[1073] (1073a) Αἰσχροὺς μὲν γὰρ εἶναι τοὺς νέους,
φαύλους γ´ ὄντας καὶ ἀνοήτους, καλοὺς δὲ τοὺς σοφούς· ἐκείνων δὲ τῶν καλῶν
μηδένα μήτ´ ἐρᾶσθαι μήτ´ ἀξιέραστον εἶναι. Καὶ οὐ τοῦτό πω
δεινόν, ἀλλὰ καὶ τοὺς ἐρασθέντας αἰσχρῶν παύεσθαι λέγουσι καλῶν γενομένων.
Καὶ τίς ἔρωτα γινώσκει τοιοῦτον, ὃς ἅμα σώματος μοχθηρίᾳ μοχθηρίας ψυχῆς
βλεπομένης συνέχεται καὶ ἀνάπτεται, κάλλους δ´ ἅμα φρονήσει μετὰ
δικαιοσύνης καὶ σωφροσύνης ἐγγινομένου κατασβέννυται καὶ ἀπομαραίνεται;
Οὓς μηδὲν οἴομαι τῶν κωνώπων διαφέρειν· χαίρουσι γὰρ λάμπῃ καὶ ὄξει, τὸν
δὲ πότιμον καὶ χρηστὸν οἶνον ἀποπετόμενοι φεύγουσιν. (1073b) Ἣν δὲ
λέγοντες καὶ ὀνομάζοντες ἔμφασιν κάλλους ἐπαγωγὸν εἶναι τοῦ ἔρωτος
λέγουσι, πρῶτον μὲν οὐκ ἔχει τὸ πιθανόν· ἐν γὰρ αἰσχίστοις καὶ κακίστοις
οὐκ ἂν ἔμφασις γένοιτο κάλλους, εἴπερ, ὡς λέγουσιν, ἡ μοχθηρία τοῦ ἤθους
ἀναπίμπλησι τὸ εἶδος. Ἔπειτα κομιδῇ παρὰ τὴν ἔννοιάν ἐστιν ἀξιέραστον
εἶναι τὸν αἰσχρόν, ὅτι μέλλει ποτὲ καὶ προσδοκᾶται κάλλος ἕξειν,
κτησάμενον δὲ τοῦτο καὶ γενόμενον καλὸν καὶ ἀγαθὸν ὑπὸ μηδενὸς ἐρᾶσθαι.
(ΕΤΑΙΡΟΣ)
Θήρα γάρ τις, φασίν, ἐστὶν ὁ ἔρως ἀτελοῦς μὲν εὐφυοῦς δὲ μειρακίου πρὸς
ἀρετήν.
(ΔΙΑΔΟΥΜΕΝΟΣ)
Εἶθ´, ὦ βέλτιστε, πράττομεν ἄλλο νῦν ἢ (1073c) τὴν αἵρεσιν αὐτῶν
ἐλέγχομεν, οὔτε πιθανοῖς πράγμασιν οὔθ´ ὡμιλημένοις ὀνόμασι τὰς κοινὰς
ἐκστρέφουσαν ἡμῶν καὶ παραβιαζομένην ἐννοίας; Οὐδεὶς γὰρ ἦν ὁ κωλύων τὴν
περὶ τοὺς νέους τῶν σοφῶν σπουδήν, εἰ πάθος αὐτῇ μὴ πρόσεστι, θήραν ἢ
φιλοποιίαν προσαγορευομένην· ἔρωτα δ´ ἔδει καλεῖν ὃν πάντες ἄνθρωποι καὶ
πᾶσαι νοοῦσι καὶ ὀνομάζουσιν, ὡς Ὅμηρος·
« Πάντες δ´ ἠρήσαντο παραὶ λεχέεσσι κλιθῆναι· » καί
« οὐ γὰρ πώποτέ μ´ ὧδε θεᾶς ἔρος οὐδὲ γυναικὸς
θυμὸν ἐνὶ στήθεσσι περιπροχυθεὶς ἐδάμασσεν. »
Εἰς τοιαῦτα μέντοι πράγματα τὸν ἠθικὸν λόγον ἐκβάλλοντες,
« Ἑλικτὰ καὶ οὐδὲν ὑγιὲς ἀλλὰ πᾶν πέριξ », - - -
εὐτελίζουσι καὶ διασύρουσιν, ὡς δὴ μόνοι τὴν φύσιν καὶ συνήθειαν ὀρθοῦντες
ᾗ χρὴ καὶ καθιστάντες τὸν λόγον, ὃς (1073d) ἅμ´ ἀποστρέφει καὶ ἐπάγει ταῖς
ἐφέσεσι καὶ διώξεσι καὶ ὁρμαῖς πρὸς τὸ οἰκεῖον ἕκαστον. Ἡ δὲ συνήθεια τῆς
διαλεκτικῆς διέραμα γινομένη χρηστὸν μὲν οὐδὲν οὐδ´ ὑγιὲς ἀπολέλαυκεν,
ἀλλ´ ὥσπερ ἀκοὴ νοσώδης ὑπὸ κενῶν ἤχων δυσηκοΐας καὶ ἀσαφείας ἐμπέπλησται.
Περὶ ἧς αὖθις ἑτέραν ἀρχὴν λαβόντες, εἰ βούλει, διαλεξόμεθα· νυνὶ δὲ τὸν
φυσικὸν αὐτῶν λόγον, οὐχ ἧττον τοῦ περὶ τελῶν διαταράττοντα τὰς κοινὰς
προλήψεις, ἐν τοῖς κυριωτάτοις καὶ πρώτοις ἐπιδράμωμεν.
Καθόλου μὲν ἄτοπον καὶ παρὰ τὴν ἔννοιάν ἐστιν εἶναι μέν τι μὴ ὂν δ´ εἶναι,
- - - μὲν οὐκ ὄντα δ´ εἶναι (1073e) λεγόντων ἀτοπώτατόν ἐστι τὸ ἐπὶ τοῦ
παντὸς λεγόμενον. Κενὸν γὰρ ἄπειρον ἔξωθεν τῷ κόσμῳ περιθέντες οὔτε σῶμα
τὸ πᾶν οὔτ´ ἀσώματον εἶναι λέγουσιν. Ἔπεται δὲ τούτῳ τὸ μὴ ὂν εἶναι τὸ
πᾶν· ὄντα γὰρ μόνα τὰ σώματα καλοῦσιν. Ἔπειτα δ´ ὄντος τὸ ποιεῖν τι καὶ
πάσχειν, τὸ δὲ πᾶν οὐκ ὄν ἐστιν· ὥστ´ οὔτε τι ποιήσει οὔτε τι πείσεται τὸ
πᾶν. Ἀλλ´ οὐδ´ ἐν τόπῳ ἔσται· σῶμα γὰρ δήπου τὸ ἐπέχον τόπον, οὐ σῶμα δὲ
τὸ πᾶν, ὥστ´ οὐδαμοῦ τὸ πᾶν. Καὶ μὴν ᾧ τὸν αὐτὸν ἐπέχειν τόπον
συμβέβηκε, τοῦτο {τὸ} μένον· ὥστ´ οὐ μένει τὸ πᾶν· οὐ γὰρ ἐπέχει τόπον.
Ἀλλ´ οὐδὲ κινεῖται· πρῶτον ὅτι καὶ τῷ κινουμένῳ τόπου δεῖ καὶ (1073f)
χώρας ὑποκειμένης, ἔπειθ´ ὅτι τὸ {μὴ} κινούμενον ἢ αὑτὸ κινεῖν ἢ ὑφ´
ἑτέρου πάσχειν πέφυκε· τὸ μὲν οὖν ὑφ´ ἑαυτοῦ κινούμενον ἔχει τινὰς νεύσεις
ἐξ ἑαυτοῦ καὶ ῥοπὰς κατὰ βάρος ἢ κουφότητα· κουφότης δὲ καὶ βάρος ἤτοι
σχέσεις τινὲς ἢ δυνάμεις εἰσὶν ἢ διαφοραὶ πάντως σώματος· τὸ δὲ πᾶν οὐ
σῶμά ἐστιν·
| [1073] (1073a) Ils disent que les jeunes gens vicieux et insensés sont
laids et difformes, qu'il n'y a de beaux que ceux qui sont sages, et
qu'entre ces derniers aucun n'est ni aimé ni digne de l'être. Ce n'est pas
là le plus fort ; ils prétendent qu'on cesse d'aimer des jeunes gens laids
dès qu'ils sont devenus beaux. Qui jamais a connu cette espèce d'amour
qui, formé et entretenu par la laideur du corps et la méchanceté de l'âme,
se flétrit et s'éteint à l'aspect de la beauté accompagnée de la
prudence, de la justice et de la tempérance ? N'est-ce pas ressembler aux
moucherons qui fuient le bon vin et ne s'arrêtent qu'à son écume et au
vinaigre? (1073b) Quant à ce qu'ils disent qu'il y a toujours une
apparence de beauté qui, selon eux, est l'attrait de l'amour, cela n'a pas
même de vraisemblance. Cette apparence de beauté ne peut se trouver dans
des jeunes gens très méchants et très laids, s'il est vrai, comme ils le
disent, que la dépravation de leurs mœurs soit empreinte sur leur visage.
Que signifie encore ce que prétendent plusieurs d'entre eux qu'un jeune
homme laid est digne d'être aimé, parce qu'il doit un jour devenir beau,
puisque, selon eux, quand il a acquis la beauté et la vertu, il n'est plus
aimé de personne? Car l'amour, disent-ils, est la poursuite d'un jeune
homme qui n'est pas encore arrivé à la perfection, mais qu'un heureux
naturel a fait pour la vertu.
(LAMPRIAS)
Que faisons-nous maintenant, (1073c) mon cher Diadumène, que de convaincre
cette secte de renverser les notions communes par des opinions
invraisemblables et par des expressions hors de tout usage? Car personne
ne s'oppose à l'empressement de ces philosophes pour des jeunes gens
vertueux, puisqu'il est exempt de ce sentiment passionné que tout le monde
appelle amour, tel que dans les poursuivants de Pénélope, qui tous
"Brûlaient d'un vif désir de s'unir à la reine :
el comme Jupiter disait à Junon :
Jamais aucune femme, ou mortelle ou déesse,
Ne me fit éprouver une plus douce ivresse".
(DIADUMÈNE)
Voilà comment les stoïciens jetant, pour ainsi dire, la morale dans un
labyrinthe d'opinions obscures, dépravées et hérissées de difficultés,
l'avilissent et la rendent méprisable. Cependant ils se moquent des autres
philosophes, comme s'ils étaient les seuls qui eussent établi sur des
bases convenables la nature et la coutume, et qui eussent réglé leurs
discours (1073b) d'après l'une et l'autre. Elles attirent et dirigent chaque être
versée qui lui est propre, par des désirs, des impulsions et des attraits; au lieu
que l'habitude de la dialectique, quand elle dégénère en pures subtilités, ne
produit rien de bon et de salutaire ; elle est comme une oreille malade
qui croit toujours entendre des sons obscurs et confus. Nous en parlerons,
si vous voulez, dans la suite, en partant d'un autre principe.
Passons maintenant à la philosophie naturelle des stoïciens, et
parcourons-en les principaux objets; nous verrons qu'ils n'y renversent
pas moins les notions communes que lorsqu'ils traitent des fins de
l'homme. En général, il est absurde et contraire au bon sens de dire que
ce qui n'est pas existe, (1073e) et que ce qui existe n'est pas. Mais ce
qu'ils disent de l'univers est bien d'une autre absurdité : ils supposent
un vide infini hors du monde, et ils prétendent que l'univers n'est ni
corporel ni incorporel. Il s'ensuit que l'univers n'est pas un être,
puisque, suivant eux, il n'y a d'êtres que les corps. Et comme le propre
d'un être quelconque est d'agir et de recevoir l'action, et que l'univers
n'est pas un être, il n'agira point, il ne recevra point d'action, il ne
sera pas même dans un lieu; car tout corps occupe une place, et l'univers
n'est pas un corps. La propriété de ce qui occupe un espace est de
subsister; l'univers donc ne subsistera pas, puisqu'il n'occupe point de
place. Il n'aura même jamais un premier mouvement, parce que, pour se
mouvoir, il faut un lieu et un espace. (1073f) D'ailleurs, ce qui est mu
l'est ou par lui-même ou par autrui. Ce qui se meut de soi-même a des
inclinations relatives à sa pesanteur ou à sa légèreté ; la légèreté et la
pesanteur sont des habitudes, des facultés et des différences des corps.
Or, l'univers n'est pas un corps ;
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