HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales - Sur les moyens de connaître les progrès qu'on fait dans la vertu

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[82] (82a) Οὕτω δὴ καὶ τῶν ἁμαρτανόντων ἀνήκεστοι μέν εἰσιν οἱ πρὸς τοὺς ἐλέγχοντας καὶ νουθετοῦντας ἐχθρῶς καὶ ἀγρίως διατιθέμενοι καὶ χαλεπαίνοντες· οἱ δ´ ὑπομένοντες καὶ προσιέμενοι πραότερον ἔχουσι. Τὸ δ´ ἑαυτὸν ἁμαρτάνοντα παρέχειν τοῖς ἐλέγχουσι καὶ τὸ πάθος λέγειν καὶ τὴν μοχθηρίαν ἀποκαλύπτειν καὶ μὴ χαίρειν λανθάνοντα μηδ´ ἀγαπᾶν ἀγνοούμενον ἀλλ´ ὁμολογεῖν καὶ δεῖσθαι τοῦ ἁπτομένου καὶ νουθετοῦντος οὐ φαῦλον ἂν εἴη προκοπῆς σημεῖον. Ὥς που Διογένης ἔλεγε τῷ σωτηρίας δεομένῳ ζητεῖν προσήκειν φίλον σπουδαῖον διάπυρον ἐχθρόν, ὅπως ἐλεγχόμενος (82b) θεραπευόμενος ἐκφεύγοι τὴν κακίαν. Ἄχρι δ´ οὗ τις ἐπιδεικνύμενος ῥύπον κηλῖδα χιτῶνος διερρωγὸς ὑπόδημα καλλωπίζεται πρὸς τοὺς ἐκτὸς ἀτυφίᾳ κενῇ καὶ διασκώπτων αὐτὸς ἑαυτὸν ὡς μικρὸν ὡς κυρτὸν οἴεται νεανιεύεσθαι, τὰ δ´ ἐντὸς αἴσχη τῆς ψυχῆς καὶ τὰ περὶ τὸν βίον ἐγχρέμματα καὶ μικρολογίας καὶ φιληδονίας καὶ κακοηθείας καὶ φθόνους ὥσπερ ἕλκη περιστέλλων καὶ ἀποκρύπτων οὐδένα θιγεῖν οὐδὲ προσιδεῖν ἐᾷ δεδιὼς τὸν ἔλεγχον, ὀλίγον αὐτῷ προκοπῆς μέτεστι, μᾶλλον δ´ οὐδέν.(82c) Ἀλλ´ τούτοις ὁμόσε χωρῶν καὶ μάλιστα μὲν αὐτὸς ἑαυτὸν ἀλγύνειν ἁμαρτάνοντα καὶ κακίζειν, δεύτερον δὲ παρέχειν ἑτέρου νουθετοῦντος ἐγκαρτεροῦντα καὶ καθαιρόμενον ὑπὸ τῶν ἐλέγχων καὶ δυνάμενος καὶ βουλόμενος, οὗτος ἀποτριβομένῳ καὶ βδελυττομένῳ τὴν μοχθηρίαν ἀληθῶς ἔοικε. Δεῖ μὲν γὰρ ἀμέλει καὶ τὸ δοκεῖν εἶναι πονηρὸν αἰδεῖσθαι καὶ φεύγειν· δὲ τὴν οὐσίαν μᾶλλον τῆς μοχθηρίας τὴν ἀδοξίαν δυσχεραίνων οὐ φεύγει τὸ κακῶς ἀκοῦσαι καὶ εἰπεῖν ἐπὶ τῷ βελτίων γενέσθαι. Χαρίεν γὰρ τὸ τοῦ Διογένους πρός τινα νεανίσκον ὀφθέντα μὲν ἐν καπηλείῳ, καταφυγόντα δ´ εἰς τὸ (82d) καπηλεῖον, « Ὅσῳ, » γὰρ εἶπεν, « ἐνδοτέρω φεύγεις, μᾶλλον ἐν τῷ καπηλείῳ γίγνῃ. » Καὶ τῶν φαύλων ἕκαστος ὅσῳ μᾶλλον ἀρνεῖται, τοσούτῳ μᾶλλον ἐνδύεται καὶ καθείργνυσιν εἰς τὴν κακίαν ἑαυτόν. Ἀμέλει τῶν πενομένων οἱ προσποιούμενοι πλουτεῖν ἔτι μᾶλλον πένονται διὰ τὴν ἀλαζονείαν· δὲ προκόπτων ἀληθῶς καὶ τὸν Ἱπποκράτη ποιεῖται παράδειγμα, τὸ περὶ τὰς ῥαφὰς τῆς κεφαλῆς ἀγνοηθὲν αὐτῷ καὶ ἐξαγορεύσαντα καὶ γράψαντα, λογιζόμενος ὅτι δεινόν ἐστιν ἐκεῖνον μέν, ὅπως ἂν ἕτεροι (82e) μὴ τὸ αὐτὸ πάθωσιν, ἑαυτοῦ τὴν ἁμαρτίαν κατειπεῖν, αὐτὸν δέ τινα μέλλοντα σῴζεσθαι μὴ τολμᾶν ἐλέγχεσθαι μηδ´ ὁμολογεῖν τὴν ἀβελτερίαν καὶ ἀμαθίαν. Καὶ μὴν τά γε Βίωνος καὶ Πύρρωνος οὐ προκοπῆς ἄν τις ἀλλ´ ἀμείνονος ἕξεως σημεῖα θεῖτο καὶ τελειοτέρας. μὲν γὰρ ἠξίου τοὺς συνήθεις οἴεσθαι προκόπτειν ὅταν τῶν λοιδορούντων οὕτως ἀκούωσιν ὡς λεγόντων ξέν´ ἐπεὶ οὔτε κακῷ οὔτ´ ἄφρονι φωτὶ ἔοικας, οὖλέ τε καὶ μέγα χαῖρε, θεοὶ δέ τοι ὄλβια δοῖεν. (82f) Πύρρωνα δέ φασι πλέοντα καὶ κινδυνεύοντα χειμῶνος δελφάκιόν τι δεῖξαι χρώμενον ἀσμένως κριθαῖς παρεγκεχυμέναις, καὶ πρὸς τοὺς ἑταίρους εἰπεῖν ὅτι τοιαύτην ἀπάθειαν παρασκευαστέον ἐκ λόγου καὶ φιλοσοφίας τὸν ὑπὸ τῶν προστυγχανόντων ταράττεσθαι μὴ βουλόμενον. Ὅρα δὴ καὶ τὸ τοῦ Ζήνωνος ὁποῖόν ἐστιν. Ἠξίου γὰρ ἀπὸ τῶν ὀνείρων ἕκαστον αὑτοῦ συναισθάνεσθαι προκόπτοντος, εἰ μήθ´ ἡδόμενον αἰσχρῷ τινι ἑαυτὸν μήτε τι προσιέμενον πράττοντα τῶν δεινῶν καὶ ἀτόπων ὁρᾷ κατὰ τοὺς ὕπνους, ἀλλ´ οἷον ἐν βυθῷ γαλήνης ἀκλύστου καταφανεῖ διαλάμπει τῆς ψυχῆς [82] (82a) Ainsi, quand des hommes vicieux s'irritent des avis qu'on leur donne, et qu'ils traitent en ennemis ceux qui les reprennent, on doit regarder leur mal comme incurable. Les écoutent-ils volontiers? ils sont près de leur guérison. Mais rien ne prouve davantage qu'on a fait de grands progrès dans la vertu que d'aller, après une faute commise, trouver soi-même son médecin, lui exposer son état, lui découvrir les plaies secrètes de son âme, et lui en demander le remède. Pour devenir homme de bien, disait Diogène, il faut avoir ou un ami sincère, ou un ardent ennemi, afin que les avis de l'un (82b) ou les censures de l'autre nous éloignent du vice. Il est des gens qui, par une fausse modestie, et pour se donner la réputation d'hommes agréables, sont les premiers à plaisanter sur les défauts de leur taille ou de leur habillement, tandis qu'ils cachent avec le plus grand soin l'avarice, la malignité, l'envie, l'amour des voluptés et toutes les autres plaies de leur âme. La crainte d'en essuyer des reproches fait qu'ils ne veulent les laisser ni toucher ni voir à personne. C'est avoir fait bien peu de progrès dans la vertu, ou plutôt, c'est n'en avoir fait aucun. Si, au contraire, loin de nous livrer sans remords à nos passions, nous avons le courage de nous reprocher nos fautes ou de souffrir au moins qu'un autre nous en reprenne, c'est une preuve que nos vices nous humilient et que nous voulons entièrement les dompter. Ce n'est pas qu'on ne doive rougir d'être connu pour vicieux ; mais, quand on a plus d'horreur du vice même que de la honte qui le suit, on ne craint point de faire connaître à des hommes vertueux le véritable état de son âme; on reçoit d'eux, sans peine, des reproches qui peuvent nous rendre meilleurs. Un jeune homme qui était dans un cabaret, ayant aperçu Diogène, se cacha aussitôt : « Eh! mon ami, lui cria ce philosophe, plus tu te caches dans ce cabaret et plus tu t'y enfonces. » Ainsi, les hommes vicieux, en cachant leurs désordres, s'y plongent davantage et s'en rendent de plus en plus les esclaves; ils ressemblent à ces pauvres qui feignent d'être riches, et se réduisent, par cette vanité même, à une plus grande misère. Le célèbre Hippocrate ne rougit point de publier dans ses écrits une faute qu'il avait commise en pansant un malade qui avait reçu une blessure à la tête ; il ne voulait pas que d'autres médecins tombassent dans la même erreur que lui. Quelle honte, après un tel exemple, si, lorsqu'il s'agit, non de prévenir l'erreur des autres, mais d'assurer sa propre conservation, on n'osait, par la crainte de quelques reproches, avouer son ignorance ou sa faiblesse ! Les préceptes que Bion et Pyrrhon donnent à ce sujet, supposent une disposition encore plus parfaite. Le premier disait à ses disciples qu'ils ne devaient croire avoir fait des progrès dans la philosophie que lorsqu'ils s'entendraient dire des injures avec autant de tranquillité que si on leur donnait des éloges, et qu'on leur dit, comme dans Homère : "Respectable étranger, vos traits, votre langage, En vous de la vertu me retracent l'image. Recevez tous mes vœux ; que les dieux à jamais Répandent sur vos jours leurs plus rares bienfaits". On rapporte de Pyrrhon qu'étant dans un vaisseau battu de la tempête, il vit un pourceau qui mangeait tranquillement de l'orge qu'on avait répandue dans le navire, et que le montrant aux autres voyageurs : « La raison, leur dit-il, et la philosophie doivent produire en nous la même insensibilité, si nous voulons ne pas être troublés par les accidents de la fortune. » La règle de Zénon va plus loin encore. Il veut qu'on juge par les songes même de ses progrès dans le bien : qu'on prenne garde si, pendant le sommeil, on ne se plaît pas à des représentations déshonnêtes; si l'on ne croit pas faire ou approuver des injustices et des violences ; ou si l'âme, toujours tranquille, toujours éclairée par la raison,


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Dernière mise à jour : 8/05/2008