[1075] (1075a) « Κεῖνοι γάρ τ´ ἄνοσοι καὶ ἀγήραοι
πόνων τ´ ἄπειροι, βαρυβόαν "πορθμὸν πεφευγότες Ἀχέροντος; »
καὶ ἴσως ἐντύχοι τις ἂν ἔθνεσι βαρβάροις καὶ ἀγρίοις θεὸν μὴ νοοῦσι, θεὸν
δὲ νοῶν μὴ νοῶν δ´ ἄφθαρτον μηδ´ ἀίδιον ἄνθρωπος οὐδὲ εἷς γέγονεν. Οἱ γοῦν
ἄθεοι προσαγορευθέντες οὗτοι, Θεόδωροι καὶ Διαγόραι καὶ Ἵππωνες, οὐκ
ἐτόλμησαν εἰπεῖν τὸ θεῖον ὅτι φθαρτόν ἐστιν, ἀλλ´ οὐκ ἐπίστευσαν ὡς ἔστι
τι ἄφθαρτον, τοῦ μὲν ἀφθάρτου τὴν ὕπαρξιν μὴ ἀπολείποντες τοῦ δὲ θεοῦ τὴν
πρόληψιν φυλάττοντες. Ἀλλὰ Χρύσιππος καὶ Κλεάνθης, ἐμπεπληκότες (1075b) ὡς
ἔπος εἰπεῖν τῷ λόγῳ θεῶν τὸν οὐρανὸν τὴν γῆν τὸν ἀέρα τὴν θάλατταν, οὐδένα
τῶν τοσούτων ἄφθαρτον οὐδ´ ἀίδιον ἀπολελοίπασι πλὴν μόνου τοῦ Διός, εἰς ὃν
πάντας καταναλίσκουσι τοὺς ἄλλους· ὥστε καὶ τούτῳ τὸ φθείρειν προσεῖναι
τοῦ φθείρεσθαι μὴ ἐπιεικέστερον· ἀσθενείᾳ γάρ τινι καὶ τὸ μεταβάλλον εἰς
ἕτερον φθείρεται καὶ τὸ τοῖς ἄλλοις εἰς ἑαυτὸ φθειρομένοις τρεφόμενον
σῴζεται. Ταῦτα δ´ οὐχ ὡς ἄλλα πολλὰ τῶν ἀτόπων συλλογιζόμεθα περιέχειν
τὰς ὑποθέσεις αὐτῶν καὶ τοῖς δόγμασιν ἕπεσθαι, ἀλλ´ αὐτοὶ μέγα βοῶντες ἐν
τοῖς περὶ Θεῶν καὶ Προνοίας Εἱμαρμένης τε καὶ Φύσεως γράμμασι διαρρήδην
λέγουσι (1075c) τοὺς ἄλλους θεοὺς ἅπαντας εἶναι γεγονότας καὶ
φθαρησομένους ὑπὸ πυρός, τηκτοὺς κατ´ αὐτοὺς ὥσπερ κηρίνους ἢ
καττιτερίνους ὄντας. Ἔστιν οὖν παρὰ τὴν ἔννοιαν ὡς τὸ ἄνθρωπον ἀθάνατον
εἶναι, καὶ τὸ θεὸν θνητὸν εἶναι· μᾶλλον δ´ οὐχ ὁρῶ, τίς ἔσται θεοῦ πρὸς
ἄνθρωπον διαφορά, εἰ καὶ ὁ θεὸς ζῷον λογικὸν καὶ φθαρτόν ἐστιν. Ἂν γὰρ αὖ
τὸ σοφὸν τοῦτο καὶ καλὸν ἀντιθῶσι, θνητὸν εἶναι τὸν ἄνθρωπον, οὐ θνητὸν δὲ
τὸν θεὸν ἀλλὰ φθαρτόν, ὅρα τὸ συμβαῖνον αὐτοῖς· ἢ γὰρ ἀθάνατον εἶναι
φήσουσιν ἅμα τὸν θεὸν καὶ φθαρτόν, ἢ μήτε θνητὸν εἶναι μήτ´ ἀθάνατον· ὧν
οὐκ ἔστιν οὐδὲ πλάττοντας ἐξεπίτηδες ἕτερα παρὰ τὴν κοινὴν ἔννοιαν
ὑπερβάλλειν τὴν ἀτοπίαν· (1075d) λέγω δὲ τοὺς ἄλλους, ἐπεὶ τούτοις γε τῶν
ἀτοπωτάτων οὐδὲν ἄρρητον οὐδ´ ἀνεπιχείρητόν ἐστι παρειμένον. Ἔτι τοίνυν
ἐπαγωνιζόμενος ὁ Κλεάνθης τῇ ἐκπυρώσει λέγει τὴν σελήνην καὶ τὰ λοιπὰ
ἄστρα τὸν ἥλιον ... Ἐξομοιῶσαι πάντα ἑαυτῷ καὶ μεταβαλεῖν εἰς ἑαυτόν. Ἀλλ´
ὅτι ... οἱ ἀστέρες θεοὶ ὄντες πρὸς τὴν ἑαυτῶν φθορὰν συνεργοῦσι τῷ ἡλίῳ,
συνεργοῦντές γέ τι πρὸς τὴν ἐκπύρωσιν, πολὺς ἂν εἴη γέλως ἡμᾶς περὶ
σωτηρίας αὐτοῖς προσεύχεσθαι καὶ σωτῆρας ἀνθρώπων νομίζειν, οἷς κατὰ φύσιν
ἔστι τὸ σπεύδειν ἐπὶ (1075e) τὴν αὑτῶν φθορὰν καὶ ἀναίρεσιν.
Καὶ μὴν αὐτοί γε πρὸς τὸν Ἐπίκουρον κατ´ οὐδὲν ἀπολείπουσι τῶν γραμμάτων
« ἰοὺ ἰού, φεῦ φεῦ » βοῶντες, ὡς συγχέοντα τὴν τῶν θεῶν πρόληψιν
ἀναιρουμένης τῆς προνοίας· οὐ γὰρ ἀθάνατον καὶ μακάριον μόνον, ἀλλὰ καὶ
φιλάνθρωπον καὶ κηδεμονικὸν καὶ ὠφέλιμον προλαμβάνεσθαι καὶ νοεῖσθαι τὸν
θεόν· ὅπερ ἀληθές ἐστιν. Εἰ δ´ ἀναιροῦσι τὴν περὶ θεοῦ πρόληψιν οἱ μὴ
ἀπολείποντες πρόνοιαν, τί ποιοῦσιν οἱ προνοεῖν μὲν ἡμῶν τοὺς θεοὺς
λέγοντες μὴ ὠφελεῖν δ´ ἡμᾶς μηδ´ ἀγαθῶν εἶναι δοτῆρας ἀλλ´ ἀδιαφόρων,
ἀρετὴν μὲν μὴ διδόντας πλοῦτον δὲ καὶ (1075f) ὑγίειαν καὶ τέκνων γενέσεις
καὶ τὰ τοιοῦτα διδόντας, ὧν οὐδὲν ὠφέλιμον οὐδὲ λυσιτελὲς οὐδ´ αἱρετὸν
οὐδὲ συμφέρον ἐστίν; Ἢ ἐκεῖνοι μὲν {οὐκ} ἀναιροῦσι τὰς περὶ θεῶν ἐννοίας,
οὗτοι δὲ καὶ περιυβρίζουσι καὶ χλευάζουσιν, Ἐπικάρπιόν τινα θεὸν λέγοντες
εἶναι καὶ Γενέθλιον καὶ Παιᾶνα
| [1075] Les dieux ne craignent point la vieillesse et les maux;
(1075a) Ils ne passeront pas ces redoutables eaux,
"Dont le brûlant Cocyte enceint les tristes ombres".
Peut-être serait-il possible de trouver des peuples assez barbares pour ne
point connaître de dieu; mais il n'est pas un seul homme qui, ayant l'idée
de Dieu, ne le croie incorruptible et éternel. Les philosophes même qui
ont eu le surnom d'athées, tels que les Théodore, les Diagoras, les
Hippon, n'ont pas osé dire que Dieu fût corruptible ; ils ont seulement
dit qu'il n'existait pas un être incorruptible ; et s'ils niaient
l'incorruptibilité, du moins ils laissaient subsister l'idée qu'on avait
de la Divinité. Mais Chrysippe et Cléanthe, qui, dans leurs ouvrages, ont
(1075b) pour ainsi dire rempli de dieux le ciel, la terre, les airs et la
mer, dans cette multitude de divinités, ne supposent incorruptible et
éternel que Jupiter seul, en qui tous les autres doivent être consumés ;
en sorte que son action consiste à tout détruire, ce qui ne vaut guère
mieux que d'être soi-même détruit ; car c'est toujours
par faiblesse qu'on périt en se changeant en la substance d'un autre, ou
qu'on se nourrit et se conserve par la résolution des autres en soi. Il
n'en est pas de cette absurdité comme de tant d'autres qui sont des
conséquences et des inductions qu'on tire naturellement de leurs principes
et de leur doctrine. Ici ce sont eux-mêmes qui, dans leurs écrits sur les
dieux, sur la Providence, le Destin et la nature, nous crient ouvertement
(1075c) que tous les dieux ont été engendrés et qu'ils périront par le
feu, qui les fondra comme s'ils étaient de cire ou d'étain.
Est-il moins contre le sens commun de supposer Dieu mortel, que de faire
l'homme immortel? Ou plutôt, je ne vois pas quelle différence il y aura
entre Dieu et l'homme, si Dieu n'est qu'un être raisonnable et
corruptible. Que s'ils répondent par cette belle et subtile distinction
que l'homme est mortel, mais que Dieu ne l'est pas, et qu'il est seulement
corruptible, voyez ce qui en résulte : ils diront ou que Dieu est à la
fois immortel et corruptible, ou qu'il n'est ni mortel ni immortel ; et
quand on s'étudierait à forger à plaisir des absurdités en ce genre,
serait-il possible d'aller plus loin ? (1075d) Je suppose d'autres
philosophes que les stoïciens ; car, pour eux, il n'est point de si grande
extravagance qu'ils n'aient avancée. Cléanthe surtout, lorsqu'il se bat
les flancs pour établir que l'embrasement général de l'univers aura lieu,
dit que le soleil rendra semblables à soi la lune et les autres astres, et
qu'il les changera en sa substance. Mais si les astres, qui sont des
dieux, doivent concourir avec le soleil pour leur propre destruction et
faciliter leur embrasement, n'est-il pas ridicule de leur adresser des
prières pour notre conservation, et de les invoquer comme les sauveurs des
hommes ; tandis que, par leur nature même, ils hâtent (1075e) leur propre
destruction ?
Cependant il n'est rien que les stoïciens ne disent et ne fassent contre
Épicure ; ils crient contre lui oh ! oh ! ils l'accusent de confondre toutes les idées
de la Divinité en niant sa Providence,
parce que nous concevons les dieux comme des êtres non seulement
immortels et heureux, mais bons, humains et bienfaisants, et ils
le sont en effet. Si donc ceux qui détruisent la Providence anéantissent
aussi la notion de la Divinité, que faudra-t-il dire de ceux qui, en
admettant cette Providence, soutiennent que les dieux ne nous sont d'aucun
secours, qu'ils ne nous donnent pas de vrais biens, mais des choses
indifférentes, puisque nous ne recevons pas d'eux la vertu, mais la
richesse, (1075f) la santé, les enfants et les autres choses semblables,
dont aucune n'est ni utile, ni commode, ni digne de nos recherches?
N'est-ce pas là détruire l'idée de la Divinité ? Les stoïciens
n'insultent-ils pas et n'outragent-ils pas les dieux, lorsqu'ils en
reconnaissent qui président aux fruits, au mariage, à la médecine,
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