HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales, De la malignité d'Hérodote

Page 863

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[863] Τί γὰρ ἐσπούδακας καταλαβεῖν, εἰ καταλαβὼν μεθιέναι (863a) μέλλεις; Καὶ σὺ κατηγορεῖς, εἶτ´ ἀπολογῇ· καὶ γράφεις κατ´ ἐπιφανῶν ἀνδρῶν διαβολάς, ἃς πάλιν ἀναιρεῖς, ἀπιστῶν δὲ σεαυτῷ δηλονότι· σεαυτοῦ γὰρ ἀκήκοας λέγοντος Ἀλκμεωνίδας ἀνασχεῖν ἀσπίδα νενικημένοις καὶ φεύγουσι τοῖς βαρβάροις. Καὶ μὴν ἐν οἷς περὶ Ἀλκμεωνιδῶν ἀπολογῇ σεαυτὸν ἀποφαίνεις συκοφάντην· εἰ γὰρ « Μᾶλλον ὁμοίως Καλλίῃ τῷ Φαινίππου, Ἱππονίκου δὲ πατρί, φαίνονται μισοτύραννοι ἐόντες, » ὡς ἐνταῦθα γράφεις, Ἀλκμεωνίδαι, ποῦ θήσεις αὐτῶν ἐκείνην τὴν συνωμοσίαν ἣν ἐν τοῖς πρώτοις γέγραφας; Ὡς ἐπιγαμίαν (863b) ποιησόμενοι Πεισιστράτῳ κατήγαγον αὐτὸν ἀπὸ τῆς φυγῆς ἐπὶ τὴν τυραννίδα καὶ οὐκ ἂν ἐξήλασαν αὖθις, ἕως διεβλήθη παρανόμως τῇ γυναικὶ μιγνύμενος. Ταῦτα μὲν οὖν τοιαύτας ἔχει ταραχάς· ἐν μέσῳ γὰρ τῆς Ἀλκμεωνιδῶν διαβολῆς καὶ ὑπονοίας τοῖς Καλλίου τοῦ Φαινίππου χρησάμενος ἐπαίνοις καὶ προσάψας αὐτῷ τὸν υἱὸν Ἱππόνικον, ὃς ἦν καθ´ Ἡρόδοτον ἐν τοῖς πλουσιωτάτοις Ἀθηναίων, ὡμολόγησεν ὅτι μηδὲν τῶν πραγμάτων δεομένων, ἀλλὰ θεραπείᾳ καὶ χάριτι τοῦ Ἱππονίκου τὸν Καλλίαν παρενέβαλεν. Ἐπεὶ δ´ Ἀργείους ἅπαντες ἴσασιν οὐκ ἀπειπαμένους τοῖς Ἕλλησι τὴν συμμαχίαν, ἡγεῖσθαι δὲ κατὰ τὸ ἥμισυ πάσης τῆς συμμαχίας ἀξιώσαντας, (863c) ὡς ἂν μὴ Λακεδαιμονίοις ἐχθίστοις καὶ πολεμιωτάτοις οὖσι ποιοῦντες ἀεὶ τὸ προστασσόμενον ἕπωνται, καὶ τοῦτ´ ἄλλως οὐκ ἦν, αἰτίαν κακοηθεστάτην ὑποβάλλεται, γράφων, « Ἐπεὶ δέ σφεας παραλαμβάνειν τοὺς Ἕλληνας, οὕτω δὴ ἐπισταμένους, ὅτι οὐ μεταδώσουσι τῆς ἀρχῆς Λακεδαιμόνιοι, μεταιτέειν, ἵνα ἐπὶ προφάσεως ἡσυχίαν ἄγωσι. » Τούτων δ´ ὕστερον ἀναμνῆσαί φησιν Ἀρταξέρξην ἀναβάντας εἰς Σοῦσα πρέσβεις Ἀργείων, κἀκεῖνον εἰπεῖν ὡς « Οὐδεμίαν νομίζοι πόλιν Ἄργεος φιλιωτέρην »· εἶθ´ ὑπειπών, ὥσπερ εἴωθε, καὶ ἀναδυόμενος οὐκ εἰδέναι φησὶ περὶ τούτων ἀτρεκέως, εἰδέναι δ´ ὅτι πᾶσιν ἀνθρώποις ἐστὶν (863d) ἐγκλήματα, « Καὶ οὐκ Ἀργείοισιν αἴσχιστα πεποίηται. Ἐγὼ δὲ λέγειν ὀφείλω τὰ λεγόμενα, πείθεσθαί γε μὴν οὐ παντάπασι ὀφείλω, καί μοι τὸ ἔπος τοῦτο ἐχέτω ἐς πάντα τὸν λόγον. Ἐπεὶ καὶ ταῦτα λέγεται, ὡς ἄρα Ἀργεῖοι ἦσαν οἱ ἐπικαλεσάμενοι τὸν Πέρσην ἐπὶ τὴν Ἑλλάδα, ἐπειδή σφιν πρὸς τοὺς Λακεδαιμονίους κακῶς αἰχμὴ ἑστήκεε, πᾶν δὴ βουλόμενοι σφίσι εἶναι πρὸ τῆς παρούσης λύπης. » Ἆρ´ οὖν οὐχ, ὅπερ αὐτὸς τὸν Αἰθίοπά φησι πρὸς (863e) τὰ μύρα καὶ τὴν πορφύραν εἰπεῖν, ὡς δολερὰ μὲν τὰ χρίματα δολερὰ δὲ τὰ εἵματα τῶν Περσέων ἐστί, τοῦτ´ ἄν τις εἴποι πρὸς αὐτόν, ὡς δολερὰ μὲν τὰ ῥήματα δολερὰ δὲ τὰ σχήματα τῶν Ἡροδότου λόγων, Ἑλικτὰ κοὐδὲν ὑγιὲς ἀλλὰ πᾶν πέριξ, ὥσπερ οἱ ζῳγράφοι τὰ λαμπρὰ τῇ σκιᾷ τρανότερα ποιοῦσιν, οὕτω ταῖς ἀρνήσεσι τὰς διαβολὰς ἐπιτείνοντος αὐτοῦ καὶ τὰς ὑπονοίας ταῖς ἀμφιβολίαις βαθυτέρας ποιοῦντος; Ἀργεῖοι δ´ ὅτι μὲν οὐ συναράμενοι τοῖς Ἕλλησιν, ἀλλὰ διὰ τὴν ἡγεμονίαν (863f) καὶ τῆς ἀρετῆς Λακεδαιμονίοις ἐκστάντες, κατῄσχυναν τὸν Ἡρακλέα καὶ τὴν εὐγένειαν, οὐκ ἔστιν ἀντειπεῖν. Ὑπὸ Σιφνίοις γὰρ ἦν καὶ Κυθνίοις ἄμεινον ἐλευθεροῦν τοὺς Ἕλληνας Σπαρτιάταις φιλονεικοῦντας ὑπὲρ ἀρχῆς ἐγκαταλιπεῖν τοσούτους καὶ τοιούτους ἀγῶνας. Εἰ δ´ αὐτοὶ ἦσαν οἱ ἐπικαλεσάμενοι τὸν Πέρσην ἐπὶ τὴν Ἑλλάδα διὰ τὴν κακῶς ἑστῶσαν αὐτοῖς αἰχμὴν πρὸς Λακεδαιμονίους, πῶς οὐκ ἐμήδιζον ἀναφανδὸν ἥκοντος οὐδ´, εἰ μὴ συστρατεύειν ἐβούλοντο βασιλεῖ, τὴν γοῦν Λακωνικὴν ὑπολειπόμενοι κακῶς ἐποίουν, [863] Pour toi, puis-je dire à Hérodote, tu accuses tout à la fois et tu justifies; (863a) tu avances des calomnies contre des personnages illustres, et tu les réfutes, manquant ainsi de confiance en toi-même. Tu as dit que les Alcméonides avaient montré un bouclier aux Barbares après leur défaite, au moment de leur fuite; et en les justifiant bientôt après, tu te déclares un calomniateur. S'il est vrai, comme tu le dis dans cet endroit de ton histoire, que les Alcméonides fussent autant ou même plus ennemis des tyrans que Callias, fils de Phénippe et père d'Hipponicus, sur quels motifs fonderas-tu la conjuration dont tu les accuses au commencement de ton ouvrage, quand tu dis qu'ils donnèrent une de leurs filles en mariage (863b) à Pisistrate, et qu'à la faveur de cette alliance, ils le rappelèrent de l'exil à la tyrannie, et qu'ils ne l'en auraient pas chassé de nouveau si sa femme ne se fût plainte qu'il violait à son égard la loi de la nature ? Voilà les contradictions où l'ont jeté ses calomnies et ses soupçons contre les Alcméonides. Mais en y mêlant des louanges pour Callias, fils de Phénippe, et en rappelant son fils Hipponicus, qui, du temps d'Hérodote, était un des plus riches citoyens d'Athènes, il avoue tacitement que, sans y être engagé par son sujet, il a parlé de Callias par pure flatterie. Tout le monde sait que les Argiens ne refusèrent pas d'entrer dans la confédération des Grecs; que seulement ils ne voulurent pas marcher sous les ordres des Spartiates, (863c) leurs plus grands ennemis et qu'ils ne pouvaient point ne pas haïr. Hérodote leur suppose un motif des plus vicieux. « Quand ils virent, dit-il, que les Grecs voulaient les comprendre dans la ligue, comme ils savaient bien que les Spartiates ne voudraient jamais partager le commandement avec personne, ils le demandèrent, afin d'avoir un prétexte de se tenir tranquilles. » Il ajoute que longtemps après, Artaxerxès rappela ce fait aux députés que les Argiens avaient envoyés à Suse, en leur disant qu'il regardait Argos comme la ville de la Grèce qui lui était le plus attachée. Ensuite, pour couvrir, suivant son usage, sa méchanceté, il dit : (863d) « Pour cela, je ne puis l'assurer positivement. Je sais seulement que tous les hommes sont sujets à faire des fautes, et que les Argiens ne sont pas ceux qui en ont commis de plus grandes. Mais je dois, sinon croire tout ce qu'on dit, du moins le rapporter; et j'en fais la réflexion une fois pour toutes. On dit même que c'étaient les Argiens qui avaient appelé les Perses en Grèce, parce qu'ils ne pouvaient résister aux Lacédémoniens, et que toute autre situation leur paraissait préférable à celle où ils étaient alors. » N'est-ce pas là ce que disait un roi d'Éthiopie (863e) des parfums et de la pourpre des Perses, et que cet historien lui-même a rapporté, que leurs odeurs et leurs habillements étaient trompeurs? Ne peut-on pas dire aussi : les paroles d'Hérodote et ses tours de phrase sont trompeurs? Chez lui tout est détours; rien n'est franc ni sincère. Les peintres font ressortir par le contraste des ombres les traits les plus frappants de leurs tableaux. Hérodote, par ses désaveux affectés, renforce ses calomnies et donne plus de poids à ses soupçons par les tournures équivoques qu'il emploie. S'il est vrai que les Argiens, par ambition de commander ou par jalousie des Spartiates, aient refusé d'entrer dans la confédération des Grecs, (863f) on ne peut nier qu'ils n'aient déshonoré leur descendance d'Hercule. Il eût été sans doute plus honorable, même à des habitants de Siphnos et de Cythne, de défendre la liberté de la Grèce que de disputer aux Spartiates le droit de commander, et de manquer ainsi tant et de si glorieux combats. Mais si les Argiens avaient appelé les Perses dans la Grèce parce qu'ils ne pouvaient résister aux Lacédémoniens, pourquoi ne se déclarèrent-ils pas ouvertement contre eux lorsqu'ils y furent entrés? Or, s'ils ne voulurent pas servir sous un roi barbare, pourquoi, restés seuls dans leur pays, n'allaient-ils pas dévaster le territoire de la Laconie?


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Dernière mise à jour : 21/11/2007