[2,6] ΠΡΟΒΛΗΜΑ
Διὰ τί πεύκη καὶ πίτυς καὶ τὰ ὅμοια τούτοις οὐκ ἐνοφθαλμίζεται.
Σώκλαρος ἑστιῶν ἡμᾶς ἐν κήποις ὑπὸ τοῦ Κηφισοῦ
ποταμοῦ περιρρεομένοις ἐπεδείκνυτο δένδρα παντοδαπῶς
πεποικιλμένα τοῖς λεγομένοις ἐνοφθαλμισμοῖς· καὶ γὰρ
ἐκ σχίνων ἐλαίας ἀναβλαστανούσας ἑωρῶμεν καὶ ῥοιὰς ἐκ
μυρρίνης· ἦσαν δὲ καὶ δρύες ἀπίους ἀγαθὰς ἐκφέρουσαι
καὶ πλάτανοι μηλεῶν δεδεγμέναι καὶ συκαῖ μορεῶν ἐμβολάδας,
ἄλλαι τε μίξεις φυτῶν κεκρατημένων ἄρχι καρπογονίας.
οἱ μὲν οὖν ἄλλοι πρὸς τὸν Σώκλαρον ἔπαιζον, ὡς
τῶν ποιητικῶν σφιγγῶν καὶ χιμαιρῶν τερατωδέστερα
γένη καὶ θρέμματα βόσκοντα· Κράτων δὲ προὔβαλεν
ἡμῖν διαπορῆσαι περὶ τῆς αἰτίας, δι´ ἣν μόνα τῶν φυτῶν
τὰ ἐλατώδη δέχεσθαι τὰς τοιαύτας ἐπιμιξίας οὐ πέφυκεν·
οὔτε γὰρ κῶνον οὔτε κυπάριττον ἢ πίτυν ἢ πεύκην ἐκτρέφουσάν
τι τῶν ἑτερογενῶν ὁρᾶσθαι.
Ὑπολαβὼν δὲ Φίλων ἔφη ’λόγος τις ἔστιν, ὦ
Κράτων, παρὰ τοῖς σοφοῖς, βεβαιούμενος ὑπὸ τῶν γεωργικῶν.
τὸ γὰρ ἔλαιον εἶναί φασι τοῖς φυτοῖς πολέμιον
καὶ τάχιστ´ ἂν ἀπολέσθαι φυτὸν ὃ βούλοιο χριόμενον
ἐλαίῳ, καθάπερ τὰς μελίττας. τὰ δ´ εἰρημένα δένδρα πίονα
καὶ πέπειραν ἔχει τὴν φύσιν, ὥστε πίσσαν ἀποδακρύειν
καὶ ῥητίνην· ὅταν δὲ πληγῇ, ταῖς διακοπαῖς οἴκοθεν ὥσπερ
ἰχῶρας συνάγει· ἥ τε δᾲς αὐτῶν ἐλαιηρὰν ἀφίησιν ἰκμάδα
καὶ περιστίλβει τὸ λιπαρὸν αὐτῇ· διὸ καὶ πρὸς τὰ
ἄλλα γένη δυσμίκτως ἔχει, καθάπερ αὐτὸ τὸ ἔλαιον.‘
παυσαμένου δὲ τοῦ Φίλωνος, ὁ μὲν Κράτων ᾤετο καὶ τὴν
τοῦ φλοιοῦ φύσιν πρὸς τοῦτο συνεργεῖν· λεπτὸν γὰρ ὄντα
καὶ ξηρὸν οὐ παρέχειν ἕδραν οὐδ´ ἐμβίωσιν τοῖς ἐντιθεμένοις,
ὥσπερ τὰ φλοιώδη καὶ νοτερὰ καὶ τὰ μαλακὰ τοῖς
ὑπὸ τὸν φλοιὸν ὄντα μέρεσι προσδεχομένοις περιπτύσσεσθαι
κολλώμενον.’
Αὐτὸς δὲ Σώκλαρος ἔφη καὶ τὸν ταῦτα λέγοντα
μὴ κακῶς προσεννοεῖν, ὅτι δεῖ τὸ δεχόμενον ἑτέραν φύσιν
εὔτρεπτον εἶναι, ἵνα κρατηθὲν ἐξομοιωθῇ καὶ μεταβάλῃ
τὴν ἐν ἑαυτῷ τροφὴν πρὸς τὸ ἐμφυτευόμενον. ‘καὶ γὰρ
τὴν γῆν προδιαλύομεν καὶ μαλάσσομεν, ἵνα κοπεῖσα
μεταβάλῃ δι´ εὐπάθειαν καὶ ἅψηται τῶν ἐμφυτευομένων·
ἡ γὰρ ἀτενὴς καὶ σκληρὰ δυσμετάβλητος. ταῦτα δὲ τὰ
δένδρα κοῦφα τοῖς ξύλοις ὄντα κρᾶσιν οὐ ποιεῖ διὰ τὸ
μὴ κρατεῖσθαι μηδὲ μεταβάλλειν. ἔτι δ´’ εἶπεν ‘οὐκ
ἄδηλον ὅτι δεῖ πρὸς τὸ ἐμφυτευόμενον χώρας λόγον
ἔχειν τὸ δεξόμενον· τὴν δὲ χώραν δεῖ θήλειαν ἔχειν
καὶ γόνιμον· ὅθεν τὰ πολυκαρπότατα τῶν φυτῶν ...
ἐκλεγόμενοι παραπηγνύουσιν, ὥσπερ γυναιξὶν πολυγα–
λακτούσαις ἕτερα βρέφη προσβάλλοντες. πεύκην δὲ καὶ
κυπάριττον καὶ τὰ τοιαῦτα πάντα γλίσχρα καὶ ἀγεννῆ τοῖς
καρποῖς ὁρῶμεν. | ὥσπερ γὰρ οἱ πολυσαρκίᾳ κεχρημένοι
καὶ ὄγκῳ ὡς ἐπὶ τὸ πλεῖστον ἄτεκνοι (τὴν γὰρ τροφὴν εἰς
τὸ σῶμα καταναλίσκοντες οὐ ποιοῦσιν ἐξ αὐτῆς περίττωμα
σπερματικόν), οὕτω τὰ τοιαῦτα δένδρα τῆς τροφῆς ἀπολαύοντα,
πάσης εἰς αὐτὰ δαπανωμένης, εὐσωματεῖ τοῖς
μεγέθεσι καὶ αὐξάνεται, καρπὸν δὲ τὰ μὲν οὐ φέρει τὰ
δὲ φέρει μικρὸν καὶ συντελούμενον βραδέως· ὥστ´ οὐ δεῖ
θαυμάζειν, εἰ μὴ φύεται τἀλλότριον, ἐν ᾧ κακῶς τρέφεται
καὶ τὸ οἰκεῖον.’
| [2,6] QUESTION VI.
Pourquoi le pin, le sapin, et les autres arbres qui leur ressemblent
ne se greffent point.
PERSONNAGES DU DIALOGUE : PLUTARQUE — SOCLARUS
— CRATON — PHILON.
1. Soclarus, nous recevant à table dans des jardins arrosés
par le fleuve Céphise, nous montrait des arbres diversifiés
de toute sorte au moyen de ce qu'on appelle des
greffes, Ainsi, nous voyions sur des lentisques pousser des
oliviers, et sur des grenadiers, des myrtes. Il y avait des
chênes qui portaient d'excellentes poires, des platanes qui
avaient reçu des greffes de pommiers, et des figuiers, de
mûriers; enfin ces habiles mélanges avaient dompté des
plants sauvages jusqu'à leur faire produire des fruits. Les
autres convives adressaient des plaisanteries à Soclarus,
disant que les Sphinx et les Chimères des poètes étaient
moins monstrueux que les espèces et les races qu'il entretenait.
Mais Craton nous proposa la solution d'une difficulté.
Il fut d'avis de rechercher pour quelle cause, entre les
végétaux, il n'y a que les arbres huileux que leur nature
rende incapables de se prêter à ces sortes de mélanges : car
ni l'if, ni le cyprès, ni le pin, ni le sapin ne sont vus nourrissant
quelqu'arbre d'une espèce autre que la leur.
2. Philon prit alors la parole : « Il y en a une raison
scientifique, confirmée par les agriculteurs. L'huile, disent
ces derniers, est ennemie des végétaux; et vous ferez bien
vite périr tel végétal que vous voudrez en le frottant d'huile,
comme il en arriverait pour les abeilles. Or ces arbres-là
sont d'une substance grasse et molle : de sorte qu'ils distillent
de la poix et de la résine en Iarmes. Quand on les taille,
on voit se concentrer sur les incisions une sorte de sérosité
provenant de l'intérieur; et les torches faites avec leurs
branches rendent une humeur huileuse qui brille parce
qu'elle est grasse."
Philon ayant achevé, Craton ajouta qu'il regardait la
nature de leur écorce comme y contribuant aussi, parce
que, déliée et sèche, elle n'offre ni prise solide ni séve aux
boutures : ce que font au contraire et les arbres abondamment
pourvus de substance corticale et les arbres humides et
mous, lesquels dans les parties où leur tronc est recouvert
par l'écorce reçoivent la greffe : de telle sorte que cette
greffe s'unit et s'incorpore à eux.
3. De son côté Soclarus, dit qu'il y avait encore une autre
explication qui ne laissait pas d'être vraisemblable. "Pour
recevoir une nature étrangère à la sienne, toute substance
doit avoir de la facilité à subir des modifications, afin
qu'elle s'assimile à ce qui vient la dominer, afin qu'elle
change sa propre alimentation contre celle de la nature qui
en elle est introduite. Voilà pourquoi, au préalable, nous
délayons la terre et l'amollissons, afin qu'étant comme brisée,
elle s'accommode avec plus de complaisance à tout
changement et qu'elle se saisisse de ce qu'on y plante : car
un sol âpre et dur ne se prête qu'avec difficulté à de tels
changements. Or les arbres en question, étant d'un bois
léger, refusent tout mélange, parce qu'ils ne peuvent pas
plus être modifiés qu'en modifier d'autres".
« En outre, ajouta Soclarus, il n'est douteux pour personne,
que ce qui est destiné à recevoir une substance doive
remplir à l'égard de ce qui s'incorpore à lui les mêmes
fonctions qu'un champ, qu'une terre, et cette terre doit
être comme une femelle pleine de fécondité. Aussi est-ce
des arbres les plus fertiles en fruit que l'on fait choix pour
les enter, comme aux femmes bonnes laitières on donne
encore d'autres nourrissons. Nous voyons que le pin, le cyprès,
et tous les arbres du même genre portent à peine des
fruits, ou bien n'en produisent pas du tout. De même que
le plus souvent les personnes chargées de trop d'embonpoint
et d'obésité n'ont pas d'enfants, parce qu'elles ab-
sorbent leur nourriture pour leur propre corps et qu'il ne
leur en reste rien de surabondant pour former des germes
productifs; de même de tels arbres, employant et dépensant
à leur propre entretien tout ce qu'ils ont de séve, prennent
du corps et se développent en grandeur et en force; mais
ils ne portent pas de fruits, ou bien ils en portent qui sont
chétifs et qui mûrissent lentement. Il ne faut donc pas s'étonner,
si un individu étranger ne naît pas là où le fruit
naturel lui-même aurait peine à se nourrir.
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