[10] X. (144) Σεμνὴ οὖν κατὰ πάντα ἡ μουσική, θεῶν εὕρημα οὖσα. (145) Ἐχρήσαντο
δ´ αὐτῇ οἱ παλαιοὶ κατὰ τὴν ἀξίαν, ὥσπερ καὶ τοῖς ἄλλοις ἐπιτηδεύμασι
πᾶσιν· (146) οἱ δὲ νῦν τὰ σεμνὰ αὐτῆς παραιτησάμενοι, ἀντὶ τῆς ἀνδρώδους
ἐκείνης καὶ θεσπεσίας καὶ θεοῖς φίλης κατεαγυῖαν καὶ κωτίλην εἰς τὰ θέατρα
εἰσάγουσι.
(147) Τοιγάρτοι Πλάτων ἐν τῷ τρίτῳ τῆς Πολιτείας δυσχεραίνει τῇ τοιαύτῃ
μουσικῇ· (148) τὴν γοῦν Λύδιον ἁρμονίαν παραιτεῖται, ἐπειδὴ ὀξεῖα καὶ
ἐπιτήδειος πρὸς θρῆνον. (149) ᾗ καὶ τὴν πρώτην σύστασιν αὐτῆς φασι θρηνώδη
τινὰ γενέσθαι. (150) Ὄλυμπον γὰρ πρῶτον Ἀριστόξενος ἐν τῷ πρώτῳ περὶ
μουσικῆς ἐπὶ τῷ Πύθωνί φησιν ἐπικήδειον αὐλῆσαι Λυδιστί. (151) Πίνδαρος
δ´ ἐν Παιᾶσιν ἐπὶ τοῖς Νιόβης γάμοις φησὶ Λύδιον ἁρμονίαν πρῶτον
διδαχθῆναι, (152) ἄλλοι δὲ Τόρηβον πρῶτον ταύτῃ τῇ ἁρμονίᾳ χρήσασθαι,
καθάπερ Διονύσιος ὁ Ἴαμβος ἱστορεῖ.
(153) Καὶ ἡ Μιξολύδιος δὲ παθητική τίς ἐστι, τραγῳδίαις ἁρμόζουσα. (154)
Ἀριστόξενος δέ φησι Σαπφὼ πρώτην εὕρασθαι τὴν Μιξολυδιστί, παρ´ ἧς τοὺς
τραγῳδοποιοὺς μαθεῖν· (155) λαβόντας γοῦν αὐτὴν συζεῦξαι τῇ Δωριστί, ἐπεὶ
ἡ μὲν τὸ μεγαλοπρεπὲς καὶ ἀξιωματικὸν ἀποδίδωσιν, ἡ δὲ τὸ παθητικόν,
μέμικται δὲ διὰ τούτων τραγῳδία. (156) Αὖθις δὲ Λαμπροκλέα τὸν Ἀθηναῖον,
συνιδόντα ὅτι οὐκ ἐνταῦθα ἔχει τὴν διάζευξιν ὅπου σχεδὸν ἅπαντες ᾤοντο,
ἀλλ´ ἐπὶ τὸ ὀξύ, τοιοῦτον αὐτῆς ἀπεργάσασθαι τὸ σχῆμα οἷον τὸ ἀπὸ
παραμέσης ἐπὶ ὑπάτην ὑπατῶν.
(157) Ἀλλὰ μὴν καὶ τὴν Ἐπανειμένην Λυδιστί, ἥπερ ἐναντία τῇ Μιξολυδιστί,
παραπλησίαν οὖσαν τῇ Ἰάδι, ὑπὸ Δάμωνος εὑρῆσθαί φασι τοῦ Ἀθηναίου. (158)
Ἐν δὲ τοῖς Ἱστορικοῖς † τοῖς Ἁρμονικοῖς Πυθοκλείδην φησὶ τὸν αὐλητὴν
εὑρετὴν αὐτῆς γεγονέναι. (159) Εἰσὶ δ´ οἳ Μελανιππίδην τούτου τοῦ μέλους
ἄρξαι φασί.
(160) Τούτων δὴ τῶν ἁρμονιῶν τῆς μὲν θρηνῳδικῆς τινος οὔσης, τῆς δ´
ἐκλελυμένης, εἰκότως ὁ Πλάτων παραιτησάμενος αὐτὰς τὴν Δωριστὶ ὡς
πολεμικοῖς ἀνδράσι καὶ σώφροσιν ἁρμόζουσαν εἵλετο. (161) Οὐ μὰ Δί´
ἀγνοήσας, ὡς Ἀριστόξενός φησιν ἐν τῷ δευτέρῳ τῶν Μουσικῶν, ὅτι καὶ ἐν
ἐκείναις τι χρήσιμον ἦν πρὸς πολιτείαν φυλακικήν· - (162) πάνυ γὰρ
προσέσχε τῇ μου σικῇ ἐπιστήμῃ Πλάτων, ἀκουστὴς γενόμενος Δράκοντος τοῦ
Ἀθηναίου καὶ Μεγίλλου τοῦ Ἀκραγαντίνου. (163) Καὶ περὶ τοῦ Λυδίου δ´ οὐκ
ἠγνόει καὶ περὶ τῆς Ἰάδος· ἠπίστατο γὰρ ὅτι ἡ τραγῳδία ταύτῃ τῇ μελοποιίᾳ
κέχρηται. - (164) Ἀλλ´ ἐπεί, ὡς προείπομεν, πολὺ τὸ σεμνόν ἐστιν ἐν τῇ
Δωριστί, ταύτην προυτίμησεν·
(165) οὐκ ἠγνόει δ´ ὅτι πολλὰ Δώρια Παρθένεια {ἄλλα} Ἀλκμᾶνι καὶ Πινδάρῳ
καὶ Σιμωνίδῃ καὶ Βακχυλίδῃ πεποίηται, ἀλλὰ μὴν καὶ ὅτι προσόδια καὶ
παιᾶνες, καὶ μέντοι ὅτι καὶ τραγικοὶ οἶκτοί ποτε ἐπὶ τοῦ Δωρίου τρόπου
ἐμελῳδήθησαν καί τινα ἐρωτικά. (166) Ἐξήρκει δ´ αὐτῷ τὰ εἰς τὸν Ἄρη καὶ
Ἀθηνᾶν καὶ τὰ σπονδεῖα· (167) ἐπιρρῶσαι γὰρ ταῦτα ἱκανὰ ἀνδρὸς σώφρονος
ψυχήν·
| [10] X. — Des modes admis ou rejetés par Platon dans sa République.
«La musique, invention des dieux, est donc sous tous les rapports un art
respectable. Les anciens l'ont pratiquée, comme tous les autres arts, en
lui conservant sa dignité ; mais les modernes, rejetant tout ce qu'elle
avait de vénérable, ont introduit dans les théâtres, à la place de cet art
mâle, céleste, cher aux dieux, une musique efféminée et babillarde.
«C'est pourquoi Platon, au troisième livre de sa République, s'indigne
contre une pareille musique. Il condamne le mode lydien, parce qu'il est
aigu et propre aux lamentations funèbres : aussi dit-on que son origine
première le rattache aux cérémonies du deuil. Aristoxène, dans son premier
livre De la musique, dit qu'Olympos le premier joua sur la flûte un air
funèbre en mode lydien, sur la mort de Python. D'autre part, Pindare, dans
ses Péans, dit que le mode lydien nous fut enseigné pour la première fois
aux noces de Niobé. D'autres, enfin, prétendent que Torrhébos le premier
fit usage de ce mode, comme le raconte Denys, surnommé l'Iambe.
«Le mixolydien également est un mode pathétique, qui convient à la
tragédie. Aristoxène attribue l'invention du mixolydien à Sappho, de qui
les poètes tragiques en auraient appris l'usage ; en l'adoptant, ils
l'associèrent avec le mode dorien, attendu que celui-ci a de la
magnificence et de la dignité, celui-là du pathétique, et que c'est du
mélange de ces deux éléments qu'est formée la tragédie. Mais dans
l'Histoire de l'harmonique, on en attribue l'invention à Pythocleidès
l'aulète. Certains auteurs enfin disent que Mélanippidès fut le premier à
employer ce mode. Ensuite Lamproclès d'Athènes, ayant reconnu que ce mode
n'a pas sa disjonction là où presque tous le croyaient, mais à l'aigu, lui
aurait donné la forme actuelle, qui va, par exemple, de la paramèse (Si) à
l'hypate des hypates (Si grave).
«Le lydien relâché, qui est contraire au mixolydien, mais semblable à
l'iastien, fut inventé aussi, dit-on, par un Athénien, Damon.
«Ces modes étant l'un funèbre, l'autre dissolu, Platon a bien fait de les
rejeter pour choisir le mode dorien comme seul convenable à des hommes
guerriers et tempérants, Non pas, comme le dit Aristoxène au deuxième
livre De la musique, qu'il ignorât que, même dans ces modes qu'il
condamnait, il pût se trouver quelque chose d'utile pour un État
conservateur; car Platon était très versé dans la science musicale qu'il
avait étudiée sous la direction de Dracon l'Athénien et de Mégyllos
d'Agrigente ; il n'ignorait pas non plus les modes éolien et iastien, et
savait que la tragédie a fait aussi usage de ces genres de mélopée. Mais
parce que, comme je l'ai dit plus haut, il y a dans le mode dorien un
grand caractère de gravité, il lui accorda la préférence.
«Il n'ignorait pas davantage que beaucoup de parthénées doriens ont été
composés par Alcman, Pindare, Simonide et Bacchylide, ainsi que des chants
processionnels et des péans ; il savait qu'autrefois on a même mis en
musique dans ce mode des lamentations tragiques et jusqu'à des chansons
d'amour. Mais il se contentait des hymnes à Ares et à Athéna et des airs
de libation : voilà les chants qui lui paraissaient propres à fortifier
l'âme d'un homme tempérant.
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