HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales, De la malignité d'Hérodote

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[860] (860a) ἧς καταλυθείσης πᾶν τε μνῆμα καὶ πᾶν ἴχνος ἐξαλείφοντες καὶ ἀφανίζοντες οὐκ ἐπαύοντο, χαλεπῆς καὶ βαρείας αὐτοῖς γενομένης; Ἀλλὰ δὴ τὸ μὲν ὕβρισμα τοιοῦτον ἦν τὸ Σαμίων εἰς Κορινθίους· τὸ δὲ τιμώρημα ποῖόν τι τὸ Κορινθίων εἰς Σαμίους; Εἰ γὰρ ὄντως ὠργίζοντο Σαμίοις, οὐ παροξύνειν, ἀποτρέπειν δὲ μᾶλλον αὐτοῖς ἦν προσῆκον Λακεδαιμονίους ἐπὶ Πολυκράτη (860b) στρατευομένους, ὅπως μὴ τοῦ τυράννου καταλυθέντος ἐλεύθεροι Σάμιοι γένοιντο καὶ παύσαιντο δουλεύοντες. δὲ μέγιστόν ἐστι, τί δήποτε Κορίνθιοι Σαμίοις μὲν ὠργίζοντο βουληθεῖσι σῷσαι καὶ μὴ δυνηθεῖσι Κερκυραίων παῖδας, Κνιδίοις δὲ τοῖς σῴσασι καὶ ἀποδοῦσιν οὐκ ἐνεκάλουν; Καίτοι Κερκυραῖοι Σαμίων μὲν ἐπὶ τούτῳ λόγον οὐ πολὺν ἔχουσι, Κνιδίων δὲ μέμνηνται καὶ Κνιδίοις εἰσὶ τιμαὶ καὶ ἀτέλειαι καὶ ψηφίσματα παρ´ αὐτοῖς· οὗτοι γὰρ ἐπιπλεύσαντες ἐξήλασαν ἐκ τοῦ ἱεροῦ τοὺς Περιάνδρου (860c) φύλακας, αὐτοὶ δ´ ἀναλαβόντες τοὺς παῖδας εἰς Κέρκυραν διεκόμισαν, ὡς Ἀντήνωρ ἐν τοῖς Κρητικοῖς ἱστόρηκε καὶ Διονύσιος Χαλκιδεὺς ἐν ταῖς Κτίσεσιν. Ὅτι δ´ οὐ τιμωρούμενοι Σαμίους ἀλλ´ ἐλευθεροῦντες ἀπὸ τοῦ τυράννου καὶ σῴζοντες ἐστράτευσαν οἱ Λακεδαιμόνιοι, Σαμίοις αὐτοῖς ἔστι χρήσασθαι μάρτυσιν. Ἀρχίᾳ γὰρ ἀνδρὶ Σπαρτιάτῃ λαμπρῶς ἀγωνισαμένῳ τότε καὶ πεσόντι τάφον εἶναι δημοσίᾳ κατεσκευασμένον ἐν Σάμῳ καὶ τιμώμενον ὑπ´ αὐτῶν λέγουσι· διὸ καὶ τοὺς ἀπογόνους τἀνδρὸς ἀεὶ διατελεῖν Σαμίοις οἰκείως καὶ φιλανθρώπως προσφερομένους, ὡς αὐτὸς Ἡρόδοτος ταῦτα γοῦν ἀπομεμαρτύρηκεν. Ἐν δὲ τῇ πέμπτῃ, τῶν ἀρίστων Ἀθήνησι καὶ πρώτων ἀνδρῶν Κλεισθένη μὲν ἀναπεῖσαί φησι (860d) τὴν Πυθίαν ψευδόμαντιν γενέσθαι, προφέρουσαν ἀεὶ Λακεδαιμονίοις ἐλευθεροῦν ἀπὸ τῶν τυράννων τὰς Ἀθήνας, καλλίστῳ μὲν ἔργῳ καὶ δικαιοτάτῳ προσάπτων ἀσεβήματος διαβολὴν τηλικούτου καὶ ῥᾳδιουργήματος, ἀφαιρούμενος δὲ τοῦ θεοῦ μαντείαν καλὴν καὶ ἀγαθὴν καὶ τῆς λεγομένης συμπροφητεύειν Θέμιδος ἀξίαν. Ἰσαγόραν δὲ τῆς γαμετῆς ὑφίεσθαι Κλεομένει φοιτῶντι παρ´ αὐτήν· ὡς δ´ εἰώθει, παραμιγνὺς πίστεως ἕνεκα τοῖς ψόγοις ἐπαίνους (860e) τινάς, « Ἰσαγόρης δέ, » φησίν, « Τισάνδρου οἰκίης μὲν ἦν δοκίμου, ἀτὰρ τὰ ἀνέκαθεν οὐκ ἔχω φράσαι· θύουσι δὲ οἱ συγγενεῖς αὐτοῦ Διὶ Καρίῳ. » Εὔρυθμός γε καὶ πολιτικὸς μυκτὴρ τοῦ συγγραφέως, εἰς Κᾶρας ὥσπερ εἰς κόρακας ἀποδιοπομπουμένου τὸν Ἰσαγόραν. Ἀριστογείτονα μέντοι οὐκέτι κύκλῳ καὶ κακῶς, ἀλλ´ ἄντικρυς διὰ πυλῶν εἰς Φοινίκην ἐξελαύνει, Γεφυραῖον γεγονέναι λέγων ἀνέκαθεν· τοὺς δὲ Γεφυραίους οὐκ ἀπ´ Εὐβοίας (860f) οὐδ´ Ἐρετριεῖς, ὥσπερ οἴονταί τινες, ἀλλὰ Φοίνικας εἶναί φησιν, αὐτὸς οὕτω πεπυσμένος. Ἀφελέσθαι τοίνυν Λακεδαιμονίους μὴ δυνάμενος τὴν Ἀθηναίων ἐλευθέρωσιν ἀπὸ τῶν τυράννων αἰσχίστῳ πάθει κάλλιστον ἔργον οἷός τ´ ἐστὶν ἀφανίζειν καὶ καταισχύνειν. Ταχὺ γὰρ μετανοῆσαι φησιν αὐτούς, ὡς οὐ ποιήσαντας ὀρθῶς, ὅτι « Κιβδήλοισι μαντηίοισιν ἐπαρθέντες ἄνδρας ξείνους ὄντας αὐτοῖσι καὶ ὑποσχομένους ὑποχειρίας παρέξειν τὰς Ἀθήνας ἐξήλασαν ἐκ τῆς πατρίδος τοὺς τυράννους καὶ δήμῳ ἀχαρίστῳ παρέδωκαν τὴν πόλιν. » Εἶτα μεταπεμψαμένους Ἱππίαν ἀπὸ Σιγείου κατάγειν εἰς τὰς Ἀθήνας· [860] qu'après s'en être affranchis, (860a) ils ne cessèrent d'en abolir les monuments et d'en effacer jusqu'aux moindres vestiges? Voilà quelle avait été l'insulte des Samiens envers les Corinthiens. Voyons maintenant quelle vengeance ces derniers en ont voulu tirer. Si les Corinthiens étaient véritablement irrités contre les habitants de Samos, loin d'exciter les Spartiates à faire la guerre à Polycrate, (860b) ils devaient plutôt les en détourner, afin que les Samiens, opprimés par leur tyran, gémissent toujours sous un dur esclavage. Mais, ce qui est encore plus décisif, pourquoi les Corinthiens étaient-ils irrités contre les Samiens, qui, à la vérité, avaient voulu mais n'avaient pu sauver les enfants des Corcyréens, et qu'ils ne se plaignaient pas des Cnidiens, qui les avaient effectivement sauvés et rendus à leurs parents ? Aussi les Corcyréens n'ont-ils pas témoigné une grande reconnaissance aux Samiens, au lieu qu'ils ont, par des décrets publics, décerné aux Cnidiens des honneurs et des immunités qui subsistent encore. C'est qu'en effet ce furent les Cnidiens qui, étant venus à Samos avec une flotte, chassèrent du temple les gardes de Périandre, (860c) embarquèrent les trois cents jeunes gens sur leurs vaisseaux et les transportèrent à Corcyre. Ce fait est attesté par Anténor de Crète et par Dionysius de Chalcis, dans son ouvrage sur les fondations des villes. Mais, pour prouver que les Lacédémoniens, en faisant la guerre à Polycrate, (860b) se proposaient d'affranchir les Samiens de la tyrannie et non de les punir, je ne veux que le témoignage des Samiens eux-mêmes. Ils disent qu'un Spartiate, nommé Archias, qui périt dans le combat en faisant des prodiges de valeur, reçut à Samos la sépulture aux dépens du public, et fut comblé d'honneurs. Aussi ses descendants ont-ils toujours conservé depuis une affection particulière pour les Samiens, comme l'atteste Hérodote lui-même. Dans le cinquième livre de son histoire, il dit que Clisthène, l'un des principaux citoyens d'Athènes, (860d) corrompit la pythie, pour faire dire à plusieurs reprises aux Lacédémoniens de délivrer les Athéniens de leurs tyrans. C'est ainsi qu'il noircit l'action la plus glorieuse et la plus juste, par l'imputation calomnieuse d'une pareille impiété, et qu'il enlève à Apollon ce don prophétique que Thémis même se fait honneur de partager avec ce dieu. Il raconte qu'Isagoras portait la complaisance pour Cléomène jusqu'à lui céder sa femme, lorsqu'il venait chez lui ; et mêlant, suivant son usage, quelques louanges à sa censure, afin de la rendre plus croyable, (860e) il ajoute : « Cet Isagoras, fils de Tisandre, était d'une maison illustre, mais je ne puis rien dire sur son origine ; je sais seulement que sa famille sacrifie à Jupiter Carien. » N'est-ce pas là une adroite et fine plaisanterie, que de renvoyer Isagoras aux Cariens, pour lui reprocher l'obscurité de son origine? Pour Aristogiton, ce n'est pas par des sentiers détournés, mais ouvertement et, pour ainsi dire, par le grand chemin, qu'il le relègue en Phénicie, en le faisant descendre des Géphyriens, qu'il prétend, contre l'opinion de quelques auteurs, être des Phéniciens et non des Grecs de l'Eubée (860f) ou d'Érétrie. Ne pouvant refuser aux Lacédémoniens la gloire d'avoir délivré Athènes de ses tyrans, il s'efforce de détruire le mérite de cette belle action par l'imputation la plus déshonorante. S'il faut l'en croire, ils se repentirent bientôt d'avoir, sur des oracles supposés, injustement chassé de leur patrie des hommes qui leur étaient dévoués, et qui leur avaient promis de tenir Athènes dans leur dépendance, et cela pour rendre l'autorité à un peuple ingrat; ensuite ils firent venir Hippias de Sigée, pour le rétablir dans Athènes;


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Dernière mise à jour : 21/11/2007