HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales, Des notions communes contre les Stoïciens

Page 1083

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[1083] (1083a) Τὴν γὰρ κατὰ τὸ πρότερον διὰ τῶν εἰς ἄπειρον μεριστῶν κίνησιν οὐκ ἄν τις νοήσειε τὸ πᾶν διανύουσαν, ἀλλ´ ἀεί τι μεριστὸν ὑπολείπουσα ποιήσει πᾶσαν μὲν ἔκχυσιν πᾶσαν δ´ ὀλίσθησιν καὶ ῥύσιν ὑγροῦ καὶ φορὰν στερεοῦ καὶ βάρους μεθειμένου πτῶσιν ἀσυντέλεστον. Παρίημι δὲ πολλὰς ἀτοπίας αὐτῶν τῶν παρὰ τὴν ἔννοιαν ἐφαπτόμενος. τοίνυν περὶ αὐξήσεως λόγος ἐστὶ μὲν ἀρχαῖος· ἠρώτηται γάρ, ὥς φησι Χρύσιππος, ὑπ´ Ἐπιχάρμου· τῶν δ´ ἐν Ἀκαδημείᾳ οἰομένων μὴ πάνυ ῥᾴδιον μηδ´ αὐτόθεν ἕτοιμον εἶναι τὴν ἀπορίαν, πολλὰ κατῃτιᾶσθαι - - - κατεβόησαν ὡς τὰς προλήψεις ἀναιρούντων (1083b) καὶ παρὰ τὰς ἐννοίας - - - φυλάττουσιν, ἀλλὰ καὶ τὴν αἴσθησιν προσδιαστρέφουσιν. μὲν γὰρ λόγος ἁπλοῦς ἐστι καὶ τὰ λήμματα συγχωροῦσιν οὗτοι· τὰς ἐν μέρει πάσας οὐσίας ῥεῖν καὶ φέρεσθαι, τὰ μὲν ἐξ αὑτῶν μεθιείσας τὰ δέ ποθεν ἐπιόντα προσδεχομένας· οἷς δὲ πρόσεισι καὶ ἄπεισιν ἀριθμοῖς πλήθεσι, ταὐτὰ μὴ διαμένειν ἀλλ´ ἕτερα γίνεσθαι, ταῖς εἰρημέναις προσόδοις καὶ ἀφόδοις ἐξαλλαγὴν τῆς οὐσίας λαμβανούσης· αὐξήσεις δὲ καὶ φθίσεις οὐ κατὰ δίκην ὑπὸ συνηθείας ἐκνενικῆσθαι τὰς μεταβολὰς ταύτας λέγεσθαι, γενέσεις {δὲ} καὶ φθορὰς μᾶλλον αὐτὰς ὀνομάζεσθαι προσῆκον, ὅτι τοῦ καθεστῶτος εἰς ἕτερον ἐκβιβάζουσι· (1083c) τὸ δ´ αὔξεσθαι καὶ τὸ μειοῦσθαι πάθη σώματός ἐστιν ὑποκειμένου καὶ διαμένοντος. Οὕτω δέ πως τούτων λεγομένων καὶ τιθεμένων, τί ἀξιοῦσιν οἱ πρόδικοι τῆς ἐναργείας οὗτοι καὶ κανόνες τῶν ἐννοιῶν; Ἕκαστον ἡμῶν δίδυμον εἶναι καὶ διφυῆ καὶ διττόνοὐχ ὥσπερ οἱ ποιηταὶ τοὺς Μολιονίδας οἴονται, τοῖς μὲν ἡνωμένους μέρεσι τοῖς δ´ ἀποκρινομένους, ἀλλὰ δύο σώματα ταὐτὸν ἔχοντα χρῶμα, ταὐτὸν δὲ σχῆμα, ταὐτὸν δὲ βάρος καὶ τόπον ... ὑπὸ μηδενὸς ἀνθρώπων ὁρώμενα πρότερον· ἀλλ´ οὗτοι μόνοι εἶδον τὴν σύνθεσιν ταύτην καὶ διπλόην (1083d) καὶ ἀμφιβολίαν, ὡς δύο ἡμῶν ἕκαστός ἐστιν ὑποκείμενα, τὸ μὲν οὐσία τὸ δὲ ποιότης· καὶ τὸ μὲν ἀεὶ ῥεῖ καὶ φέρεται, μήτ´ αὐξόμενον μήτε μειούμενον, μήθ´ ὅλως οἷόν ἐστι διαμένον, τὸ δὲ διαμένει καὶ αὐξάνεται καὶ μειοῦται, καὶ πάντα πάσχει τἀναντία θατέρῳ, συμπεφυκὸς καὶ συνηρμοσμένον καὶ συγκεχυμένον καὶ τῆς διαφορᾶς τῇ αἰσθήσει μηδαμοῦ παρέχον ἅψασθαι. Καίτοι λέγεται μὲν Λυγκεὺς ἐκεῖνος διὰ πέτρας καὶ διὰ δρυὸς ὁρᾶν· ἑώρα δέ τις ἀπὸ σκοπῆς ἐν Σικελίᾳ καθεζόμενος τὰς Καρχηδονίων ἐκ τοῦ λιμένος ναῦς ἐκπλεούσας, ἡμέρας καὶ νυκτὸς ἀπεχούσας δρόμον· οἱ δὲ περὶ Καλλικράτη καὶ Μυρμηκίδην (1083e) λέγονται δημιουργεῖν ἅρματα μυίας πτεροῖς καλυπτόμενα καὶ διατορεύειν ἐν σησάμῳ γράμμασιν ἔπη τῶν Ὁμήρου· ταύτην δὲ τὴν ἐν ἡμῖν ἑτερότητα καὶ διαφορὰν οὐδεὶς διεῖλεν οὐδὲ διέστησεν, οὐδ´ ἡμεῖς ᾐσθόμεθα διττοὶ γεγονότες καὶ τῷ μὲν ἀεὶ ῥέοντες μέρει τῷ δ´ ἀπὸ γενέσεως ἄχρι τελευτῆς οἱ αὐτοὶ διαμένοντες. Ἁπλούστερον δὲ ποιοῦμαι τὸν λόγον· ἐπεὶ τέσσαρά γε ποιοῦσιν ὑποκείμενα περὶ ἕκαστον, μᾶλλον δὲ τέσσαρ´ ἕκαστον ἡμῶν· ἀρκεῖ δὲ καὶ τὰ δύο πρὸς τὴν ἀτοπίαν, εἴ γε τοῦ μὲν Πενθέως ἀκούοντες ἐν τῇ τραγῳδίᾳ λέγοντος ὡς « Δύο μὲν ἡλίους ὁρᾷ, διττὰς δὲ Θήβας », (1083f) οὐχ ὁρᾶν αὐτὸν ἀλλὰ παρορᾶν λέγομεν, ἐκτρεπόμενον καὶ παρακινοῦντα τοῖς λογισμοῖς· τούτους δ´ οὐ μίαν πόλιν, ἀλλὰ πάντας ἀνθρώπους καὶ ζῷα καὶ δένδρα πάντα καὶ σκεύη καὶ ὄργανα καὶ ἱμάτια διττὰ καὶ διφυῆ τιθεμένους οὐ χαίρειν ἐῶμεν, ὡς παρανοεῖν ἡμᾶς μᾶλλον νοεῖν ἀναγκάζοντας; [1083] (1083a) car peut-on concevoir qu'un mouvement de priorité qui est divisible en portions infinies puisse jamais être terminé ? il restera toujours quelque portion à diviser, en sorte que l'effusion entière des liquides, toute la progression des solides et la chute des corps graves ne s'achèveront jamais. Je passe sous silence un grand nombre de leurs absurdités, parce que je veux me borner à celles qui heurtent le sens commun. La dispute sur l'accroissement des substances est très ancienne ; Chrysippe dit qu'elle a été traitée par Epicharme. Les académiciens regardent cette question comme embarrassante et difficile à résoudre. Sur cela les stoïciens crient contre eux avec emportement, et les accusent (1083b) de renverser les idées communes, tandis qu'eux-mêmes, bien loin de les respecter, détruisent même le bon sens ; car c'est une chose toute simple, et dont les stoïciens eux-mêmes admettent les principes, que les substances particulières ont toutes des émanations, qu'elles les répandent et les reçoivent mutuellement ; que celles qui les reçoivent en grand nombre ne restent pas les mêmes, et que cette accession d'émanations étrangères change et accroît leur substance ; que c'est contre la vérité, et par l'empire seul de l'habitude, qu'on a appelé ces changements accessions et diminutions, et qu'il était plus naturel de les nommer générations et corruptions, parce qu'elles forcent les substances de passer d'un état à un autre, (1083c) au lieu que l'accroissement et la diminution sont les affections d'un corps qui subsiste dans un état permanent. Après avoir établi de pareils principes, que veulent encore ces défenseurs de l'évidence, ces règles vivantes des notions communes? Ils disent que chacun de nous est double et a (1083d) deux natures, non comme ces Molionides qui, suivant les poètes, étaient joints par certaines parties de leurs corps et séparés par d'autres; mais ce que personne n'avait vu avant les stoïciens, c'est que nous avons deux corps qui ont l'un et l'autre même couleur, même figure, même poids et même espace. Ces philosophes seuls ont vu cette composition, cette duplicité, et, pour ainsi dire, cette ambiguïté qui font que chacun de nous est un double sujet dont l'un est substance et l'autre intelligence ; l'un est dans une émanation et un mouvement continuels, sans croître ni diminuer, et ne reste jamais entièrement semblable à lui-même ; l'autre est toujours le même, il croît et décroît, il a des affections toutes contraires à celles du premier, quoiqu'il soit incorporé, uni et presque confondu avec lui, et qu'il n'y ait entre eux aucune différence que les sens puissent apercevoir. On rapporte que Lyncée avait la vue si perçante, qu'il voyait à travers les pierres et les arbres, et qu'un homme placé en Sicile, sur une hauteur, distinguait à une journée et une nuit de navigation les vaisseaux qui sortaient du port de Carthage. Callicrate et Myrmécide (1083e) faisaient, dit-on, des chars si petits, qu'une aile de mouche les couvrait en entier, et ils gravaient sur un grain de millet des vers d'Homère. Mais personne n'a vu en nous cette diversité de substance, et nous-mêmes nous n'avons jamais senti que nous fussions doubles; que, par une partie de nous-mêmes, nous eussions des émanations continuelles, et que par l'autre partie, depuis la naissance jusqu'à la mort, nous restassions toujours dans le même état. J'ai rapporté leur opinion plus simplement qu'ils ne l'exposent eux-mêmes; car ils supposent qu'il y a en chacun de nous quatre sujets, ou plutôt que chacun de nous est quatre. Mais il suffit de deux pour montrer toute leur absurdité. Quand nous entendons dire à Penthée, dans une tragédie, qu'il voit deux soleils et deux villes de Thèbes, (1083f) nous ne croyons pas qu'il les voie réellement, nous pensons que le trouble de son esprit égare sa vue. Lors donc que les stoïciens nous disent, non pas qu'une seule ville, mais que tous les hommes, tous les animaux, tous les arbres, tous les instruments, les vêtements et les meubles sont doubles et composés de deux natures, devons-nous écouter des philosophes qui veulent, non éclairer notre esprit, mais le pervertir?


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Dernière mise à jour : 14/11/2007