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[13] Ἀπ´ ἄλλης δ´ ἀρχῆς· τὰ μὲν μέτρια καὶ πρέποντα
δεῖ προθύμως ὑπουργεῖν τοῖς ἀξιοῦσι | μὴ δυσωπουμένους
ἀλλ´ ἑκόντας, ἐν δὲ τοῖς βλαβεροῖς καὶ ἀτόποις τὸ
τοῦ Ζήνωνος ἀεὶ πρόχειρον ἔχειν, ὃς
ἀπαντήσας νεανίσκῳ τινὶ τῶν συνήθων παρὰ τὸ τεῖχος
ἡσυχῆ βαδίζοντι καὶ πυθόμενος ὅτι φεύγει φίλον ἀξιοῦντα
μαρτυρεῖν αὐτῷ τὰ ψευδῆ ‘τί λέγεις’ φησίν ‘ἀβέλτερε; σὲ
μὲν ἐκεῖνος ἀγνωμονῶν καὶ ἀδικῶν οὐ δέδιεν οὐδ´ αἰσχύνεται,
σὺ δ´ ἐκεῖνον ὑπὲρ τῶν δικαίων οὐ θαρρεῖς ὑποστῆναι;’
ὁ μὲν γὰρ εἰπὼν ‘ποτὶ πονηρὸν οὐκ
ἄχρηστον ὅπλον ἁ πονηρία’ κακῶς ἐθίζει μιμούμενον
ἀμύνεσθαι τὴν κακίαν, τὸ δὲ τοὺς ἀναιδῶς καὶ ἀδυσωπήτως
ἐνοχλοῦντας ἀποτρίβεσθαι τῷ ἀδυσωπήτῳ καὶ μὴ
χαρίζεσθαι τὰ αἰσχρὰ τοῖς ἀναισχύντοις αἰσχυνόμενον
ὀρθῶς καὶ δικαίως γινόμενόν ἐστιν ὑπὸ τῶν νοῦν ἐχόντων.
| [13] Reprenons la question sous un autre point de vue.
A des demandes mesurées et convenables nous devons
répondre par l'empressement de nos bons offices : exécutons-nous
aussitôt, et ne semblons pas céder à une mauvaise
honte. Mais si la demande est préjudiciable et déplacée,
que toujours soit présente à notre esprit la parole de
Zénon. Il avait rencontré un jeune homme de sa société
habituelle qui marchait lentement le long de la muraille.
Ce jeune homme évitait, comme il le lui avoua,
un ami qui voulait le contraindre à prêter en sa faveur
un faux témoignage. « Coeur sans énergie! s'écria
Zénon, que dis-tu là? Il n'a pas peur de toi, il n'a
pas honte devant toi, lui, quand il veut commettre un acte
d'immoralité et d'injustice; et toi, quand il s'agit de rendre
hommage à la justice tu n'aurais pas le courage de résister!»
Quelqu'un a dit : « Contre le méchant la méchanceté n'est
point une arme déloyale. Sans doute c'est une mauvaise
maxime , qui habitue à se défendre contre la perversité en
l'imitant. Mais lorsque des solliciteurs impudents et effrontés
nous fatiguent, repoussons-1es effrontément aussi. A des
gens éhontés n'accordons point par mauvaise honte ce qui
nous déshonorerait. Telle est la droite et véritable ligne de
conduite pour tout homme qui a du sens.
| [14] Ἔτι τοίνυν τῶν δυσωπούντων τοῖς μὲν ἀδόξοις καὶ
ταπεινοῖς καὶ μηδενὸς ἀξίοις οὐ μέγ´ ἔργον ἀντισχεῖν,
ἀλλὰ καὶ μετὰ γέλωτος ἔνιοι καὶ σκώμματος ἐκκλίνουσι
τοὺς τοιούτους· ὡς Θεόκριτος, δυεῖν {αὐτὸν} ἐν βαλανείῳ
στλεγγίδα κιχραμένων, τοῦ μὲν ξένου τοῦ δὲ γνωρίμου
κλέπτου, μετὰ παιδιᾶς ἀμφοτέρους διεκρούσατ´ εἴπας ‘σὲ
μὲν οὐκ οἶδα σὲ δ´ οἶδα.’ Λυσιμάχη δ´ Ἀθήνησιν, ἡ τῆς
Πολιάδος ἱέρεια τῶν τὰ ἱερὰ προσαγαγόντων ὀρεωκόμων
ἐγχέαι κελευόντων ‘ἀλλ´ ὀκνῶ’ εἶπε ‘μὴ καὶ τοῦτο
πάτριον γένηται.’ καὶ Ἀντίγονος πρός τινα νεανίσκον,
γεγονότα μὲν ἐκ λοχαγοῦ χαρίεντος αὐτὸν δ´ ἄτολμον
ὄντα καὶ μαλακὸν ἀξιοῦντα δὲ προαχθῆναι, ‘παρ´ ἐμοί’
φησίν ‘ὦ μειράκιον, ἀνδραγαθίας εἰσὶν οὐ πατραγαθίας τιμαί.’
| [14] Quand ceux qui veulent exploiter en nous le sentiment
de la mauvaise honte sont des gens obscurs, de condition
basse, et dénués de mérite, ce n'est pas une grande
affaire de leur résister. Avec un sourire, avec une plaisanterie
quelques-uns savent se débarrasser d'eux. Ainsi fit
Théocrite. Deux hommes au bain voulaient lui emprunter
une étrille. L'un était étranger, l'autre était un fripon bien
connu. Il les éconduisit tous deux par un mot plaisant :
« Je ne te connais point » , dit-il au premier, et au second :
« Je te connais. » Ainsi fit encore à Athènes Lysimaché,
prêtresse de Minerve Poliade. Les muletiers qui
avaient amené les victimes voulaient qu'elle leur versât à
boire : « Je craindrais, dit-elle, que ce ne devînt une habitude
nationale. » Citons encore Antigone. Un jeune homme
dont le père avait été un officier plein de bravoure, mais
qui était lui-même lâche et efféminé, le priait de le faire
avancer : « Enfant, lui dit-il, j'ai des honneurs dont je dispose
en faveur du mérite des gens, mais je n'en ai jamais
pour personne en raison d'un mérite d'ancêtres. »
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