HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales - Sur les moyens de connaître les progrès qu'on fait dans la vertu

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[78] τὸν δ´ αὖθις ἀναφέρειν τῷ φρονήματι καὶ (78a) λέγειν πρὸς ἑαυτὸν οἷον ἐπιπλήττοντα καὶ κακίζοντα « Τί φῄς, Διόγενες; Τοῦτον μὲν εὐωχεῖ τὰ σὰ λείμματα, σὺ δ´ γενναῖος ὅτι μὴ μεθύεις ἐκεῖ κατακείμενος ἐν ἁπαλοῖς καὶ ἀνθίνοις στρώμασιν ὀδύρῃ καὶ θρηνεῖς σεαυτόν; » Ὅταν οὖν οἱ τοιοῦτοι κατασπασμοὶ γένωνται μὴ πολλάκις, αἵ τε πρὸς αὐτοὺς ἐξαιρέσεις καὶ ἀνακρούσεις τοῦ φρονήματος ὥσπερ ἐκ τροπῆς ταχεῖαι παρῶσι καὶ διαλύωσι ῥᾳδίως τὸν ἄλυν καὶ τὴν ἀδημονίαν, ἔν τινι βεβαίῳ τὴν προκοπὴν εἶναι δεῖ νομίζειν. Ἐπεὶ δ´ οὐ μόνον ἐξ αὑτῶν τὰ κατασείοντα καὶ στρέφοντα πρὸς τοὐναντίον ὑπ´ ἀσθενείας ἐπιγίγνεται (78b) τοῖς φιλοσοφοῦσιν, ἀλλὰ καὶ φίλων συμβουλαὶ μετὰ σπουδῆς καὶ διαφόρων ἀντιλήψεις ἐν γέλωτι καὶ παιδιᾷ γιγνόμεναι κάμπτουσι καὶ μαλάσσουσιν, ἐνίους δὲ καὶ τέλεον ἤδη φιλοσοφίας ἐξέσεισαν, οὐ φαῦλον ἄν τι προκοπῆς εἴη σημεῖον πρὸς ταῦτα πραότης ἑκάστου καὶ τὸ μὴ ταραττόμενον μηδὲ κνιζόμενον ὑπὸ τῶν λεγόντων καὶ ὀνομαζόντων ἥλικάς τινας ἐν αὐλαῖς βασιλέων εὐημεροῦντας φερνὰς ἐπὶ γάμοις λαμβάνοντας κατιόντας ὑπὸ πλήθους εἰς ἀγορὰν ἐπ´ ἀρχήν τινα συνηγορίαν. γὰρ ἀνέκπληκτος ἐν τούτοις καὶ ἄτεγκτος ἤδη δῆλός ἐστιν εἰλημμένος ἣν προσήκει (78c) λαβὴν ὑπὸ φιλοσοφίας. Οὐ γὰρ οἷόν τε παύσασθαι ζηλοῦντας ἅπερ οἱ πολλοὶ θαυμάζουσιν, οἷς ἂν μὴ τὸ θαυμάζειν ἀρετὴν ἐγγένηται. Πρὸς μὲν γὰρ ἀνθρώπους θρασύνεσθαι καὶ δι´ ὀργὴν ἐνίοις παρέστη καὶ διὰ παραφροσύνην· ὧν δὲ θαυμάζουσιν ἄνθρωποι πραγμάτων οὐκ ἔστιν ἄνευ φρονήματος ἀληθινοῦ καὶ βεβαίου καταφρονῆσαι. Διὸ καὶ ταῦτα παραβάλλοντες ἐκείνοις ἐπιγαυροῦσιν ἑαυτούς, ὥσπερ Σόλων Ἀλλ´ ἡμεῖς αὐτοῖς οὐ διαμειψόμεθα τῆς ἀρετῆς τὸν πλοῦτον, ἐπεὶ τὸ μὲν ἔμπεδον αἰεί, χρήματα δ´ ἀνθρώπων ἄλλοτε ἄλλος ἔχει. Καὶ Διογένης τὴν εἰς Ἀθήνας ἐκ Κορίνθου καὶ (78d) πάλιν εἰς Κόρινθον ἐξ Ἀθηνῶν μετάβασιν ἑαυτοῦ παρέβαλλε ταῖς βασιλέως ἔαρος μὲν ἐν Σούσοις καὶ χειμῶνος ἐν Βαβυλῶνι, θέρους δ´ ἐν Μηδίᾳ διατριβαῖς. Καὶ Ἀγησίλαος περὶ τοῦ μεγάλου βασιλέως « Τί γὰρ ἐμοῦ μείζων ἐκεῖνος, εἰ μὴ καὶ δικαιότερος; » δ´ Ἀριστοτέλης πρὸς Ἀντίπατρον περὶ Ἀλεξάνδρου γράφων ἔφη μὴ μόνον ἐκείνῳ προσήκειν ὅτι πολλῶν κρατεῖ μέγα φρονεῖν, ἀλλ´ οὐδὲν ἧττον εἴ (78e) τις ὀρθῶς γιγνώσκει περὶ θεῶν. δὲ Ζήνων ὁρῶν τὸν Θεόφραστον ἐπὶ τῷ πολλοὺς ἔχειν μαθητὰς θαυμαζόμενον, « ἐκείνου μὲν χορός, » ἔφη, « μείζων, οὑμὸς δὲ συμφωνότερος. » Ὅταν οὖν οὕτω τὰ τῆς ἀρετῆς πρὸς τὰ ἐκτὸς ἀντιτιθεὶς ὑπεκχέῃς φθόνους καὶ ζηλοτυπίας καὶ τὰ κνίζοντα καὶ ταπεινοῦντα πολλοὺς τῶν ἀρχομένων φιλοσοφεῖν, μέγα καὶ τοῦτο δήλωμα σεαυτῷ τοῦ προκόπτειν ποιεῖς. Οὐκ ἔστι δὲ μικρὸν οὐδ´ περὶ τοὺς λόγους μεταβολή. Πάντες γὰρ ὡς εἰπεῖν οἱ φιλοσοφεῖν ἀρχόμενοι τοὺς πρὸς δόξαν διώκουσι μᾶλλον, οἱ μὲν ὥσπερ ὄρνιθες ἐπὶ τὴν λαμπρότητα τῶν φυσικῶν καὶ τὸ ὕψος ὑπὸ κουφότητος καὶ φιλοτιμίας καταίροντες, οἱ δ´ « Ὥσπερ τὰ σκυλάκια, » (78f) φησὶν Πλάτων, « τῷ ἕλκειν καὶ σπαράττειν χαίροντες » ἐπὶ τὰς ἔριδας καὶ τὰς ἀπορίας χωροῦσι καὶ τὰ σοφίσματα, οἱ δὲ πλεῖστοι τοῖς διαλεκτικοῖς ἐνδύντες εὐθὺς ἐπισιτίζονται πρὸς σοφιστείαν, ἔνιοι δὲ χρείας καὶ ἱστορίας ἀναλεγόμενοι περιίασιν, ὥσπερ Ἀνάχαρσις ἔλεγε τῷ νομίσματι τοὺς Ἕλληνας πρὸς οὐδὲν ἕτερον τὸ ἀριθμεῖν χρωμένους ὁρᾶν, οὕτω τοὺς λόγους παραριθμούμενοι καὶ παραμετροῦντες, ἄλλο δ´ οὐδὲν εἰς ὄνησιν αὑτῶν τιθέμενοι. [78] (78a) A cette vue, reprenant courage et se reprochant sa faiblesse : « Eh quoi ! Diogène, se dit-il à lui-même, cet animal se nourrit abondamment de tes restes; et toi, parce que tu ne prends point de part à ces festins de dissolution, que tu n'es pas mollement couché sur des lits richement parés, tu pleures, tu te lamentes ! » Au reste, quand ces dégoûts sont rares, quand la réflexion, venant promptement à notre secours, chasse loin de nous ces pensées importunes, prévient notre découragement et dissipe les nuages qui obscurcissaient notre âme, nous pouvons croire avec fondement que nos progrès sont réels et solides. Ce n'est pas seulement de notre propre faiblesse que nous avons à craindre ces impulsions secrètes qui nous détournent du bien. (78b) Les conseils que nos amis nous donnent de bonne foi, les railleries piquantes de nos adversaires, nous amollissent ou nous ébranlent ; notre course en est ralentie, et quelquefois même nous renonçons à la philosophie. Il faut opposer aux uns et aux autres une égale tranquillité d'âme, et ne ressentir ni trouble ni jalousie secrète lorsqu'ils viennent nous dire avec affectation que quelques-uns de leurs amis jouissent à la cour de la plus haute fortune, qu'ils ont fait des mariages opulents , qu'ils ont paru dans la place publique suivis d'une troupe nombreuse, pour y prendre possession d'une charge ou y plaider une affaire importante. Un homme insensible à tous ces discours montre qu'il est vraiment épris des charmes de la sagesse. (78c) En effet, pour ne plus désirer ce que le commun des hommes recherche avec tant d'ardeur, il faut n'avoir d'estime et d'admiration que pour la vertu. Une forte résistance aux volontés des autres nous est quelquefois inspirée par la colère ou par l'imprudence ; mais un mépris généreux de ce que la multitude admire ne peut venir que d'une véritable grandeur d'âme. C'est par là que les hommes vertueux, comparant avec les biens de la fortune ceux qu'ils ont acquis eux-mêmes, sentent si bien tous leurs avantages. C'est là ce qui faisait dire à Solon : "Le crime trop souvent fleurit dans l'opulence, Et l'homme vertueux languit dans l'indigence. Mais nous, de la vertu constants adorateurs, Pourrions-nous envier de coupables faveurs? La fortune souvent détruit son propre ouvrage ; La vertu chaque jour s'affermit davantage. Diogène comparait ses différents voyages de Corinthe à Athènes, (78d) et de Thèbes à Corinthe, à ceux des rois de Perse qui passaient le printemps à Suze, l'hiver à Babylone, et l'été dans la Médie. Agésilas entendait appeler le roi de Perse, le grand roi : « Comment serait-il plus grand que moi, dit-il, s'il n'est pas plus juste? » Aristote écrivait à Antipater, au sujet d'Alexandre, que ce prince n'avait pas seul droit de se croire grand parce qu' il possédait un vaste empire; que tout homme qui avait des idées exactes de la divinité, pouvait y prétendre à plus juste titre. (78e) Zénon, voyant qu'on admirait Théophraste à cause du grand nombre de ses disciples : « Son auditoire, dit-il, est plus nombreux, et le mien plus d'accord. » Celui donc qui, reconnaissant la supériorité de la vertu sur les biens de la fortune, ne ressent plus pour eux aucun désir, aucun de ces mouvements qui affectent vivement le cœur, et souvent même découragent dès l'entrée dans la carrière philosophique, celui-là peut croire avoir fait des progrès réels dans le bien. Un nouveau moyen de s'en assurer, c'est un changement sensible dans les discours. La plupart de ceux qui commencent y recherchent pour l'ordinaire ce qui peut leur attirer de la réputation. Les uns, tels que des oiseaux légers, s'élèvent, par une vaine ambition, à ce que la nature leur offre de plus brillant et de plus sublime. (78f) Les autres, dit Platon (l. 7 de la Rép.), semblables à de jeunes chiens qui n'aiment qu'à mordre et à déchirer, et toujours hérissés de sophismes, se jettent dans les questions de controverse les plus abstraites et les plus épineuses. Ceux-ci, en plus grand nombre, se plongent dans les obscurités de la dialectique par le seul motif de devenir un jour d'habiles sophistes ; ceux-là, recueillant les traits les plus frappants et les plus belles maximes que l'histoire leur présente, vont ensuite les débiter partout avec ostentation ; ils ne s'occupent qu'à calculer, qu'à compasser des mots, semblables aux Grecs, qui, selon le Scythe Anacharsis, ne se servaient de leur monnaie que pour compter.


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Dernière mise à jour : 8/05/2008