HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales, Des notions communes contre les Stoïciens

Page 1072

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[1072] εἰ νόησιν μὲν αὐτῆς οὐκ ἔστι λαβεῖν (1072a) μὴ πρότερον τοῦ ἀγαθοῦ νοηθέντος, ἄλλο δ´ οὐθὲν ἀλλ´ αὐτὴ μόνον τὸ ἀγαθόν ἐστιν. (ΔΙΑΔΟΥΜΕΝΟΣ) Ἴθι δὲ καὶ σκόπει τὴν ἐκ τῆς Στοᾶς ταύτην ἀρνουμένην ἀδιαφορίαν καλουμένην δ´ ὁμολογίαν, ὅπως δὴ καὶ ὁπόθεν παρέσχεν αὑτὴν ἀγαθὸν νοηθῆναι. Εἰ γὰρ τοῦ ἀγαθοῦ χωρὶς οὐκ ἔστι νοῆσαι τὴν πρὸς τὸ μὴ ἀγαθὸν ἀδιαφορίαν, ἔτι μᾶλλον τῶν ἀγαθῶν φρόνησις ἐπίνοιαν αὑτῆς οὐ δίδωσι τοῖς ἀγαθὸν μὴ προεννοήσασιν. Ἀλλ´ ὥσπερ ὑγιεινῶν καὶ νοσερῶν τέχνης οὐ γίνεται νόησις, οἷς μὴ πρότερον αὐτῶν ἐκείνων γέγονεν, οὕτως ἀγαθῶν καὶ κακῶν ἐπιστήμης οὐκ ἔστιν (1072b) ἔννοιαν λαβεῖν μὴ τἀγαθὰ καὶ τὰ κακὰ προεννοήσαντας. Τί οὖν ἀγαθόν ἐστιν; Οὐδὲν ἀλλ´ φρόνησις. Τί δ´ φρόνησις; Οὐδὲν ἀλλ´ ἀγαθῶν ἐπιστήμη. (ΕΤΑΙΡΟΣ) Πολὺς οὖν Διὸς Κόρινθος ἐπὶ τὸν λόγον αὐτῶν ἀφῖκται. (ΔΙΑΔΟΥΜΕΝΟΣ) Τὴν γὰρ ὑπέρου περιτροπήν, ἵνα μὴ σκώπτειν δοκῇς, ἔασον· καίτοι τόν γε λόγον αὐτῶν ὅμοιον κείνῳ πάθος κατείληφε. Φαίνεται γὰρ εἰς τὴν τἀγαθοῦ νόησιν αὐτὴν νοῆσαι δεόμενος φρόνησιν τὴν δ´ αὖ φρόνησιν ἐν τῇ περὶ τἀγαθὸν ζητῶν νοήσει, καὶ πρὸ τῆς ἑτέρας ἀναγκαζόμενος ἀεὶ τὴν ἑτέραν διώκειν, ἀπολειπόμενος δ´ ἑκατέρας τῷ πρὸς τὸ πρὸ αὐτῆς νοούμενον δεῖσθαι τοῦ χωρὶς νοηθῆναι μὴ δυναμένου. Καὶ κατ´ ἄλλον δὲ τρόπον ἔστι τὴν οὐκέτι διαστροφὴν ἀλλ´ ἐκστροφὴν (1072c) αὐτῶν τοῦ λόγου καὶ ἀπαγωγὴν τελέως εἰς τὸ μηδὲν καταμαθεῖν. Οὐσίαν τἀγαθοῦ τίθενται τὴν εὐλόγιστον ἐκλογὴν τῶν κατὰ φύσιν· ἐκλογὴ δ´ οὐκ ἔστιν εὐλόγιστος μὴ πρός τι γενομένη τέλος, ὡς προείρηται. Τί οὖν τοῦτ´ ἐστίν; Οὐδὲν ἄλλο, φασίν, τὸ εὐλογιστεῖν ἐν ταῖς τῶν κατὰ φύσιν ἐκλογαῖς. Πρῶτον μὲν οὖν οἴχεται καὶ διαπέφευγεν ἔννοια τοῦ ἀγαθοῦ· τὸ γὰρ εὐλογιστεῖν ἐν ταῖς ἐκλογαῖς σύμπτωμα δήπουθέν ἐστι γινόμενον ἀπὸ ἕξεως τῆς εὐλογιστίας· διὸ ταύτην μὲν ἀπὸ τοῦ τέλους, τὸ τέλος δ´ οὐκ ἄνευ ταύτης ἀναγκαζόμενοι νοεῖν, ἀπολειπόμεθα τῆς ἀμφοῖν νοήσεως. Ἔπειτα, (1072d) μεῖζόν ἐστι, τῷ μὲν δικαιοτάτῳ λόγῳ τὴν εὐλόγιστον ἐκλογὴν ἀγαθῶν ἔδει καὶ ὠφελίμων καὶ συνεργῶν πρὸς τὸ τέλος ἐκλογὴν εἶναι· τὸ γὰρ ἐκλέγεσθαι τὰ μήτε συμφέροντα μήτε τίμια μήθ´ ὅλως αἱρετὰ πῶς εὐλόγιστόν ἐστιν; Ἔστω γάρ, ὡς αὐτοὶ λέγουσιν, εὐλόγιστος ἐκλογὴ τῶν ἀξίαν ἐχόντων πρὸς τὸ εὐδαιμονεῖν· ὅρα τοίνυν, ὡς εἰς πάγκαλόν τι καὶ σεμνὸν αὐτοῖς λόγος ἐξήκει κεφάλαιον. Ἔστι γάρ, ὡς ἔοικε, τέλος κατ´ αὐτοὺς τὸ εὐλογιστεῖν ἐν τῇ ἐκλογῇ τῶν ἀξίαν ἐχόντων πρὸς τὸ εὐλογιστεῖν. (ΕΤΑΙΡΟΣ) Ἀλλ´ οὑτωσὶ μὲν ἀκούοντι τῶν ὀνομάτων (1072e) ἀλλόκοτόν τι φαίνεται δεινῶς, ἑταῖρε, τὸ φραζόμενον·ἔτι δὲ δέομαι μαθεῖν πῶς τοῦτο συμβαίνει. (ΔΙΑΔΟΥΜΕΝΟΣ) Προσεκτέον οὖν σοι μᾶλλον. Οὐ γὰρ τοῦ τυχόντος ἐστὶν αἴνιγμα συνιέναι· ἄκουε δὴ καὶ ἀποκρίνου. Ἆρ´ οὖν τέλος ἐστὶ κατ´ αὐτοὺς τὸ εὐλογιστεῖν ἐν ταῖς ἐκλογαῖς τῶν κατὰ φύσιν; (ΕΤΑΙΡΟΣ) Λέγουσιν οὕτως. (ΔΙΑΔΟΥΜΕΝΟΣ) Τὰ δὲ κατὰ φύσιν πότερον ὡς ἀγαθὰ ἐκλέγονται ὡς ἀξίας τινὰς ἔχοντα προαγωγάς; (ΕΤΑΙΡΟΣ) Ὡς ἔχοντα προαγωγάς. (ΔΙΑΔΟΥΜΕΝΟΣ) Καὶ τοῦτο πρὸς τὸ τέλος πρὸς ἕτερόν τι τῶν ὄντων; (ΕΤΑΙΡΟΣ) Οὐ νομίζω, ἀλλὰ πρὸς τέλος. (ΔΙΑΔΟΥΜΕΝΟΣ) Ἤδη τοίνυν ἀποκαλύψας ὅρα τὸ συμβαῖνον (1072f) αὐτοῖς, ὅτι τέλος ἐστὶ τὸ εὐλογιστεῖν ἐν ταῖς ἐκλογαῖς τῶν ἀξίαν ἐχόντων πρὸς τὸ εὐλογιστεῖν· ἄλλην γὰρ οὐσίαν τοῦ ἀγαθοῦ καὶ τῆς εὐδαιμονίας οὔτ´ ἔχειν φασὶν οὔτε νοεῖν οἱ ἄνδρες τὴν πολυτίμητον εὐλογιστίαν ταύτην περὶ τὰς ἐκλογὰς τῶν ἀξίαν ἐχόντων. Ἀλλὰ τοῦτο μέν εἰσιν οἱ πρὸς Ἀντίπατρον οἰόμενοι λέγεσθαι μὴ πρὸς τὴν αἵρεσιν· ἐκεῖνον γὰρ ὑπὸ Καρνεάδου πιεζόμενον εἰς ταύτας καταδύεσθαι τὰς εὑρησιλογίας. Τῶν δὲ περὶ ἔρωτος φιλοσοφουμένων ἐν τῇ Στοᾷ παρὰ τὰς κοινὰς ἐννοίας τῆς ἀτοπίας πᾶσιν αὐτοῖς μέτεστιν. [1072] (1072a) Comment peut-on même en avoir l'idée avant que le bien soit connu? Jusqu'alors il n'existe réellement que le bien seul. (DIADUMÈNE) Considérez maintenant ce qu'est cette indifférence que les stoïciens n'admettent pas, et ce qu'ils appellent convenance, et voyez comment et par où elle a fait connaître le bien. Si sans le bien il n'est pas possible de concevoir l'indifférence pour ce qui n'est pas un bien, à plus forte raison la prudence ne donnera pas l'intelligence du bien à ceux qui n'en ont pas eu d'avance l'idée. Mais comme on ne peut avoir de notion de l'art qui traite des choses salubres et insalubres avant que ces choses elles-mêmes ne soient connues ; de même on ne saurait posséder la science des biens et des maux (1072b) qu'auparavant on n'ait connu les biens et les maux. Qu'est-ce donc que le bien ? Rien autre chose que la prudence. Qu'est-ce que la prudence? Rien autre chose que la science du bien. (LAMPRIAS) On trouve partout dans leurs discours le Corinthus de Jupiter. (DIADUMÈNE) Car je ne veux pas leur appliquer le proverbe du pilon qu'on agite sans cesse, pour ne pas trop me moquer d'eux, quoique après tout leur enseignement ne soit guère que cela. Car, pour avoir l'intelligence du bien, l'idée de la prudence est nécessaire, et c'est dans la prudence qu'il faut puiser la connaissance du bien ; ainsi l'on a toujours à chercher l'un dans l'autre, sans pouvoir atteindre aucun des deux, puisque pour l'intelligence- de l'un on a toujours besoin d'une prénotion que la connaissance de l'autre peut seule donner. On peut reconnaître encore d'une autre manière, je ne dis pas la perversité, mais la subversion, l'anéantissement total (1072c) que leur doctrine fait de la raison. Ils font consister la substance du bien dans le choix raisonnable des choses conformes à la nature. Or ce choix, comme on l'a dit plus haut d'après eux-mêmes, n'est pas raisonnable lorsqu'il est dirigé vers une fin. Qu'est-ce donc qu'une fin? Rien autre chose, selon eux, que de procéder raisonnablement dans le choix de ce qui est conforme à la nature. Premièrement, c'est détruire et faire disparaître toute notion du bien ; car procéder raisonnablement est une qualité accidentelle qui naît de l'habitude de bien raisonner. Si donc on veut faire dépendre l'intelligence de cette habitude de la fin, et non celle de la fin de cette habitude, c'est nous faire manquer la connaissance de l'une et de l'autre. Et ce qui est plus encore, (1072b) il faut, d'après la plus exacte raison, que ce choix raisonnable porte sur des choses bonnes et utiles, et qui coopèrent à la fin qu'on se propose. Car peut-il jamais être conforme à la raison de choisir des choses qui ne sont ni utiles, ni honorables, ni dignes d'être recherchées? Supposons, comme ils le disent, qu'il y ait un choix raisonnable de choses propres à nous rendre heureux, et voyons à quelle conclusion admirable les mène cette assertion. La fin, selon eux, est ce choix que la raison nous fait faire des choses qui peuvent nous conduire au bonheur. (1072e) N'êtes-vous pas étonné, mon cher Lamprias, d'entendre des discours si extraordinaires? (LAMPRIAS) Assurément; mais je voudrais comprendre ce qu'ils disent. (DIADUMÈNE) Cela demande une attention particulière, car c'est une énigme qui n'est pas facile à deviner. Ainsi, écoutez bien et répondez-moi. La fin n'est-elle pas, suivant eux, la rectitude de la raison dans le choix des choses qui sont conformes à la nature? (LAMPRIAS) Oui, c'est ce qu'ils disent. (DIADUMÈNE) Mais ces choses qui sont conformes à la nature, les choisissent-ils comme des biens qui aient delà dignité, et qui conduisent au bonheur? (LAMPRIAS) C'est par ce dernier motif. (DIADUMÈNE) Est-ce pour parvenir à une fin, ou par quelle autre vue ? (LAMPRIAS) Je crois qu'ils n'en ont pas d'autre que de parvenir à une fin. (DIADUMÈNE) Maintenant que vous avez découvert le secret de leur doctrine, (1072f) voici ce qui en est. Ils disent que la fin est ce raisonnement juste qui guide dans le choix qu'on fait ; qu'ils ne peuvent posséder ni connaître d'autre félicité que cette rectitude si précieuse de la raison dans le choix de choses estimables. Au reste, il y a des gens qui croient que ces réflexions ne tombent que sur Antipater, et non sur toute la secte du Portique; que ce fut lui qui, se sentant pressé par Carnéade, imagina ces solutions ridicules. Mais les opinions du Portique sur l'amour ne répugnent pas moins au bon sens, et l'absurdité en est commune à toute la secte.


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Dernière mise à jour : 14/11/2007