HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales, Des notions communes contre les Stoïciens

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[1081] κρᾶσις δὲ καὶ συναφὴ (1081a) σωμάτων ἰδίοις χρωμένων πέρασιν οὐκ ἂν γένοιτο· τὸ γὰρ πέρας ὁρίζει καὶ ἵστησι τὴν τοῦ σώματος φύσιν. Αἱ δὲ κράσεις εἰ μὴ μερῶν παρὰ μέρη παραθέσεις εἰσὶν ἀλλ´ ὅλοις ὅλα τὰ κιρνάμενα συγχέουσιν, ὥσπερ οὗτοι λέγουσι, φθορὰς ἀπολειπτέον περάτων ἐν ταῖς μίξεσιν, εἶτα γενέσεις ἐν ταῖς διαστάσεσι· ταῦτα δ´ οὐδεὶς ἂν ῥᾳδίως νοήσειεν. Ἀλλὰ μὴν καθ´ γ´ ἅπτεται τὰ σώματα ἀλλήλων, κατὰ τοῦτο καὶ πιέζεται καὶ θλίβεται καὶ συντρίβεται ὑπ´ ἀλλήλων· ἀσώματον δὲ ταῦτα πάσχειν ποιεῖν οὐ δυνατόν, ἀλλ´ οὐδὲ διανοητόν ἐστι· τοῦτο δὲ βιάζονται νοεῖν ἡμᾶς. (1081b) Εἰ γὰρ σφαῖρα τοῦ ἐπιπέδου κατὰ σημεῖον ἅπτεται, δῆλον ὅτι καὶ σύρεται κατὰ σημεῖον διὰ τοῦ ἐπιπέδου· κἂν μίλτῳ τὴν ἐπιφάνειαν ἀληλιμμένη, μιλτίνην ἐνομόρξεται τῷ ἐπιπέδῳ γραμμήν· κἂν πεπυρωμένη, πυρώσει τὸ ἐπίπεδον· ἀσωμάτῳ δὲ χρώζεσθαι καὶ ἀσωμάτῳ πυροῦσθαι σῶμα παρὰ τὴν ἔννοιάν ἐστιν. Ἂν δὲ δὴ κεραμεᾶν κρυσταλλίνην σφαῖραν εἰς ἐπίπεδον φερομένην λίθινον ἀφ´ ὕψους νοήσωμεν, ἄλογον εἰ μὴ συντριβήσεται πληγῆς πρὸς ἀντίτυπον γενομένης· ἀτοπώτερον δὲ τὸ συντριβῆναι κατὰ πέρας καὶ σημεῖον ἀσώματον προσπεσοῦσαν. Ὥστε πάντῃ τὰς περὶ τῶν ἀσωμάτων (1081c) καὶ σωμάτων αὐτοῖς ταράττεσθαι προλήψεις, μᾶλλον δ´ ἀναιρεῖσθαι, πολλὰ τῶν ἀδυνάτων παρατιθεμένοις. Παρὰ τὴν ἔννοιάν ἐστι χρόνον εἶναι μέλλοντα καὶ παρῳχημένον, ἐνεστῶτα δὲ μὴ εἶναι χρόνον, ἀλλὰ τὸ μὲν ἄρτι καὶ τὸ πρῴην ὑφεστάναι, τὸ δὲ νῦν ὅλως μηδὲν εἶναι. Καὶ μὴν τοῦτο συμβαίνει τοῖς Στωικοῖς ἐλάχιστον χρόνον μὴ ἀπολείπουσι μηδὲ τὸ νῦν ἀμερὲς εἶναι βουλομένοις, ἀλλ´ τι ἄν τις ὡς ἐνεστὼς οἴηται λαβὼν διανοεῖσθαι, τούτου τὸ μὲν μέλλον τὸ δὲ παρῳχημένον εἶναι φάσκουσιν· ὥστε μηθὲν κατὰ τὸ νῦν ὑπομένειν μηδὲ λείπεσθαι μόριον χρόνου παρόντος, ἄν, ὃς λέγεται παρεῖναι, τούτου τὰ μὲν εἰς (1081d) τὰ μέλλοντα τὰ δ´ εἰς τὰ παρῳχημένα διανέμηται. Δυοῖν οὖν συμβαίνει θάτερον, τό « ἦν χρόνος » καί « ἔσται χρόνος » τιθέντας ἀναιρεῖν τό « ἔστι χρόνος », σῴζοντας τό « ἔστι χρόνος ἐνεστηκώς », οὗ τὸ μὲν ἐνειστήκει τὸ δ´ ἐνστήσεται, {καὶ} λέγειν ὅτι τοῦ ὑπάρχοντος τὸ μὲν μέλλον ἐστὶ τὸ δὲ παρῳχημένον, καὶ τοῦ νῦν τὸ μὲν πρότερον τὸ δ´ ὕστερον· ὥστε νῦν εἶναι τὸ μηδέπω νῦν καὶ τὸ μηκέτι νῦν· οὐκέτι γὰρ νῦν τὸ παρῳχημένον καὶ οὐδέπω νῦν τὸ μέλλον. Ἕπεται δ´ οὕτω διαιροῦσι λέγειν αὐτοῖς, ὅτι καὶ τοῦ σήμερον τὸ μὲν ἐχθὲς τὸ δ´ αὔριον καὶ τοῦ τῆτες τὸ μὲν πέρυσι τὸ δ´ εἰς νέωτα, καὶ τοῦ ἅμα τὸ μὲν πρότερον τὸ δ´ ὕστερον. (1081e) Οὐθὲν γὰρ ἐπιεικέστερα τούτων κυκῶσι, ταὐτὰ ποιοῦντες τό « μηδέπω » καὶ τό « ἤδη » καὶ τό « μηκέτι », καὶ τό « νῦν » καὶ τό « μὴ νῦν ». Οἱ δ´ ἄλλοι πάντες ἄνθρωποι καὶ τό « ἄρτι » καὶ τό « μετὰ μικρόν » ὡς ἕτερα τοῦ νῦν μόρια, καὶ τὸ μὲν μετὰ τὸ νῦν τὸ δὲ πρὸ τοῦ νῦν τίθενται καὶ νοοῦσι καὶ νομίζουσι. Τούτων δ´ Ἀρχέδημος μὲν ἀρχήν τινα καὶ συμβολὴν εἶναι λέγων τοῦ παρῳχημένου καὶ τοῦ ἐπιφερομένου τό « νῦν » λέληθεν αὑτὸν ὡς ἔοικε τὸν πάντα χρόνον ἀναιρῶν. Εἰ γὰρ τὸ νῦν οὐ χρόνος ἐστὶν ἀλλὰ πέρας χρόνου πᾶν δὲ μόριον χρόνου τοιοῦτον (1081f) οἷον τὸ νῦν ἐστιν, οὐδὲν φαίνεται μέρος ἔχων σύμπας χρόνος ἀλλ´ εἰς πέρατα διόλου καὶ συμβολὰς καὶ ὁρμὰς ἀναλυόμενος. Χρύσιππος δὲ βουλόμενος φιλοτεχνεῖν περὶ τὴν διαίρεσιν ἐν μὲν τῷ περὶ τοῦ Κενοῦ καὶ ἄλλοις τισὶ τὸ μὲν παρῳχημένον τοῦ χρόνου καὶ τὸ μέλλον οὐχ ὑπάρχειν ἀλλ´ ὑφεστηκέναι φησί, μόνον δ´ ὑπάρχειν τὸ ἐνεστηκός, ἐν δὲ τῷ τρίτῳ καὶ τετάρτῳ καὶ πέμπτῳ περὶ τῶν Μερῶν τίθησι τοῦ ἐνεστηκότος χρόνου τὸ μὲν μέλλον εἶναι τὸ δὲ παρεληλυθός. [1081] et il ne peut y avoir ni contact ni mélange (1081a) dans des corps qui conservent leurs extrémités; car ce sont les extrémités qui déterminent et constituent la nature des corps; et les mélanges, si par là on n'entend point la juxtaposition mutuelle des parties, confondent en une seule les substances totales qui se mêlent. Il faut donc, disent-ils, admettre que, dans les mélanges, les extrémités des corps sont détruites, et qu'au contraire elles sont formées quand ils se séparent. Mais c'est ce qu'il n'est pas facile de comprendre; car les endroits par où les corps se touchent sont aussi ceux par où ils se pressent, se serrent et se froissent les uns contre les autres. Mais l'un et l'autre est impossible à des êtres incorporels; on ne saurait même le concevoir. Voici néanmoins comment ils veulent nous forcer en quelque sorte de le comprendre. (1081b) Si une boule, disent-ils, touche un corps plan par un seul point, il est clair qu'elle roulera aussi sur ce seul point. Si la boule est peinte en rouge, elle tracera dans sa marche une ligne rouge sur la surface de ce corps plan ; si elle est brûlante, elle le noircira. Mais qu'une chose incorporelle soit peinte en rouge ou soit brûlante, c'est ce qui choque le sens commun. Et si nous supposons que la boule soit de terre ou de cristal, et qu'elle tombe de haut sur la surface d'une pierre, il serait absurde de croire qu'elle ne se briserait pas en frappant contre un plan dur et solide ; mais il le serait bien davantage de dire qu'elle se briserait en tombant sur une de ses extrémités et par un point incorporel. (1081c) Ainsi, de toutes manières ils dérangent les notions communes que nous avons sur les êtres incorporels, ou plutôt ils les renversent par toutes leurs suppositions impossibles. Il est contre le bon sens de n'admettre qu'un temps passé et un temps futur, et de nier l'existence du temps présent, de regarder comme existant le temps qui vient de passer, et non le moment actuel. C'est cependant ce que font les stoïciens, qui ne laissent pas au temps le plus petit de ses espaces, et qui ne veulent pas que le moment actuel soit indivisible. Ils prétendent que du temps qu'on conçoit comme présent, il y a une portion qui appartient au passé, et l'autre au futur, de manière qu'il ne reste pas dans l'intervalle la plus petite partie de temps présent, et que ce qu'on regarde comme présent est divisé en avenir (1081d) et en passé. Il faut donc de deux choses l'une, ou qu'en disant : le temps fut, le temps sera, on ne puisse pas dire le temps est ; ou qu'en admettant le temps présent, une partie en soit déjà passée et l'autre soit encore à venir ; que par conséquent du temps qui est actuellement une partie ne soit plus et une autre ne soit pas encore. Ainsi, du temps qu'on appelle maintenant, une portion sera avant et l'autre après, et ce mot maintenant exprimera ce qui n'est pas encore présent et ce qui n'est plus présent ; car ni ce qui est déjà passé ni ce qui est à venir ne sont le présent. Et puisqu'ils divisent ainsi le temps présent, ils devraient donc dire aussi que de l'année et du jour, une portion appartient à l'année passée et l'autre à l'année prochaine, et que de ce qui existe en même temps une partie est avant et l'autre après. (1081e) Voilà comme ils brouillent et confondent également ce qui n'est pas encore, ce qui est déjà et ce qui n'est plus, ce qui est présent et ce qui ne l'est pas. Tous les autres hommes entendent et disent que ces mots naguère et peu après expriment des portions du temps présent dont l'une le précède et l'autre le suit. Archedème, qui voulait que le temps présent fût le principe et la liaison du temps qui s'est écoulé et de celui qui arrive, ne s'apercevait pas qu'il détruisait tout à fait le temps; car si le moment actuel n'est pas le temps, mais l'extrémité du temps, et que toute portion du temps soit la même chose (1081f) que ce moment actuel, il semble que le temps en général n'aura aucune partie, et qu'il se dissoudra, pour ainsi dire, en extrémités, en liaisons et en commencements. Chrysippe, qui veut faire des divisions subtiles, dit dans son traité du Vide et dans quelques autres, que le passé et le futur n'existent point, mais que l'un a existé et que l'autre va exister, et que le présent seul existe. Mais dans les troisième, quatrième et cinquième livres des Parties, il dit qu'une portion du temps présent est passée, et que l'autre est près de venir.


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Dernière mise à jour : 14/11/2007