HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales, Des notions communes contre les Stoïciens

Page 1065

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[1065] εἰ οὐχ ἧττον (1065a) ἀλλὰ καὶ μᾶλλον ἐπιβάλλον ἐστὶ φεύγειν τὴν μὴ δεχομένην τὸ ἀφραίνειν διάθεσιν; Ἀλλὰ τί ἄν τις ἐπὶ τούτοις δυσχεραίνοι, μεμνημένος ὧν ἐν τῷ δευτέρῳ περὶ Φύσεως γέγραφεν, ἀποφαίνων οὐκ ἀχρήστως τὴν κακίαν πρὸς τὰ ὅλα γεγενημένην; Ἄξιον δ´ ἀναλαβεῖν τὸ δόγμα ταῖς ἐκείνου λέξεσιν, ἵνα καὶ μάθῃς πως, οἱ τοῦ Ξενοκράτους καὶ Σπευσίππου κατηγοροῦντες ἐπὶ τῷ μὴ τὴν ὑγίειαν ἀδιάφορον ἡγεῖσθαι μηδὲ τὸν πλοῦτον ἀνωφελὲς ἐν τίνι τόπῳ τὴν κακίαν αὐτοὶ τίθενται καὶ τίνας λόγους περὶ αὐτῆς διεξίασιν· « δὲ κακία πρὸς τὰ λοιπὰ συμπτώματα ἔχει ὅρον· γίνεται γὰρ (1065b) καὶ αὐτή πως κατὰ τὸν τῆς φύσεως λόγον καί, ἵν´ οὕτως εἴπω, οὐκ ἀχρήστως γίνεται πρὸς τὰ ὅλα· οὐδὲ γὰρ ἂν τἀγαθὸν ἦν. » Οὐκοῦν ἐν θεοῖς ἀγαθὸν οὐδὲν ἔστιν, ἐπεὶ μηδὲ κακόν· οὐδέ, ὅταν Ζεὺς εἰς ἑαυτὸν ἀναλύσας τὴν ὕλην ἅπασαν εἷς γένηται καὶ τὰς ἄλλας ἀνέλῃ διαφοράς, οὐθὲν ἔστιν ἀγαθὸν τηνικαῦτα, μηθενός γε κακοῦ παρόντος· ἀλλὰ χοροῦ μὲν ἔστιν ἐμμέλεια μηδενὸς ἀπᾴδοντος ἐν αὐτῷ, καὶ σώματος ὑγίεια μηδενὸς μορίου νοσοῦντος, ἀρετὴ δ´ ἄνευ κακίας οὐκ ἔχει γένεσιν, ἀλλ´ ὥσπερ ἐνίαις τῶν ἰατρικῶν δυνάμεων ἰὸς ὄφεως καὶ χολὴ ὑαίνης ἀναγκαῖόν (1065c) ἐστιν, οὕτως ἐπιτηδειότης ἑτέρα τῇ Μελήτου μοχθηρίᾳ πρὸς τὴν Σωκράτους δικαιοσύνην καὶ τῇ Κλέωνος ἀναγωγίᾳ πρὸς τὴν Περικλέους καλοκἀγαθίαν. Πῶς δ´ ἂν εὗρεν Ζεὺς τὸν Ἡρακλέα φῦσαι καὶ τὸν Λυκοῦργον, εἰ μὴ καὶ Σαρδανάπαλον ἡμῖν ἔφυσε καὶ Φάλαριν; Ὥρα λέγειν αὐτοῖς ὅτι καὶ φθίσις γέγονεν ἀνθρώπῳ πρὸς εὐεξίαν καὶ ποδάγρα πρὸς ὠκύτητα· καὶ οὐκ ἂν ἦν Ἀχιλλεὺς κομήτης, εἰ μὴ φαλακρὸς Θερσίτης. Τί γὰρ διαφέρουσι τῶν ταῦτα ληρούντων καὶ φλυαρούντων οἱ λέγοντες μὴ ἀχρήστως γεγονέναι πρὸς τὴν ἐγκράτειαν τὴν ἀκολασίαν καὶ πρὸς τὴν δικαιοσύνην τὴν ἀδικίαν; (1065d) Ὅπως εὐχώμεθα τοῖς θεοῖς ἀεὶ μοχθηρίαν εἶναι « ψεύδεά θ´ αἱμυλίους τε λόγους καὶ ἐπίκλοπον ἦθος », εἰ τούτων ἀναιρεθέντων οἴχεται φροῦδος ἀρετὴ καὶ συναπόλωλεν. βούλει τὸ ἥδιστον αὐτοῦ τῆς γλαφυρίας καὶπιθανότητος ἱστορῆσαι; « Ὥσπερ γὰρ αἱ κωμῳδίαι » φησίν « ἐπιγράμματα γελοῖα φέρουσιν, καθ´ αὑτὰ μέν ἐστι φαῦλα τῷ δ´ ὅλῳ ποιήματι χάριν τινὰ προστίθησιν, οὕτω ψέξειας ἂν αὐτὴν ἐφ´ ἑαυτῆς τὴν κακίαν, τοῖς δ´ ὅλοις οὐκ ἄχρηστός ἐστι. » Πρῶτον μὲν οὖν τὴν κακίαν γεγονέναι κατὰ τὴν τοῦ θεοῦ πρόνοιαν, ὥσπερ τὸ φαῦλον ἐπίγραμμα γέγονε κατὰ τὴν τοῦ ποιητοῦ βούλησιν, πᾶσαν ἐπίνοιαν ἀτοπίας ὑπερβάλλει. (1065e) Τί γὰρ μᾶλλον ἀγαθῶν κακῶν δοτῆρες ἔσονται; Πῶς δ´ ἔτι θεοῖς ἐχθρὸν κακία καὶ θεομισές; τί πρὸς τὰ τοιαῦτα δυσφημήματα λέγειν ἕξομεν, ὡς « Θεὸς μὲν αἰτίαν φύει βροτοῖς, ὅταν κακῶσαι δῶμα παμπήδην θέλῃ· » καί « Τίς τ´ ἂρ σφῶε θεῶν ἔριδι ξυνέηκε μάχεσθαι; » ἔπειτα δὲ τὸ μὲν φαῦλον ἐπίγραμμα τὴν κωμῳδίαν κοσμεῖ καὶ συνεργεῖ πρὸς τὸ τέλος αὐτῆς, ἐφιεμένης τοῦ γελοίου κεχαρισμένου τοῖς θεαταῖς· δὲ πατρῷος καὶ ὕπατος καὶ θεμίστιος Ζεὺς καὶ « ἀριστοτέχνας » κατὰ Πίνδαρον, οὐ δρᾶμα δήπου μέγα καὶ ποικίλον καὶ πολυμερὲς δημιουργῶν τὸν κόσμον, (1065f) ἀλλὰ θεῶν καὶ ἀνθρώπων ἄστυ κοινόν, συννομησομένων μετὰ δίκης καὶ ἀρετῆς ὁμολογουμένως καὶ μακαρίως, τί πρὸς τὸ κάλλιστον τοῦτο καὶ σεμνότατον τέλος ἐδεῖτο λῃστῶν καὶ ἀνδροφόνων καὶ πατροκτόνων καὶ τυράννων· οὐ γὰρ ἡδὺ τῷ θείῳ καὶ κομψὸν κακία γέγονεν ἐπεισόδιον, [1065] puisque non seulement il n'est pas moins convenable, (1065a) mais qu'il l'est infiniment plus de fuir une disposition qui n'est pas susceptible de cette folie? Mais pourquoi s'indigner contre ces maximes, quand on se souvient de ce que Chrysippe a écrit dans son second livre de la Nature, où il affirme que ce n'est pas sans utilité pour l'univers que le vice a été produit. Il est bon de rapporter cette doctrine dans ses propres expressions, afin que vous sachiez quel rang assignent au vice et ce qu'en disent ces hommes qui blâment Xénocrate et Speusippe de ne pas mettre la santé dans la classe des choses indifférentes, et de ne pas croire la sagesse inutile : « Le vice, dit-il, n'est qu'accidentel par rapport aux biens; il est même, (1065b) à certains égards, conforme à la nature, et on pourrait presque dire qu'il n'est pas sans utilité pour l'univers, puisque autrement le bien ne pourrait pas subsister. » Il n'y a donc aucun bien parmi les dieux, puisqu'il n'y a point de vice ; et lorsque Jupiter, après avoir consumé toute la matière en lui-même, sera le seul être existant, et qu'il aura anéanti toutes les différences qui ont aujourd'hui lieu dans l'univers, il ne restera plus aucun bien, puisque le mal ne subsistera plus. Un chœur de musique est parfaitement d'accord quand aucun des musiciens qui le composent ne détonne; le corps est en pleine santé quand aucun membre ne souffre. Mais la vertu n'existe point sans quelque mélange de vice, et comme on fait entrer dans certains remèdes le venin du serpent et le fiel de l'hyène, (1065c) de même, pour faire paraître dans toute sa perfection la justice de Socrate et la probité de Périclès, il fallait la méchanceté de Mélitus et l'insolence de Cléon. Jupiter eût-il pu faire naître Hercule et Lycurgue, s'il n'eût produit aussi Sardanapale et Phalaris ? Que ne disent-ils donc aussi que la phtisie contribue à la santé, et la goutte à la légèreté de la course, et qu'Achille n'aurait pas eu une belle chevelure, si Thersite n'avait pas été chauve? En effet, quelle différence y a-t-il entre ces rêves extravagants et la doctrine de ceux qui prétendent que la débauche n'est pas inutile à la tempérance et l'injustice à l'équité? (1065d) D'après cela, il faut prier les dieux d'entretenir toujours en nous la malice, "La fraude, le mensonge et les discours trompeurs", puisque leur privation entraînerait pour nous celle de la vertu. Mais voulez-vous connaître ce que l'éloquence de Chrysippe a de plus doux et de plus persuasif? Le voici : « Comme les comédies, dit-il, contiennent des épigrammes qui, malignes en soi, font rire les spectateurs et donnent une certaine grâce à tout l'ouvrage, de même le vice, blâmable en soi, n'est pas inutile sous d'autres rapports. » N'est-ce pas le comble de l'absurdité de vouloir que le vice ait été produit par la Providence divine, comme une épigramme maligne est née du caprice d'un poète? A ce compte, pourquoi les dieux nous dispenseraient-ils les biens (1065e) plutôt que les maux? Comment haïront-ils le vice? et qu'aurons-nous à opposer à ces maximes scandaleuses des poètes : "Quand dieu veut notre perte, il sait nous y conduire; Quel Dieu de ce héros excita la querelle"? D'ailleurs une épigramme mordante est un ornement dans une comédie, et sert à la fin que le poète se propose, qui est de plaire aux spectateurs et de les faire rire. Mais Jupiter, à qui nous donnons les noms de père, de dieu suprême, d'auteur de la justice, et que Pindare appelle l'ouvrier le plus parfait, qui n'a pas formé le monde comme une pièce de théâtre, dont le sujet étendu et varié offre plusieurs incidents, (1065f) mais plutôt comme une ville commune aux dieux et aux hommes, pour y vivre dans la paix et dans le bonheur, sous les lois de la justice et l'influence de la vertu, qu'avait-il besoin, pour une fin si belle et si auguste, de brigands, d'assassins, de parricides et de tyrans? Car Dieu n'a point introduit le vice dans le monde comme un prélude doux et agréable.


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Dernière mise à jour : 14/11/2007