HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales - Sur les moyens de connaître les progrès qu'on fait dans la vertu

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[80] μᾶλλον δὲ τῷ χρῆσθαι ποιοῦντες τὰ (80a) δόγματα. Ὡς τούς γε μανθάνοντας ἔτι καὶ πραγματευομένους καὶ σκοποῦντας λαβόντες ἐκ φιλοσοφίας εὐθὺς εἰς ἀγορὰν νέων διατριβὴν βασιλικὸν συμπόσιον ἐκκυκλήσουσιν, οὐ μᾶλλον οἴεσθαι χρὴ φιλοσοφεῖν τοὺς τὰ φάρμακα πωλοῦντας ἰατρεύειν· μᾶλλον δ´ ὅλως οὐδὲν τοιοῦτος σοφιστὴς διαφέρει τῆς Ὁμηρικῆς ὄρνιθος, τι ἂν λάβῃ τοῖς μαθηταῖς ὥσπερ « Ἀπτῆσι νεοσσοῖς » προσφέρων διὰ τοῦ στόματος. Κακῶς δέ τέ οἱ πέλει αὐτῷ μηδὲν εἰς ὄνησιν οἰκείαν ἀναδιδόντι μηδὲ καταπέττοντι τῶν λαμβανομένων. (80b) Ὅθεν ἐπισκοπεῖν ἀναγκαῖον εἰ χρώμεθα τῷ λόγῳ πρὸς ἑαυτοὺς μὲν χρηστικῶς, πρὸς ἑτέρους δὲ μὴ δόξης εἰκαίας ἕνεκα μηδ´ ἐκ φιλοτιμίας, ἀλλὰ μᾶλλον ἀκοῦσαί τι καὶ διδάξαι βουλόμενοι, μάλιστα δ´ εἰ τὸ φιλόνεικον καὶ δύσερι περὶ τὰς ζητήσεις ὑφεῖται καὶ πεπαύμεθα τοὺς λόγους ὥσπερ ἱμάντας σφαίρας ἐπιδούμενοι πρὸς ἀλλήλους καὶ τῷ πατάξαι καὶ καταβαλεῖν μᾶλλον τῷ μαθεῖν τι καὶ διδάξαι χαίροντες· γὰρ ἐν τούτοις ἐπιείκεια καὶ πραότης καὶ τὸ μὴ μετ´ ἀγῶνος συνίστασθαι μήτε (80c) διαλύεσθαι μετ´ ὀργῆς τὰς κοινολογίας μηδ´ οἷον ἐφυβρίζειν ἐλέγξαντας χαλεπαίνειν ἐλεγχθέντας ἱκανῶς προκόπτοντός ἐστιν. Ἐδήλωσε δ´ Ἀρίστιππος ἔν τινι λόγῳ κατασοφισθεὶς ὑπ´ ἀνθρώπου τόλμαν μὲν ἔχοντος, ἄλλως δ´ ἀνοήτου καὶ μανικοῦ. Χαίροντα γὰρ ὁρῶν αὐτὸν καὶ τετυφωμένον « Ἐγὼ μὲν οὖν, » εἶπεν, « ἐλεγχθεὶς ἄπειμι σοῦ τοῦ ἐλέγξαντος ἥδιον καθευδήσων. » Ἔστι δὲ καὶ λέγοντας ἑαυτῶν λαμβάνειν διάπειραν, εἰ μήτε πολλῶν παρὰ προσδοκίαν συνελθόντων ὑπὸ δειλίας ἀναδυόμεθα, μήτ´ ἐν ὀλίγοις ἀθυμοῦμεν (80d) ἀγωνιζόμενοι, μήτε πρὸς δῆμον πρὸς ἀρχὴν εἰπεῖν δεῆσαν ἐνδείᾳ τῆς περὶ τὴν λέξιν παρασκευῆς προϊέμεθα τὸν καιρόν, οἷα περὶ Δημοσθένους λέγουσι καὶ Ἀλκιβιάδου. Καὶ γὰρ οὗτος νοῆσαι μὲν πράγματα δεινότατος ὢν περὶ δὲ τὴν λέξιν ἀθαρσέστερος ἑαυτὸν διέκρουεν ἐν τοῖς πράγμασι, καὶ πολλάκις ἐν αὐτῷ τῷ λέγειν ζητῶν καὶ διώκων ὄνομα καὶ ῥῆμα διαφεῦγον ἐξέπιπτεν· Ὅμηρος δὲ τὸν πρῶτον οὐ διηνέχθη τῶν στίχων ἐξενεγκὼν ἄμετρον· τοσοῦτο περιῆν αὐτῷ φρονήματος εἰς τὰ λοιπὰ διὰ (80e) τὴν δύναμιν. Οὐκοῦν μᾶλλον εἰκός ἐστιν, οἷς πρὸς ἀρετὴν καὶ τὸ καλὸν ἅμιλλα, τῷ καιρῷ καὶ τοῖς πράγμασι χρῆσθαι τῶν ἐπὶ ταῖς λέξεσι θορύβων καὶ κρότων ἐλάχιστα φροντίζοντας. Οὐ μόνον δὲ δεῖ τοὺς λόγους ἀλλὰ καὶ τὰς πράξεις ἕκαστον ἐπισκοπεῖν εἰ τὸ χρειῶδες τοῦ πανηγυρικοῦ καὶ τοῦ πρὸς ἐπίδειξιν αὐταῖς πλέον ἔνεστι τὸ πρὸς ἀλήθειαν. Εἰ γὰρ ἀληθινὸς ἔρως παιδὸς γυναικὸς οὐ ζητεῖ μάρτυρας, ἀλλὰ καρποῦται τὸ ἡδὺ κἂν κρύφα κατεργάσηται τὸν πόθον, ἔτι μᾶλλον εἰκός ἐστι τὸν φιλόκαλον καὶ φιλόσοφον συνόντα διὰ τῶν πράξεων τῇ ἀρετῇ καὶ χρώμενον αὐτὸν ἐν ἑαυτῷ σιωπῇ μέγα φρονεῖν, ἐπαινετῶν καὶ (80f) ἀκροατῶν μηδὲν δεόμενον. Ὥσπερ οὖν καλῶν ἐκεῖνος οἴκοι τὴν θεραπαινίδα καὶ βοῶν « Θέασαι, Διονυσία, πέπαυμαι τετυφωμένος, » οὕτως ποιήσας τι χαρίεν καὶ ἀστεῖον εἶτα τοῦτο διηγούμενος καὶ περιφέρων ἁπανταχόσε δῆλός ἐστιν ἔξω βλέπων ἔτι καὶ πρὸς δόξαν ἑλκόμενος, οὔπω δὲ τῆς ἀρετῆς γεγονὼς θεατής, οὐδ´ ὕπαρ ἀλλ´ ὄναρ αὐτῆς ἐν σκιαῖς καὶ εἰδώλοις ῥεμβόμενος, εἶθ´ ὥσπερ ζωγράφημα προτιθεὶς ἐπὶ θέαν τὸ πεπραγμένον. [80] ou même notre propre conduite leur sert de règle pour diriger la leur. (80a) Mais ceux qui, à peine initiés dans la philosophie, veulent cependant se donner pour des hommes instruits; qui, après en avoir pris au hasard une légère idée, vont la débiter dans la place publique, dans un cercle de jeunes gens ou à la table d'un prince, on ne doit pas plus les croire philosophes que ceux qui vendent des remèdes ne doivent passer pour médecins. Vrais sophistes, ils ressemblent à cet oiseau dont parle Homère, qui porte à ses petits tout ce qu'il trouve, "Et lui-même languit privé de nourriture". Ainsi ces prétendus philosophes portent à leurs disciples ce qu'ils ont ramassé de côté et d'autre, sans en rien réserver pour leur nourriture personnelle. (80b) Observons soigneusement le motif qui nous fait parler. Voyons si ce n'est pas notre intérêt que nous avons en vue ; si, au lieu de nous y proposer ou notre propre instruction, ou celle des auditeurs, nous ne recherchons pas la vaine gloire et l'ostentation. Évitons surtout de mettre dans la discussion trop d'opiniâtreté, de nous livrer au goût de la dispute, de faire de nos controverses une sorte de jeu d'escrime où nous soyons plus sensibles au plaisir de terrasser nos adversaires qu'à l'avantage d'enseigner ou d'apprendre des choses utiles. Il n'est point de preuve plus certaine des progrès qu'on a faits dans la vertu, que d'être doux et modéré dans ces occasions, de ne point engager une conférence par le seul plaisir de disputer, (80c) de ne pas la terminer avec emportement, de ne pas traiter avec fierté son adversaire quand on l'a vaincu, et de ne pas s'aigrir de sa propre défaite. Un jour, Aristippe avait eu le dessous dans une dispute contre un homme plein de hardiesse, mais d'ailleurs sans réflexion et sans jugement. Comme il le voyait triomphant et enflé de sa victoire : « Je suis vaincu, lui dit-il ; mais je dormirai plus paisiblement que vous, tout vainqueur que vous êtes. » Lorsque l'assemblée est plus ou moins nombreuse que nous ne l'avions cru, il ne faut pas que la crainte ou le découragement nous empêche de parler; (80d) qu'obligés de haranguer devant le peuple ou les magistrats, nous en laissions passer l'occasion, pour ne nous être pas assez préparés. C'est, dit-on, ce qui arrivait à Démosthène et à Alcibiade. Ce dernier était plein de génie pour concevoir les choses; mais, naturellement timide, il se troublait aisément lorsqu'il parlait en public, et souvent un défaut de mémoire le faisait demeurer court. Homère, au contraire, ne craignit point de manquer à la mesure dans le premier vers de son Iliade, tant il avait de confiance dans le reste de son ouvrage ! (80e) A plus forte raison ceux qui, dans leurs discours, ont en vue le bien et la vertu, doivent-ils profiter de toutes les occasions qui se présentent de parler utilement, sans s'embarrasser que leur manière de dire soit applaudie ou non. Ce n'est pas seulement sur nos discours, mais encore sur nos actions, que nous devons veiller, pour voir si elles ont plus de solidité que d'apparence, plus de vérité que d'ostentation. Un amour véritable aime à jouir sans témoins, et cette jouissance, pour être secrète, ne perd rien de sa douceur. Combien plus un homme vraiment épris de l'amour du beau et de l'honnête, et que ses actions unissent intimement à la vertu, doit-il en jouir dans le silence ! Pleinement satisfait par sa possession, a-t-il à désirer d'autres témoins de son bonheur que sa propre conscience ? (80f) Semblable à cet homme qui criait à son esclave : « Vois-tu que je n'ai plus d'orgueil!» celui qui s'empresse de publier le bien qu'il a fait montre qu'il est sensible à une vaine gloire, et qu'il cherche des approbateurs hors de lui-même ; un tel homme n'a pas encore été admis à la contemplation de la vertu ; il ne l'a, pour ainsi dire, qu'aperçue en songe, à travers des voiles et des ombres, et c'est d'après cette faible vue que, représentant, par ses actions, l'image qu'il s'en est formée, il s'empresse de l'exposer aux yeux des spectateurs.


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Dernière mise à jour : 8/05/2008