HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales, Des notions communes contre les Stoïciens

Page 1084

  Page 1084

[1084] Ἐνταῦθα μὲν οὖν ἴσως αὐτοῖς συγγνωστὰ πλάττουσιν (1084a) ἑτέρας φύσεις ὑποκειμένων· ἄλλη γὰρ οὐδεμία φαίνεται μηχανὴ φιλοτιμουμένοις σῶσαι καὶ διαφυλάξαι τὰς αὐξήσεις· ἐν δὲ τῇ ψυχῇ τί παθόντες τίνας πάλιν ἄλλας ὑποθέσεις κοσμοῦντες ἐνδημιουργοῦσι σωμάτων διαφορὰς καὶ ἰδέας ὀλίγου δέω εἰπεῖν ἀπείρους τὸ πλῆθος, οὐκ ἂν ἔχοι τις εἰπεῖν· ἀλλ´ ὅτι τὰς κοινὰς καὶ συνήθεις ἐξοικίζοντες ἐννοίας, μᾶλλον δ´ ὅλως ἀναιροῦντες καὶ διαφθείροντες ἑτέρας ἐπεισάγουσιν ἀλλοκότους καὶ ξένας. Ἄτοπον γὰρ εὖ μάλα τὰς ἀρετὰς καὶ τὰς κακίας, πρὸς δὲ ταύταις τὰς τέχνας καὶ τὰς μνήμας πάσας, ἔτι δὲ φαντασίας (1084b) καὶ πάθη καὶ ὁρμὰς καὶ συγκαταθέσεις σώματα ποιουμένους ἐν μηδενὶ φάναι κεῖσθαι μηδ´ ὑπάρχειν τόπον τούτοις, ἕνα δὲ τὸν ἐν τῇ καρδίᾳ πόρον στιγμιαῖον ἀπολιπεῖν, ὅπου τὸ ἡγεμονικὸν συστέλλουσι τῆς ψυχῆς, ὑπὸ τοσούτων σωμάτων κατεχόμενον, ὅσων τοὺς πάνυ δοκοῦντας ἀφορίζειν καὶ ἀποκρίνειν ἕτερον ἑτέρου πολὺ πλῆθος διαπέφευγε. Τὸ δὲ μὴ μόνον σώματα ταῦτα ποιεῖν, ἀλλὰ καὶ ζῷα λογικὰ καὶ ζῴων τοσούτων σμῆνος οὐ φίλιον οὐδ´ ἥμερον, ἀλλ´ὄχλον ἀντιστάτην κακίαις καὶ πολέμιον νοῦν ἔχοντας, ἀποφαίνειν ἕκαστον ἡμῶν παράδεισον μάνδραν δούριον ἵππον τί ἄν τις πλάττουσιν οὗτοι διανοηθείη καὶ προσαγορεύσειεν; — Ὑπερβολή τίς ἐστιν ὀλιγωρίας καὶ παρανομίας εἰς τὴν ἐνάργειαν καὶ τὴν συνήθειαν. Οἱ δ´ οὐ μόνον τὰς ἀρετὰς καὶ τὰς κακίας (1084c) ζῷα εἶναι λέγουσιν οὐδὲ τὰ πάθη μόνον, ὀργὰς καὶ φθόνους καὶ λύπας καὶ ἐπιχαιρεκακίας, οὐδὲ καταλήψεις καὶ φαντασίας καὶ ἀγνοίας, οὐδὲ τὰς τέχνας ζῷα, τὴν σκυτοτομικὴν τὴν χαλκοτυπικήν, ἀλλὰ πρὸς τούτοις ἔτι καὶ τὰς ἐνεργείας σώματα καὶ ζῷα ποιοῦσι, τὸν περίπατον ζῷον, τὴν ὄρχησιν τὴν ὑπόδεσιν τὴν προσαγόρευσιν τὴν λοιδορίαν· ἕπεται δὲ τούτοις καὶ γέλωτα ζῷον εἶναι καὶ κλαυθμόν· εἰ δὲ ταῦτα, καὶ βῆχα καὶ πταρμὸν καὶ στεναγμὸν πτύσιν τε πάντως καὶ ἀπόμυξιν καὶ τὰ λοιπά· ἔνδηλα γάρ ἐστι. Καὶ μὴ δυσχεραινέτωσαν ἐπὶ ταῦτ´ ἀγόμενοι τῷ κατὰ μικρὸν λόγῳ, Χρυσίππου μνημονεύοντες ἐν τῷ πρώτῳ τῶν Φυσικῶν Ζητημάτων οὕτω προσάγοντος· (1084d) « Οὐχ μὲν νὺξ σῶμ´ ἐστίν, δ´ ἑσπέρα καὶ ὄρθρος καὶ τὸ μέσον τῆς νυκτὸς σώματ´ οὔκ ἐστιν· οὐδ´ μὲν ἡμέρα σῶμ´ ἐστὶν οὐχὶ δὲ καὶ νουμηνία σῶμα καὶ δεκάτη καὶ πεντεκαιδεκάτη καὶ τριακὰς καὶ μὴν σῶμ´ ἐστὶ καὶ τὸ θέρος καὶ τὸ φθινόπωρον καὶ ἐνιαυτός. » Ἀλλὰ ταῦτα μὲν παρὰ τὰς κοινὰς βιάζονται προλήψεις· ἐκεῖνα δ´ ἤδη καὶ παρὰ τὰς ἰδίας, τὸ θερμότατον περιψύξει καὶ πυκνώσει τὸ λεπτομερέστατον γεννῶντες. γὰρ ψυχὴ θερμότατόν ἐστι δήπου καὶ λεπτομερέστατον· ποιοῦσι δ´ αὐτὴν τῇ περιψύξει καὶ πυκνώσει τοῦ (1084e) σπέρματος οἷον στομώσει τὸ πνεῦμα μεταβάλλοντος, ἐκ φυτικοῦ ψυχικὸν γενόμενον. Γεγονέναι δὲ καὶ τὸν ἥλιον ἔμψυχον λέγουσι, τοῦ ὑγροῦ μεταβάλλοντος εἰς πῦρ νοερόν. Ὥρα καὶ τὸν ἥλιον διανοεῖσθαι περιψύξει γεννώμενον. μὲν οὖν Ξενοφάνης διηγουμένου τινὸς ἐγχέλεις ἑωρακέναι ἐν ὕδατι θερμῷ ζώσας « Οὐκοῦν » εἶπεν « ἐν ψυχρῷ αὐτὰς ἑψήσομεν ». Τούτοις δ´ ἕποιτ´ ἄν, εἰ περιψύξει τὰ θερμότατα γεννῶσι καὶ πυκνώσει τὰ κουφότατα, θερμότητι πάλιν αὖ τὰ ψυχρὰ καὶ διαχύσει τὰ πυκνὰ καὶ διακρίσει τὰ βαρέα γεννᾶν, ἀλογίας τινὸς φυλάττουσιν ἀναλογίαν καὶ ... (1084f) Ἐννοίας δ´ οὐσίαν αὐτῆς καὶ γένεσιν οὐ παρὰ τὰς ἐννοίας ὑποτίθενται; Φαντασία γάρ τις ἔννοιά ἐστι, φαντασία δὲ τύπωσις ἐν ψυχῇ· ψυχῆς δὲ φύσις ἀναθυμίασις, ἣν τυπωθῆναι μὲν ἐργῶδες διὰ μανότητα, δεξαμένην δὲ τηρῆσαι τύπωσιν ἀδύνατον. [1084] Au reste, on doit peut-être leur pardonner (1084a) cette diversité de natures qu'ils imaginent dans tous les sujets, parce qu'ils ne trouvent pas d'autre moyen de conserver et de défendre ces accroissements qu'ils ont tant à cœur de maintenir. Mais quel est leur motif, ou quelles autres suppositions veulent-ils faire valoir lorsqu'ils admettent dans l'âme des différences en quelque sorte corporelles, et des idées presque innombrables ? C'est ce qu'il n'est pas facile de dire, à moins qu'ils ne le fassent à dessein pour changer, ou plutôt pour détruire absolument toutes les idées communes, et y en substituer d'autres aussi étranges que nouvelles. N'est-il pas de la dernière absurdité de dire que les vertus, les vices, et, qui plus est, les arts, tout ce qui est du ressort de la mémoire, les imaginations, (1084b) les passions, les désirs et les consentements, sont des corps qui ne subsistent dans aucun sujet, et de leur laisser seulement dans le cœur un passage de la largeur d'un point, dans lequel ils placent la partie principale de l'âme, qui y est environnée d'un si grand nombre de corps, que la plupart échappent à la pénétration de ceux qui savent le mieux distinguer un objet d'un autre. Ils en font non seulement des corps, mais des animaux raisonnables, et en nombre prodigieux, lesquels ne sont ni doux ni apprivoisés, et que leur méchanceté naturelle soulève contre l'évidence et la coutume. (1084c) Ils font encore des êtres animés, des vertus et des vices, des passions telles que la colère, l'envie, la douleur, la joie du mal d'autrui ; des compréhensions, des imaginations et des erreurs; des arts, tels que ceux du cordonnier et du forgeron. Ils étendent enfin cette idée de corps et d'animalité à nos actions, telles que de se promener, de danser, de raisonner, d'adresser la parole à quelqu'un, de dire des injures; par conséquent le rire, le pleurer seront aussi des animaux, et ceux-là une fois admis, pourquoi ne pas mettre dans la même classe la toux, l'éternuement, le gémissement, le cracher, le moucher, et cent autres actions de ce genre trop connues pour les détailler? Et s'ils trouvent mauvais qu'on les amène ainsi de conséquence en conséquence à de pareilles absurdités, qu'ils se souviennent de ce que dit Chrysippe dans le premier livre de ses Questions naturelles. Voici ses propres termes : (1084d) « La nuit n'est-elle pas un corps ? Le soir, le matin, le milieu de la nuit, le jour, ne sont-ils pas des corps? Pourquoi donc le premier jour du mois, le dixième, le quinzième, le trentième et le mois entier, ne le seraient-ils pas aussi bien que l'été, l'automne et l'année entière? » Dans tout ce que j'ai dit jusqu'à présent ils font violence aux notions communes ; mais dans ce que je vais ajouter ils détruisent leurs propres principes; ils font produire la substance qui a le plus de chaleur par la réfrigération, et celle qui est la plus subtile, par la condensation. Rien n'est plus chaud et plus subtil que l'âme ; et ils prétendent qu'elle est produite par la réfrigération et la condensation (1084e) du corps, dont les esprits vitaux reçoivent une espèce de trempe qui, de végétatifs, les rend animés. Ils disent aussi que le soleil a été animé parce que son humidité s'est changée en un feu doué d'intelligence. Il est assez singulier que le soleil ait été formé par les vapeurs humides et froides qui l'environnaient. Quelqu'un ayant rapporte à Xénophane qu'il avait vu des anguilles vivantes dans une eau très chaude : Nous les feront donc cuire dans de l'eau froide, lui dit-il. Puis donc que les stoïciens font venir la chaleur de la réfrigération et la légèreté de la condensation, ils doivent, par une conséquence naturelle, donner le froid pour principe de la chaleur, faire produire la condensation des corps par la diffusion, et leur gravité par la raréfaction : ce sera du moins mettre de la suite dans leurs absurdités. (1084f) Mais la nature du sens commun n'est-elle pas déterminée par ces philosophes contre le sens commun même ? Car la conception est une sorte d'imagination, et l'imagination est une forme imprimée dans l'âme ; la nature de l'âme n'est qu'une sorte de vapeur sur laquelle il est difficile de former une impression, à cause de sa substance rare, et après même l'avoir reçue, elle ne pourrait pas la conserver.


Recherches | Texte | Lecture | Liste du vocabulaire | Index inverse | Menu | Site de Philippe Remacle |

 
UCL | FLTR | Hodoi Elektronikai | Itinera Electronica | Bibliotheca Classica Selecta (BCS) |
Ingénierie Technologies de l'Information : B. Maroutaeff - C. Ruell - J. Schumacher

Dernière mise à jour : 14/11/2007