητι καὶ ξηρότητι καὶ λειότητι καὶ
τραχύτητι καὶ μαλακότητι καὶ σκληρότητι. ‘καὶ τοῦτ´’
ἔφη ‘λαμβάνω κατὰ τῶν γυναικῶν πρῶτον, ὅτι τὴν κρᾶσιν
ὑγρὰν ἔχουσιν, ἣ καὶ τὴν ἁπαλότητα τῆς σαρκὸς ἐμμεμιγμένη
παρέχει καὶ τὸ στίλβον ἐπὶ λειότητι καὶ τὰς
καθάρσεις· ὅταν οὖν ὁ οἶνος εἰς ὑγρότητα πολλὴν ἐμπέσῃ,
κρατούμενος ἀποβάλλει τὴν βαφὴν καὶ γίνεται παντάπασιν
ἀναφὴς καὶ ὑδατώδης. ἔστι δέ τι καὶ παρ´ αὐτοῦ
λαβεῖν Ἀριστοτέλους· τοὺς γὰρ ἄθρουν καὶ ἀπνευστὶ
πίνοντας, ὅπερ ’ἀμυστίζειν‘ ὠνόμαζον οἱ παλαιοί, φησὶν
ἥκιστα περιπίπτειν μέθαις· οὐ γὰρ ἐνδιατρίβειν τὸν
ἄκρατον αὐτοῖς, ἀλλ´ ἐξωθούμενον ῥύμῃ διαπορεύεσθαι
διὰ τοῦ σώματος· ἐπιεικῶς δὲ τὰς γυναῖκας ὁρῶμεν οὕτω
πινούσας. εἰκὸς δ´ αὐτῶν καὶ τὸ σῶμα διὰ τὸν ἐνδελεχῆ
τῶν ὑγρῶν κατασπασμὸν ἐπὶ τὰς ἀποκαθάρσεις πολύπορον
γεγονέναι καὶ τετμῆσθαι καθάπερ ἀνδήροις καὶ
ὀχετοῖς· εἰς οὓς ἐμπίπτοντα τὸν ἄκρατον ὑπάγειν ταχέως
καὶ μὴ προσίστασθαι τοῖς κυρίοις μέρεσιν, ὧν διαταραττομένων
συμβαίνει τὸ μεθύειν. οἱ δὲ γέροντες ὅτι μέν
εἰσιν ἐνδεεῖς ἰκμάδος οἰκείας, τοὔνομά μοι δοκεῖ φράζειν
πρῶτον· οὐ γὰρ ὡς ῥέοντες εἰς γῆν, ἀλλ´ ὡς γεώδεις καὶ
γεηροί τινες ἤδη γινόμενοι τὴν ἕξιν οὕτω προσαγορεύονται·
δηλοῖ δὲ καὶ τὸ δυσκαμπὲς αὐτῶν καὶ σκληρὸν ἔτι δ´ ἡ
τραχύτης τὴν ξηρότητα τῆς φύσεως· ὅταν οὖν ἐμπίνωσιν,
εἰκὸς ἀναλαμβάνεσθαι τὸν οἶνον, τοῦ σώματος σφογγώδους
διὰ τὸν αὐχμὸν ὄντος, εἶτ´ ἐμμένοντα πληγὰς καὶ
βαρύτητας ἐμποιεῖν· ὡς γὰρ τὰ ῥεύματα τῶν μὲν πυκνῶν
ἀποκλύζεται χωρίων καὶ πηλὸν οὐ ποιεῖ τοῖς δ´ ἀραιοῖς
ἀναμίγνυται μᾶλλον, οὕτως ὁ οἶνος ἐν τοῖς τῶν γερόντων
σώμασιν ἔχει διατριβὴν ἑλκόμενος ὑπὸ τῆς ξηρότητος.
ἄνευ δὲ τούτων ἰδεῖν ἔστι τὰ συμπτώματα τῆς μέθης τὴν
τῶν γερόντων φύσιν ἐξ ἑαυτῆς ἔχουσαν· ἔστι γὰρ συμπτώματα
μέθης ἐπιφανέστατα, τρόμοι μὲν ἄρθρων ψελλισμοὶ
δὲ γλώσσης, πλεονασμοὶ δὲ λαλιᾶς ὀξύτητες δ´ ὀργῆς,
λῆθαί τε καὶ παραφοραὶ διανοίας· ὧν τὰ πολλὰ καὶ περὶ
τοὺς ὑγιαίνοντας ὄντα πρεσβύτας ὀλίγης ῥοπῆς δεῖται καὶ
σάλου τοῦ τυχόντος· ὥστε μὴ γένεσιν ἰδίων ἀλλὰ κοινῶν
ἐπίτασιν συμπτωμάτων γίνεσθαι τὴν μέθην τῷ γέροντι·
τεκμήριον δὲ τούτου τὸ μηθὲν εἶναι γέροντι νέου μεθυσθέντος
ὁμοιότερον.’
| [3,3] QUESTION III.
Pourquoi les femmes s'enivrent très peu, et les vieilles gens,
très vite.
PERSONNAGES DU DIALOGUE : PLUTARQUE - FLORUS
- SYLLA.
Florus s'étonnait de ce qu'Aristote, ayant écrit, dans
son traité sur l'ivresse, que les vieillards s'enivrent plus
que les autres, et les femmes, moins, n'en eût pas expliqué
la cause, lui qui a l'habitude de ne jamais omettre un semblable
soin. Il mit donc sur le tapis cette question, et en
proposa l'examen à la compagnie. C'était un repas de gens
tous familiers ensemble. Sylla prétendit que l'un se démontrait
par l'autre, et que si nous trouvions pour les femmes
une explication qui fût la vraie, il n'y aurait pas besoin de
grandes recherches pour ce qui regarde les hommes : attendu
que les deux natures sont essentiellement contraires en humidité
et en sécheresse, en âpreté et en douceur, en mollesse
et en dureté. « Il est un fait, continua-t-il, que je signale
chez les femmes avant tout : c'est qu'elles ont un
tempérament humide, dont l'influence rend leur chair plus
molle, leur peau plus brillante, plus unie, et qui détermine
chez elles des évacuations périodiques. Or quand le
vin tombe sur une humidité abondante, il perd sa force et
sa teinte : il n'a plus aucune prise et devient aqueux. C'est
ce que l'on peut reconnaître d'après Aristote lui-même. En
effet, en parlant de ceux qui boivent tout d'un trait et sans
reprendre haleine, pratique que les anciens appelaient
"amystizin", Aristote dit qu'ils s'enivrent le moins; que le vin
pur ne séjourne pas en eux, mais que, poussé par une sorte
de courant, le liquide s'écoule à travers leur corps. Or
généralement nous voyons les femmes boire de cette manière.
Il est probable que leur corps, en raison de l'attraction
naturelle qui attire les humeurs vers le bas-ventre afin
d'opérer leurs purgations périodiques, que leur corps, dis-je,
est très poreux et criblé d'espèces de conduits et de rigoles.
C'est là que tombant, le vin pur s'écoule aussitôt, sans rester
dans les principaux viscères où le trouble qu'il produit
amènerait l'ivresse.
« Au contraire, chez les vieillards il y a manque de cette
humidité propre. Leur nom semble l'indiquer tout d'abord :
car ce n'est pas parce qu'ils penchent vers la terre ("eis ghèn
rhéontes"), mais parce que l'ensemble de leur être est devenu
en quelque sorte terrestre ("ghéodes, ghéros"), qu'ils sont
appelés vieillards ("ghérontes"). La roideur et la dureté de
leurs membres, ainsi que l'âpreté de leur cuir, fait voir encore
chez eux la sécheresse du tempérament. Aussi, dès qu'ils
boivent il est tout naturel qu'ils se pénètrent de vin, parce
que leur corps est sec et spongieux; et ce vin, en séjournant,
détermine des émotions et des pesanteurs. C'est pourquoi,
comme les eaux disparaissent et s'écoulent de dessus
les surfaces solides et n'y déposent pas de boue, tandis
qu'elles détrempent plutôt les terrains moins denses; de
même le vin trouve dans les corps des vieilles gens de quoi
se fixer, en raison de la sécheresse.
« Mais indépendamment de ces causes, on peut voir que
les caractères de l'ivresse se produisent spontanément dans
la personne des vieillards. Quels sont les symptômes les plus
évidents de cet état? Le tremblement des membres, le
bégaiement de la langue, les redoublements de loquacité, les
soudaines colères, le défaut de mémoire, le trouble de l'esprit.
Or presque tous ces accidents se rencontrent chez le
vieillard, même en bonne santé ; et il ne faut qu'un léger
ébranlement, que la première secousse venue, pour les produire.
D'où l'on peut conclure, qu'il n'y a pas survenance
de faits particuliers, mais redoublement de symptômes
communs, toutes les fois qu'un vieillard est ivre. Ce qui en
est une preuve, c'est que rien ne ressemble plus à un
vieillard qu'un jeune homme en état d'ivresse. »
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