[778] (778a)
καὶ ἀναπεπταμένην δόξαν οὕτως ὡς τὴν Ἀφροδίτην ὁ Ἱππόλυτος « ἄπωθεν ἁγνὸς
ὢν ἀσπάζεται, » τῆς δέ γε τῶν ἐπιεικῶν καὶ ἐλλογίμων οὐδ´ αὐτὸς
καταφρονεῖ· πλοῦτον δὲ καὶ δόξαν ἡγεμονικὴν καὶ δύναμιν ἐν φιλίαις οὐ
διώκει, οὐ μὴν οὐδὲ φεύγει ταῦτα μετρίῳ προσόντ´ ἤθει· οὐδὲ γὰρ τοὺς
καλοὺς τῶν νέων διώκει καὶ ὡραίους, ἀλλὰ τοὺς εὐαγώγους καὶ κοσμίους καὶ
φιλομαθεῖς· οὐδ´ οἷς ὥρα καὶ χάρις συνέπεται καὶ ἄνθος δεδίττεται τὸν
φιλόσοφον οὐδ´ ἀποσοβεῖ καὶ ἀπελαύνει τῶν ἀξίων ἐπιμελείας τὸ κάλλος.
οὕτως οὖν ἀξίας ἡγεμονικῆς καὶ δυνάμεως ἀνδρὶ μετρίῳ καὶ ἀστείῳ προσούσης,
(778b) οὐκ ἀφέξεται τοῦ φιλεῖν καὶ ἀγαπᾶν οὐδὲ φοβήσεται τὸ αὐλικὸς
ἀκοῦσαι καὶ θεραπευτικός·
« οἱ γὰρ Κύπριν φεύγοντες ἀνθρώπων ἄγαν
νοσοῦς´ ὁμοίως τοῖς ἄγαν θηρωμένοις· »
καὶ οἱ πρὸς ἔνδοξον οὕτως καὶ ἡγεμονικὴν φιλίαν ἔχοντες. ὁ μὲν οὖν
ἀπράγμων φιλόσοφος οὐ φεύξεται τοὺς τοιούτους, ὁ δὲ πολιτικὸς καὶ
περιέξεται αὐτῶν, ἄκουσιν οὐκ ἐνοχλῶν οὐδ´ ἐπισταθμεύων τὰ ὦτα διαλέξεσιν
ἀκαίροις καὶ σοφιστικαῖς, βουλομένοις δὲ χαίρων καὶ διαλεγόμενος καὶ
σχολάζων καὶ συνὼν προθύμως.
« Σπείρω δ´ ἄρουραν δώδεχ´ ἡμερῶν ὁδὸν
Βερέκυντα χῶρον· »
(778c) οὗτος εἰ μὴ μόνον φιλογέωργος ἀλλὰ καὶ φιλάνθρωπος ἦν, ἥδιον ἂν
ἔσπειρε τὴν τοσούτους τρέφειν δυναμένην ἢ τὸ Ἀντισθένους ἐκεῖνο χωρίδιον,
ὃ μόλις Αὐτολύκῳ παλαίειν ἂν ἤρκεσε· εἰ δέ σε ἠρόμην τὴν οἰκουμένην ἅπασαν
ἐπιστρέφειν παραιτοῦμαι.
καίτοι Ἐπίκουρος τἀγαθὸν ἐν τῷ βαθυτάτῳ τῆς ἡσυχίας ὥσπερ ἐν ἀκλύστῳ
λιμένι καὶ κωφῷ τιθέμενος τοῦ εὖ πάσχειν τὸ εὖ ποιεῖν οὐ μόνον κάλλιον
ἀλλὰ καὶ ἥδιον εἶναί φησι.χαρᾶς γὰρ οὕτω γόνιμον οὐδὲν ἐστιν ὡς χάρις·
ἀλλὰ σοφὸς ἦν ὁ ταῖς Χάρισι τὰ ὀνόματα θέμενος (778d) Ἀγλαΐην καὶ
Εὐφροσύνην καὶ Θάλειαν· τὸ γὰρ ἀγαλλόμενον καὶ τὸ χαῖρον ἐν τῷ διδόντι τὴν
χάριν πλεῖόν ἐστι καὶ καθαρώτερον. διὸ τῷ πάσχειν εὖ αἰσχύνονται πολλάκις,
ἀεὶ δ´ ἀγάλλονται τῷ εὖ ποιεῖν·
εὖ δὲ ποιοῦσι πολλοὺς οἱ ποιοῦντες ἀγαθοὺς ὧν πολλοὶ δέονται· καὶ
τοὐναντίον, οἱ ἀεὶ διαφθείροντες ἡγεμόνας ἢ βασιλεῖς ἢ τυράννους διάβολοι
καὶ συκοφάνται καὶ κόλακες ὑπὸ πάντων ἐλαύνονται καὶ κολάζονται, καθάπερ
οὐκ εἰς μίαν κύλικα φάρμακον (778e) ἐμβάλλοντες θανάσιμον, ἀλλ´ εἰς πηγὴν
δημοσίᾳ ῥέουσαν, ᾗ χρωμένους πάντας ὁρῶσιν. ὥσπερ οὖν τοὺς Καλλίου
κωμῳδουμένους κόλακας γελῶσιν, οὓς
« οὐ πῦρ οὐδὲ σίδηρος
οὐδὲ χαλκὸς ἀπείργει
μὴ φοιτᾶν ἐπὶ δεῖπνον »
κατὰ τὸν Εὔπολιν·
τοὺς δ´ Ἀπολλοδώρου τοῦ τυράννου καὶ Φαλάριδος καὶ Διονυσίου φίλους καὶ
συνήθεις ἀπετυμπάνιζον, ἐστρέβλουν καὶ ἐνεπίμπρασαν, ἐναγεῖς ἐποιοῦντο καὶ
καταράτους, ὡς ἐκείνων μὲν ἀδικούντων ἕνα τούτων δὲ πολλοὺς δι´ ἑνὸς τοῦ
ἄρχοντος· οὕτως οἱ μὲν ἰδιώταις συνόντες αὐτοὺς ἐκείνους ποιοῦσιν ἑαυτοῖς
ἀλύπους καὶ ἀβλαβεῖς καὶ προσηνεῖς, ὁ δ´ ἄρχοντος ἦθος (778f) ἀφαιρῶν
μοχθηρὸν ἢ γνώμην ἐφ´ ὃ δεῖ συγκατευθύνων τρόπον τινὰ δημοσίᾳ φιλοσοφεῖ
καὶ τὸ κοινὸν ἐπανορθοῦται, ᾧ πάντες διοικοῦνται. τοῖς ἱερεῦσιν αἰδῶ καὶ
τιμὴν αἱ πόλεις νέμουσιν, ὅτι τἀγαθὰ παρὰ τῶν θεῶν οὐ μόνον αὑτοῖς καὶ
φίλοις καὶ οἰκείοις, ἀλλὰ κοινῇ πᾶσιν αἰτοῦνται τοῖς πολίταις· καίτοι τοὺς
θεοὺς οἱ ἱερεῖς οὐ ποιοῦσιν ἀγαθῶν δοτῆρας, ἀλλὰ τοιούτους ὄντας
παρακαλοῦσι· τοὺς δ´ ἄρχοντας οἱ συνόντες τῶν φιλοσόφων δικαιοτέρους
ποιοῦσι καὶ μετριωτέρους καὶ προθυμοτέρους εἰς τὸ εὖ ποιεῖν, ὥστε καὶ
χαίρειν εἰκός ἐστι μᾶλλον.
| [778] (778a) et dans les assemblées publiques.
Mais il ne méprise pas l'opinion des gens que leur vertu fait
estimer. Il ne recherche point dans ses amitiés la fortune, la gloire et
la puissance ; il ne rejette pas non plus ces avantages, lorsqu'il sont
joints à des mœurs douces et modérées. Il s'attache non aux jeunes gens
remarquables par leur beauté, mais à ceux qui sont modestes, réservés et
curieux de s'instruire. Un philosophe ne craint pas ceux qui sont dans la
fleur de la jeunesse, mais il ne rejette pas, à cause de leur beauté, ceux
dont l'esprit mérite ses soins et sa culture. Il ne fuira donc pas la
société d'un prince qui joindra à son pouvoir et à sa dignité, (778b) un
caractère honnête et vertueux, et il se mettra au-dessus de l'imputation
qu'on pourra lui faire d'être un habile courtisan.
« Fuir avec trop de soin et Vénus et ses charmes,
C'est s'exposer souvent à tomber en langueur. »
Ceux qui les recherchent trop ont à craindre le même inconvénient. Il faut
en dire autant de la société des Princes et des Grands. Un philosophe qui
vit dans la retraite, ne fuit pas leur commerce. Celui qui est plus
répandu les recherche, mais il n'use pas de violence pour s'en faire
écouter ; il ne les étourdit point par des discours captieux débités à
temps et à contretemps. S'il les trouve bien disposés, il s'entretient
avec eux, et leur consacre volontiers son loisir.
« Je couvre de riches moissons
Les vastes champs de Berecynthe. »
(778c) Si celui qui parlait ainsi eût autant aimé les hommes, qu'il avait
de goût pour l'agriculture, il aurait préféré la culture de ces vastes
campagnes, à celle du champ modique d'Antisthène, qui pouvait à peine
fournir à sa nourriture.
Mais Épicure qui place le souverain bien dans le calme le plus profond,
comme dans un port où l'on est a l'abri de tous les orages, dit cependant
qu'il est non seulement plus agréable, mais même plus doux d'obliger que
de recevoir un bienfait. Rien ne cause plus de joie que la bienfaisance et
c'est avec beaucoup de sagesse qu'on a donné aux trois grâces les noms
(778d) d'Aglaé, d'Euphrosyne et de Thalie. Il n'est pas de joie plus
vive et plus pure que celle qu'on a de rendre service. Voilà pourquoi on
est souvent honteux de recevoir des bienfaits, et l'on est toujours
content d'obliger.
C'est rendre heureux un peuple entier que de former à la vertu les hommes
qui euvent leur faire du bien. Au contraire, ceux qui travaillent sans
cesse à a corrompre les grands, les rois et les tyrans, tels que les
calomniateurs, les médisants et les flatteurs sont universellement
détestés et punis comme des scélérats qui versent un poison mortel, (778e)
non dans une simple coupe, mais dans une source publique où tout le monde
va puiser. Les flatteurs de Callias
étaient l'objet des railleries des poètes comiques, et c'est d'eux qu'Empolis a dit :
« Ni le fer ni le feu ne les arrêtent pas,
Quand ils peuvent chez lui trouver un bon repas. »
Mais les flatteurs et les favoris d'un Apollodore, d'un Phalaris et d'un
Denys, chargés de l'exécration publique, ont péri dans les supplices les
plus recherchés ; c'est que les premiers ne faisaient tort qu'à un
seul homme, et que les autres, en travaillant à corrompre des tyrans,
nuisaient à tout un peuple. Ceux qui instruisent de simples particuliers
leur enseignent les moyens de vivre en paix avec eux-mêmes, et de trouver
leur bonheur dans cette tranquillité. (778f) Un philosophe qui corrige les
mœurs dépravées d'un prince, qui dirige ses pensées vers un but sage et
utile, tient en quelque sorte une école publique de philosophie, et forme,
pour ainsi dire, un modèle commun que tout un peuple s'efforce d'imiter.
On a dans les villes beaucoup de respect et de vénération pour les
prêtres, parce qu'ils sollicitent les bienfaits des dieux, non seulement
pour eux-mêmes, pour leurs proches et leurs amis, mais généralement pour
tous les citoyens. Cependant les prêtres n'inspirent pas aux dieux la
bienfaisance ; ils réclament seulement les effets d'une vertu naturelle à
la divinité. Mais les philosophes qui instruisent les princes les rendent
plus justes, plus modérés, plus disposés à faire du bien ; en sorte qu'ils
doivent goûter dans cet emploi de leur temps la satisfaction la plus douce.
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