[85] (85a) φεῦ, τοῖσι γενναίοισιν ὡς ἅπαν καλόν.
Τὸν γὰρ ἄχρι τοῦ καὶ τὰ φαινόμενα δεινὰ μὴ δυσχεραίνειν ἀλλὰ θαυμάζειν καὶ
ζηλοῦν ἐνθουσιασμὸν οὐκ ἂν ἔτι γε τῶν καλῶν οὐδεὶς ἀποτρέψειεν. Ἤδη δὲ
τοῖς τοιούτοις παρέπεται τὸ βαδίζουσιν ἐπὶ πράξεις τινὰς ἢ λαβοῦσιν ἀρχὴν
ἢ χρησαμένοις τύχῃ τίθεσθαι πρὸ ὀφθαλμῶν τοὺς ὄντας ἀγαθοὺς ἢ γενομένους,
καὶ διανοεῖσθαι « Τί δ´ ἂν ἔπραξεν ἐν τούτῳ Πλάτων, τί δ´ ἂν εἶπεν
Ἐπαμεινώνδας, ποῖος (85b) δ´ ἂν ὤφθη Λυκοῦργος ἢ Ἀγησίλαος, » οἷόν τι
πρὸς ἔσοπτρα κοσμοῦντας ἑαυτοὺς ἢ μεταρρυθμίζοντας ἢ φωνῆς ἀγεννεστέρας
αὑτῶν ἐπιλαμβανομένους ἢ πρός τι πάθος ἀντιβαίνοντας. Οἱ μὲν γὰρ
ἐκμεμαθηκότες τὰ τῶν Ἰδαίων ὀνόματα Δακτύλων χρῶνται πρὸς τοὺς φόβους
αὐτοῖς ὡς ἀλεξικάκοις, ἀτρέμα καταλέγοντες ἕκαστον· ἡ δὲ τῶν ἀγαθῶν ἀνδρῶν
ἐπίνοια καὶ μνήμη ταχὺ παρισταμένη καὶ διαλαμβάνουσα τοὺς προκόπτοντας, ἐν
πᾶσι πάθεσι καὶ ἀπορίαις ἁπάσαις ὀρθούς τε καὶ ἀπτῶτας διαφυλάττει. Ὅθεν
ἔστω σοι καὶ τοῦτο σημεῖον τοῦ πρὸς ἀρετὴν ἐπιδιδόντος.
Πρὸς δὲ τούτῳ τὸ μηκέτι ταράττεσθαι σφόδρα (85c) μηδ´ ἐρυθριᾶν μηδὲ
κατακρύπτειν ἢ μετασχηματίζειν τι τῶν καθ´ ἑαυτόν, ἀνδρὸς ἐνδόξου καὶ
σώφρονος ἐξαπίνης ἐπιφανέντος, ἀλλὰ θαρρεῖν ὁμόσε χωροῦντα τοῖς τοιούτοις
ἔχει τοῦ συνειδότος τινὰ βεβαίωσιν. Ἀλέξανδρος μὲν γὰρ ὡς ἔοικεν ἄγγελον
ἰδὼν περιχαρῆ προσθέοντα καὶ τὴν δεξιὰν προτείνοντα « Τί μοι μέλλεις, »
εἶπεν, « ὦ τᾶν ἀπαγγελεῖν; Ἢ ὅτι Ὅμηρος ἀναβεβίωκεν;« Οὐδενὸς αὐτῷ τὰ
πράγματα πλὴν ὑστεροφημίας ἐνδεῖν οἰόμενος. Νέῳ δ´ ἀνδρὶ βελτιουμένῳ τὸ
ἦθος οὐδενὸς (85d) ἔρως ἐμφύεται μᾶλλον ἢ καλοῖς κἀγαθοῖς ἀνδράσιν
ἐγκαλλωπίσασθαι καὶ παρασχεῖν οἰκίαν αὑτοῦ καταφανῆ, τράπεζαν, γυναῖκα,
παιδία, σπουδήν, λόγους λεγομένους ἢ γραφομένους, ὥστε καὶ δάκνεσθαι
πατρὸς τεθνεῶτος ἢ καθηγητοῦ μεμνημένον οὐκ ἐπιδόντος αὐτὸν ἐν διαθέσει
τοιαύτῃ, καὶ μηδὲν ἂν οὕτως εὔξασθαι παρὰ τῶν θεῶν, ὡς ἐκείνους
ἀναβιώσαντας αὐτῷ γενέσθαι τοῦ βίου καὶ τῶν πράξεων θεατάς. Ὥσπερ αὖ
τοὐναντίον οἱ καταμελήσαντες ἑαυτῶν καὶ διαφθαρέντες οὐδ´ ἐν ὕπνῳ τοὺς
προσήκοντας ἀτρέμα καὶ ἀδεῶς ὁρῶσιν.
(85e) Ἔτι τοίνυν πρόσλαβε τοῖς εἰρημένοις σημεῖον οὐ μικρόν, εἰ βούλει, τὸ
μηδὲν ἔτι μικρὸν ἡγεῖσθαι τῶν ἐξαμαρτανομένων ἀλλ´ ἐξευλαβεῖσθαι καὶ
προσέχειν ἅπασιν. Ὥσπερ γὰρ οἱ τὸ πλουτήσειν ἀπεγνωκότες ἐν οὐδενὶ
τίθενται τὰ μικρὰ δαπανήματα, μηδὲν οἰόμενοι ποιήσειν μέγα τὸ μικρῷ τινι
προστιθέμενον, ἡ δ´ ἐλπὶς ἐγγυτέρω τοῦ τέλους βαδίζουσα τῷ πλούτῳ συναύξει
τὴν φιλοπλουτίαν, οὕτως ἐν τοῖς πρὸς ἀρετὴν πράγμασιν ὁ μὴ πολλὰ συγχωρῶν
τῷ « Τί γὰρ τὸ παρὰ τοῦτο; » Καὶ « Νῦν μὲν οὕτως αὖθις δὲ βέλτιον, » ἀλλὰ
προσέχων ἑκάστῳ κἂν εἰς τὸ σμικρότατον ἡ κακία ποτὲ τῶν ἁμαρτημάτων (85f)
ἐνδῦσα συγγνώμην πορίζηται δυσανασχετῶν καὶ δυσκολαίνων, δῆλός ἐστιν ἤδη
τι καθαρὸν κτώμενος ἑαυτῷ καὶ οὐδ´ ὁπωσοῦν ἀξιῶν ῥυπαίνεσθαι· τὸ δὲ μηδὲν
οἴεσθαι καταισχύνειν μέγα μηδ´ ἔχειν εὐχερεῖς ποιεῖ καὶ ὀλιγώρους πρὸς τὰ
μικρά. Καὶ γὰρ αἱμασιάν τινα καὶ θριγκὸν οἰκοδομοῦσιν οὐ διαφέρει ξύλον τὸ
τυχὸν ἢ λίθον ὑποβαλεῖν χυδαῖον ἢ στήλην ὑποθεῖναι παραπεσοῦσαν ἀπὸ
μνήματος, οἷα ποιοῦσιν οἱ φαῦλοι,
| [85] (85a) "Tout sied à la vertu, tout est un bien pour elle".
Rien alors ne pourra refroidir l'enthousiasme qu'elle nous inspirera; sans
être arrêtés par ce qui effraie le commun des hommes, nous la suivrons
avec plus d'ardeur.
Une suite de cette affection pour les hommes vertueux, c'est qu'en commençant une entreprise, en prenant possession d'une charge,
en éprouvant quelque revers, nous nous mettions devant les yeux
les hommes les plus célèbres de notre temps ou des siècles passés, et que
nous nous disions à nous-mêmes : Qu'eût fait Platon dans cette
circonstance? qu'eût dit Épaminondas? (85b) comment se seraient conduits
Lycurgue ou Agésilas? En nous regardant ainsi dans ces personnages comme
dans un miroir fidèle, nous aurons en eux des modèles sûrs, et nous
réformerons, d'après leur exemple, ce qu'il y aura de défectueux dans nos
discours et dans notre conduite. Ceux qui savent les noms de ces prêtres
appelés dactyles idéens, s'en servent comme de préservatif contre les
frayeurs, en les nommant les uns après les autres. Mais les hommes
formés au bien par la philosophie lorsqu'ils sont dans la perplexité, ou
qu'ils ressentent les atteintes de quelque passion, se représentent
aussitôt à l'esprit quelqu'un de ces grands personnages célèbres par leur
vertu, et ce souvenir présent à leur pensée soutient leurs pas chancelants
et prévient leurs chutes.
Un autre effet de nos progrès, (85c) c'est de n'être plus troublés ni
confus à la présence d'un homme vertueux, de n'avoir plus devant lui un
air timide et embarrassé, mais, au contraire, d'en approcher avec cette
confiance qui prouve toujours une conscience pure et tranquille.
Alexandre, voyant un courrier venir à lui plein de joie, lui dit, en lui tendant la main : «Mon ami, viens-tu m'apprendre qu'Homère est ressuscité? » Il pensait sans doute qu'il n'y avait rien à ajouter à sa gloire que de la voir consacrée
à l'immortalité par un chantre tel qu'Homère. (85d) Un jeune homme
plein d'honneur et de vertu ne désire rien tant que d'avoir pour témoin de
sa conduite des hommes sages et vertueux. Il aime à leur montrer en détail
comment sa maison est réglée et sa table servie , quel ordre règne dans sa
famille et quelles sont les études qui l'occupent. A-t-il perdu ses
parents ou ses instituteurs? toutes les fois qu'il pense à eux, il
regrette de ne pouvoir pas les rappeler à la vie, afin qu'ils jouissent du
spectacle de sa conduite. Mais les jeunes gens qui, par une coupable
négligence, ont laissé corrompre leurs mœurs, ne peuvent voir, même en
songe, ceux qui leur ont donné le jour sans éprouver une sorte de
tremblement et de frayeur.
(85e) Voulez-vous enfin vous bien assurer que vous avez fait des progrès
solides dans la vertu ? ne regardez aucune faute comme légère, évitez-les
toutes avec le plus grand soin. Quand on désespère d'être jamais riche, on
compte pour rien de petites dépenses, parce que les épargnes modiques
qu'on pourrait faire ne seraient jamais un objet bien important. Mais ceux
qui ont l'espérance de l'être un jour, plus ils sont près de le devenir,
plus ils sentent croître le désir d'épargner, afin d'augmenter leurs richesses.
Ainsi, quand on désire d'acquérir la vertu, et qu'on a la juste
confiance d'y parvenir, on est attentif aux moindres choses ; on ne se
permet aucun écart, sous prétexte qu'il sera sans conséquence, et qu'une
autre fois on fera mieux; on veille avec soin sur chacune de ses actions;
(85f) on s'indigne contre les fautes les plus légères qui échappent par
surprise et qui sembleraient les plus pardonnables. Cette disposition
prouve que l'âme est purifiée de ses souillures, et ne veut plus en
contracter de nouvelles. Mais quand on se persuade que le peu de vertu
qu'on a déjà acquis ne mérite pas le soin de l'accroître, cette opinion,
selon Eschyle, nous rend négligents et distraits sur nos fautes.
On emploie indifféremment, pour un mur de clôture, le bois, la pierre la
plus commune, et des débris même de colonnes ramassés parmi les ruines des
tombeaux. Voilà l'image des gens vicieux.
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