[868] (868a) Ἐν μὲν οὖν ταῖς μάχαις οὐκ ἔταξε τοὺς Ἕλληνας οὐδ´ ἐδήλωσεν ἣν
ἑκάστη πόλις ἔχουσα χώραν ἐναυμάχησε, κατὰ δὲ τὸν ἀπόπλουν, ὃν αὐτὸς
δρασμὸν προσαγορεύει, πρώτους φησὶ Κορινθίους πλεῖνὑστάτους δ´ Ἀθηναίους.
Ἔδει μὲν οὖν μηδὲ τοῖς μηδίσασιν Ἑλλήνων ἄγαν ἐπεμβαίνειν, καὶ ταῦτα
Θούριον μὲν ὑπὸ τῶν ἄλλων νομιζόμενον αὐτὸν δὲ Ἁλικαρνασέων περιεχόμενον,
οἳ Δωριεῖς ὄντες μετὰ τῆς γυναικωνίτιδος ἐπὶ τοὺς Ἕλληνας ἐστράτευσαν.
Ὁ δὲ τοσοῦτον ἀποδεῖ τοῦ πραότερον ὀνομάζειν (868b) τὰς τῶν μηδισάντων
ἀνάγκας, ὥστε περὶ Θεσσαλῶν διηγησάμενος ὅτι Φωκεῦσιν, ἐχθροῖς καὶ
πολεμίοις οὖσι, προσέπεμψαν ἐπαγγελλόμενοι τὴν χώραν αὐτῶν ἀβλαβῆ
διαφυλάξειν, εἰ πεντήκοντα τάλαντα μισθὸν λάβοιεν, ταῦτα περὶ Φωκέων
γέγραφεν αὐτοῖς ὀνόμασιν·
« Οἱ γὰρ Φωκεῖς μοῦνοι τῶν ταύτῃ ἀνθρώπων οὐκ ἐμήδιζον, κατ´ ἄλλο μὲν
οὐδέν, ὡς ἐγὼ συμβαλλόμενος εὑρίσκω, κατὰ δὲ τὸ ἔχθος τὸ Θεσσαλῶν· εἰ δὲ
Θεσσαλοὶ τὰ Ἑλλήνων ηὖξον, ὡς ἐμοὶ δοκεῖ, ἐμήδιζον ἂν οἱ Φωκεῖς. »
Καίτοι μετὰ μικρὸν αὐτὸς ἐρεῖ τρισκαίδεκα πόλεις τῶν Φωκέων ὑπὸ τοῦ
βαρβάρου κατακεκαῦσθαι, διεφθάρθαι (868c) τὴν χώραν, ἐμπεπρῆσθαι τὸ ἐν
Ἄβαις ἱερόν, ἄνδρας ἀπολωλέναι καὶ γυναῖκας, ὅσοι μὴ διαφυγόντες ἔφθησαν
εἰς τὸν Παρνασόν. Ἀλλ´ ὅμως τοὺς τὰ ἔσχατα παθεῖν ἐπὶ τῷ μὴ προέσθαι τὸ
καλὸν ὑπομείναντας εἰς τὴν αὐτὴν ἔθετο κακίαν τοῖς προθυμότατα μηδίσασι·
καὶ τὰ ἔργα τῶν ἀνδρῶν ψέξαι μὴ δυνηθείς, αἰτίας ἐκάθητο φαύλας καὶ
ὑπονοίας ἐπὶ τοῦ γραφείου συντιθεὶς κατ´ αὐτῶν καὶ κελεύων οὐκ ἀφ´ ὧν
ἔπραξαν, ἀλλ´ ἀφ´ ὧν ἔπραξαν ἂν εἰ μὴ ταῦτα Θεσσαλοῖς ἔδοξε, κρίνεσθαι τὴν
διάνοιαν αὐτῶν, ὥσπερ χώρας ἀντειλημμένης (868d) ὑφ´ ἑτέρων τῆς προδοσίας
ἀπολειφθέντας.
Εἰ τοίνυν Θεσσαλούς τις ἐπιχειρεῖ τοῦ μηδισμοῦ παραιτεῖσθαι, λέγων ὡς οὐ
ταῦτ´ ἐβούλοντο, τῇ δὲ πρὸς Φωκέας διαφορᾷ τοῖς Ἕλλησι προστιθεμένους
ὁρῶντες αὐτοὶ παρὰ γνώμην ἐμήδισαν, ἆρ´ οὐκ ἂν αἴσχιστα κολακεύειν ἔδοξε
καὶ πρὸς ἑτέρων χάριν αἰτίας χρηστὰς ἐπὶ πράγμασι φαύλοις πορίζων
διαστρέφειν τὴν ἀλήθειαν; Ἐγὼ μὲν οἶμαι. Πῶς οὖν οὐ περιφανέστατα δόξει
συκοφαντεῖν ὁ μὴ δι´ ἀρετὴν τὰ βέλτιστα Φωκεῖς ἑλομένους ἀποφαινόμενος,
ἀλλ´ ὅτι τἀναντία Θεσσαλοὺς ἔγνωσαν φρονοῦντας; (868e) Οὐδὲ γὰρ εἰς
ἑτέρους, ὥσπερ εἴωθεν, ἀνάγει τὴν διαβολὴν ἀκηκοέναι λέγων ἀλλ´ αὐτὸς
εὑρίσκειν συμβαλλόμενος. Εἰπεῖν οὖν ἔδει τὰ τεκμήρια, δι´ ὧν ἐπείσθη τοὺς
ὅμοια πράττοντας τοῖς ἀρίστοις ταὐτὰ τοῖς φαυλοτάτοις διανοηθῆναι.
Τὸ γὰρ τῆς ἔχθρας γελοῖόν ἐστιν· οὔτε γὰρ Αἰγινήτας ἐκώλυσεν ἡ πρὸς
Ἀθηναίους διαφορὰ καὶ Χαλκιδεῖς ἡ πρὸς Ἐρετριέας καὶ Κορινθίους ἡ πρὸς
Μεγαρέας τῇ Ἑλλάδι συμμαχεῖν· οὐδ´ αὖ πάλιν Θεσσαλοὺς μηδίζοντες οἱ
πολεμιώτατοι Μακεδόνες τῆς πρὸς τὸν βάρβαρον φιλίας ἀπέστρεψαν. Τὰς γὰρ
ἰδίας ἀπεχθείας ὁ κοινὸς ἀπέκρυψε κίνδυνος, ὥστε τῶν ἄλλων παθῶν
ἐκπεσόντας ἢ τῷ καλῷ δι´ (868f) ἀρετὴν ἢ τῷ συμφέροντι δι´ ἀνάγκην
προστίθεσθαι τὴν γνώμην. Οὐ μὴν ἀλλὰ καὶ μετὰ τὴν ἀνάγκην ἐκείνην, ᾗ
κατελήφθησαν ὑπὸ Μήδοις γενέσθαι, πάλιν μετεβάλοντο πρὸς τοὺς Ἕλληνας οἱ
ἄνδρες, καὶ Λακράτης μὲν αὐτοῖς ὁ Σπαρτιάτης ἄντικρυς ἐμαρτύρησεν· αὐτὸς
δ´ ὁ Ἡρόδοτος ὥσπερ ἐκβιασθεὶς ἐν τοῖς Πλαταιικοῖς ὁμολογεῖ καὶ Φωκέας
παραγενέσθαι τοῖς Ἕλλησιν.
| [868] (868a) Quand il fait la description des batailles, il ne marque point dans
quel ordre et dans quel rang chaque ville de la Grèce combattait. Mais
dans cette retraite qu'il qualifie de fuite, il dit que les Corinthiens
formaient l'avant-garde, et les Athéniens l'arrière-garde. Devait-il
insulter à ce point ceux des Grecs qui tenaient pour les Perses, lui qu'on
croit assez communément né à Thurium, et qui se dit d'Halicarnasse, cette
ville d'origine dorienne, dont les habitants vinrent avec leurs femmes faire la guerre
aux Grecs? Mais bien loin d'avoir rapporté les circonstances (868b) qui forcèrent
quelques uns des Grecs à se déclarer pour les Mèdes, il dit, au contraire,
que les Thessaliens firent dire aux habitants de la Phocide, leurs ennemis
jurés, que s'ils leur payaient cinquante talents d'argent, ils ne
causeraient aucun dommage dans leur pays. Voici en propres termes ce qu'il
écrit à ce sujet. « Les Phocidiens étaient le seul peuple de ces cantons
qui ne favorisât pas les Mèdes ; et leur unique motif, autant que je puis
le conjecturer, était leur haine contre les Thessaliens. Si ces derniers
eussent été, pour les Grecs, je crois que les Phocidiens auraient embrassé
le parti des Mèdes. » Cependant il va dire bientôt que treize villes de la
Phocide furent brûlées par les Barbares, leur pays (868c) ravagé, le
temple de la ville d'Abes réduit en cendres, les hommes et les femmes
passés au fil de l'épée, à l'exception de ceux qui eurent le temps de
gagner les hauteurs du Mont-Parnasse. Ainsi, il met au même rang ceux
qui souffrirent toutes ces violences plutôt que de trahir leur devoir, et
ceux qui se montrèrent les partisans les plus déclarés des Perses.
Lorsqu'il ne peut blâmer les actions, il suppose des motifs criminels, et
d'un trait de plume il donne naissance aux soupçons les plus odieux. Il
veut qu'on juge de l'intention des Phocidiens, non par leur conduite, mais
par leur opposition de volonté avec les Thessaliens, comme s'il ne leur eût (886d)
manqué pour être des traîtres, que d'avoir été prévenus.
Si quelqu'un, pour excuser les Thessaliens d'avoir suivi le parti des
Mèdes, disait qu'ils ne s'y étaient pas portés volontairement, mais que
leur haine pour les Phocidiens, qu'ils voyaient dans la confédération des
Grecs, leur avait fait embrasser, comme malgré eux, les intérêts des
Mèdes, ne passerait-il pas pour un vil flatteur qui, voulant faire sa cour
aux dépens de la vérité, prêterait à de mauvaises actions des motifs
honnêtes? En aurait-on une autre idée? Peut-on donc ne pas regarder comme
un calomniateur manifeste un auteur qui impute aux Phocidiens d'avoir
embrassé le bon parti, non par un sentiment vertueux, mais parce que les
Thessaliens suivaient le parti contraire? (868e) Encore il ne rejette pas
sur d'autres cette calomnie, comme c'est son usage, en disant l'avoir
appris d'autrui ; ce sont, dit-il, ses propres recherches qui l'ont
conduit à penser ainsi. Il fallait donc rapporter les preuves d'après
lesquelles il s'est persuadé qu'un peuple qui s'était si bien conduit
avait eu les plus mauvaises intentions. Car le motif pris de leur haine
contre les Thessaliens est ridicule. L'inimitié des Eginètes contre les
Athéniens, celle des Chalcidiens contre ceux d'Érétrie, et des
Corinthiens contre les habitants de Mégare, les a-t-elle empêchés d'entrer
dans la confédération de la Grèce? Les Macédoniens, en punissant les
Thessaliens, dont ils étaient les ennemis déclarés, les détachèrent-ils de
l'alliance des Barbares? Le danger commun faisait taire les haines
privées; et chacun, se dépouillant de toute autre passion, suivait ou le
parti le plus honnête par (868f) vertu, ou le plus utile par nécessité.
D'ailleurs, après ce moment de contrainte qui les entraîna malgré eux dans
le parti des Mèdes, les Phocidiens revinrent à la confédération, comme
Léocratès le Spartiate leur en rendit formellement témoignage ; et
Hérodote lui-même, dans le récit de la bataille de Platée, est forcé
d'avouer que les Phocidiens se joignirent à l'armée des Grecs.
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