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[21] Ἐπεὶ δ´ Ἀριστοτέλης οἴεται τῶν δεδειπνηκότων
τὸν μὲν περίπατον ἀναρριπίζειν τὸ θερμόν,
τὸν δ´ ὕπνον, ἂν εὐθὺς καθεύδωσι, κακαπνίγειν,
ἕτεροι δὲ τὴν μὲν ἡσυχίαν οἴονται τὰς πέψεις
βελτίονας ποιεῖν, τὴν δὲ κίνησιν ταράττειν τὰς
ἀναδόσεις, καὶ τοῦτο τοὺς μὲν περιπατεῖν εὐθὺς
ἀπὸ δείπνου τοὺς δ´ ἀτρεμεῖν πέπεικεν, ἀμφοτέρων
ἂν οἰκείως ἐφάπτεσθαι δόξειεν ὁ τὸ μὲν σῶμα
συνθάλπων καὶ συνέχων μετὰ τὸ δεῖπνον, τὴν
δὲ διάνοιαν μὴ καταφερόμενος μηδ´ ἀργῶν εὐθὺς
ἀλλ´ ὥσπερ εἴρηται διαφορῶν ἐλαφρῶς τὸ πνεῦμα
καὶ λεπτύνων τῷ λαλεῖν τι καὶ ἀκούειν τῶν
προσηνῶν καὶ μὴ δακνόντων μηδὲ βαρυνόντων.
| [21] Aristote pense que si l'on se promène aussitôt après
avoir soupé on ranime la chaleur, mais que le sommeil
immédiat la neutralise et l'étouffe. D'autres estiment, que le
repos rend les digestions meilleures et que le mouvement
contrarie la diffusion des principes nutritifs. C'est là ce qui
détermine telles personnes à se promener, telles autres à
se reposer aussitôt après leur souper. Il me semble qu'il
y a un moyen de concilier parfaitement les deux opinions:
c'est de se tenir chaudement et en repos après souper, et
de ne pas condamner cependant sa pensée à une quiétude
et à une inaction soudaine. Ainsi l'on pourra, comme nous
l'avons dit, faire circuler les esprits doucement, les éclaircir,
en débitant soi-même ou en écoutant des propos
agréables qui n'aient rien d'incisif ni de fatigant.
| [22] Ἐμέτους δὲ καὶ κοιλίας καθάρσεις ὑπὸ
φαρμάκων, μιαρὰ "παραμύθια πλησμονῆς," ἄνευ
μεγάλης ἀνάγκης οὐ κινητέον, ὥσπερ οἱ πολλοὶ
κενώσεως ἕνεκα πληροῦντες τὸ σῶμα καὶ πάλιν
πληρώσεως κενοῦντες παρὰ φύσιν, ταῖς πλησμοναῖς
οὐχ ἧττον ἢ ταῖς ἐνδείαις ἀνιώμενοι,
μᾶλλον δ´ ὅλως τὴν μὲν πλήρωσιν ὡς κώλυσιν
ἀπολαύσεως βαρυνόμενοι, τὴν δ´ ἔνδειαν ὡς
χώραν ἀεὶ ταῖς ἡδοναῖς παρασκευάζοντες. τὸ
γὰρ βλαβερὸν ἐν τούτοις προὖπτόν ἐστι· ταραχάς
τε γὰρ ἀμφότερα τῷ σώματι παρέχεται καὶ
σπαραγμούς. ἴδιον δὲ τῷ μὲν ἐμέτῳ κακὸν
πρόσεστι τὸ τὴν ἀπληστίαν αὔξειν τε καὶ τρέφειν·
γίγνονται γὰρ αἱ πεῖναι καθάπερ τὰ κοπτόμενα
ῥεῖθρα τραχεῖαι καὶ χαραδρώδεις, καὶ βίᾳ τὴν
τροφὴν ἕλκουσιν ἀεὶ λυττῶσαι, οὐκ ὀρέξεσιν
ἐοικυῖαι σιτίων δεομέναις ἀλλὰ φλεγμοναῖς φαρμάκων
καὶ καταπλασμάτων. ὅθεν ἡδοναὶ μὲν
ὀξεῖαι καὶ ἀτελεῖς καὶ πολὺν ἔχουσαι σφυγμὸν
καὶ οἶστρον ἐν ταῖς ἀπολαύσεσι λαμβάνουσιν
αὐτούς, διατάσεις δὲ καὶ πληγαὶ πόρων καὶ
πνευμάτων ἐναπολήψεις διαδέχονται, μὴ περιμένουσαι
τὰς κατὰ φύσιν ἐξαγωγάς, ἀλλ´ ἐπιπολάζουσαι
τοῖς σώμασιν ὥσπερ ὑπεράντλοις
σκάφεσι, φορτίων ἐκβολῆς οὐ περιττωμάτων
δεομένοις. αἱ δὲ περὶ τὴν κάτω κοιλίαν ἐκταράξεις
διὰ φαρμακείας φθείρουσαι καὶ τήκουσαι τὰ
ὑποκείμενα πλείονα ποιοῦσι περίττωσιν ἢ ἐξάγουσιν.
ὥσπερ οὖν, εἴ τις Ἑλλήνων ὄχλον ἐν
πόλει βαρυνόμενος σύνοικον, Ἀράβων ἐμπλήσειε
καὶ Σκυθῶν τὴν πόλιν ἐπηλύδων, οὕτως ἔνιοι
τοῦ παντὸς διαμαρτάνουσιν ἐπ´ ἐκβολῇ περιττωμάτων
συνήθων καὶ συντρόφων ἐμβάλλοντες
ἔξωθεν εἰς τὸ σῶμα κόκκους τινὰς Κνιδίους καὶ
σκαμωνίαν καὶ δυνάμεις ἄλλας ἀσυγκράτους καὶ
ἀγρίας καὶ καθαρμοῦ δεομένας μᾶλλον ἢ καθῆραι
τὴν φύσιν δυναμένας. ἄριστον μὲν οὖν τὸ μετρίᾳ
διαίτῃ καὶ σώφρονι τὸ σῶμα ποιεῖν περί τε
πληρώσεις καὶ κενώσεις αὐτοτελὲς ἀεὶ καὶ σύμμετρον.
Εἰ δ´ ἀνάγκη ποτὲ καταλάβοι, τοὺς μὲν ἐμέτους
ποιητέον ἄνευ φαρμακείας καὶ περιεργίας, μηδὲν
ἐκταράττοντας ἀλλ´ ὅσον ἀπεψίαν διαφυγεῖν αὐτόθεν
ἀφιέντας ἀπραγμόνως τῷ πλεονάζοντι τὴν
ἀπέρασιν. ὡς γὰρ τὰ ὀθόνια ῥύμμασι καὶ χαλαστραίοις
πλυνόμενα μᾶλλον ἐκτρίβεται τῶν ὑδατοκλύστων,
οὕτως οἱ μετὰ φαρμάκων ἔμετοι λυμαίνονται
τῷ σώματι καὶ διαφθείρουσιν. ὑφισταμένης
δὲ κοιλίας οὐδὲν φάρμακον οἷα τῶν σιτίων
ἔνια μαλακὰς ἐνδιδόντα προθυμίας καὶ διαλύοντα
πράως, ὧν ἥ τε πεῖρα πᾶσι συνήθης καὶ ἡ χρῆσις
ἄλυπος. ἂν δὲ τούτοις ἀπειθῇ, πλείονας ἡμέρας
ὑδροποσίαν ἢ ἀσιτίαν ἢ κλυστῆρα προσδεκτέον
μᾶλλον ἢ ταρακτικὰς καὶ φθαρτικὰς φαρμακείας,
ἐφ´ ἃς οἱ πολλοὶ φέρονται προχείρως, καθάπερ
ἀκόλαστοι γυναῖκες, ἐκβολίοις χρώμεναι καὶ
φθορίοις ὑπὲρ τοῦ πάλιν πληροῦσθαι καὶ ἡδυπαθεῖν.
| [22] Pour les vomissements et les évacuations alvines,
fâcheux remède de la réplétion, n'en usons qu'en présence
d'une absolue nécessité. Ne faisons pas comme plusieurs,
qui se remplissent l'estomac pour avoir à le vider, ou qui,
à l'inverse et contrairement à la nature, le vident pour le
remplir : gens qui souffrent également du plein et du vide,
ou qui, pour dire mieux, chagrinés de la réplétion comme
d'un obstacle opposé à leur jouissance, se rendent l'estomac
vide afin d'avoir en quelque sorte un champ toujours ouvert
à leur sensualité. Le danger qui résulte de ces pratiques est
évident. Les deux états fatiguent le corps et le déchirent.
L'inconvénient spécial des vomissements, c'est qu'ils augmentent
et entretiennent l'insatiabilité. Il se produit de ces
faims qui rappellent ce qu'il y a d'abrupt et de désordonné
dans les courants d'eau battus avec force : elles engouffrent
violemment la nourriture; et comme en même
temps elles font toujours souffrir, elles ressemblent moins à
un appétit auquel il faut des mets, qu'à des inflammations
qui demandent des remèdes intérieurs et des topiques. Les
plaisirs que procurent ces faims satisfaites sont rapides et
incomplets. La jouissance en est accompagnée de palpitations
violentes et suivie de tensions douloureuses. Il y a
obstruction des conduits, retention des vents; et ceux-ci, ne
pouvant attendre à se faire voie naturellement, se répandent
partout dans le corps. On dirait de ces navires trop remplis,
qui auraient besoin qu'on les débarrassât de leur cargaison
et non pas qu'on les surchargeât. Quant aux évacuations par le
bas, que l'on provoque au moyen de remèdes, elles affaiblissent
les entrailles, et engendrent plus d'humeurs qu'elles
n'en font sortir. Comme agirait un prince qui, fatigué de
voir dans sa ville une nombreuse population grecque, en
remplirait les murs d'Arabes et de Scythes étrangers, de
même quelques gens se laissent aller à une erreur complète.
Pour se débarrasser d'humeurs qui leur sont propres et familières,
de l'extérieur ils introduisent dans leur corps de la
scammonée, du safran de Cnide, d'autres remèdes violents;
mais ces remèdes s'identifient mal avec leur constitution, et
auraient plutôt besoin d'être purifiés eux-mêmes qu'ils ne
sont capables de purger la nature. Le mieux est donc de
faire en sorte, au moyen d'un régime sage et modéré, que
le corps se suffise constamment et s'habitue de lui-même à
la régularité en ce qui regarde les évacuations et les réplétions.
Si parfois la nécessité s'en présente on se fera vomir,
mais sans user de drogues médicinales ni de remèdes trop
curieusement apprêtés, de manière à ne rien troubler au-dedans.
Il ne s'agit que de prévenir l'indigestion en mettant
l'estomac, s'il est trop plein, à même de se débarrasser sans
douleur. Car de même que le linge nettoyé avec du savon
et du nitre s'use plus vite au blanchissage que celui qu'on
lave à l'eau pure, de même les vomissements déterminés par
des médecines sont nuisibles au corps et altèrent le tempérament.
Quand le ventre arrête ses fonctions, il n'est pas de
drogues plus efficaces que ne sont certains mets qui provoquent
doucement des envies et détendent les entrailles sans
efforts. L'expérience de ces aliments est familière à tout le
monde, et l'usage n'en a rien de douloureux. Si le ventre
n'y obéit et n'y cède pas, il faudra durant plusieurs jours
recourir à l'eau, à la diète, aux lavements, plutôt qu'à des
laxatifs. Ces derniers troublent et désorganisent; et pourtant
la plupart en usent volontiers, comme certaines femmes
libertines emploient des drogues qui provoquent leur
avortement, afin de se faire emplir de nouveau et d'assouvir
leur lubricité.
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