HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Oeuvres morales, De l'amour des richesses

Chapitre 4

  Chapitre 4

[4] Ὅταν ἰατρὸς εἰσελθὼν πρὸς ἄνθρωπον ἐρριμμένον ἐν τῷ κλινιδίῳ καὶ στένοντα καὶ μὴ βουλόμενον τροφὴν λαβεῖν ἅψηται καὶ ἀνακρίνῃ καὶ εὕρῃ μὴ πυρέττοντα, ‘ψυχικὴ νόσοςἔφη καὶ ἀπῆλθεν· οὐκοῦν καὶ ἡμεῖς ὅταν ἴδωμεν ἄνδρα τῷ πορισμῷ προστετηκότα καὶ τοῖς ἀναλώμασιν ἐπιστένοντα καὶ μηδενὸς εἰς χρηματισμὸν συντελοῦντος αἰσχροῦ μηδ´ ἀνιαροῦ φειδόμενον, οἰκίας δ´ ἔχοντα καὶ χώρας καὶ ἀγέλας καὶ ἀνδράποδα σὺν ἱματίοις, τί φήσομεν εἶναι τοῦ ἀνθρώπου τὸ πάθος πενίαν ψυχικήν; ἐπεὶ τήν γε χρηματικήν, ὥς φησιν Μένανδρος (fr. 282), εἷς ἂν φίλος ἀπαλλάξειεν εὐεργετήσας, τὴν δὲ ψυχικὴν ἐκείνην οὐκ ἂν ἐμπλήσειαν ἅπαντες οὔτε ζῶντες οὔτ´ ἀποθανόντες. ὅθεν εὖ πρὸς τούτους λέλεκται ὑπὸ τοῦ Σόλωνοςπλούτου δ´ οὐδὲν τέρμα πεφασμένον ἀνθρώποισιν.’ ἐπεὶ τοῖς γε νοῦν ἔχουσιν τῆς φύσεως πλοῦτος ὥρισται καὶ τὸ τέρμα πάρεστι, τῇ χρείᾳ καθάπερ κέντρῳ καὶ διαστήματι περιγραφόμενον. ἀλλὰ καὶ τοῦτο τῆς φιλαργυρίας ἴδιον· ἐπιθυμία γάρ ἐστι μαχομένη πρὸς τὴν αὑτῆς πλήρωσιν· αἱ δ´ ἄλλαι καὶ συνεργοῦσιν· οὐδεὶς γοῦν ἀπέχεται χρήσεως ὄψου διὰ φιλοψίαν οὐδ´ οἴνου δι´ οἰνοφλυγίαν, ὡς χρημάτων ἀπέχονται διὰ φιλοχρηματίαν. καίτοι πῶς οὐ μανικὸν οὐδ´ οἰκτρὸν τὸ πάθος, εἴ τις ἱματίῳ μὴ χρῆται διὰ τὸ ῥιγοῦν μηδ´ ἄρτῳ διὰ τὸ πεινῆν μηδὲ πλούτῳ διὰ τὸ φιλοπλουτεῖν, ἀλλ´ ἐν τοῖς Θρασωνίδου κακοῖς ἐστινπαρ´ ἐμοὶ γάρ ἐστιν ἔνδον, ἔνδον ἐστί μοι, καὶ βούλομαι τοῦθ´ ὡς ἂν ἐμμανέστατα ἐρῶν τις, οὐ ποιῶ δέ·’ ‘κατακλείσας δὲ πάντα καὶ κατασφραγισάμενος καὶ παραριθμήσας τοκισταῖς καὶ πραγματευταῖς ἄλλα συνάγω καὶ διώκω, καὶ ζυγομαχῶ πρὸς τοὺς οἰκέτας πρὸς τοὺς γεωργοὺς πρὸς τοὺς χρεώστας· ’Ἄπολλον, ἀνθρώπων τιν´ ἀθλιώτερον ἑόρακας; ἆρ´ ἐρῶντα δυσποτμώτερον;‘ [4] Un médecin vient visiter un malade. Il le trouve étendu dans son lit, se plaignant beaucoup et ne voulant pas prendre de nourriture. Il le tâte, il l'interroge, il constate qu'il n'y a pas de fièvre : "C'est l'esprit qui est malade, dit-il, et il s'en va". De même, toutes les fois que nous verrons un homme se consumant sans cesse à gagner de l'argent, désolé de ce qu'il dépense, ne reculant devant aucune honte, devant aucune contrariété, pour s'enrichir, quoiqu'il possède des maisons, des terres, de grands troupeaux, des esclaves, des provisions de vêtements, pourrons-nous autrement qualifier la maladie de cet homme qu'en disant : "C'est son âme qui est indigente» ? Car la pauvreté qui vient du manque d'argent, comme dit Ménandre, un seul ami bienfaisant suffit à vous en débarrasser ; mais celle qui tient à l'âme, tous les amis du monde, vivants et morts, ne sauraient l'assouvir. C'est de ces gens-là que Solon a dit avec tant de vérité : "L'homme ne voit jamais de terme à la richesse". Pour les personnes sensées la richesse a des bornes toutes naturelles, et ces bornes sont indiquées par l'accomplissement du besoin d'une manière aussi précise qu'elle pourraient l'être par la règle et le compas. Mais l'avarice présente encore un caractère particulier : elle est un désir qui combat pour n'être pas satisfait, tandis que toutes les autres passions conspirent pour l'être. Ainsi, jamais une personne raisonnable ne s'abstient d'un bon morceau par amour des bons morceaux, de vin par amour du vin. Au contraire on voit des gens s'abstenir de leurs biens précisément parce qu'ils sont avides de richesses. N'est-ce pas là une passion voisine de la folie, une passion bien déplorable? Quoi ! On ne se couvrira pas d'un manteau parce qu'on gèle de froid ! On se refusera le pain parce qu'on est affamé! On n'utilisera pas ses trésors parce qu'on est insatiable d'argent ! C'est là un des maux dont parle Thrasonide : "Je les ai là, chez moi, je puis en profiter, J'en brûle, qui plus est, ..." Ne diriez-vous pas un amant passionné ? "... et n'en veux point tâter". J'enferme tout, je mets tout sous le scellé. Quand j'ai fait mes comptes avec mes banquiers et mes gens d'affaires, je passe à autre chose : je m'occupe de mes recettes et de mes rentrées. Ce sont de perpétuelles contestations avec mes intendants, mes fermiers, mes débiteurs. "Apollon, en sais-tu qui soit plus malheureux ? Quel supplice d'amant serait plus douloureux"?


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Dernière mise à jour : 30/01/2006