[872] Τοῦτο Παυσανίαν ἐξήγαγεν εἰς Πλαταιὰς μετὰ τῆς (872a) δυνάμεως· εἰ δέ τι
κατέσχεν οἰκεῖον ἐν Τεγέᾳ πρᾶγμα τὸν Χείλεων ἐκεῖνον, οὐκ ἂν ἡ Ἑλλὰς
περιεγένετο.
Πάλιν δὲ τοῖς Ἀθηναίοις οὐκ ἔχων ὅ τι χρήσαιτο, ποτὲ μὲν αἴρει ποτὲ δὲ
καταβάλλει τὴν πόλιν ἄνω καὶ κάτω μεταφέρων, οὓς Τεγεάταις μὲν εἰς ἀγῶνα
λέγει περὶ τῶν δευτερείων καταστάντας Ἡρακλειδῶν τε μεμνῆσθαι καὶ τὰ πρὸς
Ἀμαζόνας πραχθέντα προφέρειν ταφάς τε Πελοποννησίων τῶν ὑπὸ τῇ Καδμείᾳ
πεσόντων· καὶ τέλος εἰς τὸν Μαραθῶνα καταβαίνειν τῷ λόγῳ φιλοτιμουμένους
καὶ ἀγαπῶντας ἡγεμονίας τυχεῖν τοῦ ἀριστεροῦ κέρως· (872b) ὀλίγον δ´
ὕστερον αὐτοῖς Παυσανίαν καὶ Σπαρτιάτας τῆς ἡγεμονίας ὑφίεσθαι, καὶ
παρακαλεῖν ὅπως κατὰ Πέρσας ἀντιταχθῶσι τὸ δεξιὸν κέρας παραλαβόντες,
αὐτοῖς δὲ παραδόντες τὸ εὐώνυμον ὡς ἀηθείᾳ τὴν πρὸς τοὺς βαρβάρους μάχην
ἀπολεγομένους. Καίτοι γελοῖον, εἰ μὴ συνήθεις εἶεν οἱ πολέμιοι, μάχεσθαι
μὴ θέλειν.
Ἀλλὰ τούς γ´ ἄλλους Ἕλληνας εἰς ἕτερον ὑπὸ τῶν στρατηγῶν ἀγομένους
στρατόπεδον,
« Ὡς ἐκινήθησαν, » (872c) φησί, « φεύγειν ἀσμένως τὴν ἵππον πρὸς τὴν τῶν
Πλαταιέων πόλιν, φεύγοντας δὲ ἀφικέσθαι πρὸς τὸ Ἡραῖον »·
ἐν ᾧ καὶ ἀπείθειαν καὶ λιποταξίαν καὶ προδοσίαν ὁμοῦ τι πάντων κατηγόρησε.
Τέλος δὲ μόνους φησὶ τοῖς μὲν βαρβάροις Λακεδαιμονίους καὶ Τεγεάτας τοῖς
δὲ Θηβαίοις Ἀθηναίους συμπεσόντας διαγωνίσασθαι, τὰς δ´ ἄλλας πόλεις
ὁμαλῶς ἁπάσας τοῦ κατορθώματος ἀπεστέρηκεν·
« Οὐδένα συνεφάψασθαι τοῦ ἀγῶνος, ἀλλὰ καθημένους πάντας ἐπὶ τῶν ὅπλων
ἐγγὺς καταλιπεῖν καὶ προδοῦναι τοὺς ὑπὲρ αὐτῶν μαχομένους· ὀψὲ δὲ
Φλιασίους καὶ Μεγαρέας πυθομένους νικῶντα Παυσανίαν, προσφερομένους καὶ
ἐμπεσόντας εἰς τὸ Θηβαίων ἱππικόν, οὐδενὶ λόγῳ διαφθαρῆναι· Κορινθίους δὲ
τῇ μὲν μάχῃ μὴ παραγενέσθαι, μετὰ (872d) δὲ τὴν νίκην ἐπειγομένους διὰ
τῶν λόφων, μὴ περιπεσεῖν τοῖς ἱππεῦσι τῶν Θηβαίων »·
οἱ γὰρ Θηβαῖοι, τῆς τροπῆς γενομένης, προϊππεύοντες τῶν βαρβάρων
προθύμως παρεβοήθουν φεύγουσιν αὐτοῖς, δηλονότι τῶν ἐν Θερμοπύλαις
στιγμάτων χάριν ἀποδιδόντες.
Ἀλλὰ Κορινθίους γε καὶ τάξιν ἣν ἐμάχοντο τοῖς βαρβάροις, καὶ τέλος ἡλίκον
ὑπῆρξεν αὐτοῖς ἀπὸ τοῦ Πλαταιᾶσιν ἀγῶνος ἔξεστι Σιμωνίδου πυθέσθαι
γράφοντος ἐν τούτοις·
Μέσσοι δ´ οἵ τ´ Ἔφυραν πολυπίδακα ναιετάοντες,
παντοίης ἀρετῆς ἴδριες ἐν πολέμῳ,
οἵ τε πόλιν Γλαύκοιο, Κορίνθιον ἄστυ, νέμοντες,
(872e) οἳ καὶ κάλλιστον μάρτυν ἔθεντο πόνων
χρυσοῦ τιμήεντος ἐν αἰθέρι· καί σφιν ἀέξει
αὐτῶν τ´ εὐρεῖαν κληδόνα καὶ πατέρων.
Ταῦτα γὰρ οὐ χορὸν ἐν Κορίνθῳ διδάσκων οὐδ´ ᾆσμα ποιῶν εἰς τὴν πόλιν,
ἄλλως δὲ τὰς πράξεις ἐκείνας ἐν ἐλεγείᾳ γράφων ἱστόρηκεν.
Ὁ δὲ προλαμβάνων τὸν ἔλεγχον τοῦ ψεύσματος (872f) τῶν ἐρησομένων,
« Πόθεν οὖν πολυάνδρια καὶ θῆκαι τοσαῦται καὶ μνήματα νεκρῶν, ἐν οἷς
ἐναγίζουσιν ἄχρι νῦν Πλαταιεῖς τῶν Ἑλλήνων συμπαρόντων, »
πρᾶγμα αἴσχιον, ὡς οἶμαι, τῆς προδοσίας τῶν γενεῶν κατηγόρηκεν ἐν τούτοις·
« Τῶν δὲ ἄλλων ὅσοι καὶ φαίνονται ἐν Πλαταιῇσιν ἐόντες τάφοι, τούτους δέ,
ὡς ἐγὼ πυνθάνομαι, αἰσχυνομένους τῇ ἀπεστοῖ τῆς μάχης ἑκάστους χώματα
χῶσαι κεινὰ τῶν ἐπιγινομένων εἵνεκ´ ἀνθρώπων. »
| [872] Sur cet avis, Pausanias conduisit les Spartiates (872a) à Platée. » Si donc quelque
affaire eût retenu ce Chiléus à Tégée, la Grèce n'aurait pas remporté la victoire. Puis,
retombant de nouveau sur les Athéniens, et ne sachant comment il doit les
traiter, il les abaisse et les relève tour à tour. Il prétend qu'ils
disputèrent aux Tégéates le commandement d'une des ailes; que pour
justifier leur prétention, ils rappelèrent les exploits des Héraclides
contre les Amazones, la sépulture qu'ils avaient donnée aux Péloponnésiens
morts auprès de la Cadmée, enfin la bataille de Marathon ; tant ils
ambitionnaient de conduire l'aile gauche de l'armée ! (872b) Bientôt
après, il dit que Pausanias et les Spartiates leur cédèrent leur rang et
les engagèrent à prendre le commandement de l'aile droite, et à leur
laisser la gauche, afin qu'eux-mêmes n'eussent pas en tête les Barbares,
contre lesquels ils ne s'étaient pas encore mesurés. N'est-il pas ridicule
de supposer qu'on ne veuille combattre que contre des ennemis auxquels on
ait déjà eu affaire ?
Ailleurs il dit que les généraux ayant voulu mener les Grecs dans un autre
poste, au premier mouvement (872c) qu'on leur fit faire, la cavalerie se
sauva volontiers vers la ville de Platée, et arriva au temple de Junon.
Ainsi il accuse tous les Grecs de désobéissance, de trahison et de
lâcheté. Il finit par dire que les Lacédémoniens et les Tégéates
chargèrent seuls les Barbares, et que les Athéniens se battirent contre
les Thébains. Il prive par là toutes les autres villes de la part qu'elles
eurent à cet exploit glorieux, en disant qu'aucune d'elles ne se mêla du
combat, qu'elles restèrent tranquillement appuyées sur leurs armes et
trahirent ainsi ceux qui combattaient pour leur conservation. Seulement,
ajoute-t-il, sur la fin de l'action, les Phliasiens et les Mégariens,
ayant appris que Pausanias était vainqueur, se mirent en mouvement, et
ayant donné en désordre dans la cavalerie thébaine, ils furent facilement
taillés en pièces ; les Corinthiens ne se trouvèrent pas à ce combat ;
(872c) après la victoire, ils gagnèrent les hauteurs, et ne rencontrèrent
pas les cavaliers thébains, qui, voyant les Barbares en déroute, se
jetèrent devant eux et couvrirent leur fuite avec beaucoup d'ardeur. Sans
doute ils voulaient témoigner aux Perses leur reconnaissance de la
flétrissure qu'ils avaient reçue aux Thermopyles. Mais pour savoir quel
poste les Corinthiens occupaient dans cette bataille et comment ils se
conduisirent en combattant contre les Barbares, il ne faut qu'écouter Simonide :
"Les braves citoyens de l'heureuse Corinthe,
Ville où régna Glaucus, et qui dans son enceinte
Voit la terre épancher les plus limpides eaux,
(872e) Voulant éterniser leurs belliqueux travaux,
Dressent ce monument dont la riche structure
Consacrera leur gloire à la race future".
Simonide n'a pas fait ces vers en donnant à Corinthe des leçons de son
art, ou en composant un poème à la louange de cette ville, mais en
racontant dans des vers élégiaques les exploits de cette guerre fameuse.
Hérodote, pour prévenir le reproche de mensonge qu'on pourrait lui faire
(872f) en lui demandant d'où viennent ces tombeaux et ces monuments si
nombreux auprès desquels les habitants de Platée font encore aujourd'hui
des sacrifices d'expiation en présence des autres Grecs, Hérodote, dis-je,
leur impute un crime plus honteux encore,
ce me semble, que celui de trahison, dont il accuse leurs ancêtres. « Pour
les tombeaux qu'on voit autour de Platée, j'ai entendu dire que dans la
suite les habitants de cette ville, honteux de la désertion de leurs
pères, avaient fait élever ces cénotaphes, pour les disculper aux yeux de
la postérité. »
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