[2,2] ΠΡΟΒΛΗΜΑ Β.
Διὰ τί βρωτικώτεροι γίνονται περὶ τὸ μετόπωρον
Ἐν Ἐλευσῖνι μετὰ τὰ μυστήρια τῆς πανηγύρεως
ἀκμαζούσης εἱστιώμεθα παρὰ Γλαυκίᾳ τῷ ῥήτορι. πεπαυμένων
δὲ δειπνεῖν τῶν ἄλλων, Ξενοκλῆς ὁ Δελφὸς ὥσπερ
εἰώθει τὸν ἀδελφὸν ἡμῶν Λαμπρίαν εἰς ἀδηφαγίαν Βοιώτιον
ἐπέσκωπτεν. ἐγὼ δ´ ἀμυνόμενος ὑπὲρ αὐτοῦ τὸν
Ξενοκλέα τοῖς Ἐπικούρου λόγοις χρώμενον ‘οὐ γὰρ ἅπαντες’
εἶπεν, ‘ὦ βέλτιστε, ποιοῦνται τὴν τοῦ ἀλγοῦντος
ὑπεξαίρεσιν ὅρον ἡδονῆς καὶ πέρας· Λαμπρίᾳ δὲ καὶ ἀνάγκη,
πρὸ τοῦ κήπου κυδαίνοντι τὸν περίπατον καὶ τὸ
Λύκειον, ἔργῳ μαρτυρεῖν Ἀριστοτέλει· φησὶ γὰρ ὁ ἀνὴρ
βρωτικώτατον ἕκαστον αὐτὸν αὑτοῦ περὶ τὸ
φθινόπωρον εἶναι, καὶ τὴν αἰτίαν ἐπείρηκεν· ἐγὼ δ´
οὐ μνημονεύω.’ ‘βέλτιον’ εἶπεν ὁ Γλαυκίας· ‘αὐτοὶ γὰρ
ἐπιχειρήσομεν ζητεῖν, ὅταν παυσώμεθα δειπνοῦντες.’ ὡς
οὖν ἀφῃρέθησαν αἱ τράπεζαι, γλαυκίας μὲν καὶ Ξενοκλῆς
ᾐτιάσαντο τὴν ὀπώραν διαφόρως, ὁ μὲν ὡς τὴν κοιλίαν
ὑπεξάγουσαν καὶ τῷ κενοῦσθαι τὸ σῶμα νεαρὰς ὀρέξεις
ἀεὶ παρασκευάζουσαν· ὁ δὲ Ξενοκλῆς ἔλεγεν εὔστομόν
τι καὶ δηκτικὸν ἔχοντα τῶν ὡραίων τὰ πλεῖστα τὸν στόμαχον
ἐπὶ τὴν βρῶσιν ἐκκαλεῖσθαι παντὸς μᾶλλον ὄψου
καὶ ἡδύσματος· καὶ γὰρ τοῖς ἀποσίτοις τῶν ἀρρώστων
ὀπώρας τι προσενεχθὲν ἀναλαμβάνει τὴν ὄρεξιν. ὁ δὲ
Λαμπρίας εἶπεν, ὅτι τὸ οἰκεῖον καὶ {τὸ} σύμφυτον θερμὸν
ἡμῶν, ᾧ τρέφεσθαι πεφύκαμεν, ἐν μὲν τῷ θέρει
διέσπαρται καὶ γέγονεν ἀσθενέστερον καὶ μανόν, ἐν δὲ
τῷ φθίνοντι καιρῷ συναγείρεται πάλιν καὶ ἰσχύει, κατακρυπτόμενον
ἐντὸς διὰ τὴν περίψυξιν καὶ τὴν πύκνωσιν
τοῦ σώματος. ἐγὼ δ´ ὑπὲρ τοῦ μὴ δοκεῖν ἀσύμβολος τοῦ
λόγου μετασχεῖν εἶπον, ὅτι τοῦ θέρους διψητικώτεροι
γινόμεθα καὶ πλείονι χρώμεθα τῷ ὑγρῷ διὰ τὸ καῦμα·
νῦν οὖν ἡ φύσις ἐν τῇ μεταβολῇ ζητοῦσα τοὐναντίον, ὥσπερ
εἴωθεν, πεινητικωτέρους ποιεῖ, καὶ τὴν ξηρὰν τροφὴν τῇ
κράσει τοῦ σώματος ἀνταποδίδωσιν. οὐ μὴν οὐδὲ τὰ σιτία
φήσαι τις ἂν αἰτίας ἀμοιρεῖν παντάπασιν, ἀλλ´ ἐκ νέων
καὶ προσφάτων γενόμενα καρπῶν, οὐ μόνον μάζας καὶ
ὄσπρια καὶ ἄρτους καὶ πυροὺς ἀλλὰ καὶ κρέα ζῴων
εὐωχουμένων τὰ ἐπέτεια, τοῖς τε χυμοῖς διαφέρειν τῶν
παλαιῶν καὶ μᾶλλον ἐπάγεσθαι τοὺς χρωμένους καὶ ἀπολαύοντας.
| [2,2] QUESTION II.
Pourquoi l'on devient plus gros mangeur aux environs de l'automne.
PERSONNAGES DU DIALOGUE : GLAUCIAS - XENOCLÉS
-- LAMPRIAS - PLUTARQUE - AUTRES ASSISTANTS.
C'était dans la ville d'Éleusis, après la célébration des
mystères et au fort de la fête. Nous soupions chez le rhéteur
Glaucias. Les autres convives avaient fini de manger,
quand Xénoclès, de Delphes se mit, suivant son habitude,
à railler mon frère Lamprias sur sa voracité de Béotien.
Je vins à son secours contre Xénoclès, qui pratiquait les
dogmes d'Epicure. "C'est, mon cher, dis-je à celui-ci, que
tout le monde ne fait pas consister le plaisir uniquement
dans l'absence de la douleur". Du reste, pour Lamprias, qui
au Verger préfère les Péripatéticiens et le Lycée, il y a
obligation de confirmer par ses actes les principes d'Aristote.
Ce grand philosophe dit que le moment où chacun mange
plus que jamais, c'est aux approches de l'automne; et il en
explique la raisons. Seulement je ne me la rappelle plus.
— "C'est au mieux, dit Glaucias : nous tâcherons de la
trouver nous-mêmes quand nous aurons fini de souper."
Après, donc, que les tables eurent été enlevées, Glaucias
et Xénoclès attribuèrent la cause de cette faim extraordinaire
aux fruits nouveaux. Ils donnaient des explications
différentes. L'un disait que ces fruits relâchent le ventre,
et que, vidant le corps, ils font naître toujours de nouveaux
appétits. Xénoclès prétendait, que la plupart des fruits, par
leur goût agréable et piquant, provoquent, plus que tout
ragoût et toute friandise, l'estomac à manger; car les malades
qui ont perdu l'appétit le recouvrent en mangeant
des fruits nouveaux. Lamprias soutenait, que la chaleur interne
et naturelle qui contribue à notre alimentation diminue en été,
qu'elle se dissipe alors et se raréfie, tandis
qu'au moment de l'automne elle se rassemble de nouveau
et se ranime, concentrée à l'intérieur par le refroidissement
du corps qui se resserre.
Je ne voulus pas avoir l'air de participer à ces propos
sans y fournir mon contingent. J'ajoutai donc, "que dans
l'été nous avons plus soif et que nous faisons un plus grand
usage de liquides, à cause de la chaleur. Dès lors, en automne,
la nature, que les changements de saisons portent à
chercher, comme il se fait toujours, un état contraire, la
nature nous rend plus affamés, afin de rendre l'équilibre à
la température du corps par autant de nourriture sèche"'.
Toutefois on pourrait encore dire, que les aliments eux-mêmes
ne sont pas étrangers à cette cause. Comme ils consistent
en fruits nouveaux et tout frais, comme non seulement
les pâtisseries, les légumes, le pain, le blé, mais encore
les viandes de bêtes engraissées dans l'année présente, ont
plus de sucs que les mêmes denrées des années antérieures,
on est plus excité à manger, et on le fait avec plus d'appétit,»
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