HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales, Des notions communes contre les Stoïciens

Page 1062

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[1062] ὅτι « Ἀγαθὸν χρόνος οὐκ αὔξει προσγινόμενος, (1062a) ἀλλὰ κἂν ἀκαρές τις ὥρας γένηται φρόνιμος, οὐδὲν πρὸς εὐδαιμονίαν ἀπολειφθήσεται τοῦ τὸν αἰῶνα χρωμένου τῇ ἀρετῇ καὶ μακαρίως ἐν αὐτῇ καταβιοῦντος. » Ταῦτα δ´ οὕτως νεανικῶς ἀπισχυρισάμενοι πάλιν οὐδὲν εἶναί φασιν ἀρετῆς ὄφελος ὀλιγοχρονίου· « Τί γάρ, ἂν μέλλοντι ναυαγεῖν εὐθὺς κατακρημνίζεσθαι φρόνησις ἐπιγένηται; Τί δ´ ἂν Λίχας ὑπὸ τοῦ Ἡρακλέους ἀποσφενδονώμενος εἰς ἀρετὴν ἐκ κακίας μεταβάλῃ; » Ταῦτ´ οὖν οὐ μόνον παρὰ τὰς κοινὰς ἐννοίας ἐστὶ φιλοσοφούντων ἀλλὰ καὶ τὰς ἰδίας κυκώντων, εἰ τὸ (1062b) βραχὺν χρόνον κτήσασθαι τὴν ἀρετὴν οὐθὲν ἀπολείπεσθαι τῆς ἄκρας εὐδαιμονίας ἅμα καὶ μηδενὸς ὅλως ἄξιον νομίζουσι. Τοῦτο δ´ οὐκ ἂν μάλιστα θαυμάσαις αὐτῶν, ἀλλ´ ὅτι τῆς ἀρετῆς καὶ τῆς εὐδαιμονίας παραγινομένης πολλάκις οὐδ´ αἰσθάνεσθαι τὸν κτησάμενον οἴονται, διαλεληθέναι δ´ αὑτὸν ὅτι μικρῷ πρόσθεν ἀθλιώτατος ὢν καὶ ἀφρονέστατος νῦν ὁμοῦ φρόνιμος καὶ μακάριος γέγονεν. Οὐ γὰρ μόνον ἔχοντά τινα τὴν φρόνησιν τοῦτο μόνον μὴ φρονεῖν ὅτι φρονεῖ μηδὲ γινώσκειν ὅτι τὸ ἀγνοεῖν διαπέφευγεν εὐτράπελόν ἐστιν· ἀλλὰ καὶ ὅλως εἰπεῖν τὸ ἀγαθὸν ἀρρεπὲς ποιοῦσι καὶ ἀμαυρόν, εἰ μηδ´ αἴσθησιν αὑτοῦ ποιεῖ παραγενόμενον. (1062c) Φύσει γὰρ ἀνεπαίσθητον οὐκ ἔστι κατ´ αὐτούς, ἀλλὰ καὶ λέγει διαρρήδην Χρύσιππος ἐν τοῖς περὶ Τέλους αἰσθητὸν εἶναι τὸ ἀγαθόν, ὡς δ´ οἴεται, καὶ ἀποδείκνυσι. Λείπεται τοίνυν ἀσθενείᾳ καὶ μικρότητι διαφεύγειν αὐτὸ τὴν αἴσθησιν, ὁπόταν παρὸν ἀγνοῆται καὶ διαλανθάνῃ τοὺς ἔχοντας. Ἔτι τοίνυν ἄτοπον μέν ἐστι τὴν τῶν ἀτρέμα καὶ μέσως λευκῶν αἰσθανομένην ὄψιν ἐκφεύγειν τὰ ἐπ´ ἄκρον λευκὰ καὶ τὴν τὰ μαλακῶς καὶ ἀνειμένως θερμὰ καταλαμβάνουσαν ἁφὴν ἀναισθητεῖν τῶν σφόδρα θερμῶν, ἀτοπώτερον δέ, εἴ τις τὰ κοινῶς κατὰ φύσιν, οἷόν ἐστιν ὑγίεια καὶ εὐεξία, καταλαμβάνων τὴν (1062d) ἀρετὴν ἀγνοεῖ παροῦσαν, ἣν μάλιστα καὶ ἄκρως κατὰ φύσιν εἶναι τίθενται. Πῶς γὰρ οὐ παρὰ τὴν ἔννοιάν ἐστιν ὑγιείας καὶ νόσου διαφορὰν καταλαμβάνειν, φρονήσεως δὲ μὴ καταλαμβάνειν καὶ ἀφροσύνης, ἀλλὰ τὴν μὲν ἀπηλλαγμένην οἴεσθαι παρεῖναι, τὴν δὲ κεκτημένον ἀγνοεῖν ὅτι πάρεστιν; Ἐπεὶ δ´ ἐκ τῆς ἄκρας προκοπῆς μεταβάλλουσιν εἰς εὐδαιμονίαν καὶ ἀρετήν, δυοῖν ἀνάγκη θάτερον, τὴν προκοπὴν κακίαν μὴ εἶναι μηδὲ κακοδαιμονίαν, τὴν ἀρετὴν τῆς κακίας μὴ πολλῷ παραλλάττειν μηδὲ τῆς κακοδαιμονίας τὴν εὐδαιμονίαν, ἀλλὰ μικρὰν καὶ ἀνεπαίσθητον εἶναι τὴν πρὸς τὰ κακὰ τῶν ἀγαθῶν διαφοράν· (1062e) οὐ γὰρ ἂν ἑαυτοὺς διελάνθανον ἀντ´ ἐκείνων ταῦτ´ ἔχοντες. Ὅταν μὲν οὖν μηδενὸς ἐκστῆναι τῶν μαχομένων ἀλλὰ πάνθ´ ὁμοῦ λέγειν καὶ τιθέναι θέλωσι, τὸ τοὺς προκόπτοντας ἀνοήτους καὶ κακοὺς εἶναι, τὸ φρονίμους καὶ ἀγαθοὺς γενομένους διαλανθάνειν ἑαυτούς, τὸ μεγάλην διαφορὰν τῆς φρονήσεως πρὸς τὴν ἀφροσύνην ὑπάρχειν, πού σοι δοκοῦσι θαυμασίως ἐν τοῖς δόγμασι τὴν ὁμολογίαν βεβαιοῦν; ἔτι δὲ μᾶλλον ἐν τοῖς πράγμασιν, ὅταν πάντας ἐπίσης κακοὺς καὶ ἀδίκους καὶ ἀπίστους καὶ ἄφρονας τοὺς μὴ σοφοὺς ἀποφαίνοντες εἶτα πάλιν τοὺς μὲν αὐτῶν ἐκτρέπωνται καὶ βδελύττωνται, (1062f) τοὺς δ´ ἀπαντῶντες μηδὲ προσαγορεύωσι, τοῖς δὲ χρήματα πιστεύωσιν, ἀρχὰς ἐγχειρίζωσιν, ἐκδιδῶσι θυγατέρας; Ταῦτα γὰρ εἰ μὲν παίζοντες λέγουσι, καθείσθωσαν τὰς ὀφρῦς· εἰ δ´ ἀπὸ σπουδῆς καὶ φιλοσοφοῦντες, [1062] ils prétendent que le bien ne s'accroît pas par sa durée, (1062a) que l'homme qui aura été sage pendant une heure ne sera pas moins heureux que celui qui aura constamment pratiqué la vertu, et qui lui aura heureusement consacré toute sa vie. Et après avoir soutenu cette assertion avec la plus grande force, ils disent que la vertu qui dure peu de temps ne sert de rien ; car quel profit retirerait de la sagesse celui qui, aussitôt après l'avoir acquise, ferait naufrage ou tomberait dans un précipice? De quoi eût-il servi à Lichas d'avoir passé subitement du vice à la vertu, quand Hercule le lança dans la mer, comme on lance une pierre avec une fronde ? Ce n'est pas là seulement renverser les notions communes ; c'est encore confondre ses propres idées, (1062b) que de soutenir que la possession la plus courte de la vertu rend infiniment heureux, et cependant de n'en faire aucun cas. Mais ce n'est pas là ce qu'il y a de plus étonnant dans la doctrine des stoïciens; ce qui doit surprendre bien davantage, c'est de leur entendre dire que la présence de la vertu et du bonheur est le plus souvent insensible pour l'homme ; qu'il ne s'aperçoit pas que de l'excès de la misère et de la folie il est passé tout d'un coup à un état de sagesse et de félicité. Non seulement c'est une chose ridicule de vouloir qu'un homme qui vient d'acquérir la prudence ignore précisément qu'il est devenu sage et qu'il est sorti de l'ignorance ; mais, en général, c'est ôter à la vertu tout ce qu'elle a de force et de poids, que de supposer qu'elle entre dans l'homme sans qu'il s'en aperçoive ; (1062c) car, d'après leur propre opinion, le bien n'est pas de nature à n'être pas senti, et Chrysippe lui-même dit formellement dans son traité des Fins de l'homme, que le bien est sensible, et il le démontre. Il reste donc à dire que lorsque ceux en qui il est présent ne s'en aperçoivent pas, c'est par sa faiblesse et sa médiocrité qu'il échappe à leur sentiment. Mais ne serait-il pas absurde de dire qu'une vue qui distingue les objets d'une blancheur médiocre ne peut pas apercevoir ceux qui sont d'une blancheur éclatante, ou que le tact qui sent une chaleur modérée n'est pas affecté par une chaleur brûlante ? Combien le serait-il davantage de vouloir qu'un homme qui aurait la perception des choses communes et conformes à la nature, telles que la santé et une bonne complexion, ignorât qu'il possède la (1062b) vertu, qui, suivant les stoïciens eux-mêmes, a la plus grande conformité avec la nature? Quoi de plus contraire au sens commun que de dire qu'on distingue très bien la santé de la maladie, et qu'on ne sent pas la différence de la sagesse et de la folie? qu'on peut croire l'une présente, après même qu'elle a disparu, et ignorer la présence de l'autre lorsqu'on la possède? Puisque le dernier degré de perfection fait l'état de bonheur et de vertu, il faut de deux choses l'une : ou que le progrès dans le bien ne soit pas le vice et le malheur, ou qu'il n'y ait pas une grande différence entre le vice et la vertu, entre la misère et la félicité, et que la différence des biens aux maux soit presque imperceptible ; (1062e) car autrement les hommes n'ignoreraient pas qu'ils passent de l'un de ces états à l'autre. Lors donc que les stoïciens ne veulent pas renoncer à leurs contradictions, et qu'ils soutiennent ouvertement ces maximes : que ceux qui ont déjà fait des progrès dans la vertu sont encore insensés et vicieux, que les hommes deviennent bons et sages sans s'apercevoir du changement qui s'opère en eux, qu'il n'y a presque point de différence entre la sagesse et la folie, ne vous paraissent-ils pas merveilleusement d'accord avec eux-mêmes dans leur doctrine ? Cela paraît encore mieux dans leur conduite, lorsqu'àprès avoir dit que tous les hommes qui ne sont pas parfaitement sages sont également injustes, infidèles, insensés et méchants, ils fuient cependant les uns, les abhorrent, (1062f) et leur refusent même le salut quand ils les rencontrent, tandis qu'ils confient à d'autres leur argent, qu'ils les élèvent aux charges publiques et leur donnent leurs filles en mariage. Si c'est pour plaisanter qu'ils parlent et agissent ainsi, qu'ils quittent donc leurs sourcils froncés ; s'ils parlent sérieusement et comme des philosophes,


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Dernière mise à jour : 14/11/2007