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[23] Ἀλλὰ τούτους μὲν ἐατέον· οἱ δ´ ἄγαν αὖ
πάλιν ἀκριβεῖς καὶ τεταγμένας τινὰς ἐκ περιόδου
κριτικῆς ἐμβάλλοντες ἀσιτίας οὐκ ὀρθῶς τὴν φύσιν
μὴ δεομένην διδάσκουσι δεῖσθαι συστολῆς καὶ
ποιεῖν ἀναγκαίαν τὴν οὐκ ἀναγκαίαν ὑφαίρεσιν ἐν
καιρῷ ζητούμενον ἔθος ἀπαιτοῦντι. βέλτιον γὰρ
ἐλευθέροις τοῖς τοιούτοις χρῆσθαι κολασμοῖς εἰς
τὸ σῶμα, μηδεμιᾶς δὲ προαισθήσεως οὔσης μηδ´
ὑποψίας καὶ τὴν ἄλλην δίαιταν, ὥσπερ εἴρηται,
πρὸς τὸ συντυγχάνον ἀεὶ ταῖς μεταβολαῖς ὑπήκοον
ἔχειν, μὴ καταδεδουλωμένην μηδ´ ἐνδεδεμένην ἑνὶ
σχήματι βίου πρός τινας καιροὺς ἢ ἀριθμοὺς ἢ
περιόδους ἄγεσθαι μεμελετηκότος. οὐ γὰρ ἀσφαλὲς
οὐδὲ ῥᾴδιον οὐδὲ πολιτικὸν οὐδ´ ἀνθρωπικὸν ἀλλ´
ὀστρέου τινὸς ζωῇ προσεοικὸς ἢ στελέχους τὸ
ἀμετάστατον τοῦτο καὶ κατηναγκασμένον ἐν τροφαῖς
καὶ ἀποχαῖς καὶ κινήσεσι καὶ ἡσυχίαις εἰς
ἐπίσκιόν τινα βίον καὶ σχολαστὴν καὶ μονότροπόν
τινα καὶ ἄφιλον καὶ ἄδοξον ἀπωτάτω πολιτείας
καθίσασιν ἑαυτοὺς καὶ συστείλασιν· οὐ "κατά γε
τὴν ἐμήν," ἔφη, "γνώμην."
| [23] Mais laissons ces gens-là. Il en est d'autres qui,
par un excès contraire, s'imposent périodiquement des
diètes rigoureuses, dont l'exactitude et l'époque sont pour
eux comme des arrêts judiciaires. C'est enseigner mal à propos
à la nature, qui ne le demande pas, le besoin de se
comprimer ; c'est rendre nécessaire une privation inutile,
dans un moment où le corps réclame son régime habituel.
Mieux vaut s'appliquer ces sortes de châtiments en le faisant
avec liberté, et sans que l'on ait aucun pressentiment ou
soupçon de maladie. Mieux vaut, d'une manière générale, se
constituer, comme nous l'avons dit, un ensemble de régime
qui puisse, selon les circonstances, s'accommoder de
changements fréquents, plutôt que d'emprisonner son corps,
que de l'assujettir à un seul et unique train de vie, dans lequel
on doive se préoccuper de l'observation de certaines
époques, de certains nombres, de certaines périodes déterminées.
Un pareil système n'est ni sûr, ni facile : il ne saurait
s'allier avec les devoirs de la vie civile, de l'humanité.
Ce serait vivre comme une huître, comme une souche, que
de subir une règle immuable et impérieuse pour la nourriture
et pour l'abstinence, pour le mouvement et pour le repos ;
que de se condamner à une existence retirée, oisive,
monotone, loin de tout ami, loin de toute occasion
d'acquérir quelque gloire, de toute participation aux affaires
politiques. "Telle n'est pas mon opinion", disait notre ami.
| [24] Οὐ γὰρ ἀργίας ὤνιον ἡ ὑγίεια καὶ ἀπραξίας, ἅ γε δὴ
μέγιστα κακῶν ταῖς νόσοις πρόσεστι, καὶ οὐδὲν διαφέρει
τοῦ τὰ ὄμματα τῷ μὴ διαβλέπειν καὶ τὴν φωνὴν
τῷ μὴ φθέγγεσθαι φυλάττοντος ὁ τὴν ὑγίειαν
ἀχρηστίᾳ καὶ ἡσυχίᾳ σῴζειν οἰόμενος· πρὸς οὐδὲν
γὰρ ἑαυτῷ χρήσαιτ´ ἄν τις ὑγιαίνοντι κρεῖττον ἢ
πρὸς πολλὰς καὶ φιλανθρώπους πράξεις. ἥκιστα
δὴ τὴν ἀργίαν ὑγιεινὸν ὑποληπτέον, εἰ τὸ τῆς
ὑγιείας τέλος ἀπόλλυσι, καὶ οὐδ´ ἀληθές ἐστι τὸ
μᾶλλον ὑγιαίνειν τοὺς ἡσυχίαν ἄγοντας· οὔτε γὰρ
Ξενοκράτης μᾶλλον διυγίαινε Φωκίωνος οὔτε
Δημητρίου Θεόφραστος, Ἐπίκουρόν τε καὶ τοὺς
περὶ Ἐπίκουρον οὐδὲν ὤνησε πρὸς τὴν ὑμνουμένην
σαρκὸς εὐστάθειαν ἡ πάσης φιλοτιμίαν ἐχούσης
πράξεως ἀπόδρασις. ἀλλὰ καὶ ἑτέραις ἐπιμελείαις
διασωστέον ἐστὶ τῷ σώματι τὴν κατὰ φύσιν
ἕξιν, ὡς παντὸς βίου καὶ νόσον δεχομένου καὶ ὑγίειαν.
Οὐ μὴν ἀλλὰ καὶ τοῖς πολιτικοῖς ἔφη παραινετέον
εἶναι τοὐναντίον οὗ Πλάτων παρῄνει τοῖς νέοις.
ἐκεῖνος μὲν γὰρ λέγειν ἐκ τῆς διατριβῆς ἀπαλλαττόμενος
εἰώθει, "ἄγε, ὅπως εἰς καλόν τι καταθήσεσθε
τὴν σχολήν, ὦ παῖδες"· ἡμεῖς δ´ ἂν τοῖς
πολιτευομένοις παραινέσαιμεν εἰς τὰ καλὰ χρῆσθαι
τοῖς πόνοις καὶ ἀναγκαῖα, μὴ μικρῶν ἕνεκα μηδὲ
φαύλων τὸ σῶμα παρατείνοντας, ὥσπερ οἱ πολλοὶ
κακοπαθοῦσιν ἐπὶ τοῖς τυχοῦσιν, ἀποκναίοντες
ἑαυτοὺς ἀγρυπνίαις καὶ πλάναις καὶ περιδρομαῖς
εἰς οὐδὲν χρηστὸν οὐδ´ ἀστεῖον, ἀλλ´ ἐπηρεάζοντες
ἑτέροις ἢ φθονοῦντες ἢ φιλονεικοῦντες ἢ δόξας
ἀκάρπους καὶ κενὰς διώκοντες. πρὸς τούτους γὰρ
οἶμαι μάλιστα τὸν Δημόκριτον εἰπεῖν ὡς εἰ τὸ
σῶμα δικάσαιτο τῇ ψυχῇ κακώσεως, οὐκ ἂν
αὐτὴν ἀποφυγεῖν. ἴσως μὲν γάρ τι καὶ Θεόφραστος
ἀληθὲς εἶπεν, εἰπὼν ἐν μεταφορᾷ πολὺ τῷ σώματι
τελεῖν ἐνοίκιον τὴν ψυχήν. πλείονα μέντοι τὸ
σῶμα τῆς ψυχῆς ἀπολαύει κακὰ μὴ κατὰ λόγον
αὐτῷ χρωμένης μηδ´ ὡς προσήκει θεραπευόμενον·
ὅταν γὰρ ἐν πάθεσιν ἰδίοις γένηται καὶ ἀγῶσι καὶ
σπουδαῖς, ἀφειδεῖ τοῦ σώματος. ὁ μὲν οὖν Ἰάσων
οὐκ οἶδ´ ὅ τι παθών, "τὰ μικρὰ δεῖν ἀδικεῖν,"
ἔλεγεν, "ἕνεκεν τοῦ τὰ μεγάλα δικαιοπραγεῖν."
ἡμεῖς δ´ ἂν εὐλόγως τῷ πολιτικῷ παραινέσαιμεν
τὰ μικρὰ ῥᾳθυμεῖν καὶ σχολάζειν καὶ ἀναπαύειν
αὑτὸν ἐν ἐκείνοις, εἰ βούλεται πρὸς τὰς καλὰς
πράξεις καὶ μεγάλας μὴ διάπονον ἔχειν τὸ σῶμα
μηδ´ ἀμβλὺ μηδ´ ἀπαγορεῦον ἀλλ´ ὥσπερ ἐν
νεωλκίᾳ τῇ σχολῇ τεθεραπευμένον, ὅπως αὖθις ἐπὶ
τὰς χρείας τῆς ψυχῆς ἀγούσης
ἄθηλος ἵππῳ πῶλος ὣς ἅμα τρέχῃ.
| [24] La santé, en effet, ne doit pas s'acheter au prix de
l'inaction et de l'oisiveté, lesquelles sont, au contraire, les
plus grands des maux attachés aux maladies. Quelle différence
y aurait-il entre l'homme qui pour se conserver les
yeux les tiendrait toujours fermés, qui pour ménager sa
voix garderait perpétuellement le silence, et celui qui se figurerait
avoir besoin, pour rester en bonne santé, de ne rien
faire de bon et d'être constamment inactif ? On ne saurait
tirer un parti meilleur de la santé que de la consacrer le
plus souvent possible à des actes utiles à ses semblables. Il
ne faut nullement croire que l'oisiveté soit salutaire, si elle
détruit la fin que se propose la santé ; et il n'est pas vrai,
non plus, que les gens qui ne font rien soient les gens qui
se portent le mieux. Xénocrate n'avait pas une meilleure
santé que Phocion, ni Théophraste, que Démétrius; et il ne
servit de rien à Épicure et à ses disciples, pour acquérir cet
équilibre de la chair dont il est fait tant d'éloges, de s'être
dérobés à l'accomplissement de tout acte qui pouvait exciter
en eux une noble rivalité. Il y a encore d'autres soins par
lesquels le corps peut être entretenu dans ce bon état que
la nature demande, attendu que tout genre de vie comporte
également et la maladie et la santé. Cependant aux hommes
d'État, (c'est toujours cet ami qui parle), il y a lieu de faire
une recommandation contraire à celle qu'aux jeunes gens
adressait Platon. Celui-ci, quand sa leçon était terminée,
disait ordinairement : «Allons, enfants que votre loisir
soit employé à quelque chose d'honnête». Nous, à ceux
qui s'occupent des affaires publiques nous recommanderons
de consacrer leurs travaux à des occupations honnêtes et
indispensables, plutôt que de fatiguer leur corps à des choses
frivoles et indignes d'eux. Telle est cependant la conduite du
plus grand nombre : ils se font du mal pour des frivolités,
se consument en veilles, en allées et venues, sans aucun
but utile ou honorable, et uniquement pour nuire à autrui,
pour satisfaire leur humeur jalouse et querelleuse, ou pour
obtenir des succès stériles et vains. C'est précisément à des
hommes de cette sorte, je pense, que s'adressent ces paroles
de Démocrite : "Si le corps appelait l'âme en justice pour
réparation de mauvais traitements, elle ne saurait échapper
à une condamnation". Il y a également une grande vérité
dans cette parole de Théophraste qui est la contre-partie de
la précédente : "que l'âme paye bien cher au corps le logis
qu'il lui loue". D'un autre côté cependant la plupart des
maux éprouvés par le corps viennent de ce que l'âme ne
fait pas de lui un usage raisonnable et ne le soigne pas
comme il conviendrait. Quand l'âme se livre aux mouvements
qui lui sont spécialement particuliers, à ses luttes, à
ses ardeurs, elle n'a aucun ménagement pour le corps.
Jason, je ne sais sous l'empire de quel sentiment, disait
qu'il faut être injuste dans les petites choses afin d'être
juste dans les grandes. Par le même esprit de sagesse
nous conseillerions à l'homme d'État d'apporter aux petites
choses de l'insouciance, de la légèreté, et d'en faire une
occasion de repos, s'il veut pour les affaires d'éclat, pour les
négociations importantes, avoir un corps qui, loin d'être
fatigué, épuisé, à bout de forces, se soit raffermi par le
repos comme un vaisseau retiré sur le chantier; et alors
quand l'âme aura besoin de se servir de lui,
"Ce sera le poulain nouvellement sevré
Qui suit de front sa mère".
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