[1059] ἐμὲ δὲ πολλῆς, ὥς γ´ ἐμαυτῷ φαίνομαι, (1059a) καὶ ἀτόπου μεστὸν ἥκοντα
ταραχῆς εἴτε τισὶ λόγοις εἴτ´ ἐπῳδαῖς εἴτ´ ἄλλον ἐπίστασαι τρόπον παρηγορίας
οὐκ ἂν φθάνοις ἰατρεύων·
οὕτω σοι διασέσεισμαι καὶ γέγονα μετέωρος ὑπὸ Στωικῶν ἀνδρῶν τὰ μὲν ἄλλα
βελτίστων καὶ νὴ Δία συνήθων καὶ φίλων, πικρῶς δ´ ἄγαν ἐγκειμένων τῇ
Ἀκαδημείᾳ καὶ ἀπεχθῶς. Οἵ γε πρὸς μικρὰ καὶ μετ´ αἰδοῦς τὰ παρ´ ἐμοῦ
λεχθέντα σεμνῶς, οὐ γὰρ ψεύσομαι, καὶ πράως ἠντίασαν, τοὺς δὲ πρεσβυτέρους
μετ´ ὀργῆς σοφιστὰς καὶ λυμεῶνας τῶν ἐν φιλοσοφίᾳ καὶ δογμάτων ὁδῷ
βαδιζόντων ἀνατροπέας καὶ πολλὰ τούτων ἀτοπώτερα λέγοντες καὶ (1059b)
νομίζοντες τέλος ἐπὶ τὰς ἐννοίας ἐρρύησαν, ὡς δή τινα σύγχυσιν καὶ
ἀναδασμὸν αὐταῖς ἐπάγοντας τοὺς ἐκ τῆς Ἀκαδημείας. Εἶτά τις εἶπεν αὐτῶν ὡς
οὐκ ἀπὸ τύχης ἀλλ´ ἐκ προνοίας θεῶν νομίζοι μετ´ Ἀρκεσίλαον καὶ πρὸ
Καρνεάδου γεγονέναι Χρύσιππον, ὧν ὁ μὲν ὑπῆρξε τῆς εἰς τὴν συνήθειαν
ὕβρεως καὶ παρανομίας ὁ δ´ ἤνθησε μάλιστα τῶν Ἀκαδημαϊκῶν. Χρύσιππος γοῦν
ἐν μέσῳ γενόμενος ταῖς πρὸς Ἀρκεσίλαον ἀντιγραφαῖς καὶ τὴν Καρνεάδου
δεινότητα ἐνέφραξε, πολλὰ μὲν τῇ αἰσθήσει καταλιπὼν ὥσπερ εἰς πολιορκίαν
βοηθήματα, τὸν δὲ περὶ τὰς προλήψεις καὶ (1059c) τὰς ἐννοίας τάραχον
ἀφελὼν παντάπασι {καὶ} διαρθρώσας ἑκάστην καὶ θέμενος εἰς τὸ οἰκεῖον· ὥστε
καὶ τοὺς αὖθις ἐκκρούειν τὰ πράγματα καὶ παραβιάζεσθαι βουλομένους μηδὲν
περαίνειν ἀλλ´ ἐλέγχεσθαι κακουργοῦντας καὶ σοφιζομένους. Ὑπὸ τοιούτων ἐγὼ
λόγων διακεκαυμένος ἕωθεν σβεστηρίων δέομαι, καθάπερ τινὰ φλεγμονὴν
ἀφαιρούντων τὴν ἀπορίαν τῆς ψυχῆς.
(ΔΙΑΔΟΥΜΕΝΟΣ)
Ὅμοια πολλοῖς ἴσως πέπονθας. Εἰ δ´ οἱ ποιηταί σε πείθουσι, λέγοντες ὡς ἐκ
θεῶν προνοίας ἀνατροπὴν ἔσχεν ἡ παλαιὰ Σίπυλος τὸν Τάνταλον κολαζόντων,
πείθου τοῖς ἀπὸ τῆς Στοᾶς ἑταίροις, ὅτι καὶ (1059d) Χρύσιππον οὐκ ἀπὸ
τύχης ἀλλ´ ἐκ προνοίας ἡ φύσις ἤνεγκεν, ἄνω τὰ κάτω καὶ τοὔμπαλιν
ἀνατρέψαι δεομένη τὸν βίον· ὡς οὐ γέγονε πρὸς τοῦτο τῶν ὄντων οὐδεὶς
εὐφυέστερος, ἀλλ´ ὥσπερ ὁ Κάτων ἔλεγε περὶ Καίσαρος πλὴν ἐκείνου μηδένα
νήφοντα μηδὲ φρονοῦντ´ ἐπὶ συγχύσει τῆς πολιτείας τοῖς δημοσίοις
προσελθεῖν πράγμασιν, οὕτως ἐμοὶ δοκεῖ μετὰ πλείστης ἐπιμελείας καὶ
δεινότητος οὗτος ὁ ἀνὴρ ἀνατρέπειν καὶ καταβάλλειν τὴν συνήθειαν, ὡς
ἐνιαχοῦ καὶ αὐτοὶ μαρτυροῦσιν οἱ τὸν ἄνδρα σεμνύνοντες, ὅταν αὐτῷ περὶ τοῦ
ψευδομένου μάχωνται. Τὸ γάρ, ὦ ἄριστε, συμπεπλεγμένον τι δι´ ἀντικειμένων
μὴ φάναι (1059e) ψεῦδος εὐπόρως εἶναι, λόγους δὲ πάλιν αὖ φάναι τινὰς
ἀληθῆ τὰ λήμματα καὶ τὰς ἀγωγὰς ὑγιεῖς ἔχοντας εἶτα καὶ τὰ ἀντικείμενα τῶν
συμπερασμάτων ἔχειν ἀληθῆ, ποίαν ἔννοιαν ἀποδείξεως ἢ τίνα πίστεως οὐκ
ἀνατρέπει πρόληψιν; Τὸν μέν γε πολύποδά φασι τὰς πλεκτάνας αὑτοῦ
περιβιβρώσκειν ὥρᾳ χειμῶνος, ἡ δὲ Χρυσίππου διαλεκτικὴ τὰ κυριώτατα μέρη
καὶ τὰς ἀρχὰς αὑτῆς ἀναιροῦσα καὶ περικόπτουσα τίνα τῶν ἄλλων ἐννοιῶν
ἀπολέλοιπεν ἀνύποπτον; Οὐ γὰρ οἷόν τε δήπου {καὶ} τὰ ἐποικοδομούμενα {μὴ}
βέβαια κεῖσθαι καὶ πάγια, τῶν πρώτων μὴ μενόντων ἀπορίας δὲ καὶ ταραχὰς
ἐχόντων τηλικαύτας. (1059f) Ἀλλ´ ὥσπερ οἱ πηλὸν ἢ κονιορτὸν ἐπὶ τοῦ
σώματος ἔχοντες τὸν ἁπτόμενον αὐτῶν καὶ προσαναχρωννύμενον οὐ κινεῖν ἀλλὰ
προσβάλλειν τὸ τραχῦνον δοκοῦσιν, οὕτως ἐκεῖνοι τοὺς Ἀκαδημαϊκοὺς
αἰτιῶνται καὶ νομίζουσι τὰς αἰτίας παρέχειν ὧν ἀναπεπλησμένους
ἀποδεικνύουσιν αὐτούς· ἐπεὶ τάς γε κοινὰς ἐννοίας τίνες μᾶλλον διαστρέφουσιν;
| [1059] Pour moi, (1059a) qui éprouve un trouble singulier, je viens auprès de
vous en chercher le remède,
soit dans vos raisonnements, soit dans des charmes magiques, soit
enfin dans quelque autre moyen que vous pourrez trouver, tant sont vives
l'agitation et la perplexité dans lesquelles m'ont jeté quelques
stoïciens, philosophes très estimables, et, qui plus est, mes amis, mais
qui déclament avec trop d'emportement et d'amertume contre l'Académie. Ils
ont répondu avec aigreur à quelques observations modestes, je puis même
dire respectueuses, que j'ai pris la liberté de leur faire. Emportés par
la colère, ils ont traité les anciens philosophes de sophistes, de
corrupteurs, de fléaux des plus saines maximes de la philosophie. Après
bien d'autres propos encore plus étranges, (1059b) ils sont tombés enfin
sur les notions communes, et ils ont accusé les académiciens de les
confondre et de les détruire. Un d'entre eux a ajouté qu'il regardait non
comme l'effet du hasard, mais comme une disposition particulière de la
Providence, que Chrysippe ne fût venu au monde qu'après Arcésilas et avant
Carnéade, dont l'un a, le premier, outrageusement attaqué les idées
reçues, et l'autre a joui, dans l'Académie, de la plus grande
réputation. Chrysippe, placé entre ces deux philosophes, a, par ses écrits
contre Arcésilas, foudroyé d'avance l'éloquence de Carnéade, et il a
laissé à nos sens des armes puissantes pour repousser l'attaque qu'on leur
livrait. Il a fait cesser (1059c) la confusion qu'on avait jetée dans nos
prénotions et nos conceptions communes; il les a dirigées et mises chacune
dans leur place naturelle, de manière que ceux qui, depuis, ont voulu
renouveler ce désordre et faire violence à la nature des choses, ont
manqué leur but et n'ont fait qu'attester leur mauvaise foi et leur goût
pour les sophismes. Échauffé dès le matin par tous les propos que j'ai
entendus, j'ai besoin de calmants pour faire cesser des doutes cruels qui,
tels que des humeurs violentes, fermentent dans mon esprit.
(DIADUMÈNE)
Vous n'éprouvez en cela qu'une affection très ordinaire, mon cher
Lamprias; mais si vous ajoutez foi au récit des poètes qui disent que
l'ancienne Sipyle ne fut détruite par la Providence divine qu'en
punition du crime de Tantale, croyez-en aussi nos amis du Portique,
lorsqu'ils (1059d) assurent que ce n'est pas la Fortune, mais cette même
Providence qui a fait naître Chrysippe, quand elle a voulu tout confondre
et bouleverser dans la vie humaine ; car personne ne fut plus propre que
lui à remplir de pareilles vues. Caton disait que personne, avant César,
n'avait mis de la sobriété et de la prudence dans le projet de détruire la
république. On peut dire aussi, ce me semble,
que Chrysippe a mis le plus grand soin et la plus grande adresse à
renverser, à abolir les idées reçues, autant du moins qu'il était en lui.
Et c'est ce qu'attestent ceux même qui l'ont en plus grande estime,
lorsqu'ils disputent avec lui sur l'espèce de sophisme qu'on nomme le
menteur. En effet, mon ami, soutenir qu'une conclusion tirée de
prémisses contraires n'est pas évidemment (1059e) fausse, et, d'un autre
côté, prétendre que des syllogismes dont les prémisses et les inductions
sont vraies peuvent cependant avoir les contraires de leurs conclusions
vraies, n'est-ce pas détruire tout principe de démonstration et toutes les
bases sur lesquelles la certitude est fondée ? Le polype, dit-on, mange
ses bras pendant l'hiver; mais la dialectique de Chrysippe, qui s'enlève
et se coupe pour ainsi dire à elle-même ses principes et ses moyens,
quelle idée laisse-t-elle à l'abri du soupçon de fausseté ? Car il est
impossible de rien élever de solide quand on l'assied sur des fondements
fragiles ou sur des appuis douteux et incertains. (1059f) Quand on est
couvert de boue ou de poussière et qu'on se frotte auprès de quelqu'un, au
lieu d'ôter l'ordure, on ne fait que l'étendre davantage. De même il est
des gens qui, blâmant les académiciens, se trouvent eux-mêmes chargés des
reproches qu'ils leur font. Qui d'eux, en effet, ou des stoïciens,
renversent les notions communes ?
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