HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales, De la malignité d'Hérodote

Page 873

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[873] Ταύτην τὴν ἀπεστὼ τῆς μάχης προδοσίαν οὖσαν Ἡρόδοτος ἀνθρώπων μόνος ἁπάντων ἤκουσε, Παυσανίαν δὲ (873a) καὶ Ἀριστείδην καὶ Λακεδαιμονίους καὶ Ἀθηναίους ἔλαθον οἱ Ἕλληνες ἐγκαταλιπόντες τὸν κίνδυνον· καὶ οὔτ´ Αἰγινήτας Ἀθηναῖοι διαφόρους ὄντας εἶρξαν τῆς ἐπιγραφῆς, οὔτε Κορινθίους ἤλεγξαν, οὓς πρότερον νικῶντες φεύγειν ἀπὸ Σαλαμῖνος, ἀντιμαρτυρούσης αὐτοῖς τῆς Ἑλλάδος. Καίτοι Κλεάδας ἦν Πλαταιεύς, ὕστερον ἔτεσι δέκα τῶν Μηδικῶν Αἰγινήταις χαριζόμενος, ὥς φησιν Ἡρόδοτος, ὃς ἐπώνυμον ἔχωσεν αὐτῶν πολυάνδριον. Ἀθηναῖοι δὲ καὶ Λακεδαιμόνιοι τί παθόντες εὐθὺς τότε πρὸς μὲν ἀλλήλους ὀλίγον ἐδέησαν εἰς (873b) χεῖρας ἐλθεῖν περὶ τοῦ τροπαίου τῆς ἀναστάσεως, τοὺς δ´ Ἕλληνας ἀποδειλιάσαντας καὶ ἀποδράντας οὐκ ἀπήλαυνον τῶν ἀριστείων, ἀλλ´ ἐνέγραφον τοῖς τρίποσι καὶ τοῖς κολοσσοῖς καὶ μετεδίδοσαν τῶν λαφύρων; Τέλος δὲ τῷ βωμῷ τοὐπίγραμμα τοῦτο γράφοντες ἐνεχάραξαν· Τόνδε ποθ´ Ἕλληνες Νίκης κράτει, ἔργῳ Ἄρηος, Πέρσας ἐξελάσαντες, ἐλευθέρᾳ Ἑλλάδι κοινὸν ἱδρύσαντο Διὸς βωμὸν Ἐλευθερίου. Μὴ καὶ τοῦτο Κλεάδας τις ἄλλος, Ἡρόδοτε, κολακεύων τὰς πόλεις ἐπέγραψε; Τί οὖν ἐδέοντο τὴν γῆν ὀρύσσοντες διακενῆς ἔχειν πράγματα καὶ (873c) ῥᾳδιουργεῖν χώματα καὶ μνήματα τῶν ἐπιγινομένων ἕνεκ´ ἀνθρώπων κατασκευάζοντες, ἐν τοῖς ἐπιφανεστάτοις καὶ μεγίστοις ἀναθήμασι τὴν δόξαν αὑτῶν καθιερουμένην ὁρῶντες; Καὶ μὴν Παυσανίας, ὡς λέγουσιν, ἤδη τυραννικὰ φρονῶν ἐπέγραψεν ἐν Δελφοῖς· Ἑλλήνων ἀρχηγός, ἐπεὶ στρατὸν ὤλεσε Μήδων, Παυσανίας Φοίβῳ μνῆμ´ ἀνέθηκε τόδε, κοινούμενος ἁμωσγέπως τοῖς Ἕλλησι τὴν δόξαν ὧν ἑαυτὸν ἀνηγόρευσεν ἡγεμόνα· τῶν δ´ Ἑλλήνων οὐκ ἀνασχομένων ἀλλ´ ἐγκαλούντων, πέμψαντες εἰς Δελφοὺς Λακεδαιμόνιοι τοῦτο μὲν ἐξεκόλαψαν ἀπὸ τοῦ τρίποδος τὸ ἐλεγεῖον, πασῶν δ´ ἀντεπέγραψαν (873d) τὰ ὀνόματα τῶν πόλεων, ὥσπερ ἦν δίκαιον. Καίτοι πῶς εἰκός ἐστιν τοὺς Ἕλληνας ἀγανακτεῖν τῆς ἐπιγραφῆς μὴ μετασχόντας, εἰ συνῄδεσαν ἑαυτοῖς τὴν ἀπεστὼ τῆς μάχης, Λακεδαιμονίους τὸν ἡγεμόνα καὶ στρατηγὸν ἐκχαράξαντας ἐπιγράψαι τοὺς ἐγκαταλιπόντας καὶ περιιδόντας τὸν κίνδυνον; Ὡς δεινότατόν ἐστιν, εἰ Σωφάνης μὲν καὶ Ἀείμνηστος καὶ πάντες οἱ διαπρεπῶς ἀγωνισάμενοι τὴν μάχην ἐκείνην οὐδὲ (873e) Κυθνίων ἐπιγραφομένων τοῖς τροπαίοις οὐδὲ Μηλίων ἠχθέσθησαν, Ἡρόδοτος δὲ τρισὶ μόναις πόλεσιν ἀναθεὶς τὸν ἀγῶνα τὰς ἄλλας πάσας ἐκχαράττει τῶν τροπαίων καὶ τῶν ἱερῶν. Τεσσάρων δ´ ἀγώνων τότε πρὸς τοὺς βαρβάρους γενομένων, ἐκ μὲν Ἀρτεμισίου τοὺς Ἕλληνας ἀποδρᾶναί φησιν, ἐν δὲ Θερμοπύλαις, τοῦ στρατηγοῦ καὶ βασιλέως προκινδυνεύοντος, οἰκουρεῖν καὶ ἀμελεῖν Ὀλύμπια καὶ Κάρνεια πανηγυρίζοντας· τὰ δ´ ἐν Σαλαμῖνι διηγούμενος τοσούτους περὶ Ἀρτεμισίας λόγους γέγραφεν, ὅσοις ὅλην τὴν (873f) ναυμαχίαν οὐκ ἀπήγγελκε· τέλος δέ, καθημένους ἐν Πλαταιαῖς ἀγνοῆσαι μέχρι τέλους τὸν ἀγῶνα τοὺς Ἕλληνας, ὥσπερ βατραχομαχίας γινομένης, ἣν Πίγρης Ἀρτεμισίας ἐν ἔπεσι παίζων καὶ φλυαρῶν ἔγραψε, σιωπῇ διαγωνίσασθαι συνθεμένων, ἵνα λάθωσι τοὺς ἄλλους· αὐτοὺς δὲ Λακεδαιμονίους ἀνδρείᾳ μὲν οὐδὲν κρείττονας γενέσθαι τῶν βαρβάρων, ἀνόπλοις δὲ καὶ γυμνοῖς μαχομένους κρατῆσαι. [873] Hérodote est le seul entre tous les hommes qui ait entendu parler de cette absence et de cette désertion. Ni Pausanias, (873a) ni Aristide, ni les Spartiates, ni les Athéniens n'ont jamais su quels étaient les peuples qui avaient fui le péril. Les Athéniens n'ont pas empêché que les Eginètes, qu'ils n'aimaient pas, fussent compris dans l'inscription faite à cette occasion. Ils n'ont pas reproché aux Corinthiens de s'être enfuis de Salamine avant la victoire ; la Grèce leur rendait témoignage du contraire. Cependant cet historien prétend que dix ans après la guerre médique, un Platéen nommé Cléadas, pour faire plaisir aux Eginètes, éleva un cénotaphe qui portait leur nom. Mais comment est-il arrivé que les Athéniens et les Spartiates, qui manquèrent d'en venir aux (873b) mains les uns contre les autres pour l'érection du trophée, n'aient pas exclu de cette distinction glorieuse ceux qui, par lâcheté, avaient pris honteusement la fuite ? qu'ils aient souffert que leurs noms fussent inscrits sur les trophées et sur les colosses dressés à cette occasion? qu'ils leur aient laissé partager les dépouilles, et qu'enfin ils aient gravé cette inscription sur l'autel qu'ils avaient élevé : "Les Grecs, dont la valeur triompha de l'Asie, Après avoir du joug préservé leur patrie, Consacrant les bienfaits de leur dieu protecteur, Ont dressé cet autel à Jupiter Sauveur"? Hérodote, est-ce Cléadas, ou bien quelque autre Grec, qui, pour flatter les villes de la Grèce, a fait aussi graver cette inscription ? Mais quel besoin avaient les Grecs de creuser vainement la terre, de se donner tant de peine pour dresser (873c) des cénotaphes et des monuments aux yeux de la postérité, tandis qu'ils voyaient leur gloire consacrée par les plus belles et les plus illustres offrandes ? Pausanias, qui aspirait déjà à la tyrannie, fit, dit-on, graver à Delphes l'inscription suivante : "Pour consacrer des Grecs un exploit mémorable, Pausanias, leur chef, au dieu dont la faveur Dans les plaines de Mars seconda leur valeur, Dans Delphes a dressé ce monument durable". Quoiqu'il y fit partager la gloire du succès aux Grecs, dont il se disait le chef, cependant les peuples s'étant plaints de cette inscription, les Spartiates envoyèrent à Delphes pour l'effacer, (873d) et l'on en fit une autre, où furent inscrits, comme il était juste, les noms des villes qui avaient eu part à la victoire. Est-il vraisemblable ou que les Grecs se soient plaints de n'avoir pas été nommés dans cette inscription, s'ils se sentaient coupables d'une lâche désertion ; ou que les Lacédémoniens aient effacé le nom de leur général, pour y substituer ceux des villes qui les avaient trahis en se dérobant an péril commun? N'est-il pas indigne que, tandis que Socharès et Dipnistus, et tous ceux qui se conduisirent avec tant de valeur dans ce combat, ne se plaignirent pas qu'on eût inscrit sur les trophées, les noms des Cythniens (873e) et des Méliens, Hérodote ne fasse honneur de la victoire qu'à trois villes seulement, et qu'il efface toutes les autres des monuments et des offrandes consacrés à cette occasion ? Dans le récit qu'il fait des quatre batailles que les Grecs livrèrent alors aux Barbares, il dit qu'ils s'enfuirent d'Artémisium ; qu'aux Thermopyles, pendant que leur général et leur roi se sacrifiait pour eux, ils restaient tranquillement dans leurs villes, occupés à célébrer les jeux olympiques et carnéens. En racontant le combat naval de Salamine, il emploie plus de temps à parler d'Artémise (873f) qu'il n'en met au récit de l'action. Enfin dans celle de Platée, il dit que le plus grand nombre des Grecs se tinrent tranquilles dans leurs postes et ne surent le combat qu'après qu'il fut fini. Il semble que ceux qui combattirent fussent convenus de le faire en silence, afin que les autres n'en entendissent rien, comme Pigrès, le frère d'Artémise, le dit en plaisantant, dans un de ses poèmes, des rats et des grenouilles. Il ajoute que les Spartiates n'étaient pas supérieurs en courage aux Barbares, et que ceux-ci ne furent vaincus que parce qu'ils étaient nus et presque sans armes.


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Dernière mise à jour : 21/11/2007