[2,4] ΠΡΟΒΛΗΜΑ Δ.
Εἰ πρεσβύτατον ἡ πάλη τῶν ἀγωνισμάτων
Σωσικλέα τὸν Κορωνῆθεν, Πυθίοις νενικηκότα
ποιητάς, εἱστιῶμεν τὰ ἐπινίκια. τοῦ δὲ γυμνικοῦ ἀγῶνος
ἐγγὺς ὄντος, ὁ πλεῖστος ἦν λόγος περὶ τῶν παλαιστῶν·
πολλοὶ γὰρ ἐτύγχανον ἀφιγμένοι καὶ ἔνδοξοι. παρὼν
οὖν Λυσίμαχος, εἷς τῶν Ἀμφικτυόνων ἐπιμελητής,
ἔναγχος ἔφη γραμματικοῦ τινος ἀκοῦσαι τὴν πάλην ἀρχαιότατον
ἀθλημάτων πάντων ἀποφαίνοντος, ὡς καὶ
τοὔνομα μαρτυρεῖν· ἐπιεικῶς γὰρ ἀπολαύειν τὰ νεώτερα
πράγματα κειμένων ἐν τοῖς παλαιοτέροις ὀνομάτων· ὥς
που καὶ τὸν αὐλὸν ‘ἡρμόσθαι’ λέγουσιν καὶ ‘κρούματα’
τὰ αὐλήματα καλοῦσιν, ἀπὸ τῆς λύρας λαμβάνοντες τὰς
προσηγορίας. τὸν οὖν τόπον, ἐν ᾧ γυμνάζονται πάντες
οἱ ἀθληταί, παλαίστραν καλοῦσι, τῆς πάλης {τοὔνομα}
κτησαμένης τὸ πρῶτον, εἶτα καὶ τοῖς αὖθις ἐφευρεθεῖσιν
ἐμπαρασχεῖν. τοῦτ´ ἔφην ἐγὼ τὸ μαρτύριον οὐκ ἰσχυρὸν
εἶναι· κεκλῆσθαι γὰρ ἀπὸ τῆς πάλης τὴν παλαίστραν οὐχ
ὅτι πρεσβύτατόν ἐστι τῶν ἄλλων, ἀλλ´ ὅτι μόνον τῶν τῆς
ἀγωνίας εἰδῶν πηλοῦ καὶ κονίστρας καὶ κηρώματος τυγχάνει
δεόμενον· οὔτε γὰρ δρόμον οὔτε πυγμὴν ἐν παλαίστραις
διαπονοῦσιν, ἀλλὰ πάλην καὶ παγκρατίου τὸ περὶ
τὰς κυλίσεις· ὅτι γὰρ μέμικται τὸ παγκράτιον ἔκ τε
πυγμῆς καὶ πάλης, δῆλόν ἐστιν. ‘ἄλλως δὲ πῶς’ ἔφην
‘λόγον ἔχει τεχνικώτατον καὶ πανουργότατον τῶν ἀθλημάτων
τὴν πάλην οὖσαν ἅμα καὶ πρεσβύτατον εἶναι; τὸ
γὰρ ἁπλοῦν καὶ ἄτεχνον καὶ βίᾳ μᾶλλον ἢ μεθόδῳ περαινόμενον
αἱ χρεῖαι πρῶτον ἐκφέρουσιν.’ ἐμοῦ δὲ ταῦτ´
εἰπόντος, ὁ Σωσικλῆς ‘ὀρθῶς’ ἔφη ‘λέγεις, καὶ συμβάλλομαί
σοι πίστιν ἀπὸ τοῦ ὀνόματος· ἡ γὰρ πάλη μοι
δοκεῖ τῷ παλεύειν, ὅπερ ἐστὶ δολοῦν καὶ καταβάλλειν δι´
ἀπάτης, κεκλῆσθαι.’ καὶ ὁ Φιλῖνος ‘ἐμοὶ δ´’ εἶπεν
‘ἀπὸ τῆς παλαιστῆς· τούτῳ γὰρ μάλιστα τῷ μέρει τοῖν
χεροῖν ἐνεργοῦσιν οἱ παλαίοντες, ὥσπερ οἱ πυκτεύοντες
αὖ πάλιν τῇ πυγμῇ· διὸ κἀκεῖνο πυγμὴ καὶ τοῦτο πάλη
προσηγόρευται τὸ ἔργον. οὐ μὴν ἀλλὰ καὶ τὸ συμπάσαι
τῶν ποιητῶν καὶ καταπάσαι ’παλῦναι‘ λεγόντων, ᾧ μάλιστα
χρωμένους τοὺς παλαιστὰς ὁρῶμεν, ἔστι καὶ ταύτῃ
προσάγειν τὴν ἐτυμότητα τοῦ ὀνόματος. σκόπει δ´ ἔτι’
εἶπεν ‘μὴ τοῖς μὲν δρομεῦσιν ἔργον ἐστὶν ὅτι πλεῖστον
ἀπολιπεῖν καὶ πορρωτάτω διαστῆναι, τοὺς δὲ πύκτας οὐδὲ
πάνυ βουλομένους ἐῶσιν οἱ βραβευταὶ συμπλέκεσθαι·
μόνους δὲ τοὺς παλαιστὰς ὁρῶμεν ἀλλήλους ἀγκαλιζομένους
καὶ περιλαμβάνοντας· καὶ τὰ πλεῖστα τῶν ἀγωνισμάτων,
ἐμβολαί, παρεμβολαί, συστάσεις, παραθέσεις,
συνάγουσιν αὐτοὺς καὶ ἀναμιγνύουσιν ἀλλήλοις. διὸ τῷ
πλησιάζειν μάλιστα καὶ γίνεσθαι πέλας οὐκ ἄδηλόν ἐστι
τὴν πάλην ὠνομάσθαι.’
| [2,4] QUESTION IV.
Si le plus ancien des combats d'escrime est la lutte.
PERSONNAGES DU DIALOGUE : SOSICLES - LYSIMAQUE
- PLUTARQUE - PIIILINUS.
1. Sosiclès de Coronée ayant remporté aux jeux Pythiens
le prix de poésie, nous lui donnions un banquet pour fêter
sa victoire. Comme le jour des combats gymniques approchait,
la conversation roula, pour la plus grande partie, sur
les lutteurs, parce qu'il se trouvait qu'il en était arrivé beaucoup
et de très renommés. Avec nous était Lysimaque, un
des commissaires des Amphictyons. Il nous rapporta avoir
entendu récemment un grammairien qui prétendait, « que
la lutte était le plus ancien de tous les exercices d'athlètes,
comme le prouvait en outre son nom ; que naturellement
les choses plus récentes reçoivent des dénominations empruntées
à de plus anciennes; qu'on en avait usé ainsi pour
la flûte, par exemple, et qu'on disait « frapper de la flûte »
d'après un terme emprunté au jeu de la lyre; qu'ainsi le lieu
où s'exercent tous les athlètes est appelé palestre, parce que
la lutte portait primitivement ce nom, et qu'elle l'avait donné
ensuite aux autres exercices inventés depuis. »
Je soutins que le témoignage n'était pas décisif; que la
palestre était ainsi nommée, non parce que la lutte (palè)
est le plus ancien des autres exercices, mais parce que c'est
le seul de toutes les espèces de combats où l'on se trouve
avoir besoin d'employer de la boue (pélos), de la poussière
et du arôme. Car on ne pratique dans les palestres ni la
course, ni le pugilat, mais la lutte et le pancrace, lesquels
consistent à se renverser entre athlètes ; et il est évident que
le pancrace est une combinaison du pugilat et de la lutte.
« Autrement, continuai-je, comment expliquer que le plus
adroit et le plus intelligent des exercices d'athlètes, la lutte,
fût en même temps le plus ancien? Car ce qui est simple,
sans art, ce qui s'exécute par la force plutôt que par la méthode,
est ce que les besoins font trouver en premier lieu."
Quand j'eus fini, Sosiclès dit que j'avais raison ; que pour
confirmer avec moi la vérité de mon propos il s'appuyait
sur l'étymologie même : que le mot "pale" lui semblait venir
du verbe "paleuein", qui signifie « renverser par tromperie et
par ruse. » —« Pour moi, dit Philinus, je le fais dériver de
"palesté", « paume de la main », parce que c'est surtout de cette
partie des deux mains que les lutteurs font usage, comme
de leur côté les pugiles font usage des poings ; et, par suite,
de même que l'exercice des pugiles est, appelé «pugilat»,
l'autre est appelé "pale". Cependant, comme pour dire que
le corps est saupoudré et en quelque sorte enfariné, les
poètes emploient le verbe "palunoh" , et que nous voyons les
lutteurs faire un fréquent usage de poussière , il est possible
de rapporter le mot à cette dernière étymologie. Remarquez
encore, me dit Philinus, que pour les coureurs
l'affaire principale est de laisser leurs antagonistes le plus
loin possible et de les distancer de leur mieux; que les pugiles,
au contraire, malgré tout le désir qu'ils auraient de
se saisir les uns les autres, en sont empêchés par les juges
du camp. Nous voyons les lutteurs seuls s'enlacer et
s'étreindre mutuellement. La plupart de leurs façons de
combattre consistent à s'empoigner, à donner des crocs
en jambe, à se placer membres contre membres, poitrine
contre poitrine , à se serrer de près, à se confondre, pour
ainsi dire, ensemble. Il ne paraît donc pas contraire à
l'évidence que la lutte (pale) ait pris son nom du verbe
"plésiazein", se rapprocher, et par conséquent du mot
"pelas", qui signifie "près."
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