HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales, Des notions communes contre les Stoïciens

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[1060] (1060a) Εἰ δὲ βούλει, τὸ κατηγορεῖν ἐκείνων ἀφέντες, ὑπὲρ ὧν ἐγκαλοῦσιν ἡμῖν ἀπολογησώμεθα. (ΕΤΑΙΡΟΣ) Ἐγώ μοι δοκῶ τήμερον, Διαδούμενε, ποικίλος τις ἄνθρωπος γεγονέναι καὶ παντοδαπός· ἄρτι μὲν γὰρ ἀπολογίας δεόμενος προσῄειν ταπεινὸς καὶ τεθορυβημένος, νῦν δὲ μεταβάλλομαι πρὸς τὴν κατηγορίαν καὶ βούλομαι ἀπολαῦσαι τῆς ἀμύνης ἐλεγχομένους εἰς ταὐτὸν τοὺς ἄνδρας ἐπιδών, τὸ παρὰ τὰς ἐννοίας καὶ τὰς προλήψεις τὰς κοινὰς φιλοσοφεῖν, ἀφ´ ὧν μάλιστα τὴν αἵρεσιν ὥσπερ ἐπιβαθρῶν ἀναβαίνειν δοκοῦσι καὶ μόνην ὁμολογεῖν τῇ φύσει λέγουσιν. (ΔΙΑΔΟΥΜΕΝΟΣ) Ἆρ´ οὖν ἐπὶ τὰ κοινὰ πρῶτα καὶ περιβόητα (1060b) βαδιστέον, δὴ παράδοξα καὶ αὐτοὶ μετ´ εὐκολίας δεχόμενοι τὴν ἀτοπίαν ἐπονομάζουσι, τοὺς μόνους βασιλεῖς καὶ μόνους πλουσίους καὶ καλοὺς αὐτῶν καὶ πολίτας καὶ δικαστὰς μόνους; ταυτὶ μὲν εἰς τὴν τῶν ἑώλων καὶ ψυχρῶν ἀγορὰν βούλει παρῶμεν, ἐν δὲ τοῖς ὡς ἔνι μάλιστα πραγματικοῖς καὶ μετὰ σπουδῆς λεγομένοις ποιησώμεθα τοῦ λόγου τὸν ἐξετασμόν; (ΕΤΑΙΡΟΣ) Ἐμοὶ γοῦν ἥδιον οὕτως· τῶν γὰρ πρὸς ἐκεῖνα γενομένων ἐλέγχων τίς οὐκ ἤδη διάπλεώς ἐστιν; (ΔΙΑΔΟΥΜΕΝΟΣ) Ἤδη τοίνυν αὐτὸ τοῦτο σκόπει πρῶτον εἰ κατὰ τὰς κοινάς ἐστιν ἐννοίας, ὁμολογεῖν τῇ φύσει τοὺς τὰ κατὰ φύσιν ἀδιάφορα νομίζοντας, καὶ μήθ´ ὑγίειαν (1060c) μήτ´ εὐεξίαν μήτε κάλλος μήτ´ ἰσχὺν ἡγουμένους αἱρετὰ μηδ´ ὠφέλιμα μηδὲ λυσιτελῆ μηδὲ συμπληρωτικὰ τῆς κατὰ φύσιν τελειότητος· μήτε τἀναντία φευκτὰ καὶ βλαβερά, πηρώσεις ἀλγηδόνας αἴσχη νόσους· ὧν αὐτοὶ λέγουσι πρὸς μὲν ἀλλοτριοῦν πρὸς δ´ οἰκειοῦν ἡμᾶς τὴν φύσιν, εὖ μάλα καὶ τούτου παρὰ τὴν κοινὴν ἔννοιαν ὄντος, οἰκειοῦν πρὸς τὰ μὴ συμφέροντα μηδ´ ἀγαθὰ τὴν φύσιν καὶ ἀλλοτριοῦν πρὸς τὰ μὴ κακὰ μηδὲ βλάπτοντα, καὶ μεῖζόν ἐστιν, οἰκειοῦν ἐπὶ τοσοῦτο καὶ ἀλλοτριοῦν, ὥστε τῶν μὲν μὴ τυγχάνοντας τοῖς δὲ περιπίπτοντας (1060d) εὐλόγως ἐξάγειν τοῦ ζῆν ἑαυτοὺς καὶ τὸν βίον ἀπολέγεσθαι. Νομίζω δ´ ἐγὼ κἀκεῖνο παρὰ τὴν ἔννοιαν λέγεσθαι, τὸ τὴν μὲν φύσιν αὐτὴν ἀδιάφορον εἶναι τὸ δὲ τῇ φύσει ὁμολογεῖν ἀγαθὸν μέγιστον. Οὐδὲ γὰρ τὸ νόμῳ κατακολουθεῖν οὐδὲ τὸ λόγῳ πείθεσθαι σπουδαῖον καὶ ἀστεῖον, εἰ μὴ σπουδαῖος εἴη καὶ ἀστεῖος νόμος καὶ λόγος. Καὶ τοῦτο μὲν ἔλαττον· εἰ δέ, ὡς Χρύσιππος ἐν τῷ πρώτῳ περὶ τοῦ Προτρέπεσθαι γέγραφεν, ἐν τῷ κατ´ ἀρετὴν βιοῦν μόνον ἐστὶ τὸ εὐδαιμόνως, « τῶν ἄλλων » φησίν « οὐδὲν ὄντων πρὸς ἡμᾶς οὐδ´ εἰς τοῦτο συνεργούντων », οὐ μόνον οὔκ ἐστιν ἀδιάφορος φύσις, ἀλλ´ ἀνόητος καὶ (1060e) ἀπόπληκτος, οἰκειοῦς´ ἡμᾶς πρὸς τὰ μηδὲν πρὸς ἡμᾶς· ἀνόητοι δὲ καὶ ἡμεῖς εὐδαιμονίαν ἡγούμενοι τὸ τῇ φύσει ὁμολογεῖν ἀγούσῃ πρὸς τὰ μηδὲν συνεργοῦντα πρὸς εὐδαιμονίαν. Καίτοι τί μᾶλλόν ἐστι κατὰ τὴν κοινὴν ἔννοιαν καθάπερ τὰ αἱρετὰ πρὸς τὸ ὠφελίμως, οὕτω τὰ κατὰ φύσιν πρὸς τὸ ζῆν κατὰ φύσιν; Οἱ δ´ οὐχ οὕτως λέγουσιν, ἀλλὰ τὸ ζῆν κατὰ φύσιν τέλος εἶναι τιθέμενοι τὰ κατὰ φύσιν ἀδιάφορ´ εἶναι νομίζουσιν. Οὐχ ἧττον δὲ τούτου παρὰ τὴν κοινὴν ἔννοιάν ἐστι τὸ ἔννουν καὶ φρόνιμον ἄνδρα πρὸς τὰ ἴσα τῶν ἀγαθῶν μὴ ἐπίσης ἔχειν, ἀλλὰ τὰ μὲν ἐν μηδενὶ λόγῳ τίθεσθαι (1060f) τῶν δ´ ἕνεκα πᾶν ὁτιοῦν ἂν ὑπομεῖναι καὶ παθεῖν, μηδὲν ἀλλήλων μικρότητι καὶ μεγέθει διαφερόντων· ταὐτὸ δὲ λέγουσιν αὐτοὶ {του} τῷ - - - τὸ σωφρόνως δυσθανατῶσαν ἀποτρίψασθαι πρεσβῦτιν· ὁμοίως γὰρ ἀμφότεροι κατορθοῦσιν. [1060] (1060a) Mais si vous le voulez, au lieu d'accuser nos adversaires, justifions-nous de leurs inculpations. (LAMPRIAS) Je me trouve aujourd'hui, Diadumène, bien changeant et bien versatile. Je suis venu, il n'y a qu'un instant, dans l'humiliation et la défiance de moi-même, solliciter une apologie : je veux maintenant faire le rôle d'accusateur, et savourer le plaisir de la vengeance en voyant tous ces philosophes convaincus de raisonner contre les idées et les notions communes, tandis qu'ils exaltent ambitieusement leur philosophie, comme la seule conforme à la nature. (DIADUMÈNE) Eh bien! commencerons-nous par ces assertions (1060b) si célèbres qu'ils appellent eux-mêmes des paradoxes, en avouant par là assez ingénument toute leur absurdité : que les sages sont seuls rois, seuls riches et beaux, seuls citoyens et juges; ou voulez-vous que, renvoyant toutes ces rêveries dans la classe des choses vieilles et usées, nous nous attachions surtout aux points de leur doctrine qu'ils traitent plus sérieusement et qui portent sur des objets de pratique? (LAMPRIAS) Je l'aime beaucoup mieux, Diadumène; car qui n'est pas déjà plein des arguments par lesquels on réfute leurs paradoxes? (DIADUMÈNE) Eh bien! considérez en premier lieu si, d'après les idées du sens commun, on peut regarder comme conforme à la nature une doctrine qui enseigne que les avantages naturels sont indifférents, que la santé, (1060c) la bonne constitution, la beauté, la force, ne sont ni désirables, ni utiles, ni profitables, ni propres à opérer la perfection qui est selon la nature, et que les affections contraires, telles que la privation des membres, les douleurs, les difformités, les maladies, ne sont pas nuisibles, et qu'il ne faut pas chercher à s'en garantir. Cependant ils disent eux-mêmes qu'entre ces affections opposées, il en est dont la nature nous éloigne, et d'autres avec lesquelles elle nous concilie. Mais quoi de plus contraire au sens commun que de dire que la nature nous porte vers les objets qui ne nous sont ni bons ni utiles, et qu'elle nous éloigne de ceux qui ne sont ni mauvais ni nuisibles, et ce qui est plus fort encore, qu'elle produit ce double effet à un tel point, que la privation de ceux-ci et la chute dans les autres sont des motifs suffisants pour (1060d) détester la vie, et même pour l'abandonner? N'est-ce pas encore heurter le sens commun que de regarder la nature même comme indifférente, et la conformité avec la nature comme le plus grand des biens ? Peut-il être bon et honnête de suivre la loi et d'obéir à la raison, si la raison et la loi ne sont ni bonnes ni honnêtes? Mais ce n'est encore là qu'une bagatelle ; car si, comme Chrysippe l'a dit dans son premier livre de l'Exhortation, la vie heureuse est le partage de la vertu seule, si tout le reste ne nous intéresse point et ne contribue en rien à notre bonheur, la nature n'est pas seulement indifférente pour nous, mais elle est extravagante et insensée (1060e) de nous incliner vers des objets qui sont pour nous sans intérêt, et c'est à nous-mêmes une folie de placer le bonheur dans notre conformité avec la nature, tandis qu'elle nous porte à ce qui ne peut faire notre félicité. Quoi de plus conforme au bon sens que de croire que, comme les choses désirables par elles-mêmes contribuent à notre utilité, de même les choses naturelles nous font vivre selon la nature? Mais ce n'est pas là ce que disent les stoïciens ; au contraire, en admettant que vivre selon la nature est la dernière fin de l'homme, ils prétendent que les choses naturelles sont indifférentes. Il ne répugne pas moins au sens commun de soutenir que l'homme sage et prudent, loin d'être également affecté par des biens de même nature, doit ne faire aucun cas des uns (1060f) et tout endurer pour les autres, quoique ceux-ci ne soient ni plus ni moins grands que les premiers. Ils disent encore qu'il n'y a pas plus de mérite à mourir pour sa patrie qu'à s'abstenir d'une femme décrépite, parce que, dans l'un et l'autre cas, on ne fait que son devoir.


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Dernière mise à jour : 14/11/2007