HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales, Préceptes d'hygiène

Chapitre 3-4

  Chapitre 3-4

[3] Ἓν μὲν οὖν τοῦτο τῶν γελασθέντων ἦν· δεύτερον δ´ οἶμαι τὸ περὶ τὰς τροφὰς ἃς προσφέρετε τοῖς κάμνουσιν. ἅπτεσθαι γὰρ αὐτῶν διὰ χρόνου παρῄνει καὶ γεύεσθαι, συνεθίζοντας αὑτοὺς ἐν τῷ ὑγιαίνειν καὶ μὴ τρέμοντας ὥσπερ τὰ παιδάρια μηδὲ μισοῦντας ἐκείνην τὴν δίαιταν, ἀλλὰ ποιουμένους ἀτρέμα χειροήθη ταῖς ὀρέξεσι καὶ σύντροφον, ὅπως ἐν τῷ νοσεῖν μὴ δυσχεραίνωμεν ὡς φάρμακα τὰ σιτία μηδ´ ἀσχάλλωμεν ἁπλοῦν τι καὶ ἄνοψον καὶ ἄκνισον λαμβάνοντες. ὅθεν οὐδ´ ἀλούτους ποτὲ φευκτέον ἐλθεῖν ἐπὶ τροφὴν οὐδ´ ὕδωρ πιεῖν οἴνου παρόντος οὐδὲ θερμὸν ἐν θέρει, χιόνος παρακειμένης, τὰς μὲν ἐπιδεικτικὰς καὶ σοφιστικὰς χαίρειν ἐῶντας ἀποσχέσεις τῶν τοιούτων καὶ μεγαλαυχίας ἐπὶ ταῖς ἀποσχέσεσιν, αὐτοὺς δὲ καθ´ ἑαυτοὺς σιωπῇ τήν τε ὄρεξιν ἅμα τοῦ συμφέροντος ὑπήκοον ἐθίζοντας εἶναι μετ´ εὐκολίας, καὶ τῆς ψυχῆς ἀφαιροῦντας πόρρωθεν ἔτι τὴν περὶ ταῦτα μικρολογίαν ἐν ταῖς νόσοις καὶ τὸ ἐπιθρηνεῖν, ἀνοδυρομένης ὡς ἐξ ἡδονῶν μεγάλων καὶ ἀγαπητῶν εἰς ἀγεννῆ καὶ ταπεινὴν ἀπελήλαται δίαιταν. Εὖ γὰρ εἰρημένον τὸ "ἑλοῦ βίον τὸν ἄριστον, ἡδὺν δ´ αὐτὸν συνήθεια ποιήσει," καὶ κατὰ μέρος ὡς ἕκαστα πειρωμένῳ χρήσιμόν ἐστι, μάλιστα δὲ τῶν περὶ τὸ σῶμα διαιτημάτων, ἐν τοῖς ὑγιεινοτάτοις ἐπάγοντα τὴν συνήθειαν, εὐμενῆ καὶ γνώριμα τῇ φύσει καὶ οἰκεῖα παρασκευάζειν, μεμνημένον πάσχουσιν ἔνιοι καὶ ποιοῦσιν ἐν ταῖς ἀρρωστίαις, χαλεπαίνοντες καὶ δυσανασχετοῦντες ὕδατος θερμοῦ προσφερομένου καὶ ῥοφήματος ἄρτου, μιαρὰ μὲν ταῦτα καὶ ἀηδῆ μιαροὺς δὲ καὶ χαλεποὺς τοὺς ἀναγκάζοντας ἀποκαλοῦντες. πολλοὺς δὲ καὶ λουτρὸν ἀπώλεσεν, οὐδὲν ἐν ἀρχῇ μέγα κακὸν ἔχοντας ἀλλ´ τὸ μὴ δύνασθαι μηδ´ ὑπομένειν γεύσασθαι τροφῆς ἀλούτους· ὧν καὶ Τίτος ἦν αὐτοκράτωρ, ὥς φασιν οἱ νοσηλεύσαντες. [3] Voilà une des opinions qui furent tournées en ridicule. La deuxième, autant qu'il m'en souvient, regardait les substances que vous autres médecins donnez aux malades. Notre ami conseillait d'y goûter et d'en faire usage de temps en temps pour que l'on s'y habituât pendant qu'on est en bonne santé et que l'on n'en conçût pas, comme les petits enfants, de l'effroi et de la répugnance. Il est bon, disait-il, d'y approprier, d'y familiariser peu à peu son appétit : de sorte que si l'on vient à être malade, on ne voie pas dans ces substances des remèdes désagréables et que l'on n'éprouve pas de peine à se mettre à un régime simple dans lequel n'entrent ni ragoûts ni viandes rôties. Il ne faut donc pas, continuait-il, craindre non plus de se mettre quelquefois à table sans s'être baigné, de prendre de l'eau quand on a du vin à sa disposition, de boire chaud en été quand on a de la glace devant soi. Mais on se gardera bien de donner à ces abstinences un caractère d'ostentation, de sagesse affectée, comme si l'on voulait s'en faire un mérite. Ce sera en son particulier, sans en rien dire, que l'on prendra l'habitude de subordonner facilement son goût à ce qui convient le mieux. Longtemps par avance on s'affranchira de la pusillanimité de ces malades qui gémissent et se lamentent d'être privés de grandes, de délicieuses voluptés, et réduits à un régime ignoble et abject. C'est une belle parole que celle-ci : «Choisissez la vie la meilleure, et l'habitude vous la rendra douce.» Mais si cette parole est d'une application utile dans d'autres circonstances et d'une manière générale, c'est surtout en ce qui regarde les différents régimes. Il faut nous habituer sans peine à celui qui est le meilleur pour notre santé, et nous en tenir à ce que nous avons reconnu être le mieux approprié à notre tempérament. Souvenons-nous de ce qu'éprouvent et pratiquent certaines personnes lorsqu'elles sont malades. Elles s'impatientent, elles s'irritent, si on leur présente de l'eau chaude, de la tisane ou du pain sec. A les entendre, c'est un régime détestable, révoltant, et il faut être détestable soi-même et sans pitié pour les y contraindre. Or, il y a bien des gens qu'un bain a fait mourir, quoique dans le principe ils n'eussent pas de mal bien grave, mais ils n'avaient pu se résigner à rester à jeun avant de se baigner. De ce nombre fut l'empereur Titus, au dire de ceux qui le traitèrent dans sa maladie.
[4] Ἔτι τοίνυν ἐλέχθη τοιοῦτον, ὡς ἀεὶ μὲν ὑγιεινότερα σώματι τὰ εὐτελέστερα, μάλιστα δὲ φυλακτέον πλησμονὰς καὶ μέθας καὶ ἡδυπαθείας ἑορτήν τινα μέλλουσαν φίλων ὑποδοχὴν ἐν χερσὶν ἔχοντας προσδοκῶντας ἑστίασιν βασιλικὴν καὶ ἡγεμονικὴν καὶ συμπεριφορὰν ἀπαραίτητον, οἷον ἐπιόντος ἀνέμου καὶ κύματος εὐσταλὲς τὸ σῶμα καὶ κοῦφον ἐν εὐδίᾳ παρασκευάζοντας. ἔργον γάρ ἐστιν ἐν συνουσίαις καὶ φιλοφροσύναις αὑτὸν ἐπὶ τῶν μετρίων καὶ τῶν συνήθων φυλάξαι μὴ πᾶσι μετ´ ἀηδίας δεινῆς ἐπαχθῆ φανέντα καὶ φορτικόν. ἵν´ οὖν μὴ πῦρ ἐπὶ πυρί, ὥς φασι, πλησμονή τις ἐπὶ πλησμονῇ καὶ ἄκρατος ἐπ´ ἀκράτῳ γένηται, τὸ παιχθὲν ἀστείως ὑπὸ Φιλίππου μετὰ σπουδῆς μιμητέον· ἦν δὲ τοιοῦτον. ἄνθρωπος αὐτὸν ἐπὶ χώρας ὡς σὺν ὀλίγοις ὄντα δειπνῆσαι παρεκάλεσεν, εἶθ´ ὁρῶν πολλοὺς ἄγοντα παρεσκευασμένων οὐ πολλῶν ἐταράττετο. συναισθόμενος οὖν Φίλιππος ὑπέπεμπε τῶν φίλων ἑκάστῳ κελεύων πλακοῦντι καταλιπεῖν χώραν, οἱ δὲ πειθόμενοι καὶ προσδοκῶντες ἐφείδοντο τῶν παρκειμένων. ἤρκεσεν οὖν ἅπασι τὸ δεῖπνον. οὕτω δὴ προπαρασκευαστέον αὑτοὺς τῶν ἀναγκαίων συμπεριφορῶν, καὶ ὄψῳ καὶ πέμματι καὶ νὴ Δία μέθῃ χώραν φυλάττοντας ἐν τῷ σώματι, καὶ πρόσφατον ἐπὶ ταῦτα καὶ βουλομένην τὴν ὄρεξιν ἄγοντας. [4] Il fut dit encore à peu près ceci : que ce qu'il y a de plus simple est toujours ce qu'il y a plus salutaire pour le corps ; qu'il faut principalement éviter de trop se remplir et de trop boire, de donner trop à la sensualité quand on est dans l'expectative d'une fête prochaine, d'une réception d'amis, ou bien quand l'on prévoit un de ces festins donnés par un prince, par un grand personnage, où les plats et les vins circulent avec une inflexible continuité. C'est en quelque sorte le vent et la tempête qui vont survenir, et il faut, quand le temps est encore calme, tenir le bâtiment, c'est à dire son corps, leste et dégagé. En effet, dans des repas, dans des réunions amicales, il est difficile de conserver sa modération habituelle sans passer aux yeux de tous pour un convive morose et désagréable. Voulez-vous, comme on dit, ne pas mettre feu sur feu, réplétion sur réplétion, vin sur vin ; imitez sérieusement ce qui ne fut chez Philippe qu'une ingénieuse plaisanterie. Voici le fait. Il avait été invité à souper par un habitant d'un pays où il se trouvait, et son hôte le croyait accompagné d'une suite peu nombreuse. Quand il le vit amener beaucoup de monde, comme il n'avait pas préparé une grande quantité de mets il fut épouvanté. Philippe s'en aperçut, et fit dire tout bas à chacun de ses amis, «qu'ils eussent à laisser une place pour les friandises.» Ils obéirent; et attendant toujours, ils ménagèrent les plats servis, de telle sorte que le souper fut suffisant pour tous. Pareillement on doit se tenir préparé contre cet assaut inévitable de mets qui circulent; il faut laisser de la place pour un ragoût, pour une pâtisserie, pour l'ivresse même, disons-le, et se ménager à l'occurrence un appétit tout frais et de bonne volonté.


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Dernière mise à jour : 6/10/2005