[1077] (1077a) — οὐκ οἶδ´ εἰ μὴ τοὺς ἐλέγχοντας τὰ
τοιαῦτα τῶν λεγόντων καὶ ἀποφαινομένων ἀποδείκνυσιν ἀτοπωτέρους.
Ἀλλὰ τῶν φυσικώτερον λεγομένων ἆρ´ οὐ παρὰ τὴν ἔννοιάν ἐστι σπέρμα πλέον
εἶναι καὶ μεῖζον ἢ τὸ γεννώμενον ἐξ αὐτοῦ; Τὴν γοῦν φύσιν ὁρῶμεν ἐν πᾶσι
καὶ ζῴοις καὶ φυτοῖς καὶ ἡμέροις καὶ ἀγρίοις ἀρχὰς τὰ μικρὰ καὶ γλίσχρα
καὶ μόλις ὁρατὰ τῆς τῶν μεγίστων γενέσεως λαμβάνουσαν. Οὐ γὰρ ἐκ πυροῦ
στάχυν οὐδ´ ἄμπελον ἐκ γιγάρτου μόνον, ἀλλ´ ἐκ πυρῆνος ἢ βαλάνου τινὸς
ὄρνεον διαφυγούσης ὥσπερ ἐκ μικροῦ σπινθῆρος ἐξάψασα καὶ ῥιπίσασα τὴν
γένεσιν ἔρνος ἢ βάτου ἢ δρυὸς (1077b) ἢ φοίνικος ἢ πεύκης περιμήκιστον
ἀναδίδωσιν, ᾗ καί φασιν ... τὸ μὲν σπέρμα παρὰ τὴν ἐπὶ μικρὸν ὄγκον ἐκ
πολλοῦ σπείρασιν ὠνομάσθαι, τὴν δὲ φύσιν ἐμφύσησιν οὖσαν καὶ διάχυσιν τῶν
ὑπ´ αὐτῆς ἀνοιγομένων καὶ λυομένων λόγων ἢ ἀριθμῶν. Ἀλλὰ τοῦ γε κόσμου †
πάλιν τὸ πῦρ ὃ σπέρμα λέγουσιν εἶναι καὶ † μετὰ τὴν ἐκπύρωσιν εἰς σπέρμα
μετέβαλε τὸν κόσμον, ἐκ βραχυτέρου σώματος καὶ ὄγκου χύσιν ἔχοντα πολλὴν
καὶ τοῦ κενοῦ προσεπιλαμβάνοντα χώραν ἄπλετον ἐπινεμομένην τῇ αὐξήσει,
(1077c) γεννωμένου δ´ αὖθις ὑποχωρεῖν τὸ μέγεθος καὶ συνολισθάνειν,
δυομένης καὶ συναγομένης περὶ τὴν γένεσιν εἰς ἑαυτὴν τῆς ὕλης.
Ἀκοῦσαι τοίνυν ἔστιν αὐτῶν καὶ γράμμασιν ἐντυχεῖν πολλοῖς πρὸς τοὺς
Ἀκαδημαϊκοὺς διαφερομένων καὶ βοώντων, ὡς πάντα πράγματα συγχέουσι ταῖς
ἀπαραλλαξίαις, ἐπὶ δυοῖν οὐσιῶν ἕνα ποιὸν εἶναι βιαζόμενοι. Καίτοι τοῦτο
μὲν οὐκ ἔστιν ὅστις ἀνθρώπων οὐ διανοεῖται, καὶ τοὐναντίον οἴεται
θαυμαστὸν εἶναι καὶ παράδοξον, εἰ μήτε φάττα φάττῃ μήτε μελίττῃ μέλιττα
μήτε πυρῷ πυρὸς ἢ σύκῳ, τὸ τοῦ λόγου, σῦκον ἐν τῷ παντὶ χρόνῳ γέγονεν
ἀπαράλλακτον· (1077d) ἐκεῖνα δ´ ὄντως παρὰ τὴν ἔννοιάν ἐστιν, ἃ λέγουσιν
οὗτοι καὶ πλάττουσιν, ἐπὶ μιᾶς οὐσίας δύ´ ἰδίως γενέσθαι ποιοὺς καὶ τὴν
αὐτὴν οὐσίαν ἕνα ποιὸν ἰδίως ἔχουσαν ἐπιόντος ἑτέρου δέχεσθαι καὶ
διαφυλάττειν ὁμοίως ἀμφοτέρους. Εἰ γὰρ δύο, καὶ τρεῖς καὶ τέτταρες ἔσονται
καὶ πέντε καὶ ὅσους οὐκ ἄν τις εἴποι περὶ μίαν οὐσίαν· λέγω δ´ οὐκ ἐν
μέρεσι διαφόροις, ἀλλὰ πάντας ὁμοίως περὶ ὅλην τοὺς ἀπείρους. Λέγει γοῦν
Χρύσιππος ἐοικέναι τῷ μὲν ἀνθρώπῳ τὸν Δία καὶ τὸν κόσμον τῇ δὲ ψυχῇ τὴν
πρόνοιαν· ὅταν οὖν ἡ ἐκπύρωσις γένηται, μόνον ἄφθαρτον ὄντα τὸν Δία τῶν
θεῶν ἀναχωρεῖν ἐπὶ (1077e) τὴν πρόνοιαν, εἶθ´ ὁμοῦ γενομένους ἐπὶ μιᾶς τῆς
τοῦ αἰθέρος οὐσίας διατελεῖν ἀμφοτέρους.
Ἀφέντες οὖν ἤδη τοὺς θεοὺς καὶ προσευξάμενοι κοινὰς φρένας διδόναι καὶ
κοινὸν νοῦν, τὰ περὶ στοιχείων πῶς ἔχει αὐτοῖς ἴδωμεν.
Παρὰ τὴν ἔννοιάν ἐστι σῶμα σώματος εἶναι τόπον καὶ σῶμα χωρεῖν διὰ
σώματος, κενὸν μηδετέρου περιέχοντος ἀλλὰ τοῦ πλήρους εἰς τὸ πλῆρες
ἐνδυομένου καὶ δεχομένου τὸ ἐπιμιγνύμενον τοῦ διάστασιν οὐκ ἔχοντος οὐδὲ
χώραν ἐν αὑτῷ διὰ τὴν συνέχειαν. Οἱ δ´ οὐχ ἓν εἰς ἓν οὐδὲ δύο οὐδὲ τρία ἢ
δέκα συνωθοῦντες, ἀλλὰ πάντα μέρη τοῦ (1077f) κόσμου κατακερματισθέντος
ἐμβάλλοντες εἰς ἓν ὅ τι ἂν τύχωσι, καὶ οὐδὲ τοὐλάχιστον αἰσθητὸν
ἐπιφάσκοντες ἐπιλείψειν ἐπιὸν τῷ μεγίστῳ νεανιεύονται, δόγμα ποιούμενοι τὸ
ἀνέλεγκτον ὡς ἐν ἄλλοις πολλοῖς, ἅτε δὴ μαχομένας ὑποθέσεις ταῖς ἐννοίαις
λαμβάνοντες. Αὐτίκα γοῦν ἀκόλουθον τῷ λόγῳ τούτῳ πολλὰ τερατώδη καὶ
ἀλλόκοτα προσδέχεσθαι τοὺς τὰ σώματα τοῖς σώμασιν ὅλοις ὅλα κεραννύντας·
| [1077] (1077a) Je ne sais, en vérité, si, en voulant réfuter leurs absurdités
en ce genre, on ne finirait pas par en dire de plus choquantes que celles
qu'ils avancent eux-mêmes.
N'est-ce pas encore renverser les idées communes, que de dire que la
semence est plus grande que ce qu'elle produit? Ne voyons-nous pas, au
contraire, que la nature, dans la production de tous les animaux, de
toutes les plantes, même des arbrisseaux sauvages, fait sortir les
plus grands de ces individus de graines minces, petites et souvent
imperceptibles ? Non seulement elle tire d'un grain un épi de blé et d'un
pépin un cep de vigne, mais d'un noyau d'olive ou d'un gland qui aura
échappé à un oiseau, elle développe les germes d'une génération féconde,
comme une faible étincelle produit un vaste embrasement; elle en fait
naître le tronc d'un buisson, d'un chêne, d'un palmier, (1077b) d'un pin,
et des arbres les plus élevés. Aussi le mot qui signifie semence
exprime-t-il une grande masse enveloppée dans une petite, et celui de
nature marque une espèce de gonflement et de diffusion faite d'après les
nombres et les proportions dont elle cause le développement. Le feu,
suivant les stoïciens eux-mêmes, n'est-il pas la semence du monde, et
après l'embrasement général, l'univers ne sera-t-il pas changé en cette
semence qui, d'un corps et d'une masse peu considérables, deviendra une
substance très abondante et s'emparera, par des accroissements immenses,
de tout le vide? Et quand le monde aura reçu de nouveau toute sa forme,
(1077c) cette grandeur immense se rétrécira et diminuera peu à peu, parce
que la matière, après le travail de sa génération, se resserrera en
elle-même.
Il est bon de les entendre eux-mêmes et de lire ces nombreux ouvrages dans
lesquels ils déclament contre les académiciens, qu'ils accusent de tout
confondre par leurs identités, en voulant que deux substances n'aient
qu'une qualité. Cependant il n'est personne qui ne comprenne cette
doctrine et qui ne regarde l'opinion contraire comme un paradoxe
singulier. Ainsi un pigeon ramier est en tout temps semblable à un pigeon
ramier, une abeille à une abeille, un grain de froment à un grain de
froment, une figue à une figue. (1077d) Mais ce qui est véritablement
contraire au sens commun, c'est ce qu'ils imaginent eux-mêmes, que dans
une seule substance il existe séparément deux qualités, et qu'une
substance qui, ayant déjà une qualité particulière, en reçoit une seconde, les
conserve toutes les deux. Car si deux, si trois et quatre qualités, ou même cinq et
tant qu'on voudra, peuvent se trouver dans une seule substance, je ne dis
pas dans ses différentes parties, mais qu'elles soient toutes également
dans toute la substance, qui empêche qu'il n'y en ait une infinité ?
Chrysippe dit que Jupiter et le monde sont semblables à l'homme, et que la
Providence ressemble à l'âme ; et lorsque l'embrasement universel aura eu
lieu, Jupiter, le seul des dieux qui soit incorruptible, (1077e) se
retirera dans la Providence ; et là, l'un et l'autre, réunis dans la
substance seule de l'éther, y subsisteront ensemble éternellement.
Mais laissons là les dieux, et après les avoir priés de donner à ces
philosophes le sens commun et des idées qui s'accordent avec celles de
tout le monde, voyons ce qu'ils pensent des éléments. Il est contraire aux
idées reçues qu'un corps soit le lien d'un autre et qu'il le pénètre,
tandis qu'aucun des deux n'a de vide ; en sorte que ce soit le plein qui
entre dans le plein, et qu'une substance qui, étant une et continue, ne
laisse aucun intervalle, reçoive un corps qui se mêle intimement avec
elle. Ils ne se contentent pas de mettre ainsi un, deux, trois corps ou
même dix dans un autre; mais morcelant, pour ainsi dire, (1077f) l'univers
en plusieurs parties, ils les jettent dans le premier corps venu ; ils
prétendent que le plus petit objet sensible est capable de contenir le
plus grand, et, comme en beaucoup d'autres points, ils font avec témérité
un nouveau dogme de ce qui sert de conviction contre eux, et raisonnent
d'après des suppositions absurdes. Il suit de ce principe qui fait entrer
ainsi les corps tout entiers les uns dans les autres, que les stoïciens
admettent les assertions les plus étranges et les plus monstrueuses,
|