| [1082] (1082a) Ὥστε συμβαίνει τὸ ὑπάρχον αὐτῷ τοῦ χρόνου διαιρεῖν 
εἰς τὰ μὴ ὑπάρχοντα τοῦ ὑπάρχοντος, μᾶλλον δ´ ὅλως τοῦ χρόνου μηδὲν 
ἀπολείπειν ὑπάρχον, εἰ τὸ ἐνεστηκὸς οὐδὲν ἔχει μέρος, ὃ μὴ μέλλον ἐστὶν 
ἢ παρῳχημένον.
Ἡ μὲν οὖν τοῦ χρόνου νόησις αὐτοῖς οἷον ὕδατος περίδραξις, ὅσῳ μᾶλλον 
πιέζεται, διαρρέοντος καὶ διολισθάνοντος· τὰ δὲ τῶν πράξεων καὶ κινήσεων 
τὴν πᾶσαν ἔχει σύγχυσιν τῆς ἐναργείας. Ἀνάγκη γάρ, εἰ τοῦ νῦν τὸ μὲν εἰς 
τὸ παρῳχημένον τὸ δ´ εἰς τὸ μέλλον διαιρεῖται, καὶ τοῦ κινουμένου κατὰ τὸ 
νῦν τὸ μὲν κεκινῆσθαι τὸ δὲ κινήσεσθαι, πέρας δὲ κινήσεως ἀνῃρῆσθαι καὶ 
ἀρχήν, (1082b) μηδενὸς δ´ ἔργου πρῶτον γεγονέναι μηδ´ ἔσχατον ἔσεσθαι 
μηδέν, τῷ χρόνῳ τῶν πράξεων συνδιανεμομένων· ὡς γὰρ τοῦ ἐνεστῶτος χρόνου 
τὸ μὲν παρῳχῆσθαι τὸ δὲ μέλλειν λέγουσιν, οὕτως τοῦ πραττομένου τὸ μὲν 
πεπρᾶχθαι τὸ δὲ πραχθήσεσθαι. Πότε τοίνυν ἔσχεν ἀρχὴν πότε δ´ ἕξει 
τελευτὴν τὸ ἀριστᾶν τὸ γράφειν τὸ βαδίζειν, εἰ πᾶς μὲν ὁ ἀριστῶν ἠρίστησε 
καὶ ἀριστήσει πᾶς δ´ ὁ βαδίζων ἐβάδισε καὶ βαδιεῖται; Τὸ δὲ δεινῶν, φασί, 
δεινότατον· εἰ τῷ ζῶντι τὸ ἐζηκέναι καὶ ζήσεσθαι συμβέβηκεν, οὔτ´ ἀρχὴν 
ἔσχε τὸ ζῆν οὔθ´ ἕξει πέρας, ἀλλ´ ἕκαστος ἡμῶν ὡς ἔοικε γέγονε μὴ 
ἀρξάμενος τοῦ ζῆν καὶ τεθνήξεται μὴ παυσόμενος. (1082c) Εἰ γὰρ οὐθέν ἐστιν 
ἔσχατον μέρος ἀλλ´ ἀεί τι τῷ ζῶντι τοῦ παρόντος εἰς τὸ μέλλον περίεστιν, 
οὐδέποτε γίνεται ψεῦδος τό « ζήσεσθαι Σωκράτη »· ἀλλ´ ὁσάκις ἀληθὲς 
ἔσται τό « ζῇ Σωκράτης », ἐπὶ τοσοῦτον ψεῦδος τό « τέθνηκε Σωκράτης »· 
ὥστ´, εἰ τό « ζήσεται Σωκράτης » ἀληθές ἐστιν ἐν ἀπείροις χρόνου μέρεσιν, 
ἐν οὐδενὶ χρόνου μέρει τό « τέθνηκε Σωκράτης » ἀληθὲς ἔσται. Καίτοι τί 
πέρας ἂν ἔργου γένοιτο, ποῦ δὲ λήξειε τὸ πραττόμενον, ἄν, ὁσάκις ἀληθές 
ἐστι τό « πράττεται », τοσαυτάκις ἀληθὲς ᾖ καὶ τό « πραχθήσεται »; 
Ψεύσεται γὰρ ὁ λέγων περὶ τοῦ γράφοντος καὶ διαλεγομένου Πλάτωνος (1082d) 
ὅτι « παύσεταί ποτε Πλάτων γράφων καὶ διαλεγόμενος », εἰ μηδέποτε ψεῦδός 
ἐστι τό « διαλεχθήσεται » περὶ τοῦ διαλεγομένου καὶ τό « γράψει » περὶ τοῦ 
γράφοντος. Ἔτι τοίνυν εἰ τοῦ γινομένου μέρος οὐδέν ἐστιν ὅπερ οὐκ ἤτοι 
γεγονός ἐστιν ἢ γενησόμενον καὶ παρεληλυθὸς ἢ μέλλον, γεγονότος δὲ καὶ 
γενησομένου καὶ παρῳχημένου καὶ μέλλοντος αἴσθησις οὐκ ἔστιν, οὐδενὸς 
ἁπλῶς αἴσθησίς ἐστιν. Οὔτε γὰρ ὁρῶμεν τὸ παρῳχημένον ἢ τὸ μέλλον οὔτ´ 
ἀκούομεν οὔτ´ ἄλλην τινὰ λαμβάνομεν αἴσθησιν τῶν γεγονότων ἢ γενησομένων· 
οὐδὲν οὖν οὐδ´ ἂν παρῇ τι, αἰσθητόν ἐστιν, εἰ τοῦ παρόντος ἀεὶ τὸ μὲν 
μέλλει τὸ δὲ παρῴχηκε καὶ τὸ μὲν γεγονός ἐστι τὸ δὲ γενησόμενον. 
(1082e) Καὶ μὴν αὐτοί γε σχέτλια ποιεῖν τὸν Ἐπίκουρον λέγουσι καὶ 
βιάζεσθαι τὰς ἐννοίας, ἰσοταχῶς τὰ σώματα κινοῦντα καὶ μηδὲν ἀπολείποντα 
μηδενὸς ταχύτερον. Πολλῷ δὲ τούτου σχετλιώτερόν ἐστι καὶ μᾶλλον ἀπήρτηται 
τῶν ἐννοιῶν τὸ μηδὲν ὑπὸ μηδενὸς περικαταλαμβάνεσθαι, μηδ´ εἰ χελώνην, τὸ 
τοῦ λόγου, φασί, 
« Μετόπισθε διώκοι Ἀδρήστου ταχὺς ἵππος ». 
Ἀνάγκη δὲ τοῦτο συμβαίνειν, τῶν μὲν κινουμένων κατὰ τὸ πρότερον καὶ τὸ 
ὕστερον, τῶν δὲ διαστημάτων, ἃ διεξίασιν, εἰς ἄπειρον ὄντων μεριστῶν, 
ὥσπερ ἀξιοῦσιν οὗτοι. Εἰ γὰρ φθαίη πλέθρῳ μόνον ἡ χελώνη τὸν ἵππον, οἱ 
τοῦτο μὲν εἰς ἄπειρον τέμνοντες (1082f) ἑκάτερα δὲ κινοῦντες κατὰ τὸ 
πρότερον καὶ τὸ ὕστερον, οὐδέποτε τῷ βραδυτάτῳ προσάξουσι τὸ τάχιστον, ἀεί 
τι διάστημα τοῦ βραδυτέρου προλαμβάνοντος εἰς ἄπειρα διαστήματα 
μεριζόμενον. Τὸ δ´ ἔκ τινος φιάλης ἢ κύλικος ὕδατος ἐκχεομένου μηδέποτε 
πᾶν ἐκχυθήσεσθαι πῶς οὐ παρὰ τὴν ἔννοιάν ἐστιν, ἢ πῶς οὐχ ἑπόμενον οἷς 
οὗτοι λέγουσι; 
 | [1082] (1082a) Ainsi il divise le temps 
existant en parties qui n'existent point, ou, pour mieux dire, il ne 
laisse exister aucun temps, puisque, selon lui, le présent n'a aucune 
partie qui ne soit ou passée ou future. D'après cette idée, le temps est 
pour eux comme l'eau qu'on veut saisir : plus on serre la main, moins on 
en retient. 
D'ailleurs, dans cette opinion, tout ce qui regarde les actions et les 
mouvements est si absurde, que toute évidence y est confondue ; car si le 
temps présent se divise en passé et en futur, il faut aussi de toute 
nécessité que dans un corps qui se meut actuellement une partie ait été 
déjà mue, et qu'une autre soit encore à se mouvoir; qu'il n'y ait plus 
dans le mouvement ni commencement ni fin; (1082b) que dans aucune action 
il n'y ait rien de premier ni de dernier, puisque les actions sont 
distribuées dans le temps. Car comme ils veulent que du temps présent 
une partie soit passée et l'autre future, de même dans une action une 
partie est déjà faite et l'autre est encore à faire. Quand est-ce donc que 
les actions de dîner, d'écrire et de marcher commenceront et finiront, si 
tout homme qui dîne ou qui marche a en partie dîné et marché, dînera et 
marchera en partie? Mais la plus grande de toutes les absurdités est de 
dire que si celui qui vit a en partie vécu et vivra en partie, la vie n'a 
donc pas eu de commencement et n'aura point de fin, et sans doute chacun 
de nous sera né sans avoir commencé de vivre, et il mourra sans cesser de 
vivre. (1082c) Car s'il n'y a jamais dans la vie un dernier instant, et 
que celui qui vit actuellement ait toujours une portion future de la vie, 
il ne sera jamais faux de dire : Socrate vivra, tant qu'on pourra dire 
avec vérité : Socrate vit ; et tant qu'il sera vrai que Socrate vit, il 
sera toujours faux que Socrate soit mort. Si donc pendant des portions 
infinies de temps on pourra dire avec vérité que Socrate vivra, il ne sera 
vrai dans aucune de ces portions que Socrate soit mort. Mais quelle sera 
la fin d'une action, et quand cesserez-vous d'agir, si, autant de fois 
qu'il sera vrai de dire : cela se fait, autant de fois on peut dire avec 
vérité : cela se fera? Ce sera mentir que de dire : (1082d) « Platon finit 
d'écrire ou de disputer, » puisqu'il ne cessera jamais de faire l'un ou 
l'autre, si jamais il n'est faux de dire d'un homme qui écrit ou qui 
dispute : « Il écrira, il disputera, »  Dailleurs, dans une action qui se 
fait actuellement, il n'y aura aucune partie qui ne soit ou faite ou à 
faire, ou passée ou future. Bien plus, ce qui a été fait et ce qui se 
fera, ce qui est passé et ce qui est à venir ne produiront aucune 
sensation, et par conséquent il n'y aura de sensation de quoi que ce soit; 
car nous ne voyons ni n'entendons ce qui est passé et ce qui est futur, et 
nul autre de nos sens ne peut nous donner la sensation des choses passées 
ou futures. Les choses présentes ne sont pas sensibles elles-mêmes, s'il 
est vrai qu'une portion du présent soit toujours passée et l'autre toujours future, 
que l'une ait déjà été et que l'autre doive être. (1082e) Cependant ils accusent 
Épicure de renverser indignement les idées communes, en attribuant à tous 
les corps une vitesse égale, et en soutenant que l'un ne se meut pas avec 
plus de vélocité qu'un autre. Mais il est bien moins tolérable et plus 
contraire au sens commun de prétendre qu'aucun corps en mouvement ne peut 
en atteindre un autre ; 
"Que jamais le coursier, dans son ardeur bouillante, 
N'atteindra la tortue en sa marche pesante", 
comme dit le proverbe. Cela doit nécessairement arriver dans les choses 
qui sont mues l'une devant et l'autre derrière, quand les intervalles 
qu'elles parcourent sont, comme ils le prétendent, divisibles à l'infini ; 
car si la tortue précède seulement le cheval de la longueur d'un arpent, 
ceux qui divisent cet espace à l'infini, (1082f) et qui placent ces deux 
animaux l'un devant et l'autre derrière, ne feront jamais atteindre le 
plus lent par celui qui va plus vite, parce que le premier ajoutera 
toujours à sa marche quelque espace qui sera divisible en une infinité de 
parties. Prétendre que l'eau qu'on verse d'un vase ou d'une coupe ne se 
répand jamais tout entière, c'est assurément renverser les idées communes 
; mais c'est une conséquence de leurs principes; 
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