HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Oeuvres morales, De l'amour des richesses

Chapitre 2

  Chapitre 2

[2] τίνος οὖν ἀπαλλάττει τῶν ἄλλων κακῶν πλοῦτος, εἰ μηδὲ φιλοπλουτίας; ἀλλὰ ποτὸν μὲν ἔσβεσε τὴν ποτοῦ ὄρεξιν καὶ τροφὴ τὴν τροφῆς ἐπιθυμίαν ἠκέσατο· κἀκεῖνος λέγωνδὸς χλαῖναν Ἱππώνακτι, κάρτα γὰρ ῥιγῶπλειόνων ἐπιφερομένων δυσανασχετεῖ καὶ διωθεῖται· φιλαργυρίαν δ´ οὐ σβέννυσιν ἀργύριον οὐδὲ χρυσίον, οὐδὲ πλεονεξία παύεται κτωμένη τὸ πλέον. ἀλλ´ ἔστιν εἰπεῖν πρὸς τὸν πλοῦτον ὡς πρὸς ἰατρὸν ἀλαζόνατὸ φάρμακόν σου τὴν νόσον μείζω ποιεῖ’· ἄρτου δεομένους καὶ οἴκου καὶ σκέπης μετρίας καὶ τοῦ τυχόντος ὄψου παραλαβὼν ἐμπέπληκεν ἐπιθυμίας χρυσοῦ καὶ ἀργύρου καὶ ἐλέφαντος καὶ σμαράγδων καὶ κυνῶν καὶ ἵππων, εἰς χαλεπὰ καὶ σπάνια καὶ δυσπόριστα καὶ ἄχρηστα μεταθεὶς ἐκ τῶν ἀναγκαίων τὴν ὄρεξιν. ἐπεὶ τῶν γ´ ἀρκούντων οὐδεὶς πένης ἐστίν, οὐδὲ δεδάνεισται πώποτ´ ἄνθρωπος ἀργύριον, ἵν´ ἄλφιτα πρίηται τυρὸν ἄρτον ἐλαίας, ἀλλὰ τὸν μὲν οἰκία πολυτελὴς χρεωφειλέτην πεποίηκε, | τὸν δ´ ὁμοροῦν ἐλαιόφυτον, τὸν δὲ σιτῶνες ἀμπελῶνες, ἄλλον ἡμίονοι Γαλατικαί, ἄλλον ἵπποι ζυγοφόροικείν´ ὄχεα κροτέοντεςἐνσεσείκασιν εἰς βάραθρα συμβολαίων καὶ τόκων καὶ ὑποθηκῶν· εἶθ´ ὥσπερ οἱ πίνοντες μετὰ τὸ μὴ διψῆν ἐσθίοντες μετὰ τὸ μὴ πεινῆν καὶ ὅσα διψῶντες πεινῶντες ἔλαβον προσεξεμοῦσιν, οὕτως οἱ τῶν ἀχρήστων ἐφιέμενοι καὶ περιττῶν οὐδὲ τῶν ἀναγκαίων κρατοῦσιν. οὗτοι μὲν οὖν τοιοῦτοι. [2] De quels autres maux nous délivre donc la richesse, si ce n'est pas même de l'amour des richesses ? En buvant on éteint son désir de boire, en mangeant on assouvit son besoin de manger ; et Hipponax qui s'écrie : "Amis, je meurs de froid : ah ! de grâce, un manteau!" Hipponax, si on lui en mettait plus d'un sur les épaules, ne pourrait en supporter l'amas et les rejetterait. Mais l'avarice ne s'éteint point par l'argent et par l'or, la cupidité ne cesse pas parce qu'elle possède plus qu'il ne lui faut. On pourrait dire à la richesse ce qu'on a le droit de dire à un médecin qui s'en fait accroire : "Tes remèdes ne font que redoubler le mal". Quand nous n'avons besoin que de pain, que d'un gîte, d'un vêtement simple, des premiers mets venus, voilà que la richesse fondant sur nous remplit notre coeur de convoitise. Nous voulons de l'or, de l'argent, de l'ivoire, des émeraudes, des meutes de chiens, des chevaux. C'est sur des objets aussi rares qu'inutiles, aussi difficiles à posséder qu'à se procurer, que la richesse nous fait porter nos désirs, au lieu de permettre que nous nous bornions au nécessaire. Du suffisant personne n'est pauvre. Jamais homme n'emprunta de l'argent à intérêt pour acheter de la farine, du fromage, du pain ou des olives. Mais l'un s'endette pour bâtir une maison magnifique, l'autre pour acquérir un plant d'oliviers attenant à sa terre, ou bien des champs de blé, des vignobles, ou bien des mulets de Gaule, des chevaux d'attelage "Destinés à traîner de vides chariots". Or ces dépenses les ont plongés dans un abîme de contrats, d'intérêts ruineux, d'emprunts hypothécaires. Après quoi, comme ceux qui, continuant de boire quand ils n'ont plus soif, de manger quand ils n'ont plus faim, vomissent ce qu'ils avaient pris pour apaiser leur faim et leur soif, de même ces acquéreurs de biens inutiles et superflus ne conservent pas même le nécessaire. Voilà pour une espèce de gens.


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Dernière mise à jour : 30/01/2006