[1074] (1074a) ὥστ´ ἀνάγκη μήτε βαρὺ μήτε κοῦφον εἶναι τὸ πᾶν μηδ´
ἔχειν ἐξ ἑαυτοῦ κινήσεως ἀρχήν. Ἀλλὰ μὴν οὐδ´ ὑφ´ ἑτέρου κινήσεται τὸ πᾶν·
ἕτερον γὰρ οὐδέν ἐστι τοῦ παντός· ὥστ´ ἀνάγκη λέγειν αὐτοῖς ὅπερ λέγουσι
μήτε μένον εἶναι τὸ πᾶν μήτε κινούμενον. Ὅλως δέ, ἐπεὶ τὸ λέγειν σῶμα τὸ
πᾶν μηδ´ ἔνεστι κατ´ αὐτούς, σῶμα δ´ οὐρανὸς καὶ γῆ καὶ ζῷα καὶ φυτὰ καὶ
ἄνθρωποι καὶ λίθοι, τὸ μὴ ὂν σῶμα σώματα μέρη ἕξει καὶ τοῦ μὴ ὄντος μέρη
ὄντα ἔσται καὶ τὸ μὴ βαρὺ χρήσεται βαρέσι μορίοις καὶ κούφοις τὸ μὴ κοῦφον·
ὧν οὐδ´ ὀνείρατα λαβεῖν μᾶλλον ἔστι παρὰ τὰς κοινὰς ἐννοίας. (1074b) Καὶ
μὴν οὕτως οὐδὲν ἐναργές ἐστι καὶ τῶν κοινῶν ἐχόμενον ἐννοιῶν ὡς τό, εἴ τι
μὴ ἔμψυχόν ἐστιν, ἐκεῖνο ἄψυχον εἶναι, καὶ πάλιν, εἴ τι μὴ ἄψυχον, ἐκεῖνο
ἔμψυχον εἶναι· καὶ ταύτην οὖν ἀνατρέπουσι τὴν ἐνάργειαν οὗτοι, τὸ πᾶν
ὁμολογοῦντες μήτ´ ἔμψυχον εἶναι μήτ´ ἄψυχον. Ἄνευ δὲ τούτων, ἀτελὲς μὲν
οὐδεὶς νοεῖ τὸ πᾶν, οὗ γε δὴ μηθὲν μέρος ἄπεστιν· οὗτοι δὲ τέλειον οὔ
φασιν εἶναι τὸ πᾶν· ὡρισμένον γάρ τι τὸ τέλειον, τὸ δὲ πᾶν ὑπ´ ἀπειρίας
ἀόριστον· οὐκοῦν ἔστι τι κατ´ αὐτούς, ὃ μήτ´ ἀτελὲς μήτε τέλειόν ἐστιν.
Ἀλλὰ μὴν οὔτε μέρος ἐστὶ τὸ πᾶν (οὐθὲν γὰρ αὐτοῦ μεῖζον), οὔθ´ ὅλον, ὡς
αὐτοὶ λέγουσι· (1074c) τεταγμένου γὰρ τὸ ὅλον κατηγορεῖσθαι, τὸ δὲ πᾶν δι´
ἀπειρίαν καὶ ἀόριστον εἶναι καὶ ἄτακτον. Αἴτιον τοίνυν οὔτε τοῦ παντὸς
ἕτερόν ἐστι τῷ μηθὲν εἶναι παρὰ τὸ πᾶν ἕτερον, οὔτ´ ἄλλου τὸ πᾶν ἀλλ´ οὐδ´
ἑαυτοῦ· ποιεῖν γὰρ οὐ πέφυκε, τῷ δὲ ποιεῖν τὸ αἴτιον νοεῖται. Φέρε τοίνυν
πάντας ἀνθρώπους ἐρωτᾶσθαι, τί νοοῦσι τὸ μηθὲν καὶ τίνα τοῦ μηθενὸς
ἐπίνοιαν λαμβάνουσιν· ἆρ´ οὐκ ἂν εἴποιεν, ὡς τὸ μήτ´ αἴτιον ὑπάρχον μήτ´
αἴτιον ἔχον μήθ´ ὅλον μήτε μέρος μήτε τέλειον μήτ´ ἀτελὲς μήτ´ ἔμψυχον
μήτ´ ἄψυχον μήτε κινούμενον μήτε μένον που μηδ´ ὑπάρχον μήτε σῶμα μήτ´
ἀσώματον; (1074d) Τοῦτο καὶ οὐκ ἄλλο τι τὸ οὐθέν ἐστιν. Ὅταν οὖν ὅσα
πάντες οἱ λοιποὶ τοῦ μηθενός, οὗτοι μόνοι τοῦ παντὸς κατηγοροῦσι, ταὐτὸν
ὡς ἔοικε φαίνονται τῷ μηθενὶ τὸ πᾶν ποιοῦντες. Οὐθὲν οὖν ἔτι δεῖ λέγειν
τὸν χρόνον τὸ κατηγόρημα τὸ ἀξίωμα τὸ συνημμένον τὸ συμπεπλεγμένον, οἷς
χρῶνται μὲν μάλιστα τῶν φιλοσόφων, ὄντα δ´ οὐ λέγουσιν εἶναι. Καίτοι τό γ´
ἀληθὲς ὂν μὴ εἶναι μηδ´ ὑπάρχειν, ἀλλὰ καταλαμβάνεσθαι καὶ καταληπτὸν
εἶναι καὶ πιστὸν ᾧ τῆς οὐσίας τοῦ ὄντος μὴ μέτεστι, πῶς {οὖν} οὐ πᾶσαν
ἀτοπίαν ὑπερβέβληκεν;
Ἀλλὰ μὴ δοκῇ ταῦτα λογικωτέραν ἔχειν τὴν ἀπορίαν, (1074e) ἁψώμεθα τῶν
φυσικωτέρων. Ἐπεὶ τοίνυν
« Ζεὺς ἀρχὴ Ζεὺς μέσσα Διὸς δ´ ἐκ πάντα τέτυκται »
ὡς αὐτοὶ λέγουσι, μάλιστα μὲν ἔδει τὰς περὶ θεῶν ἐννοίας, εἴ τι
ταραχῶδες ἢ πλανητὸν ἐγγέγονεν αὐταῖς, ἰωμένους ἀπευθύνειν καὶ κατορθοῦν
ἐπὶ τὸ βέλτιστον· εἰ δὲ μή, πειςθέντας γ´ ἐᾶν ὡς ἔχουσιν ὑπὸ τοῦ νόμου
ἕκαστοι καὶ τῆς συνηθείας πρὸς τὸ θεῖον.
« Οὐ γάρ τι νῦν γε κἀχθὲς ἀλλ´ ἀεί ποτε
ζῇ ταῦτα, κοὐδεὶς οἶδεν ἐξ ὅτου ´φάνη »
οἱ δ´ ὥσπερ ἀφ´ ἑστίας ἀρξάμενοι τὰ καθεστῶτα κινεῖν καὶ πάτρια τῆς περὶ
θεῶν δόξης οὐδεμίαν, ὡς ἁπλῶς εἰπεῖν, (1074f) ἔννοιαν ὑγιῆ καὶ ἀκέραιον
ἀπολελοίπασι. Τίς γάρ ἐστιν ἄλλος ἀνθρώπων ἢ γέγονεν, ὃς οὐκ ἄφθαρτον νοεῖ
καὶ ἀίδιον τὸ θεῖον; Τί ταῖς κοιναῖς προλήψεσι περὶ θεῶν ὁμολογουμένως
ἀναπεφώνηται μᾶλλον ἢ τὰ τοιαῦτα·
« Τῷ ἔνι τέρπονται μάκαρες θεοὶ ἤματα πάντα » καί
« Ἀθανάτων τε θεῶν χαμαὶ ἐρχομένων τ´ ἀνθρώπων » καὶ τό
| [1074] (1074a) il n'est donc nécessairement ni pesant ni léger,
et il n'a pas en soi le principe du mouvement. Il ne l'aura pas non plus
d'ailleurs, puisqu'il n'y a rien outre l'univers. Ils sont donc forcés de dire,
comme ils le disent en effet, que l'univers n'est ni stable ni en mouvement.
En un mot, puisque dans leur système
il ne faut pas dire que l'univers soit un corps, et que cependant
le ciel, la terre, les animaux, les plantes, les hommes et les pierres
sont des corps, il s'ensuivra que ce qui n'est point corps aura pour ses
parties des corps, que ce qui n'a point d'être sera composé d'êtres, que
ce qui n'est point pesant aura des parties pesantes, et ce qui n'est pas
léger aura des parties légères.
Peut-on imaginer des rêves plus contraires aux notions communes? (1074b)
D'ailleurs, quoi de plus évident et de plus conforme au sens commun que ce
raisonnement : ce qui n'est point animé est inanimé, et au contraire, ce
qui n'est point inanimé a une âme ? Cependant ils détruisent autant qu'il
est en eux cette évidence, en soutenant que l'univers n'est ni animé ni
inanimé. De plus, personne ne se représente l'univers comme imparfait,
puisqu'il ne lui manque aucune partie. Mais les stoïciens prétendent que
l'univers n'est point parfait, parce que, disent-ils, (1074c) ce qui est
parfait est terminé, et l'univers, qui est infini, ne peut pas être
terminé. Il existe donc, selon eux, quelque chose qui n'est ni parfait ni
imparfait. L'univers n'est pas non plus la partie d'un tout, puisqu'il n'y
a rien de plus grand que lui ; il n'est pas un tout, parce qu tout est
ordonné et que l'univers, étant infini, n'a ni terme ni ordre. Il n'y a
donc pas de cause étrangère qui ait produit l'univers, puisqu'il n'y a rien
au-delà ; il n'est pas la cause d'autres êtres ni de lui-même, parce que naturellement
il ne peut pas agir, et qu'on ne saurait concevoir d'effet sans cause.
Supposons maintenant qu'on demande à tous les hommes ce que c'est que le
néant et quelle idée ils s'en forment, ne répondront-ils pas que c'est ce
qui n'est point cause et qui n'a point de cause; qui n'est ni tout ni
partie d'un tout; qui n'est ni parfait, ni imparfait, ni animé, ni
inanimé, ni stable, ni en mouvement, ni corporel, ni incorporel ? (1074d)
Ils ne le définiront jamais autrement. Puis donc qu'ils attribuent seuls à
l'univers ce que tous les hommes affirment du néant, il semble que, dans
leurs principes, l'univers et le néant sont une même chose. Il faut par
conséquent comprendre sous le nom de néant le temps, le sujet, la
proposition, la conjonction et la complexion, termes qu'ils emploient plus
qu'aucune autre secte de philosophes, et qui, selon eux, ne sont pas des
êtres. Ils disent encore que ce qui est vrai n'existe pas, qu'il est
seulement l'objet de l'intelligence, le motif de notre crédibilité,
quoiqu'il n'ait aucune substance ni aucun être. N'est-ce pas le comble de l'absurdité?
Mais comme ces objets semblent plutôt tenir aux épines de la dialectique,
(1074e) passons à des points de philosophie naturelle. Puisque, d'après
eux-mêmes, "Jupiter est de tout le principe et la fin",
Ils devaient donc corriger, redresser et tourner à un meilleur sens ce
qu'il y avait d'erroné dans les notions que les hommes avaient de la
Divinité, ou du moins laisser à chaque peuple les opinions que les lois de
leur pays ou un usage général leur avait transmises :
"Non, ce ne sont point là des vérités nouvelles.
Elles sont de tout temps ; on voudrait vainement,
De leur naissance antique assigner le moment".
Mais les stoïciens ayant en quelque sorte commencé par Vesta à
attaquer ce qui était universellement établi, (1074f) à ébranler les
opinions que chaque peuple avait reçues de ses ancêtres sur la nature des
dieux, n'ont laissé aucune de ces notions sans l'altérer et la corrompre.
Quels hommes, si on en excepte ces philosophes, n'ont pas toujours cru
que Dieu est incorruptible et éternel ? Et dans les idées qu'on a communément
des dieux, en est-il de plus généralement avouées que celles-ci :
Les dieux y sont toujours parfaitement heureux.
Les dieux sont immortels, et l'homme doit mourir.
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