HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales, Des notions communes contre les Stoïciens

Page 1076

  Page 1076

[1076] (1076a) καὶ Μαντεῖον, οὐκ ὄντος ἀγαθοῦ τῆς ὑγιείας καὶ τῆς γενέσεως οὐδὲ τῆς πολυκαρπίας ἀλλ´ ἀδιαφόρων καὶ ἀνωφελῶν τοῖς λαμβάνουσι. Τὸ τρίτον τοίνυν τῆς περὶ θεῶν ἐννοίας ἐστὶ μηδενὶ τοσοῦτον τοὺς θεοὺς τῶν ἀνθρώπων διαφέρειν, ὅσον εὐδαιμονίᾳ καὶ ἀρετῇ διαφέρουσιν. Ἀλλὰ κατὰ Χρύσιππον οὐδὲ τοῦτο περίεστιν αὐτοῖς· ἀρετῇ τε γὰρ οὐχ ὑπερέχειν τὸν Δία τοῦ Δίωνος ὠφελεῖσθαί θ´ ὁμοίως ὑπ´ ἀλλήλων τὸν Δία καὶ τὸν Δίωνα, σοφοὺς ὄντας, ὅταν ἅτερος θατέρου τυγχάνῃ κινουμένου. Τοῦτο γάρ ἐστιν καὶ παρὰ θεῶν ἀνθρώποις ἀγαθὸν ὑπάρχει καὶ θεοῖς παρ´ ἀνθρώπων, σοφῶν (1076b) κινουμένων, ἄλλο δ´ οὔ. Ἀρετῇ δὲ μὴ ἀπολειπόμενον ἄνθρωπον οὐδὲν ἀποδεῖν εὐδαιμονίας λέγουσιν, ἀλλ´ ἐπίσης εἶναι μακάριον τῷ Διὶ τῷ σωτῆρι τὸν ἀτυχῆ, διὰ νόσους καὶ πηρώσεις σώματος ἐξάγοντα τοῦ ζῆν ἑαυτόν, — εἴπερ εἴη σοφός. Ἔστι δ´ οὗτος οὐδαμοῦ γῆς οὐδὲ γέγονεν· ἄπλετοι δὲ μυριάδες ἀνθρώπων κακοδαιμονοῦντες ἐπ´ ἄκρον ἐν τῇ τοῦ Διὸς πολιτείᾳ καὶ ἀρχῇ τὴν ἀρίστην ἐχούσῃ διοίκησιν. Καίτοι τί μᾶλλον ἂν γένοιτο παρὰ τὴν ἔννοιαν τοῦ Διὸς ὡς ἔνι ἄριστα διοικοῦντος ἡμᾶς ὡς ἔνι χείριστα πράσσειν; Εἰ γοῦν, μηδὲ θέμις ἐστὶν εἰπεῖν, ἐθελήσειε μὴ Σωτὴρ μηδὲ Μειλίχιος εἶναι μηδ´ Ἀλεξίκακος, ἀλλὰ (1076c) τἀναντία τῶν καλῶν τούτων προσηγοριῶν, οὐθὲν ἔστι προσθεῖναι τοῖς οὖσι κακὸν οὔτ´ εἰς πλῆθος οὔτ´ εἰς μέγεθος, ὡς οὗτοι λέγουσι, πάντων ἀνθρώπων ἐπ´ ἄκρον ἀθλίως καὶ μοχθηρῶς βιούντων καὶ μηδὲ τῆς κακίας ἐπίδοσιν μηδ´ ὑπερβολὴν τῆς κακοδαιμονίας δεχομένης. Οὐ μὴν ἐνταῦθα τὸ δεινότατόν ἐστιν, ἀλλὰ Μενάνδρῳ μὲν εἰπόντι θεατρικῶς « Ἀρχὴ μεγίστη τῶν ἐν ἀνθρώποις κακῶν τὰ λίαν ἀγαθά » δυσκολαίνουσι· τοῦτο γὰρ εἶναι παρὰ τὴν ἔννοιαν· αὐτοὶ δὲ τῶν κακῶν ἀρχὴν ἀγαθὸν ὄντα τὸν θεὸν ποιοῦσιν. Οὐ γὰρ γ´ ὕλη τὸ κακὸν ἐξ ἑαυτῆς παρέσχηκεν· ἄποιος (1076d) γάρ ἐστι καὶ πάσας ὅσας δέχεται διαφορὰς ὑπὸ τοῦ κινοῦντος αὐτὴν καὶ σχηματίζοντος ἔσχε· κινεῖ δ´ αὐτὴν λόγος ἐνυπάρχων καὶ σχηματίζει, μήτε κινεῖν ἑαυτὴν μήτε σχηματίζειν πεφυκυῖαν. Ὥστ´ ἀνάγκη τὸ κακόν, εἰ μὲν δι´ οὐδέν, ἐκ τοῦ μὴ ὄντος, εἰ δὲ διὰ τὴν κινοῦσαν ἀρχήν, ἐκ τοῦ θεοῦ γεγονὸς ὑπάρχειν. Καὶ γὰρ εἰ μὲν οἴονται τὸν Δία μὴ κρατεῖν τῶν ἑαυτοῦ μερῶν μηδὲ χρῆσθαι κατὰ τὸν αὑτοῦ λόγον ἑκάστῳ, παρὰ τὴν ἔννοιαν λέγουσι καὶ πλάττουσι ζῷον, οὗ πολλὰ τῶν μορίων ἐκφεύγει τὴν βούλησιν, ἰδίαις ἐνεργείαις χρώμενα καὶ πράξεσιν, αἷς τὸ ὅλον ὁρμὴν οὐ δίδωσιν οὐδὲ κατάρχει κινήσεως. Οὕτω γὰρ (1076e) κακῶς τί συντέτακται τῶν ψυχὴν ἐχόντων, ὥστ´ ἀβουλοῦντος αὐτοῦ προϊέναι πόδας φθέγγεσθαι γλῶτταν κέρας κυρίττειν δάκνειν ὀδόντας; Ὧν ἀνάγκη τὰ πλεῖστα πάσχειν τὸν θεόν, εἰ παρὰ τὴν βούλησιν αὐτοῦ μέρη ὄντες οἱ φαῦλοι ψεύδονται καὶ ῥᾳδιουργοῦσι καὶ τοιχωρυχοῦσι καὶ ἀποκτιννύουσιν ἀλλήλους. Εἰ δέ, ὥς φησι Χρύσιππος, οὐδὲ τοὐλάχιστον ἔστι τῶν μερῶν ἔχειν ἄλλως ἀλλ´ κατὰ τὴν τοῦ Διὸς βούλησιν, ἀλλὰ πᾶν μὲν ἔμψυχον οὕτως ἴσχεσθαι καὶ οὕτω κινεῖσθαι πέφυκεν, ὡς ἐκεῖνος ἄγει κἀκεῖνος ἐπιστρέφει καὶ ἴσχει καὶ διατίθησιν, « Ὅδ´αὖτ´ ἐκείνου φθόγγος ἐξωλέστερος ». Μυριάκις γὰρ ἦν (1076f) ἐπιεικέστερον ἀσθενείᾳ καὶ ἀδυναμίᾳ τοῦ Διὸς ἐκβιαζόμενα τὰ μέρη πολλὰ δρᾶν ἄτοπα παρὰ τὴν ἐκείνου φύσιν καὶ βούλησιν, μήτ´ ἀκρασίαν εἶναι μήτε κακουργίαν ἧς οὐκ ἔστιν Ζεὺς αἴτιος. Ἀλλὰ μὴν τὸ τὸν κόσμον εἶναι πόλιν καὶ πολίτας τοὺς ἀστέρας, εἰ δὲ τοῦτο, καὶ φυλέτας καὶ ἄρχοντας δηλονότι καὶ βουλευτὴν τὸν ἥλιον καὶ τὸν ἕσπερον πρύτανιν ἀστυνόμον, [1076] (1076a) à la divination, tandis que la santé, la naissance des enfants et l'abondance des fruits ne sont pas des biens réels, mais des choses indifférentes et inutiles à ceux qui les possèdent ? Une troisième notion qui entre communément dans l'idée que nous avons des dieux, c'est que rien ne met entre les hommes et eux une plus grande différence que la félicité et la vertu. Mais si nous en croyons Chrysippe, ils n'ont pas même cet avantage sur les mortels. Il prétend que Jupiter n'a pas plus de vertu que Dion; que Jupiter et Dion étant tous les deux sages, s'entraident également quand l'un participe au mouvement de l'autre ; que c'est là l'unique bien que les hommes reçoivent des dieux, et les dieux des hommes qui sont parvenus (1076b) à la sagesse ; que l'homme qui n'est pas inférieur aux dieux en vertu, ne l'est pas non plus en félicité ; qu'il est aussi heureux que Jupiter dès lors qu'il est sage, fût-il d'ailleurs assez accablé de maladies, assez tourmenté par la douleur pour se donner lui-même la mort. Mais un tel homme n'existe point et n'a jamais existé sur la terre, tandis qu'il est un nombre infini d'hommes qui vivent souverainement malheureux sous les lois de Jupiter et sous sa providence, qui, selon les stoïciens, est toujours pleine de sagesse. Mais quoi de plus contraire au sens commun que de dire que, sous le gouvernement le plus sage, les hommes sont souverainement malheureux ? Si donc, ce qu'à Dieu ne plaise, Jupiter ne voulait plus être appelé le sauveur, le libérateur et le protecteur des hommes, (1076c) ni leur faire éprouver les effets de ces appellations honorables, il serait impossible de rien ajouter à la grandeur et à la multitude de nos maux, puisque, suivant eux, tous les hommes seraient parvenus à l'excès de la misère, et que ni le vice ni le malheur ne seraient plus susceptibles d'accroissement. Mais ce n'est pas là ce qu'il y a de plus fort : ils s'indignent contre Ménandre, pour avoir dit poétiquement : "L'excès des biens pour l'homme est la source des maux". Ils prétendent que cette maxime est contraire au sens commun. Eux cependant, ils veulent que Dieu, qui est essentiellement bon, soit la cause de nos maux; car, selon eux, la matière n'a pas produit le mal par elle-même, puisqu'elle est sans qualité (1076d) et que toutes les différences dont elle est susceptible lui viennent de la faculté qui lui donne le mouvement et la forme. Si donc c'est de la raison qu'elle les reçoit parce qu'elle ne peut se les donner elle-même, il faut nécessairement que le mal, s'il n'a aucune cause, soit produit par le néant, ou, si c'est par le principe de son mouvement, qu'il ait Dieu même pour cause. S'ils croient que Jupiter ne domine point sur les parties de sa substance et qu'il n'use pas de chacune d'elles conformément à sa raison, ils renversent les notions du bon sens en se forgeant un être animé en qui la plupart de ses parties n'obéissent pas à sa volonté, et ont leurs actions et leurs opérations particulières, auxquelles le tout ne donne pas l'impulsion et le principe du mouvement. (1076e) En effet, est-il un être tellement désordonné que, contre sa volonté, les pieds marchent, la langue parle, les cornes frappent et les dents mordent? Or, Dieu lui-même éprouvera la plupart de ces contrariétés, si les méchants, qui sont des parties de lui-même, mentent contre son gré, commettent des injustices, se pillent et se tuent les uns les autres; si, comme le veut Chrysippe, la plus petite partie de Jupiter n'agit jamais autrement qu'il ne l'ordonne, mais que tout être animé soit constitué de manière qu'il s'arrête ou se mette en mouvement, selon que Jupiter le tourne, le retient ou le dispose. Ce discours est encore bien plus pernicieux, car il était moins déraisonnable de supposer qu'un grand nombre des parties (1076f) de Jupiter, faisant violence à sa faiblesse, agissent en bien des choses contre la nature et la volonté de ce dieu, que de prétendre qu'il n'est point d'intempérance et de crime dont Jupiter ne soit la cause. Quant à-ce qu'ils disent que le monde est une ville dont les astres sont les citoyens, si cela est, il faut donc qu'il y ait aussi des tribus et des magistrats, que le soleil soit le consul, et l'étoile du soir le préteur ou l'édile.


Recherches | Texte | Lecture | Liste du vocabulaire | Index inverse | Menu | Site de Philippe Remacle |

 
UCL | FLTR | Hodoi Elektronikai | Itinera Electronica | Bibliotheca Classica Selecta (BCS) |
Ingénierie Technologies de l'Information : B. Maroutaeff - C. Ruell - J. Schumacher

Dernière mise à jour : 14/11/2007