HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales, Un philosophe doit surtout converser avec les princes

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[777] (777a) οὐ διαδίδωσιν εἰς ἑτέρους, ἀλλ´ ἐν ἑνὶ ποιήσας ἐκείνῳ γαλήνην καὶ ἡσυχίαν ἀπεμαράνθη καὶ συνεξέλιπεν. ἂν δ´ ἄρχοντος ἀνδρὸς καὶ πολιτικοῦ καὶ πρακτικοῦ καθάψηται καὶ τοῦτον ἀναπλήσῃ καλοκαγαθίας, πολλοὺς δι´ ἑνὸς ὠφέλησεν, ὡς Ἀναξαγόρας Περικλεῖ συγγενόμενος καὶ Πλάτων Δίωνι καὶ Πυθαγόρας τοῖς πρωτεύουσιν Ἰταλιωτῶν. Κάτων δ´ αὐτὸς ἔπλευσεν ἀπὸ στρατιᾶς ἐπ´ Ἀθηνόδωρον· καὶ Σκιπίων μετεπέμψατο Παναίτιον, ὅτ´ αὐτὸν σύγκλητος ἐξέπεμψεν « ἀνθρώπων ὕβριν τε καὶ εὐνομίην ἐφορώμενον » ὥς φησι Ποσειδώνιος. τί οὖν ἔδει λέγειν τὸν Παναίτιον; (777b) εἰ μὲν ἦς Βάτων Πολυδεύκης τις ἄλλος ἰδιώτης, τὰ μέσα τῶν πόλεων ἀποδιδράσκειν βουλόμενος, ἐν γωνίᾳ τινὶ καθ´ ἡσυχίαν ἀναλύων συλλογισμοὺς καὶ περιέλκων φιλοσόφων, ἄσμενος ἄν σε προσεδεξάμην καὶ συνῆν· ἐπεὶ δ´ υἱὸς μὲν Αἰμιλίου Παύλου τοῦ δισυπάτου γέγονας, υἱωνὸς δὲ Σκιπίωνος τοῦ Ἀφρικανοῦ τοῦ νικήσαντος τὸν Ἀννίβαν τὸν Καρχηδόνιον, οὐκ οὖν σοι διαλέξομαι; δὲ λέγειν ὅτι δύο λόγοι εἰσίν, μὲν ἐνδιάθετος ἡγεμόνος Ἑρμοῦ δῶρον, δ´ ἐν προφορᾷ διάκτορος καὶ ὀργανικός, ἕωλόν ἐστι καὶ ὑποπιπτέτω τῷ « (777c) τουτὶ μὲν ᾔδειν πρὶν Θέογνιν γεγονέναι. » ἐκεῖνο δ´ οὐκ ἂν ἐνοχλήσειεν, ὅτι καὶ τοῦ ἐνδιαθέτου λόγου καὶ τοῦ προφορικοῦ φιλία τέλος ἐστί, τοῦ μὲν πρὸς ἑαυτὸν τοῦ δὲ πρὸς ἕτερον. μὲν γὰρ εἰς ἀρετὴν διὰ φιλοσοφίας τελευτῶν σύμφωνον ἑαυτῷ καὶ ἄμεμπτον ὑφ´ ἑαυτοῦ καὶ μεστὸν εἰρήνης καὶ φιλοφροσύνης τῆς πρὸς ἑαυτὸν ἀεὶ παρέχεται τὸν ἄνθρωπον. οὐ στάσις οὐδέ τε δῆρις ἀναίσιος ἐν μελέεσσιν, « οὐ πάθος λόγῳ δυσπειθές, » οὐχ ὁρμῆς μάχη πρὸς ὁρμήν, οὐ λογισμοῦ πρὸς λογισμὸν ἀντίβασις, οὐχ ὥσπερ ἐν μεθορίῳ τοῦ ἐπιθυμοῦντος καὶ τοῦ μετανοοῦντος τὸ τραχὺ καὶ ταραχῶδες καὶ τὸ ἡδόμενον, (777d) ἀλλ´ εὐμενῆ πάντα καὶ φίλα καὶ ποιοῦντα πλείστων τυγχάνειν ἀγαθῶν καὶ ἑαυτῷ χαίρειν ἕκαστον. τοῦ δὲ προφορικοῦ τὴν Μοῦσαν Πίνδαρος « οὐ φιλοκερδῆ, » φησίν, « οὐδ´ ἐργάτιν » εἶναι πρότερον, οἶμαι δὲ μηδὲ νῦν, ἀλλ´ ἀμουσίᾳ καὶ ἀπειροκαλίᾳ τὸν κοινὸν Ἑρμῆν ἐμπολαῖον καὶ ἔμμισθον γενέσθαι. οὐ γὰρ μὲν Ἀφροδίτη ταῖς τοῦ Προποίτου θυγατράσιν ἐμήνιεν ὅτι « πρῶται μίσεα μηχανήσαντο καταχέειν νεανίσκων, » δ´ Οὐρανία καὶ Καλλιόπη καὶ Κλειὼ χαίρουσι τοῖς ἐπ´ ἀργυρίῳ λυμαινομένοις τὸν λόγον. ἀλλ´ ἔμοιγε δοκεῖ τὰ τῶν Μουσῶν ἔργα καὶ δῶρα μᾶλλον τὰ τῆς Ἀφροδίτης φιλοτήσια εἶναι. καὶ γὰρ τὸ (777e) ἔνδοξον, τινες τοῦ λόγου ποιοῦνται τέλος, ὡς ἀρχὴ καὶ σπέρμα φιλίας ἠγαπήθη· μᾶλλον δ´ ὅλως οἵ γε πολλοὶ κατ´ εὔνοιαν τὴν δόξαν τίθενται, νομίζοντες ἡμᾶς μόνον ἐπαινεῖν οὓς φιλοῦμεν. ἀλλ´ οὗτοι μέν, ὡς Ἰξίων διώκων τὴν Ἥραν ὤλισθεν εἰς τὴν νεφέλην, οὕτως ἀντὶ τῆς φιλίας εἴδωλον ἀπατηλὸν καὶ πανηγυρικὸν καὶ περιφερόμενον ὑπολαμβάνουσιν. δὲ νοῦν ἔχων, ἂν ἐν πολιτείαις καὶ πράξεσιν ἀναστρέφηται, δεήσεται δόξης τοσαύτης, ὅση δύναμιν περὶ τὰς πράξεις ἐκ τοῦ πιστεύεσθαι δίδωσιν· (777f) οὔτε γὰρ ἡδὺ μὴ βουλομένους οὔτε ῥᾴδιον ὠφελεῖν, βούλεσθαι δὲ ποιεῖ τὸ πιστεύειν· ὥσπερ γὰρ τὸ φῶς μᾶλλόν ἐστιν ἀγαθὸν τοῖς βλέπουσιν τοῖς βλεπομένοις, οὕτως δόξα τοῖς αἰσθανομένοις τοῖς μὴ παρορωμένοις. δ´ ἀπηλλαγμένος τοῦ τὰ κοινὰ πράττειν καὶ συνὼν ἑαυτῷ καὶ τἀγαθὸν ἐν ἡσυχίᾳ καὶ ἀπραγμοσύνῃ τιθέμενος τὴν μὲν ἐν ὄχλοις καὶ θεάτροις πάνδημον [777] (777a) alors, loin de répandre sur d'autres son influence, elle se fixe avec lui dans un calme inutile qui émousse toute son activité. Mais s'attache-t-elle à un homme d'État occupé d'affaires importantes, lui inspire-t-elle la passion du bien : alors elle fait par un seul homme le bonheur de tout un peuple. Tels furent les effets de l'instruction d'Anaxagoras sur Périclès, de Platon sur Dion, et de Pythagore sur les princes d'Italie. Caton quitta son armée pour aller voir le philosophe Athénodore ; et Scipion se fit accompapagner de Panétius lorsqu'il fut député par le Sénat « Pour aller visiter les peuples différents, Connaître de leurs lois le vice et la sagesse, » comme dit Possidonius. Voudriez-vous que Panétius (777b) eût dit à Scipion : « Si vous étiez un Castor, un Pollux, ou tout autre particulier qui, vous dérobant au tumulte des villes, voulussiez vivre ignoré dans un coin de la terre, pour y résoudre des syllogismes et pâlir sur les écrits des philosophes, je me livrerais tout entier à vous ; mais parce que vous êtes le fils de Paul Émile, qui a deux fois exercé le consulat, et le petit-fils de Scipion l'Africain, le vainqueur d'Annibal, je ne veux point m'entretenir avec vous? » Dire ici qu'il y a deux sortes de paroles, l'une intérieure, don de Mercure, qui préside à l'éloquence ; l'autre extérieure, qui est comme le ministre et l'instrument de l'autre, ce serait répéter une chose cent fois rebattue, et rappeler le proverbe : (777c) "Je savais cela avant que Théognis fût né". Mais ce qu'on entendra avec moins de peine, c'est que ces deux sortes de paroles ont l'une et l'autre l'amitié pour terme, la première avec soi-même, et la seconde avec autrui. Un homme que la philosophie a conduit à la pratique de la vertu est toujours d'accord avec lui-même; il n'a point de reproches à se faire, il vit dans une paix et dans une bienveillance continuelles avec son propre cœur. « Il ne connaît jamais ni trouble ni combat. » La passion en lui est soumise à la raison ; il n'est point combattu par des désirs et des pensées contraires, et il ignore ces vicissitudes de chagrin et de joie qui déchirent un cœur partagé entre la cupidité et la crainte du repentir. (777d) Il jouit en tout d'un calme heureux, d'une satisfaction douce, qui lui procurent les plus grands biens, et font qu'il est content de lui-même. Pour la Muse qui préside à la parole extérieure, Pindare a dit qu'anciennement elle n'était point intéressée, et qu'elle ne songeait pas à s'enrichir. Je ne crois pas qu'elle ait changé depuis ; mais l'ignorance des hommes et leur indifférence pour la vertu ont communiqué un esprit mercenaire et une âme vénale à Mercure, qui auparavant se donnait à tout le monde. Si Vénus sut mauvais gré aux filles de sa prêtresse « De joindre à leurs appas la ruse et l'artifice Contre les jeunes gens qu'elles avaient séduits, » Uranie, Calliope et Clio verraient-elles avec plaisir que pour s'enrichir on mît ses talents à prix? Je crois au contraire que les travaux et les dons des Muses doivent être encore plus gratuits que ceux de Vénus, et n'avoir d'autre motif que l'amitié. (777e) La gloire même, que quelques personnes donnent pour fin à l'éloquence, n'a de prix qu'autant qu'elle est le principe et le germe de l'amitié. La plupart des hommes mesurent la gloire sur la bienveillance, persuadés qu'on ne loue que ceux qu'on aime. Mais d'autres, semblables à Ixion, qui, en poursuivant Junon, n'embrassa qu'un nuage, saisissent, au lieu de l'amitié véritable, un fantôme trompeur qui n'en a que les dehors, et qui change à tout instant. Un homme sensé, s'il est dans l'administration des affaires publiques, ne désire de considération qu'autant que la confiance qu'elle attire lui donne plus de pouvoir et de crédit. (777f) Il n'est ni agréable ni facile d'obliger des gens qui ne veulent pas l'être ; mais la confiance qu'on leur inspire, fait qu'ils acceptent volontiers des bienfaits. La lumière est un plus grand bien pour les personnes qui regardent, que pour celles qui sont vues. De même la gloire est plus utile à ceux qui en sentent le prix, qu'à ceux qui la négligent. Celui qui renonçant à toute administration publique, et ne vivant qu'avec lui-même, met son bonheur dans le repos et la tranquillité, semblable à Hippolyte qui saluait de loin Vénus, en se conservant toujours pur, n'envisage que dans l'éloignement cette gloire banale qui voltige sur nos théâtres


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Dernière mise à jour : 18/10/2007