[2,5] ΠΡΟΒΛΗΜΑ Ε.
Διὰ τί τῶν ἀθλημάτων Ὅμηρος πρῶτον ἀεὶ τάττει τὴν πυγμὴν
εἶτα τὴν πάλην καὶ τελευταῖον τὸν δρόμον
Ῥηθέντων δὲ τούτων καὶ τὸν Φιλῖνον ἡμῶν ἐπαινεσάντων,
αὖθις ὁ Λυσίμαχος ἔφη ‘ποῖον οὖν φαίη τις
ἂν τῶν ἀγωνισμάτων γεγονέναι πρῶτον; ἢ τὸ στάδιον,
ὥσπερ Ὀλυμπίασιν; ** ’ἐνταῦθα δὲ παρ´ ἡμῖν καθ´ ἕκαστον
ἄθλημα τοὺς ἀγωνιζομένους εἰσάγουσιν, ἐπὶ παισὶ παλαισταῖς
ἄνδρας παλαιστὰς καὶ πύκτας ἐπὶ πύκταις ὁμοίως
: καὶ παγκρατιαστάς· ἐκεῖ δ´, ὅταν οἱ παῖδες διαγωνίσωνται,
τότε τοὺς ἄνδρας καλοῦσιν. σκόπει δὲ μὴ μᾶλλον‘ ἔφη ’τὴν
κατὰ χρόνον τάξιν Ὅμηρος ἀποδείκνυσιν· πρῶτον γὰρ ἀεὶ
πυγμὴ παρ´ αὐτῷ, δεύτερον πάλη, καὶ τελευταῖον ὁ δρόμος
τῶν γυμνικῶν ἀεὶ τέτακται.‘ θαυμάσας οὖν Μενεκράτης
ὁ Θεσσαλός ’ὦ Ἡράκλεις‘ εἶπεν, ’ὅσα λανθάνει
ἡμᾶς· εἰ δέ τινα τῶν ἐπῶν ἐστί σοι πρόχειρα, μὴ φθονήσῃς
ἀναμνῆσαι.‘ καὶ ὁ Τίμων ’ἀλλ´ ὅτι μέν‘ εἶπεν ’αἱ Πατρόκλου
ταφαὶ ταύτην ἔχουσι τῶν ἀγωνισμάτων τὴν
τάξιν, ἅπασιν ὡς ἔπος εἰπεῖν ἔναυλόν ἐστιν· διατηρῶν δὲ
τὴν τάξιν ὁμαλῶς ὁ ποιητὴς τὸν μὲν Ἀχιλλέα λέγοντα τῷ
Νέστορι πεποίηκεν
‘δίδωμι δέ σοι τόδ´ ἄεθλον
αὔτως· οὐ γὰρ πύξ γε μαχήσεαι οὐδὲ παλαίσεις,
οὐδέ τ´ ἀκοντιστὺν ἐνδύσεαι οὐδὲ πόδεσσι
θεύσεαι·’
τὸν δὲ πρεσβύτην ἐν τῷ ἀποκρίνεσθαι παραδολεσχοῦντα
γεροντικῶς ὅτι
‘πὺξ μὲν ἐνίκησα Κλυτομήδεα, Οἴνοπος υἱόν,
Ἀγκαῖον δὲ πάλῃ Πλευρώνιον, Ἴφικλον δὲ πόδεσσι
παρέδραμον·’ αὖθις δὲ τὸν μὲν Ὀδυσσέα τοὺς Φαίακας
προκαλούμενον
‘ἢ πὺξ ἠὲ πάλῃ ἢ καὶ ποσίν,’
τὸν δ´ Ἀλκίνουν ὑποτιμώμενον
‘οὐ γὰρ πυγμάχοι εἰμὲν ἀμύμονες οὐδὲ παλαισταί,
ἀλλὰ ποσὶ κραιπνοῖς θέομεν·’
ὡς οὐ κατὰ τύχην ἐκ τοῦ παρισταμένου τῇ τάξει χρώμενος
ἄλλοτ´ ἄλλως, ἀλλὰ τοῖς εἰθισμένοις τότε καὶ δρωμένοις
κατὰ νόμον ἐπακολουθῶν· ἐδρᾶτο δ´ οὕτως τὴν παλαιὰν
ἔτι τάξιν αὐτῶν διαφυλαττόντων.‘
Παυσαμένου δὲ τοῦ ἀδελφοῦ, τἄλλα μὲν ἔφην ἀληθῶς
λέγεσθαι, τὴν δ´ αἰτίαν τῆς τάξεως οὐκ ἐπῄνουν.
ἐδόκει δὲ καὶ τῶν ἄλλων τισὶ μὴ πιθανὸν εἶναι γεγονέ–
ναι τὸ πυκτεύειν καὶ παλαίειν πρότερον ἐν ἀγῶνι καὶ
ἁμίλλῃ τοῦ τροχάζειν, καὶ παρεκάλουν ἐξάγειν εἰς τὸ
ἀνώτερον. ἔφην δ´ ἐκ τοῦ παραστάντος, ὅτι ταῦτά μοι
πάντα μιμήματα δοκεῖ καὶ γυμνάσματα τῶν πολεμικῶν
εἶναι· καὶ γὰρ ὁπλίτης ἐπὶ πᾶσιν εἰσάγεται, μαρτυρούμενος
ὅτι τοῦτο τὸ τέλος ἐστὶ τῆς σωμασκίας καὶ {τὸ} τῆς
ἁμίλλης· καὶ τὸ τοῖς νικηφόροις εἰςελαύνουσιν τῶν τειχῶν
ἐφίεσθαι μέρος διελεῖν καὶ καταβαλεῖν τοιαύτην ἔχει
διάνοιαν, ὡς οὐ μέγα πόλει τειχῶν ὄφελος ἄνδρας ἐχούσῃ
μάχεσθαι δυναμένους καὶ νικᾶν. ἐν δὲ Λακεδαίμονι τοῖς
νενικηκόσι στεφανίτας ἀγῶνας ἐξαίρετος ἦν ἐν ταῖς παρατάξεσι
χώρα, περὶ αὐτὸν τὸν βασιλέα τεταγμένους μάχεσθαι·
καὶ τῶν ζῴων μόνῳ τῷ ἵππῳ μετουσία στεφάνου
καὶ ἀγῶνος ἔστιν, ὅτι μόνος καὶ πέφυκε καὶ ἤσκηται μαχομένοις
παρεῖναι καὶ συμπολεμεῖν. ’εἰ δὲ δὴ ταῦτα λέγεται
μὴ κακῶς, ἤδη σκοπῶμεν‘ ἔφην ’ὅτι τῶν μαχομένων
πρῶτον ἔργον ἐστὶ τὸ πατάξαι καὶ φυλάξασθαι, δεύτερον
δὲ συμπεσόντας ἤδη καὶ γενομένους ἐν χερσὶν ὠθισμοῖς
τε χρῆσθαι καὶ περιτροπαῖς ἀλλήλων, ᾧ δὴ μάλιστά φασιν
ἐν Λεύκτροις τοὺς Σπαρτιάτας ὑπὸ τῶν ἡμετέρων, παλαιστρικῶν
ὄντων, καταβιασθῆναι· | διὸ καὶ παρ´ Αἰσχύλῳ
τις τῶν πολεμικῶν ὀνομάζεται ‘βριθὺς ὁπλιτοπάλας’
καὶ Σοφοκλῆς εἴρηκέ που
περὶ τῶν Τρώων ὡς
‘φίλιπποι καὶ κερουλκοί,
σὺν σάκει’ δὲ ‘κωδωνοκρότῳ παλαισταί·’
καὶ μὴν ἐπὶ πᾶσί γε τὸ τρίτον ἐστὶν νικωμένους φεύγειν
ἢ διώκειν νικῶντας. εἰκότως οὖν ἡ πυγμὴ προεισῆγε,
δευτέραν δ´ εἶχεν ἡ πάλη τάξιν, καὶ τελευταίαν ὁ δρόμος·
ὅτι πυγμὴ μέν ἐστι μίμημα πληγῆς καὶ φυλακῆς, πάλη δὲ
συμπλοκῆς καὶ ὠθισμοῦ, δρόμῳ δὲ μελετῶσι φεύγειν καὶ
διώκειν.‘
| [2,5] QUESTION V.
Pourquoi, entre les combats où se décernent des prix, Homère place
toujours en premier lieu le pugilat, ensuite la lutte, et en dernier
la course.
PERSONNAGES DU DIALOGUE : LYSIMAQUE — CRATÉS
— TIMON — PLUTARQUE.
1. Après que ces raisons eurent été fournies et que nous
eûmes loué Philinus, à son tour Lysimaque prit la parole.
"Entre les combats des jeux, dit-il, par lequel faut-il décider
que l'on commençait? Est-ce par la course dans le stade,
ainsi qu'il se pratique aux jeux olympiques'? Ici, parmi
nous, à chaque exercice on introduit les combattants dans
l'ordre que voici : d'abord les enfants lutteurs, les hommes
faits qui sont aussi lutteurs, ensuite les enfants pugiles et les
hommes pugiles. Même ordre est suivi pour le pancrace.
A Olympie, c'est quand les enfants ont terminé tous leurs
combats qu'on appelle les hommes." — « Mais, continua
Timon, voyez si par là Homère ne désigne pas l'ordre
qui était observé de son temps. Car ce qui est toujours
nommé en premier lieu chez lui, c'est le pugilat; en second
la lutte; et le dernier des exercices gymniques, est la course. »
Ici le Thessalien Cratès manifesta son étonnement.
2 "Par Hercule ! lui dit-il, combien de choses nous échappent!
Si vous avez présents à la mémoire quelques-uns
des vers qui ont trait à cette opinion, ne refusez pas de
nous les remettre en mémoire. — « Les funérailles de Patrocle,
reprit Timon, présentent dans cet ordre la disposition
des combats,; et c'est ce dont toutes les oreilles sont,
pour ainsi dire, rebattues. Le Poète conserve invariablement
cette disposition. Il nous montre Achille disant à Nestor:
Pour l'honneur seulement je veux t'offrir l'hommage
"D'un prix : car des combats te dispense ton âge.
Le pugilat, la lutte, ou bien le javelot,
Ou bien la course à pied, ne sont plus de ton lot",
et le vieillard lui répond avec la prolixité de son âge :
"Au pugilat jadis je vainquis Cléomède
Fils d'OEnops; à la lutte, Ancéus de Pleuron.
A la course, Iphiclus...".
Dans un autre endroit le Poète nous montre Ulysse proposant
aux Phéaciens
"Le pugilat, la lutte, ou bien la course à pied",
et Alcinoüs lui répondant par cette distinction :
"Nous ne sommes vaillants pugiles ni lutteurs;
Mais pour la course à pied nous valons les meilleurs".
De sorte qu'Homère ne procède pas au hasard et comme il
lui vient à l'esprit. Il n'adopte pas tantôt un ordre, tantôt un
autre : c'est la disposition exécutée à cette époque, disposition
réglée légalement, qu'il observe toujours : parce
qu'elle était elle-même une pratique usitée de temps immémorial. »
2. Quand mon frère eut fini de parler je crus devoir dire,
que, tout en reconnaissant la vérité de ses autres observations,
je ne comprenais pas la raison d'un tel ordre. Il ne
paraissait pas probable non plus à quelques autres d'entre
les convives, que le pugilat et la lutte passassent, dans les
exercices et les combats, avant la course; et ils m'engagèrent
à chercher une explication plus vraisemblable. Je répondis
ce qui se présenta d'abord à ma pensée : à savoir,
que tous ces exercices me paraissaient imités de ceux qui
se pratiquent à la guerre. En effet, les combats de jeux se
terminent par celui de l'homme muni d'une armure complète :
pour témoigner que c'est là le couronnement de tout
exercice du corps, de toutes rivalités d'athlètes. Je continuai
en ces mots : "Dans ce privilége accordé aux vainqueurs
de faire couper et abattre un pan de muraille pour
rentrer dans leur patrie, on trouve cette pensée : que les murailles
ne sont pas d'une grande utilité pour une ville quand
elle renferme des guerriers capables de combattre et de vaincre.
Chez les Lacédémoniens, à ceux qui avaient triomphé
dans les combats où le prix était une couronne on réservait
une place spéciale dans les jours de bataille : c'était autour
du roi lui-même qu'ils étaient rangés pour combattre.
Ajoutons, qu'entre les animaux le cheval seul, à Lacédémone,
prend part à la couronne et aux jeux, parce qu'il est
aussi le seul que son naturel et son éducation rendent propre
à assister les guerriers et à combattre avec eux.
« Si ces observations ne sont pas trop mal dites, examinons
maintenant, ajoutai-je, que ceux qui se battent ont
pour première affaire de porter des coups et d'en éviter;
pour deuxième, de tomber sur leurs adversaires et d'en venir
aux mains, en se poussant et en cherchant à se renverser
les uns les autres. C'est là surtout, dit-on, ce qui, dans la
bataille de Leuctres, donna l'avantage sur les Spartiates à
nos Thébains, lesquels sont excellents lutteurs. C'est encore
pourquoi dans Eschyle un des combattants est dépeint
"Homme solide, habile à lutter tout armé",
et pourquoi Sophocle dit, quelque part, des Troyens :
"Ils aiment les chevaux, sont excellents archers,
Et combattent aussi sous les lourds boucliers".
La troisième affaire, celle qui vient après toutes, c'est de
fuir si l'on est vaincu, de poursuivre si l'on est vainqueur. Il
était donc naturel que le pugilat passât en premier, que le
deuxième rang fût pour la lutte, le dernier pour la course :
attendu que le pugilat représente l'art de porter des coups
et d'en éviter; la lutte, celui d'en venir aux mains et de se
pousser; la course enfin, celui de fuir ou de se poursuivre."
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