[874] Ξέρξου μὲν γὰρ αὐτοῦ παρόντος,
ὑπὸ μαστίγων μόλις ὄπισθεν ὠθούμενοι προσεφέροντο (874a)
τοῖς Ἕλλησιν, ἐν δὲ Πλαταιαῖς, ὡς ἔοικεν, ἑτέρας ψυχὰς μεταλαβόντες
« Λήματι μὲν καὶ ῥώμῃ οὐκ ἥσσονες ἦσαν, ἡ δὲ ἐσθής, ἔρημος ἐοῦσα ὅπλων,
πλεῖστον ἐδηλήσατό σφεας· πρὸς γὰρ ὁπλίτας
ἐόντες γυμνῆται ἀγῶνα ἐποιέοντο. »
Τί οὖν περίεστιν ἔνδοξον ἢ μέγα τοῖς Ἕλλησιν ἀπ´ ἐκείνων τῶν ἀγώνων, εἰ
Λακεδαιμόνιοι μὲν ἀόπλοις ἐμάχοντο, τοὺς δ´ ἄλλους ἡ μάχη παρόντας ἔλαθε,
κενὰ δὲ πολυάνδρια τιμώμενα τοῖς ἑκάστου, ψευστῶν δὲ γραμμάτων μεστοὶ
τρίποδες ἑστᾶσι καὶ βωμοὶ παρὰ τοῖς θεοῖς, μόνος δὲ τἀληθὲς Ἡρόδοτος ἔγνω,
τοὺς δ´ ἄλλους ἅπαντας ἀνθρώπους, (874b) ὅσοι λόγον Ἑλλήνων ἔχουσιν,
ἐξηπάτηκεν ἡ φήμη τῶν τότε κατορθωμάτων, ὡς ὑπερφυῶν γενομένων;
Τί δῆτα; Γραφικὸς ἁνήρ, καὶ ἡδὺς ὁ λόγος, καὶ χάρις ἔπεστι καὶ δεινότης
καὶ ὥρα τοῖς διηγήμασι, Μῦθον δ´ ὡς ὅτ´ ἀοιδός, ἐπισταμένως
μὲν οὔ, λιγυρῶς δὲ καὶ γλαφυρῶς ἠγόρευκεν. Ἀμέλει ταῦτα καὶ κηλεῖ καὶ
προσάγεται πάντας, ἀλλ´ ὥσπερ ἐν ῥόδοις δεῖ κανθαρίδα φυλάττεσθαι τὴν
βλασφημίαν αὐτοῦ καὶ κακολογίαν, λείοις καὶ ἁπαλοῖς (874c) σχήμασιν
ὑποδεδυκυῖαν, ἵνα μὴ λάθωμεν ἀτόπους καὶ ψευδεῖς περὶ τῶν ἀρίστων καὶ
μεγίστων τῆς Ἑλλάδος πόλεων καὶ ἀνδρῶν δόξας λαβόντες.
| [874] Cependant les Perses, sous les yeux même de Xerxès, n'allaient à l'ennemi
qu'autant qu'on les y forçait à grands coups de fouet. (874a) Apparemment qu'à
Platée ils prirent de nouvelles armes, et ne furent inférieurs aux Grecs
ni en force ni en bravoure. Mais presque nus contre des ennemis bien
armés, ils ne purent se défendre avec un avantage égal. Quelle gloire donc
et quelle supériorité reste-t-il aux Grecs de ces différentes victoires,
s'il est vrai que les Lacédémoniens aient combattu contre des gens sans
armes, et que les autres Grecs n'aient rien su du combat quoiqu'ils
fussent sur les lieux; si les monuments que chaque ville a dressés ne sont
que de vains cénotaphes; si les trépieds et les autels consacrés aux dieux
sont chargés d'inscriptions fausses et trompeuses ; si enfin Hérodote est
le seul qui ait connu la vérité, et que tous les autres écrivains (874b)
qui ont entendu parler des Grecs aient été trompés par l'opinion publique,
qui aura exagéré ces exploits ?
Que faut-il donc penser d'Hérodote? Que c'est un écrivain plein de talent,
dont le style a beaucoup de douceur, dont les récits sont remplis de grâce
et de beauté. Si dans sa narration il montre peu de savoir, tel qu'un
musicien agréable, il attire et charme par l'harmonie de ses discours;
mais, comme en cueillant des roses on a souvent à craindre la piqûre des
cantharides, de même en lisant Hérodote, il faut être en garde contre ces calomnies
et ces critiques (874c) amères qu'il cache sous des phrases si douces et si polies ;
autrement on prendrait, sans s'en apercevoir, des peuples et des personnages les plus
illustres de la Grèce, l'opinion la plus fausse et la plus absurde.
|