[871] (871a) Οὔτε γὰρ τελευτήσαντι τοιαύτην εἰκὸς ἦν ἀνδρὶ δειλῷ καὶ προδότῃ
γενέσθαι τιμήν, οὔτ´ ἂν ἐτόλμησε τῶν θυγατέρων ὄνομα θέσθαι τῇ μὲν
Ναυσινίκην τῇ δ´ Ἀκροθίνιον τῇ δ´ Ἀλεξιβίαν, Ἀριστέα δὲ καλέσαι τὸν υἱόν,
εἰ μή τις ἦν ἐπιφάνεια καὶ λαμπρότης περὶ αὐτὸν ἀπὸ τῶν ἔργων ἐκείνων. Καὶ
μὴν ὅτι μόναι τῶν Ἑλληνίδων αἱ Κορίνθιαι γυναῖκες εὔξαντο τὴν καλὴν
ἐκείνην καὶ δαιμόνιον εὐχήν, ἔρωτα τοῖς ἀνδράσι τῆς πρὸς τοὺς βαρβάρους
μάχης (871b) ἐμβαλεῖν τὴν θεόν, οὐχ ὅπως τοὺς περὶ τὸν Ἡρόδοτον ἀγνοῆσαι
πιθανὸν ἦν, ἀλλ´ οὐδὲ τὸν ἔσχατον Καρῶν· διεβοήθη γὰρ τὸ πρᾶγμα καὶ
Σιμωνίδης ἐποίησεν ἐπίγραμμα, χαλκῶν εἰκόνων ἀνασταθεισῶν ἐν τῷ ναῷ τῆς
Ἀφροδίτης, ὃν ἱδρύσασθαι Μήδειαν λέγουσιν, οἱ μὲν αὐτὴν παυσαμένην
τἀνδρός, οἱ δ´ ἐπὶ τῷ τὸν Ἰάσονα τῆς Θέτιδος ἐρῶντα παῦσαι τὴν θεόν. Τὸ δ´
ἐπίγραμμα τοῦτ´ ἐστίν·
Αἵδ´ ὑπὲρ Ἑλλάνων τε καὶ ἰθυμάχων πολιητᾶν
ἔσταθεν εὐξάμεναι Κύπριδι δαιμόνιαι.
Οὐ γὰρ τοξοφόροισιν ἐμήδετο δῖ´ Ἀφροδίτα
Μήδοις Ἑλλάνων ἀκρόπολιν προδόμεν.
(871c) Ταῦτ´ ἔδει γράφειν καὶ τούτων μεμνῆσθαι μᾶλλον ἢ τὴν Ἀμεινοκλέους
ἐμβαλεῖν συμφορὰν καὶ παιδοφονίαν.
Τῶν τοίνυν αἰτιῶν τῶν κατὰ Θεμιστοκλέους ἀνέδην ἐμφορηθείς, ἐν οἷς
κλέπτοντα καὶ πλεονεκτοῦντα λάθρα τῶν ἄλλων στρατηγῶν οὔ φησι παύσασθαι
περὶ τὰς νήσους, τέλος αὐτῶν Ἀθηναίων τὸν στέφανον ἀφελόμενος Αἰγινήταις
ἐπιτίθησι, γράφων ταῦτα·
« Πέμψαντες ἀκροθίνια οἱ Ἕλληνες εἰς Δελφοὺς ἐπηρώτων τὸν θεὸν κοινῇ, εἰ
λελάβηκε πλήρεα καὶ ἀρεστὰ τὰ ἀκροθίνια· ὁ δὲ παρ´ Ἑλλήνων μὲν τῶν ἄλλων
ἔφησεν ἔχειν, παρ´ (871d) Αἰγινητέων δὲ οὔ, ἀλλ´ ἀπαίτεε αὐτοὺς τὰ
ἀριστεῖα τῆς ἐν Σαλαμῖνι ναυμαχίας. »
Οὐκέτι Σκύθαις οὐδὲ Πέρσαις οὐδ´ Αἰγυπτίοις τοὺς ἑαυτοῦ λόγους ἀνατίθησι
πλάττων, ὥσπερ Αἴσωπος κόραξι καὶ πιθήκοις, ἀλλὰ τῷ τοῦ Πυθίου προσώπῳ
χρώμενος ἀπωθεῖ τῶν ἐν Σαλαμῖνι πρωτείων τὰς Ἀθήνας. Θεμιστοκλεῖ δὲ τῶν
δευτερείων ἐν Ἰσθμῷ γενομένων διὰ τὸ τῶν στρατηγῶν ἕκαστον αὑτῷ μὲν τὸ
πρωτεῖον ἐκείνῳ δὲ τὸ δευτερεῖον ἀποδοῦναι, καὶ τέλος τῆς κρίσεως μὴ
λαβούσης, δέον αἰτιάσασθαι (871e) τὴν φιλοτιμίαν τῶν στρατηγῶν, πάντας
ἀποπλεῦσαί φησι τοὺς Ἕλληνας ὑπὸ φθόνου μὴ βουληθέντας ἀναγορεῦσαι τὸν
ἄνδρα πρῶτον.
Ἐν δὲ τῇ ἐνάτῃ καὶ τελευταίᾳ τῶν βίβλων, ὅσον ἦν ὑπόλοιπον ἔτι τῆς πρὸς
Λακεδαιμονίους αὐτῷ δυσμενείας ἐκχέαι σπεύδων, τὸ παρ´ αὑτὸν ἀφείλετο τὴν
ἀοίδιμον νίκην καὶ τὸ περιβόητον Πλαταιᾶσι κατόρθωμα τῆς πόλεως. Γέγραφε
γὰρ ὡς πρότερον μὲν ὠρρώδουν τοὺς Ἀθηναίους, μὴ πεισθέντες ὑπὸ Μαρδονίου
τοὺς Ἕλληνας ἐγκαταλίπωσι, τοῦ δ´ Ἰσθμοῦ τειχισθέντος ἐν ἀσφαλεῖ θέμενοι
τὴν Πελοπόννησον ἠμέλουν ἤδη τῶν ἄλλων καὶ περιεώρων, ἑορτάζοντες οἴκοι
καὶ τοὺς πρέσβεις τῶν Ἀθηναίων κατειρωνευόμενοι καὶ διατρίβοντες. (871f)
Πῶς οὖν ἐξῆλθον εἰς Πλαταιὰς πεντακισχίλιοι Σπαρτιᾶται, περὶ αὑτὸν ἔχων
ἀνὴρ ἕκαστος ἑπτὰ εἵλωτας; Ἢ πῶς κίνδυνον ἀράμενοι τοσοῦτον ἐκράτησαν καὶ
κατέβαλον μυριάδας τοσαύτας; Ἄκουσον αἰτίας πιθανῆς·
« Ἔτυχε, » φησίν, « ἐν Σπάρτῃ παρεπιδημῶν ἐκ Τεγέας ἀνὴρ ὄνομα Χείλεως, ᾧ
φίλοι τινὲς καὶ ξένοι τῶν ἐφόρων ἦσαν· οὗτος οὖν ἔπεισεν αὐτοὺς ἐκπέμψαι
τὸ στράτευμα, λέγων ὅτι τοῦ διατειχίσματος οὐδὲν ὄφελός ἐστι
Πελοποννησίοις, ἂν Ἀθηναῖοι Μαρδονίῳ προσγένωνται. »
| [871] (871a) Est-il probable qu'on eût décerné un pareil honneur à un lâche et à
un traître ou qu'il eût osé lui-même donner à ses trois filles les noms de
Nausinicé, d'Acrothinium, d'Alexibia, et à son fils celui d'Aristée, si les exploits
qu'il fit dans cette journée ne l'eussent couvert de gloire ? Peut-on croire, je ne
dis pas qu'Hérodote, mais que le dernier même des Cariens ait ignoré ce
vœu si honorable, je dirais presque divin, que les femmes seules de
Corinthe firent à Vénus, pour la prier d'inspirer à leurs maris un vif
désir de combattre contre les Barbares? (871b) La renommée s'en est
répandue partout, et Simonide a fait à ce sujet une épigramme qui est
gravée sur des colonnes d'airain dressées dans le temple de Vénus, bâti,
dit-on, par Médée, pour demander à la déesse, selon les uns, qu'elle
cessât d'aimer Jason, et, selon d'autres, que Jason n'aimât plus Thétis.
Voici l'épigramme :
"Les femmes de Corinthe ont offert à Vénus
Ces présents que leur vœu promit à la déesse.
De leur reconnaissance ils sont les doux tributs ;
Pour la Perse Cypris n'a point trahi la Grèce".
(871c) Voilà ce qu'il fallait écrire et transmettre à la postérité, plutôt
que le meurtre commis par Aminoclès sur son propre fils.
Après s'être, pour ainsi dire, rassasié de calomnies contre Thémistocle,
qu'il accuse d'avoir pendant cette expédition pillé et dépouillé toutes
les îles, à l'insu des autres généraux, il finit par ôter aux Athéniens le
prix de la valeur pour le donner aux Eginètes. Voici ses propres paroles :
« Les Grecs, ayant envoyé à Delphes les prémices du butin, demandèrent en
commun au dieu s'il était content de la portion qu'on lui avait donnée. Il
répondit qu'il l'était pour les autres Grecs, (871b) mais non pour les
Eginètes, qui lui en devaient davantage pour le prix de la valeur qu'ils
avaient remporté à Salamine. »
Ce n'est plus aux Perses, aux Scythes et aux Égyptiens qu'il prête ses propres fictions,
comme Ésope fait parler les corbeaux et les singes ; il emprunte le nom
même d'Apollon Pythien pour enlever aux Athéniens le prix de la valeur au
combat de Salamine. Il dit ensuite que lorsqu'il fut question de décerner
le prix de la valeur pour ce qui s'était passé dans l'isthme, chacun des
généraux s'adjugea le premier à lui-même, et le second à Thémistocle. Il
n'y eut point de jugement porté ; et au lieu de l'attribuer (871e) à
l'ambition des généraux, il dit que les Grecs se séparèrent sans avoir
voulu par envie déférer le premier prix à Thémistocle.
Il ne lui restait plus dans son neuvième et dernier livre qu'à distiller
son venin sur les Spartiates, et sur la bataille de Platée, si glorieuse
pour eux. Il dit que dans les commencements de la guerre, les
Lacédémoniens craignirent que les Athéniens, gagnés par Mardonius,
n'abandonnassent le reste des Grecs ; mais qu'après avoir fortifié
l'isthme et mis le Péloponnèse en sûreté, ils s'embarrassèrent peu des
autres peuples, et ne s'occupant plus chez eux que de fêtes, ils se
moquaient des ambassadeurs athéniens, qu'ils retenaient sans leur donner
de réponse. (871f) Mais comment donc fit-on sortir de la Laconie pour
aller à Platée cinq mille Spartiates, dont chacun avait sept ilotes avec
lui ? Et comment, affrontant avec courage un si grand péril,
remportèrent-ils la victoire et firent-ils périr tant de milliers de
Barbares? Écoutez les causes vraisemblables qu'il en donne : « Il y avait,
dit-il, à Sparte un Tégéate nommé Chiléus qui était lié avec quelques uns
des éphores. Ce fut lui qui leur persuada d'envoyer des troupes à Platée,
parce que les fortifications du Péloponnèse deviendraient inutiles si une
fois les Athéniens s'étaient joints à Mardonius.
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