HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Oeuvres morales, A un prince ignorant

Chapitre 3

  Chapitre 3

[3] Τίς οὖν ἄρξει τοῦ ἄρχοντος; νόμος πάντων βασιλεὺς θνατῶν τε καὶ ἀθανάτων, ὡς ἔφη Πίνδαρος, οὐκ ἐν βιβλίοις ἔξω γεγραμμένος οὐδέ τισι ξύλοις, ἀλλ´ ἔμψυχος ὢν ἐν αὐτῷ λόγος, ἀεὶ συνοικῶν καὶ παραφυλάττων καὶ μηδέποτε τὴν ψυχὴν ἐῶν ἔρημον ἡγεμονίας. μὲν γὰρ Περσῶν βασιλεὺς ἕνα τῶν κατευναστῶν εἶχε πρὸς τοῦτο τεταγμένον, ὥσθ´ ἕωθεν εἰσιόντα λέγειν πρὸς αὐτὸν "ἀνάστα, βασιλεῦ, καὶ φρόντιζε πραγμάτων, ὧν σε φροντίζειν μέγας Ὠρομάσδης ἠθέλησετοῦ δὲ πεπαιδευμένου καὶ σωφρονοῦντος ἄρχοντος ἐντός ἐστιν τοῦτο φθεγγόμενος ἀεὶ καὶ παρακελευόμενος. Πολέμων γὰρ ἔλεγε τὸν ἔρωτα εἶναι "θεῶν ὑπηρεσίαν εἰς νέων ἐπιμέλειαν καὶ σωτηρίανἀληθέστερον δ´ ἄν τις εἴποι τοὺς ἄρχοντας ὑπηρετεῖν θεῷ πρὸς ἀνθρώπων ἐπιμέλειαν καὶ σωτηρίαν, ὅπως ὧν θεὸς δίδωσιν ἀνθρώποις καλῶν καὶ ἀγαθῶν τὰ μὲν νέμωσι τὰ δὲ φυλάττωσιν. ὁρᾷς τὸν ὑψοῦ τόνδ´ ἄπειρον αἰθέρα, καὶ γῆν πέριξ ἔχονθ´ ὑγραῖς ἐν ἀγκάλαις; μὲν καθίησιν ἀρχὰς σπερμάτων προσηκόντων γῆ δ´ ἀναδίδωσιν, αὔξεται δὲ τὰ μὲν ὄμβροις τὰ δ´ ἀνέμοις τὰ δ´ ἄστροις ἐπιθαλπόμενα καὶ σελήνῃ, κοσμεῖ δ´ ἥλιος ἅπαντα καὶ πᾶσι τοῦτο δὴ τὸ παρ´ αὑτοῦ φίλτρον ἐγκεράννυσιν. ἀλλὰ τῶν τοιούτων καὶ τηλικούτων θεοὶ χαρίζονται δώρων καὶ ἀγαθῶν οὐκ ἔστιν ἀπόλαυσις οὐδὲ χρῆσις ὀρθὴ δίχα νόμου καὶ δίκης καὶ ἄρχοντος. δίκη μὲν οὖν νόμου τέλος ἐστί, νόμος δ´ ἄρχοντος ἔργον, ἄρχων δ´ εἰκὼν θεοῦ τοῦ πάντα κοσμοῦντος, οὐ Φειδίου δεόμενος πλάττοντος οὐδὲ Πολυκλείτου καὶ Μύρωνος, ἀλλ´ αὐτὸς αὑτὸν εἰς ὁμοιότητα θεῷ δι´ ἀρετῆς καθιστὰς καὶ δημιουργῶν ἀγαλμάτων τὸ ἥδιστον ὀφθῆναι καὶ θεοπρεπέστατον. οἷον δ´ ἥλιον ἐν οὐρανῷ περικαλλὲς εἴδωλον ἑαυτοῦ καὶ σελήνην θεὸς ἐνίδρυσε, τοιοῦτον ἐν πόλεσι μίμημα καὶ φέγγος ἄρχων ὅστε θεουδὴς εὐδικίας ἀνέχῃσι, τουτέστι θεοῦ λόγον ἔχων, διάνοιαν, οὐ σκῆπτρον οὐδὲ κεραυνὸν οὐδὲ τρίαιναν, ὡς ἔνιοι πλάττουσιν ἑαυτοὺς καὶ γράφουσι τῷ ἀνεφίκτῳ ποιοῦντες ἐπίφθονον τὸ ἀνόητον· νεμεσᾷ γὰρ θεὸς τοῖς ἀπομιμουμένοις βροντὰς καὶ κεραυνοὺς καὶ ἀκτινοβολίας, τοὺς δὲ τὴν ἀρετὴν ζηλοῦντας αὐτοῦ καὶ πρὸς τὸ καλὸν καὶ φιλάνθρωπον ἀφομοιοῦντας ἑαυτοὺς ἡδόμενος αὔξει καὶ μεταδίδωσι τῆς περὶ αὐτὸν εὐνομίας καὶ δίκης καὶ ἀληθείας καὶ πραότητος· ὧν θειότερον οὐ πῦρ ἐστιν οὐ φῶς οὐχ ἡλίου δρόμος οὐκ ἀνατολαὶ καὶ δύσεις ἄστρων οὐ τὸ ἀίδιον καὶ ἀθάνατον. οὐ γὰρ χρόνῳ ζωῆς θεὸς εὐδαίμων ἀλλὰ τῆς ἀρετῆς τῷ ἄρχοντι· τοῦτο γὰρ θεῖόν ἐστι, καλὸν δ´ αὐτῆς καὶ τὸ ἀρχόμενον. [3] Qui donc commandera à celui qui commande aux autres? Ce sera la loi qui, selon l'expression de Pindare, "Mortels ou dieux, est la reine de tous". Je ne parle pas de la loi inscrite extérieurement sur des livres ou sur du bois, mais de celle dont la parole est vivante dans le coeur du prince lui-même, et qui, devenue sa protectrice intime, ne permettra jamais que ce prince ait une âme privée de direction. Le roi des Perses avait un de ses chambellans dont la charge était d'entrer le matin auprès de lui en disant : « Levez-vous, Sire, et consacrez-vous aux affaires dont Mésoromasde a voulu que vous prissiez soin. » Mais quand un souverain est sage et instruit, il a en soi-même une voix qui lui tient toujours ce langage et qui lui rappelle ses devoirs. Polémon disait de l'amour, que c'est la personnification de la sollicitude active dont les Dieux entourent les jeunes gens. Il serait plus vrai de dire, que les princes sont la personnification de la vigilance conservatrice exercée par l'Etre souverain à l'égard des hommes, afin que par l'entremise de ces princes les faveurs que le Ciel accorde ici-bas soient les unes distribuées, les autres placées en réserve. "Voyez l'air qui circule inondé de lumière, Et de ses bras moëlleux environne la terre". C'est de lui que descendent, en principe, les germes indispensables: la terre ne fait que les reproduire. Ils se développent les uns sous l'influence des pluies, les autres sous celle des vents, d'autres par la chaleur des astres et de la lune. Mais c'est le soleil qui embellit chaque chose, qui mêle à tous les objets un charme émané de lui-même. Et pourtant, ces présents, ces biens si multipliés et si considérables, que la faveur des Dieux prodigue aux humains, il n'est pas possible d'en jouir, d'en faire un usage honnête, s'il n'y a point de loi, point de justice, point de chef. La justice est la fin que la loi se propose. La loi est l'oeuvre du souverain, et le souverain représente Dieu, régulateur suprême. Il n'est pas nécessaire qu'un Phidias façonne une image de ce Dieu, non plus qu'un Polyctète ou un Myron. C'est le souverain même, qui par sa vertu réalise la ressemblance avec Dieu, et qui exécute de toutes les statues la plus agréable à voir et la plus digne de la Divinité. Comme à la voûte céleste Dieu attacha le soleil pour que cet astre fût sa magnifique image ainsi que la lune, de même dans les cités le souverain est l'imitation de Dieu, son lumineux reflet, "Et doit, en devenant son image fidèle, Rendre bonne justice à la race mortelle". Ce qui prouve que Dieu prend le souverain pour son organe, ce sont les pensées qui animent te souverain, et non pas un sceptre, un tonnerre, un trident : comme quelques princes en font donner aux statues ou aux peintures par lesquelles ils veulent qu'on les reproduise, rendant odieuse ainsi leur folle prétention de posséder ce à quoi ils ne peuvent atteindre. Dieu n'a que du courroux contre ceux qui veulent singer son tonnerre, sa foudre et ses carreaux. Mais que des souverains se piquent d'imiter sa vertu, de lui ressembler par ce qu'il a de beau et de dévoué à l'humanité, dès lors il se plaît à les grandir davantage, et partage avec eux ses trésors d'équité, de justice, de vérité, de douceur: trésors que n'égalent, pour leur caractère divin, ni le feu, ni la lumière, ni la course du soleil, ni le lever ou le coucher des astres, ni l'éternité, ni l'immortalité. Car ce n'est point par la durée de son existence que Dieu est souverainement heureux, mais bien par l'empire qu'exerce sa vertu. C'est ce dernier attribut qui est vraiment divin, et qui communique sa beauté à ce qui est soumis à sa loi.


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Dernière mise à jour : 27/01/2006