HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales - Sur les moyens de connaître les progrès qu'on fait dans la vertu

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[79] (79a) Συμβαίνει δὴ τὸ τοῦ Ἀντιφάνους, τις εἶπεν ἐπὶ τῶν Πλάτωνος συνήθων. γὰρ Ἀντιφάνης ἔλεγε παίζων ἔν τινι πόλει τὰς φωνὰς εὐθὺς λεγομένας πήγνυσθαι διὰ ψῦχος, εἶθ´ ὕστερον ἀνιεμένων ἀκούειν θέρους τοῦ χειμῶνος διελέχθησαν· οὕτω δὴ τῶν ὑπὸ Πλάτωνος ἔφη νέοις οὖσιν ἔτι λεχθέντων μόλις ὀψὲ τοὺς πολλοὺς αἰσθάνεσθαι γέροντας γενομένους.Καὶ πρὸς ὅλην δὲ τοῦτο τὴν φιλοσοφίαν πεπόνθασιν, ἄχρι οὗ κατάστασιν ὑγιεινὴν κρίσις λαβοῦσα τοῖς ἦθος ἐμποιοῦσι καὶ μέγεθος ἄρξηται συμφέρεσθαι καὶ ζητεῖν λόγους, ὧν κατὰ τὸν Αἴσωπον εἴσω μᾶλλον (79b) ἔξω τὰ ἴχνη τέτραπται. Ὥσπερ γὰρ Σοφοκλῆς ἔλεγε τὸν Αἰσχύλου διαπεπαιχὼς ὄγκον εἶτα τὸ πικρὸν καὶ κατάτεχνον τῆς αὐτοῦ κατασκευῆς τρίτον ἤδη τὸ τῆς λέξεως μεταβάλλειν εἶδος, ὅπερ ἠθικώτατόν ἐστι καὶ βέλτιστον, οὕτως οἱ φιλοσοφοῦντες, ὅταν ἐκ τῶν πανηγυρικῶν καὶ κατατέχνων εἰς τὸν ἁπτόμενον ἤθους καὶ πάθους λόγον μεταβῶσιν, ἄρχονται τὴν ἀληθῆ προκοπὴν προκόπτειν καὶ ἄτυφον. Ὅρα δὴ μὴ μόνον φιλοσόφων συγγράμματα (79c) διεξιὼν καὶ λόγους ἀκούων εἰ μὴ πλέον τοῖς ὀνόμασι μόνοις προσέχεις τοῖς πράγμασι μηδὲ μᾶλλον ἐπιπηδᾷς τοῖς τὸ δύσκολον ἔχουσι καὶ περιττὸν τοῖς τὸ χρήσιμον καὶ σάρκινον καὶ ὠφέλιμον, ἀλλὰ καὶ ποιήμασιν ὁμιλῶν καὶ ἱστορίᾳ παραφύλαττε σεαυτὸν εἰ μηδέν σε διαφεύγει τῶν πρὸς ἐπανόρθωσιν ἤθους πάθους κουφισμὸν ἐμμελῶς λεγομένων. Ὥσπερ γὰρ ἄνθεσιν ὁμιλεῖν Σιμωνίδης φησὶ τὴν μέλιτταν Ξανθὸν μέλι μηδομέναν, οἱ δ´ ἄλλοι χρόαν αὐτῶν καὶ ὀσμὴν ἕτερον δ´ οὐδὲν ἀγαπῶσιν, οὐδὲ λαμβάνουσιν, οὕτω τῶν ἄλλων ἐν ποιήμασιν ἡδονῆς ἕνεκα καὶ παιδιᾶς ἀναστρεφομένων αὐτὸς εὑρίσκων τι καὶ συνάγων σπουδῆς (79d) ἄξιον ἔοικεν ἤδη γνωριστικὸς ὑπὸ συνηθείας καὶ φιλίας τοῦ καλοῦ καὶ οἰκείου γεγονέναι. Τοὺς μὲν γὰρ Πλάτωνι καὶ Ξενοφῶντι χρωμένους διὰ τὴν λέξιν, ἕτερον δὲ μηδὲν ἀλλ´ τὸ καθαρόν τε καὶ Ἀττικὸν ὥσπερ δρόσον καὶ χνοῦν ἀποδρεπομένους τί ἂν ἄλλο φαίης φαρμάκων τὸ μὲν εὐῶδες καὶ ἀνθηρὸν ἀγαπᾶν, τὸ δ´ ἀνώδυνον καὶ καθαρτικὸν μὴ προσίεσθαι μηδὲ διαγιγνώσκειν; Ἀλλ´ οἵ γε μᾶλλον ἔτι προκόπτοντες οὐκ ἀπὸ λόγων μόνον ἀλλὰ καὶ θεαμάτων καὶ πραγμάτων πάντων ὠφελεῖσθαι (79e) δύνανται καὶ συνάγειν τὸ οἰκεῖον καὶ χρήσιμον, οἷα καὶ περὶ Αἰσχύλου λέγουσι καὶ περὶ ἄλλων ὁμοίων. Αἰσχύλος μὲν γὰρ Ἰσθμοῖ θεώμενος ἀγῶνα πυκτῶν, ἐπεὶ πληγέντος τοῦ ἑτέρου τὸ θέατρον ἐξέκραγε, νύξας Ἴωνα τὸν Χῖον « Ὁρᾷς, » ἔφη, « οἷον ἄσκησίς ἐστιν; πεπληγὼς σιωπᾷ, οἱ δὲ θεώμενοι βοῶσιν. » Βρασίδας δὲ μῦν τινα συλλαβὼν ἐν ἰσχάσι καὶ δηχθεὶς ἀφῆκεν· εἶτα πρὸς ἑαυτόν « Ἡράκλεις, » ἔφη, « ὡς οὐδέν ἐστι μικρὸν οὐδ´ ἀσθενές, μὴ ζήσεται τολμῶν ἀμύνεσθαι. » Διογένης δὲ τὸν πίνοντα ταῖς χερσὶ θεασάμενος τῆς πήρας (79f) ἐξέβαλε τὸ ποτήριον. Οὕτω τὸ προσέχειν καὶ τετάσθαι τὴν ἄσκησιν αἰσθητικοὺς καὶ δεκτικοὺς ποιεῖ τῶν πρὸς ἀρετὴν φερόντων ἁπανταχόθεν. Γίγνεται δὲ τοῦτο μᾶλλον ἂν τοὺς λόγους ταῖς πράξεσι μιγνύωσι, μὴ μόνον, ὡς Θουκυδίδης ἔλεγε, « Μετὰ κινδύνων ποιούμενοι τὰς μελέτας, » ἀλλὰ καὶ πρὸς ἡδονὰς καὶ πρὸς ἔριδας καὶ περὶ κρίσεις καὶ συνηγορίας καὶ ἀρχάς, οἷον ἀπόδειξιν αὑτοῖς τῶν δογμάτων διδόντες, [79] (79a) Antiphane disait agréablement qu'il y avait une ville où les paroles étaient gelées par le froid aussitôt qu'on les avait prononcées ; qu'ensuite la chaleur venant à les fondre, on entendait l'été ce qui avait été dit pendant l'hiver. Il ajoutait, en appliquant aux disciples de Platon ce badinage ingénieux, que les leçons que ce philosophe leur donnait pendant leur jeunesse n'étaient entendues de la plupart d'entre eux que dans l'âge mûr. Telle est même en général leur disposition pour toute la philosophie. Ils sentent peu la beauté de ses préceptes, jusqu'à ce que leur jugement ait acquis plus de consistance et de maturité. Alors, ils goûtent ces principes d'une morale pure et saine si propres à calmer les passions, à inspirer des sentiments généreux; principes dont les traces, selon l'expression d'Ésope, (79b) sont toutes tournées du côté de l'âme. Sophocle disait qu'il avait voulu d'abord imiter la manière fastueuse et gigantesque d'Eschyle, ensuite sa marche laborieuse et forcée, mais qu'enfin il avait adopté un genre de composition plus propre a former les mœurs, et par cela même infiniment plus estimable. Ainsi les jeunes gens, à mesure qu'ils font des progrès dans la sagesse, se dégoûtent de ce style recherché qui sent trop l'art et le travail, et préfèrent un genre d'écrire plus sage, fait pour calmer les passions et pour inspirer l'amour de la vertu. Considérez donc, en lisant les écrits des philosophes (79c) ou en écoutant leurs leçons, si vous n'êtes pas plus occupé des mots que des choses; si vous ne vous attachez pas plutôt à ce qu'il y a de brillant et de subtil qu'à ce qu'elles ont d'utile et de solide. Lors même que vous lirez la poésie on l'histoire, observez avec soin si vous ne laissez rien échapper de ce qui peut servir à réformer vos mœurs et à guérir vos passions. L'abeille, dit Simonide, voltige sur les fleurs et en exprime les sucs propres à composer un miel exquis, tandis que d'autres n'y recherchent que ce qui peut flatter la vue et l'odorat. Ainsi, bien des gens ne se proposent dans la lecture des poètes que l'amusement et le plaisir. Celui qui sait y remarquer ce qu'ils ont d'utile, et se l'approprier, (79d) montre qu'une longue habitude lui a rendu familier le sentiment du beau, et qu'il le saisit partout où il le trouve. Pour ceux qui n'aiment dans Platon et dans Xénophon que les grâces du style, qui ne s'attachent qu'à cette fleur d'atticisme dont brillent leurs écrits, semblable à ce duvet dont la rosée colore les fruits, ne peut-on pas les comparer à des hommes qui n'apprécient un remède que par sa couleur ou son odeur agréable, et ne font aucun cas de la vertu qu'il peut avoir pour calmer les douleurs ou pour évacuer les humeurs? (79e) Les hommes plus instruits tirent parti non seulement de ce qu'ils entendent, mais encore de ce qu'ils voient. Eschyle assistait un jour aux combats du ceste dans les jeux isthmiques. Un des athlètes ayant été dangereusement blessé, il s'éleva un grand cri dans l'assemblée. « Voyez, dit Eschyle à un de ses voisins, la force de l'habitude ; les spectateurs crient, et celui qui a été blessé ne dit pas un seul mot. » Brasidas ayant mis la main dans un panier de figues, fut mordu par une souris qu'il avait saisie. Il la lâcha aussitôt, disant en lui-même : « Il n'est donc point d'animal si faible qui ne puisse sauver sa vie, s'il ose la défendre. » Diogène, voyant quelqu'un boire dans le creux de sa main, (79f) et a l'écuelle qu'il portait dans sa besace. Tant il est vrai que l'habitude de réfléchir sur ce qu'on voit, fait promptement saisir tout ce qui peut porter à la vertu ! Un moyen plus sûr encore d'acquérir cette facilité, c'est de pratiquer en même temps qu'on s'instruit, de s'exercer non seulement, comme dit Thucydide, à affronter les périls, mais aussi à se garantir des piéges de la volupté, à éviter les querelles et les disputes dans la défense des causes, dans les jugements et les fonctions de la magistrature; par là on fait connaître aux autres sur quels principes on se conduit,


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Dernière mise à jour : 8/05/2008