[862] Καὶ (862a) τὰ τῆς Ἑλλάδος ἐπαγγελλόμενος γράφειν ὡς μὴ ἀκλεᾶ γένηται,
ἐσπουδακὼς δὲ περὶ τὰς Ἀθήνας διαφερόντως, οὐδὲ τὴν πρὸς Ἄγρας πομπὴν
ἱστόρηκας, ἣν πέμπουσιν ἔτι νῦν τῇ ἕκτῃ χαριστήρια τῆς νίκης ἑορτάζοντες.
Ἀλλὰ τοῦτό γε βοηθεῖ τῷ Ἡροδότῳ πρὸς ἐκείνην τὴν διαβολὴν ἣν ἔχει,
κολακεύσας τοὺς Ἀθηναίους ἀργύριον πολὺ λαβεῖν παρ´ αὐτῶν. Εἰ γὰρ ἀνέγνω
ταῦτ´ Ἀθηναίοις, οὐκ ἂν εἴασαν οὐδὲ περιεῖδον ἐνάτῃ τὸν Φιλιππίδην
παρακαλοῦντα Λακεδαιμονίους(862b) ἐπὶ τὴν μάχην ἐκ τῆς μάχης γεγενημένον,
καὶ ταῦτα δευτεραῖον εἰς Σπάρτην ἐξ Ἀθηνῶν, ὡς αὐτός φησιν, ἀφιγμένον· εἰ
μὴ μετὰ τὸ νικῆσαι τοὺς πολεμίους Ἀθηναῖοι μετεπέμποντο τοὺς συμμάχους.
Ὅτι μέντοι δέκα τάλαντα δωρεὰν ἔλαβεν ἐξ Ἀθηνῶν Ἀνύτου τὸ ψήφισμα
γράψαντος, ἀνὴρ Ἀθηναῖος, οὐ τῶν παρημελημένων ἐν ἱστορίᾳ, Δίυλλος εἴρηκεν.
Ἀπαγγείλας δὲ τὴν ἐν Μαραθῶνι μάχην ὁ Ἡρόδοτος - - - ὡς μὲν οἱ πλεῖστοι
λέγουσι, καὶ τῶν νεκρῶν τῷ ἀριθμῷ καθεῖλε τοὔργον. Εὐξαμένους γάρ φασι
τοὺς Ἀθηναίους τῇ Ἀγροτέρᾳ θύσειν χιμάρους ὅσους ἂν τῶν βαρβάρων
καταβάλωσιν, (862c) εἶτα μετὰ τὴν μάχην, ἀναρίθμου πλήθους τῶν νεκρῶν
ἀναφανέντος, παραιτεῖσθαι ψηφίσματι τὴν θεόν, ὅπως καθ´ ἕκαστον ἐνιαυτὸν
ἀποθύωσι πεντακοσίας τῶν χιμάρων.
Οὐ μὴν ἀλλὰ τοῦτ´ ἐάσαντες ἴδωμεν τὰ μετὰ τὴν μάχην·
« Τῇσι δὲ λοιπῇσι, » φησίν, « οἱ βάρβαροι ἐξανακρουσάμενοι, καὶ
ἀναλαβόντες ἐκ τῆς νήσου ἐν τῇ ἔλιπον τὰ ἐξ Ἐρετρίης ἀνδράποδα, περιέπλεον
Σούνιον, βουλόμενοι φθῆναι τοὺς Ἀθηναίους ἀφικόμενοι εἰς τὸ ἄστυ· αἰτίη δὲ
ἔσχεν Ἀθηναίοισι ἐξ Ἀλκμεωνιδέων μηχανῆς αὐτοὺς ταῦτα ἐπινοηθῆναι· τούτους
γὰρ συνθεμένους τοῖσι Πέρσῃσιν ἀναδεῖξαι ἀσπίδα ἐοῦσιν ἤδη ἐν τῇσι νηυσί·
οὗτοι μὲν δὴ περιέπλεον Σούνιον. »
Ἐνταῦθα (862d) τὸ μὲν τοὺς Ἐρετριέας ἀνδράποδα προσειπεῖν, οὔτε τόλμαν
Ἑλλήνων οὐδενὸς οὔτε φιλοτιμίαν ἐνδεεστέραν παρασχομένους καὶ παθόντας
ἀνάξια τῆς ἀρετῆς, ἀφείσθω· διαβεβλημένων δὲ τῶν Ἀλκμεωνιδῶν, ἐν οἷς οἱ
μέγιστοί τε τῶν οἴκων καὶ δοκιμώτατοι τῶν ἀνδρῶν ἦσαν, ἐλάττων λόγος·
ἀνατέτραπται δὲ τῆς νίκης τὸ μέγεθος καὶ τὸ τέλος εἰς οὐδὲν ἥκει τοῦ
περιβοήτου κατορθώματος, οὐδ´ ἀγών τις ἔοικεν οὐδ´ ἔργον γεγονέναι
τοσοῦτον, ἀλλὰ πρόσκρουσμα βραχὺ τοῖς βαρβάροις ἀποβᾶσιν (ὥσπερ οἱ
διασύροντες καὶ βασκαίνοντες λέγουσιν), εἰ μετὰ τὴν μάχην οὐ φεύγουσι
κόψαντες (862e) τὰ πείσματα τῶν νεῶν, τῷ φέροντι προσωτάτω τῆς Ἀττικῆς
ἀνέμῳ παραδόντες αὑτούς, ἀλλ´ αἴρεται μὲν ἀσπὶς αὐτοῖς προδοσίας σημεῖον,
ἐπιπλέουσι δὲ ταῖς Ἀθήναις ἐλπίζοντες αἱρήσειν, καὶ καθ´ ἡσυχίαν Σούνιον
κάμψαντες ὑπεραιωροῦνται Φαλήρων οἱ δὲ πρῶτοι καὶ δοκιμώτατοι τῶν ἀνδρῶν
προδιδόασιν ἀπεγνωκότες τὴν πόλιν. Καὶ γὰρ ἀπολύων ὕστερον Ἀλκμεωνίδας
ἑτέροις τὴν προδοσίαν ἀνατίθησιν·
« Ἀνεδείχθη μὲν γὰρ ἀσπίς, καὶ τοῦτο (862f) οὐκ ἔστιν ἄλλως εἰπεῖν, »
φησὶν αὐτὸς ἰδών. Τοῦτο δ´ ἀμήχανον μὲν ἦν γενέσθαι, νενικηκότων κατὰ
κράτος τῶν Ἀθηναίων· γενόμενον δ´ οὐκ ἂν ὑπὸ
τῶν βαρβάρων συνώφθη, φυγῇ καὶ πόνῳ πολλῷ καὶ τραύμασι καὶ βέλεσιν εἰς τὰς
ναῦς ἐλαυνομένων καὶ ἀπολιπόντων τὸ χωρίον, ὡς ἕκαστος τάχους εἶχεν. Ἀλλ´
ὅταν γε πάλιν ὑπὲρ τῶν Ἀλκμεωνιδῶν ἀπολογεῖσθαι προσποιῆται, μεθεὶς ἃ
πρῶτος ἀνθρώπων ἐπενήνοχεν ἐγκλήματα, καὶ εἴπῃ
« Θῶμα δέ μοι καὶ οὐκ ἐνδέχομαι τὸν λόγον, Ἀλκμεωνίδας ἄν ποτε ἀναδεῖξαι
Πέρσῃσιν ἐκ συνθήματος ἀσπίδα, βουλομένους ὑπὸ βαρβάροισί τε εἶναι
Ἀθηναίους καὶ ὑπὸ Ἱππίῃ, »
κόμματός τινος ἀναμιμνήσκομαι παροιμιακοῦ·
Μένε, καρκίνε, καί σε μεθήσω.
| [862] (862a) Tu t'annonces pour écrire l'histoire de la Grèce ; tu affectes
surtout le plus grand zèle pour les Athéniens, et tu ne dis pas un mot de
la procession solennelle qu'ils font à Agra, pour rendre grâce à
Hécate de cette victoire. Il est vrai que ce silence détruit l'imputation
calomnieuse qu'on lui fait, d'avoir reçu beaucoup d'argent des Athéniens
pour les flatter dans son histoire. S'il leur avait lu cet endroit, ils ne
lui auraient pas laissé dire que Phidippide, après la bataille, (862b)
était allé presser le départ des Lacédémoniens, et avait fait en deux
jours le voyage de Sparte à Athènes ; à moins que les Athéniens,
après la victoire, n'aient envoyé demander du secours à leurs alliés. Il est
certain cependant que l'Athénien Diyllus, historien digne de foi, dit
qu'Hérodote reçut des Athéniens, sur la proposition d'Anytus, la somme de
dix talents. Au reste, bien des gens pensent qu'après avoir fait le
récit de la bataille de Marathon, il en détruit tout le mérite par le
nombre des morts qu'il suppose. Les Athéniens, dit-il, avaient fait
vœu d'immoler à Diane Agrotère autant de chèvres qu'ils tueraient
d'ennemis; mais quand ils virent, (862c) après la bataille, que le nombre
en était trop considérable, ils crurent s'acquitter envers la déesse en
ordonnant, par un décret solennel, qu'on lui sacrifierait tous les ans
cinq cents chèvres.
Mais laissons cela, et voyons ce qui se passa après la bataille. « Les
Barbares, dit-il, s'étant mis en mer avec les autres vaisseaux, et ayant
retiré de l'île les esclaves érétriens qu'ils y avaient déposés, ils
doublèrent le cap Sunium, dans l'intention d'arriver à Athènes avant les
Athéniens. On prétend qu'ils avaient pris ce parti par le conseil des
Alcméonides, qui étaient, dit-on, convenus avec les Perses que lorsqu'ils
seraient montés sur leurs vaisseaux, on leur montrerait un bouclier. Les
Barbares doublèrent donc le cap Sunium, etc. » (862d) Je ne relèverai pas
ici la qualification odieuse d'esclaves qu'il donne aux Érétriens,
quoiqu'ils eussent montré autant de courage et d'audace, autant
de désir d'acquérir de la gloire qu'aucun autre peuple de la Grèce ; mais
le succès ne couronna pas leurs efforts. Je ne lui ferai pas même un
grand crime de la diffamation des Alcméonides, qui étaient alliés aux
maisons les plus illustres d'Athènes, et avaient dans leur famille les
hommes les plus estimables. Un reproche bien plus grave qu'on a à lui
faire, c'est qu'il anéantit tout le mérite de cette victoire, et réduit à
rien un des exploits les plus mémorables de la Grèce. Il semble, à
l'entendre, que ce fut moins un vrai combat, une action générale, qu'une
simple escarmouche avec les Barbares, à la descente de leurs vaisseaux,
comme le disent les envieux et les détracteurs de la gloire des Grecs.
Voilà du moins ce qu'il en faut penser, s'il n'est pas vrai qu'après la
bataille, les Barbares, (862e) coupant les câbles de leurs vaisseaux, se
soient abandonnés aux vents, qui les portèrent dans l'intérieur de
l'Attique; et qu'au contraire on leur ait montré un bouclier élevé, pour
signal de trahison; qu'ils aient fait voile vers Athènes, dans l'espérance
de la surprendre ; qu'ayant doublé paisiblement le cap Sunium, ils se
soient présentés à la vue du port de Phalère, et que les plus illustres
citoyens d'Athènes, désespérant de sauver la ville, aient voulu la leur
livrer ; car, dans la suite, déchargeant les Alcméonides de cette
trahison, il la fait tomber sur d'autres. « Il est certain, dit-il, qu'on
éleva en l'air un bouclier, (862f) et on ne saurait le nier. » Comme s'il
l'avait vu de ses propres yeux. Mais la chose était impossible, puisque les Athéniens
avaient l'emporté une pleine victoire ; et quand on aurait réellement montré le bouclier,
les Barbares auraient-ils pu l'apercevoir, lorsqu'ils fuyaient en déroute, pleins
d'effroi, couverts de blessures, poursuivis à coups de traits jusque dans
leurs vaisseaux, et quittant le champ de bataille avec la plus grande
précipitation ?
Mais ensuite il paraît disculper les Alcméonides des inculpations dont lui
seul les a chargés. « Je ne puis croire, dit-il, que les Alcméonides aient
été d'intelligence avec les Perses pour leur montrer un bouclier, et
qu'ils aient voulu réduire Athènes sous la domination des Barbares et
d'Hippias. » Ceci me rappelle le proverbe : "Ou il ne faut pas saisir
son ennemi, ou il ne faut pas le lâcher".
|