HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Oeuvres morales, De la mauvaise honte

Chapitre 17-18

  Chapitre 17-18

[17] Ἐπὶ δὲ τῶν φαύλων ὁρᾶν χρὴ καὶ διανοεῖσθαι, τὸν φιλάργυρον εἰ δυσωπήσεις ἄνευ συμβολαίου δανεῖσαι τάλαντον τὸν φιλότιμον ἐκστῆναι τῆς προεδρίας τὸν φίλαρχον τῆς παραγγελίας ἐπίδοξον ὄντα κρατήσειν. δεινὸν γὰρ ἂν ἀληθῶς φανείη τούτους μὲν ἐν νοσήμασι καὶ παθήμασιν ἀκάμπτους διαμένειν καὶ ἐχυροὺς καὶ δυσμεταθέτους, ἡμᾶς δὲ βουλομένους καὶ φάσκοντας εἶναι φιλοκάλους καὶ φιλοδικαίους μὴ κρατεῖν ἑαυτῶν ἀλλ´ ἀνατρέπεσθαι καὶ προΐεσθαι τὴν ἀρετήν. καὶ γάρ, εἰ μὲν οἱ δυσωποῦντες ἐπὶ δόξῃ καὶ δυναστείᾳ τοῦτο ποιοῦσιν, ἄτοπόν ἐστι κοσμοῦντας ἑτέρους καὶ αὔξοντας ἀσχημονεῖν αὐτοὺς καὶ κακῶς ἀκούειν (ὥσπερ οἱ παραβραβεύοντες ἐν τοῖς ἀγῶσι καὶ περὶ τὰς χειροτονίας ἐξ οὐ προσηκόντων ἀρχεῖα καὶ στεφάνους ἄλλοις χαριζόμενοι καὶ δόξαν ἀφαιροῦνται τὸ ἔνδοξον αὑτῶν καὶ τὸ καλόνεἰ δὲ χρημάτων ἕνεκα προσκείμενον ὁρῶμεν τὸν δυσωποῦντα, πῶς οὐ παρίσταται δεινὸν εἶναι τὸ τῆς ἰδίας δόξης καὶ ἀρετῆς ἀφειδεῖν, ἵνα τὸ τοῦ δεῖνος βαλλάντιον βαρύτερον γένηται; Καίτοι παρίσταταί γε τοῖς πολλοῖς τὰ τοιαῦτα καὶ οὐ λανθάνουσιν ἑαυτοὺς ἐξαμαρτάνοντες, ὥσπερ οἱ τὰς μεγάλας κύλικας ἐκπίνειν ἀναγκαζόμενοι μόλις καὶ στένοντες καὶ τὰ πρόσωπα διαστρέψαντες ἐκτελοῦσι τὸ προστεταγμένον. [17] Mais si ce sont des gens de bas étage, voici comment vous devrez agir et vous tirer d'affaire. A l'avare vous demanderez, en mettant en jeu sa propre mauvaise honte, qu'il vous prête un talent sans exiger de vous une obligation écrite. Vous engagerez l'ambitieux à renoncer au poste élevé qu'il occupe ; celui qui brigue un commandement, à se désister de sa candidature lorsque selon toute apparence il doit réussir. Il paraîtrait véritablement étrange que, tandis qu'ils persisteront avec tant de roideur, de constance et d'opiniâtreté dans leurs maladies et dans leurs passions, nous autres, qui voulons être et qui nous proclamons amis de la droiture et de la justice, nous ne fussions pas maîtres de nous-mêmes, que nous allassions trahir la vertu et la sacrifier. Car enfin si ceux qui veulent nous prendre par la mauvaise honte agissent dans l'intérêt de leur gloire et de leur puissance, il serait déraisonnable que pour augmenter le relief ou le crédit des autres, nous nous déshonorassions nous-mêmes et fissions mal parler de nous. Ainsi ceux qui, jugeant avec partialité dans les jeux publics ou écoutant la faveur dans des élections, confèrent par des décrets iniques les charges, les couronnes et la gloire à d'autres qu'aux dignes, ceux-là se dépouillent eux-mêmes de toute considération et de tout relief. Si c'est dans un intérêt d'argent que nous voyons les gens insister de cette façon auprès de nous, comment ne nous viendrait-il pas à la pensée qu'il serait étrange de faire bon marché de notre réputation personnelle et de notre probité pour que la bourse de tel ou tel se trouvât mieux garnie qu'elle ne l'est? Notons bien que de telles réflexions se présentent à l'esprit de beaucoup de gens, et qu'ils ne se dissimulent pas qu'ils font mal. Il me semble voir des convives que l'on force à boire de trop larges rasades : ils ne les avalent qu'avec peine, en poussant de gros soupirs et avec des contorsions de visage, mais enfin ils exécutent ce qui leur est ordonné.
[18] ἀλλ´ ἔοικεν τῆς ψυχῆς ἀτονία σώματος κράσει καὶ πρὸς ἀλέαν κακῶς πεφυκυίᾳ καὶ πρὸς κρύος· ἐπαινούμενοί τε γὰρ ὑπὸ τῶν δυσωπούντων παντάπασι θρύπτονται καὶ χαλῶνται πρός τε τὰς μέμψεις καὶ ὑφοράσεις τῶν ἀποτυγχανόντων ψοφοδεῶς καὶ δειλῶς ἔχουσι. δεῖ δ´ ἀντισχυρίζεσθαι πρὸς ἀμφότερα, μήτε τοῖς δεδιττομένοις μήτε τοῖς κολακεύουσιν ἐνδιδόντας. μὲν οὖν Θουκυδίδης, ὡς ἀναγκαίως ἑπομένου τῷ δύνασθαι τοῦ φθονεῖσθαι, ‘καλῶςφησίβουλεύεσθαι τὸν ἐπὶ μεγίστοις λαμβάνοντα τὸ ἐπίφθονον·’ ἡμεῖς δὲ τὸν μὲν φθόνον διαφεύγειν {οὐ} χαλεπὸν ἡγούμενοι, τὸ δὲ μέμψει μὴ περιπεσεῖν μηδὲ λυπηρόν τινι γενέσθαι τῶν χρωμένων ἀδύνατον παντάπασιν ὁρῶντες ὀρθῶς βουλευσόμεθα τὰς τῶν ἀγνωμόνων ἀπεχθείας ἐκδεχόμενοι μᾶλλον τὰς τῶν δικαίως ἐγκαλούντων, ἐὰν ἐκείνοις μὴ δικαίως ὑπουργῶμεν. καὶ μὴν ἔπαινόν γε τὸν παρὰ τῶν δυσωπούντων κίβδηλον ὄντα παντάπασι δεῖ φυλάττεσθαι καὶ μὴ πάθος πάσχειν ὑῶδες, ὑπὸ κνησμοῦ καὶ γαργαλισμοῦ παρέχοντα χρῆσθαι ῥᾷστα τῷ δεομένῳ καὶ καταβάλλειν ἑαυτὸν ὑποκατακλινόμενον. οὐδὲν γὰρ διαφέρουσι τῶν τὰ σκέλη τοῖς ὑποσπῶσι παρεχόντων οἱ τὰ ὦτα τοῖς κολακεύουσι παραδιδόντες, ἀλλ´ αἴσχιον ἀνατρέπονται καὶ πίπτουσιν, | οἱ μὲν ἔχθρας καὶ κολάσεις ἀνιέντες ἀνθρώποις πονηροῖς, ἵν´ ἐλεήμονες καὶ φιλάνθρωποι καὶ συμπαθεῖς κληθῶσιν, οἱ δὲ τοὐναντίον ἀπεχθείας καὶ κατηγορίας οὐκ ἀναγκαίας οὐδ´ ἀκινδύνους ἀναδέξασθαι πεισθέντες ὑπὸ τῶν ἐπαινούντων ὡς μόνους ἄνδρας καὶ μόνους ἀκολακεύτους καὶ νὴ Δία στόματα καὶ φωνὰς προσαγορευόντων. διὸ καὶ Βίων ἀπείκαζε τοὺς τοιούτους ἀμφορεῦσιν ἀπὸ τῶν ὤτων ῥᾳδίως μεταφερομένοις. ὥσπερ Ἀλεξῖνον ἱστοροῦσι τὸν σοφιστὴν πολλὰ φαῦλα λέγειν ἐν τῷ περιπάτῳ περὶ Στίλπωνος τοῦ Μεγαρέως, εἰπόντος δέ τινος τῶν παρόντωνἀλλὰ μὴν ἐκεῖνός σε πρῴην ἐπῄνει’ ‘νὴ Δίαφάναι· ‘βέλτιστος γὰρ ἀνδρῶν ἐστι καὶ γενναιότατος.’ ἀλλὰ Μενέδημος τοὐναντίον, ἀκούσας ὡς Ἀλεξῖνος αὐτὸν ἐπαινεῖ πολλάκιςἐγὼ δ´εἶπενἀεὶ ψέγω Ἀλεξῖνον· ὥστε κακός ἐστιν ἄνθρωπος κακὸν ἐπαινῶν ὑπὸ χρηστοῦ ψεγόμενος.’ οὕτως ἄτρεπτος ἦν καὶ ἀνάλωτος ὑπὸ τῶν τοιούτων καὶ κρατῶν ἐκείνης τῆς παραινέσεως, ἣν Ἀντισθένειος Ἡρακλῆς παρῄνει, τοῖς παισὶ διακελευόμενος μηδενὶ χάριν ἔχειν ἐπαινοῦντι {αὐτούςτοῦτο δ´ ἦν οὐδὲν ἄλλο μὴ δυσωπεῖσθαι μηδ´ ἀντικολακεύειν τοὺς ἐπαινοῦντας. ἀρκεῖ γὰρ οἶμαι τὸ τοῦ Πινδάρου πρὸς τὸν λέγοντα πανταχοῦ καὶ πρὸς πάντας ἐπαινεῖν αὐτὸν εἰπόντοςκἀγώ σοι χάριν ἀποδίδωμι· ποιῶ γάρ ς´ ἀληθεύειν.’ [18] Il en est des caractères faibles, comme de ces constitutions physiques qui supportent mal le froid et le chaud. Les éloges de ceux qui exploitent en eux la mauvaise honte les font plier et céder. D'autre part, en présence des reproches et des soupçons que le solliciteur pourrait exprimer si on l'éconduisait ils sont épouvantés et tremblants. Eh bien! que l'on s'affermisse contre ces deux obsessions; que l'on ne cède pas plus à l'intimidation qu'à la flatterie. Puisque nécessairement, a dit Thucydide, l'envie marche à la suite du pouvoir, il y a sagesse dans les calculs de l'homme d'État qui n'assume sur soi l'odieux qu'à propos de déterminations très importantes. Mais nous, persuadés qu'il n'est pas difficile d'échapper à l'envie, et fermement convaincus, par ce qui passe sous nos yeux, qu'il est impossible d'éviter les plaintes ou le mécontentement de ceux qui ont affaire à nous, nous ferons un calcul plus judicieux. Nous nous résignerons à être détestés par ceux dont les sollicitations ont un but coupable plutôt qu'à être justement blâmés de les avoir injustement subies. Les louanges que l'on nous donne en voulant nous prendre par la mauvaise honte, estimons que ce n'est autre chose que de la fausse monnaie. Méfions-nous de pareilles flatteries. Ne faisons pas comme les pourceaux qui se laissent manier très facilement par qui le veut quand on les gratte et qu'on les chatouille. Ne nous couchons pas par terre , et ne nous vautrons pas comme ces animaux. Il n'y a aucune différence entre ceux qui présentent la jambe lorsqu'on veut les faire tomber, et ceux qui prêtent l'oreille à la flatterie. Je dirai même que ces derniers sont renversés et tombent plus honteusement. Parmi ces hommes de si facile composition, les uns font grâce au pervers de la haine et des sévérités qu'ils devraient avoir contre lui, afin de s'entendre appeler compâtissants, humains et sensibles. Les autres encourent gratuitement des haines et des accusations qui ne sont pas sans danger; et ils s'y déterminent parce que des flatteurs viennent leur dire : « Vous seul êtes vraiment un homme ; vous seul savez résister à l'adulation. Voilà des bouches! continuent-ils, voilà des paroles! » Aussi Dion comparait-il ces caractères pusillanimes à des vases à deux anses que l'on prend facilement par les deux oreilles pour les transporter où l'on veut. Le sophiste Alexinus disait dans une promenade beaucoup de mal de Stilpon de Mégare : « Pourtant, objecta un de ceux qui se trouvaient-là, il faisait l'autre jour votre éloge. — « Sans doute, répondit Alexinus : car c'est le meilleur et le plus généreux des hommes. » Ménédème, au contraire, ayant appris qu'Alexinus parlait de lui souvent avec éloge : « Pour moi, dit-il, je blâme toujours Alexinus : de sorte qu'il doit nécessairement être un méchant homme, soit parce qu'il loue un méchant, soit parce qu'il est blâmé par un homme de bien. » Tant la fermeté de ce Ménédème était inébranlable, et donnait peu de prise à de semblables flatteries! Il s'était profondément pénétré du conseil que l'Hercule d'Antisthène donne à ses enfants : « Ne sachez aucun gré à ceux qui vous louent. » Autrement dit : « Ne cédez jamais à la fausse honte; ne répondez pas à des éloges par des flatteries. » Dans ce dernier cas il suffit, je pense, de faire comme Pindare. Un homme lui disait : « Je chante vos louanges en tout lieu et devant tout le monde. » — « Et moi, répondit Pindare, je te montre ma reconnaissance en faisant que tu dises la vérité. »


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Dernière mise à jour : 30/01/2006