|
[34] Τῶν σωμάτων οἱ φιλόσοφοι τὰ μὲν ἐκ
διεστώτων λέγουσιν εἶναι καθάπερ στόλον καὶ
στρατόπεδον, τὰ δ´ ἐκ συναπτομένων ὡς οἰκίαν
καὶ ναῦν, τὰ δ´ ἡνωμένα καὶ συμφυῆ καθάπερ
ἐστὶ τῶν ζῴων ἕκαστον. σχεδὸν οὖν καὶ γάμος
ὁ μὲν τῶν ἐρώντων ἡνωμένος καὶ συμφυής ἐστιν,
ὁ δὲ τῶν διὰ προῖκας ἢ τέκνα γαμούντων ἐκ
συναπτομένων, ὁ δὲ τῶν συγκαθευδόντων ἐκ
διεστώτων, οὓς συνοικεῖν ἄν τις ἀλλήλοις οὐ
συμβιοῦν νομίσειε. δεῖ δέ, ὥσπερ οἱ φυσικοὶ τῶν
ὑγρῶν λέγουσι δι´ ὅλων γενέσθαι τὴν κρᾶσιν,
οὕτω τῶν γαμούντων καὶ σώματα καὶ χρήματα
καὶ φίλους καὶ οἰκείους ἀναμειχθῆναι δι´ ἀλλήλων.
καὶ γὰρ ὁ Ῥωμαῖος νομοθέτης ἐκώλυσε δῶρα
διδόναι καὶ λαμβάνειν παρ´ ἀλλήλων τοὺς γεγαμηκότας,
οὐχ ἵνα μηδενὸς μεταλαμβάνωσιν,
ἀλλ´ ἵνα πάντα κοινὰ νομίζωσιν.
| [34] Entre les corps, disent les philosophes, les uns se
composent de parties distinctes, comme une flotte, une
armée; les autres, de parties jointes entre elles, comme
une maison, un navire ; d'autres enfin se confondent en
une sorte d'unité qui les fait exister ensemble, comme est
le corps de chaque animal. Il en est à peu près de même
des époux. Les mariages qui se font par amour représentent
l'unité primitive et inséparable ; ceux qui se font en
vue de la dot ou des enfants représentent les parties qui
ont été jointes ensemble ; enfin les mariages où l'on couche
seulement sous le même toit, mariages desquels on pourrait
dire que les époux habitent mais ne vivent pas ensemble,
ces mariages, dis-je, figurent les corps composés de
parties distinctes. Or, comme les physiciens disent que les
liquides se mélangent entre eux par toutes leurs molécules,
il faut que pareillement deux époux se confondent l'un avec
l'autre et par leur corps, et par leurs richesses, et par leurs
amis et par leurs parents. En effet le législateur Romain
défend aux conjoints de se faire des donations mutuelles,
non pour empêcher qu'ils reçoivent rien l'un de l'autre,
mais afin qu'ils regardent tout ce qu'ils ont comme étant
commun entre eux.
| [35] Ἐν Λέπτει τῆς Λιβύης πόλει πάτριόν ἐστι
τῇ μετὰ τὸν γάμον ἡμέρᾳ τὴν νύμφην πρὸς τὴν
τοῦ νυμφίου μητέρα πέμψασαν αἰτεῖσθαι χύτραν·
ἡ δ´ οὐ δίδωσιν οὐδέ φησιν ἔχειν, ὅπως ἀπ´ ἀρχῆς
ἐπισταμένη τὸ τῆς ἑκυρᾶς μητρυιῶδες, ἂν ὕστερόν
τι συμβαίνῃ τραχύτερον, μὴ ἀγανακτῇ μηδὲ δυσκολαίνῃ.
τοῦτο δεῖ γιγνώσκουσαν τὴν γυναῖκα
θεραπεύειν τὴν πρόφασιν· ἔστι δὲ ζηλοτυπία τῆς
μητρὸς ὑπὲρ εὐνοίας πρὸς αὐτήν. θεραπεία δὲ
μία τοῦ πάθους ἰδίᾳ μὲν εὔνοιαν τῷ ἀνδρὶ ποιεῖν
πρὸς ἑαυτήν, τὴν δὲ τῆς μητρὸς μὴ περισπᾶν μηδ´
ἐλαττοῦν.
| [35] A Leptis, ville d'Afrique, un usage national veut que
le lendemain des noces la nouvelle épouse envoie chez la
mère de son mari demander une marmite. Celle-ci ne la
donne pas et répond qu'elle n'en possède point. C'est afin
que, dès le commencement, elle sache que sa belle-mère
est pour elle une marâtre, et que, si ultérieurement il survient
quelque plus âpre rudesse, elle n'en conçoive ni indignation
ni courroux. Il faut que dans ces prévisions une
jeune femme évite tous les prétextes. La belle-mère est
naturellement jalouse de l'amour de son fils; et le seul
moyen de calmer cette jalousie, c'est de s'assurer
personnellement la tendresse de son époux sans le détacher de
sa mère ni diminuer la tendresse qu'il porte à celle-ci.
| [36] Τοὺς υἱοὺς δοκοῦσι μᾶλλον ἀγαπᾶν αἱ
μητέρες ὡς δυναμένους αὐταῖς βοηθεῖν, οἱ δὲ
πατέρες τὰς θυγατέρας ὡς δεομένας αὐτῶν
βοηθούντων· ἴσως δὲ καὶ τιμῇ τῇ πρὸς ἀλλήλους
ὁ ἕτερος τὸ μᾶλλον οἰκεῖον τῷ ἑτέρῳ βούλεται
μᾶλλον ἀσπαζόμενος καὶ ἀγαπῶν φανερὸς εἶναι.
καὶ τοῦτο μὲν ἴσως διάφορόν ἐστιν, ἐκεῖνο δ´
ἀστεῖον, ἂν ἡ γυνὴ μᾶλλον ἀποκλίνασα τῇ τιμῇ
πρὸς τοὺς γονεῖς τοῦ ἀνδρὸς ἢ τοὺς ἑαυτῆς
βλέπηται, κἄν τι λυπῆται, πρὸς ἐκείνους ἀναφέρουσα,
τοὺς δ´ ἑαυτῆς λανθάνουσα. ποιεῖ γὰρ
τὸ πιστεύειν δοκεῖν πιστεύεσθαι, καὶ τὸ φιλεῖν φιλεῖσθαι.
| [36] Il semble que les mères aiment davantage leurs fils
parce qu'ils peuvent devenir leurs protecteurs, et les pères,
leurs filles, parce qu'elles ont besoin de la protection
paternelle. Cette différence provient peut-être aussi de ce
que les époux, par suite de l'estime qu'ils se portent, veulent
manifester plus d'inclination et de tendresse en faveur
de l'enfant dont le sexe est celui de leur conjoint. Il est
possible que ce soit là une explication sans importance;
mais, à coup sûr, une femme fait preuve de bon goût si
elle montre plus d'empressement à honorer les parents de
son mari que les siens propres, si c'est à eux qu'elle va porter
les chagrins qu'elle peut avoir, en les cachant à sa propre
famille. Car montrer de la confiance et de l'attachement,
c'est inspirer soi-même l'attachement et la confiance.
| | |