HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales, De la malignité d'Hérodote

Page 867

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[867] « Τοὺς δὲ πλεῦνας, κελεύσαντος Ξέρξεω, ἔστιξαν στίγματα βασιλήια, ἀρξάμενοι ἀπὸ τοῦ στρατηγοῦ (867a) ΛεοντιάδεωἈλλ´ οὔτε Λεοντιάδης ἐν Θερμοπύλαις ἦν στρατηγός, ἀλλ´ Ἀνάξανδρος, ὡς Ἀριστοφάνης ἐκ τῶν κατ´ ἄρχοντας ὑπομνημάτων ἱστόρησε καὶ Νίκανδρος Κολοφώνιος· οὔτε γινώσκει τις ἀνθρώπων πρὸ Ἡροδότου στιχθέντας ὑπὸ Ξέρξου Θηβαίους. Ἐπεὶ μέγιστον ἦν ἀπολόγημα τῆς διαβολῆς καὶ καλῶς εἶχε τὴν πόλιν ἀγάλλεσθαι τοῖς στίγμασιν ἐκείνοις, ὡς Ξέρξου δικάσαντος ἐχθίστοις χρήσασθαι Λεωνίδῃ καὶ Λεοντιάδῃ· τοῦ μὲν γὰρ ᾐκίσατο πεπτωκότος τὸ σῶμα, τοῦ δὲ ζῶντος ἔστιξεν. δὲ τὴν μὲν εἰς Λεωνίδαν ὠμότητα (867b) δήλωμα ποιούμενος, ὅτι μάλιστα δὴ ἀνδρῶν βάρβαρος ἐθυμώθη ζῶντι Λεωνίδῃ, Θηβαίους δὲ καὶ μηδίζοντας λέγων ἐν Θερμοπύλαις στιχθῆναι καὶ στιχθέντας αὖθις ἐν Πλαταιαῖς μηδίζειν προθύμως δοκεῖ μοι, καθάπερ Ἱπποκλείδης τοῖς σκέλεσι χειρονομῶν ἐπὶ τῆς τραπέζης, εἰπεῖν ἂν ἐξορχούμενος τὴν ἀλήθειαν· « οὐ φροντὶς Ἡροδότῳ. » Ἐν δὲ τῇ ὀγδόῃ τοὺς Ἕλληνάς φησι καταδειλιάσαντας ἀπὸ τοῦ Ἀρτεμισίου δρησμὸν βουλεύεσθαι ἔσω εἰς τὴν Ἑλλάδα, καὶ τῶν Εὐβοέων δεομένων ὀλίγον ἐπιμεῖναι χρόνον, ὅπως ὑπεκθοῖντο γενεὰς καὶ τὸ οἰκετικόν, ὀλιγωρεῖν, ἄχρι οὗ (867c) Θεμιστοκλῆς ἀργύριον λαβὼν Εὐρυβιάδῃ τε μετέδωκε καὶ Ἀδειμάντῳ τῷ Κορινθίων στρατηγῷ· τότε δὲ μεῖναι καὶ διαναυμαχῆσαι πρὸς τοὺς βαρβάρους. μὲν Πίνδαρος, οὐκ ὢν συμμάχου πόλεως ἀλλὰ μηδίζειν αἰτίαν ἐχούσης, ὅμως τοῦ Ἀρτεμισίου μνησθεὶς ἐπιπεφώνηκεν· Ὅθι παῖδες Ἀθαναίων ἐβάλοντο φαεννὰν κρηπῖδ´ ἐλευθερίας. Ἡρόδοτος δέ, ὑφ´ οὗ κεκοσμῆσθαί τινες ἀξιοῦσι τὴν Ἑλλάδα, δωροδοκίας καὶ κλοπῆς ἔργον ἀποφαίνει τὴν νίκην ἐκείνην γενομένην καὶ τοὺς Ἕλληνας ἀκουσίως ἀγωνισαμένους, ὑπὸ τῶν στρατηγῶν ἐξαπατηθέντας ἀργύριον λαβόντων. Καὶ τοῦτο τὸ (867d) πέρας οὐ γέγονεν αὐτῷ τῆς κακοηθείας· ἀλλὰ πάντες μὲν ἄνθρωποι σχεδὸν ὁμολογοῦσι ταῖς ναυμαχίαις αὐτόθι κρατοῦντας τοὺς Ἕλληνας ὅμως ὑφέσθαι τοῦ Ἀρτεμισίου τοῖς βαρβάροις, τὰ περὶ Θερμοπύλας ἀκούσαντας· οὐδὲ γὰρ ἦν ὄφελος ἐνταῦθα καθημένους φρουρεῖν τὴν θάλασσαν, ἐντὸς Πυλῶν τοῦ πολέμου γεγονότος καὶ Ξέρξου τῶν παρόδων κρατοῦντος. Ἡρόδοτος δέ, πρὶν ἀπαγγελῆναι τὸν Λεωνίδου θάνατον, ἤδη ποιεῖ τοὺς Ἕλληνας βουλευομένους ἀποδιδράσκειν· λέγει δ´ οὕτως· « Τρηχέως δὲ περιεφθέντες, καὶ οὐχ ἥκιστα (867e) Ἀθηναῖοι, τῶν αἱ ἡμίσειαι τῶν νεῶν τετρωμέναι ἦσαν, δρησμὸν ἐβούλευον εἰς τὴν Ἑλλάδα. » Καίτοι τὴν πρὸ τοῦ ἀγῶνος ἀναχώρησιν οὕτως ὀνομάσαι, μᾶλλον δ´ ὀνειδίσαι, δεδόσθω· δὲ καὶ πρότερον δρασμὸν εἶπε καὶ νῦν δρασμὸν ὀνομάζει καὶ μετ´ ὀλίγον πάλιν ἐρεῖ δρασμόν· οὕτω πικρῶς τῷ ῥήματι προσπέφυκε. « Τοῖς δὲ βαρβάροισιν αὐτίκα μετὰ ταῦτα πλοίῳ ἦλθεν ἀνὴρ Ἑστιαιεύς, ἀγγέλλων τὸν δρησμὸν τὸν ἀπ´ Ἀρτεμισίου τῶν Ἑλλήνων· οἱ δὲ ὑπὸ ἀπιστίης τὸν μὲν ἀγγέλλοντα εἶχον ἐν φυλακῇ, νέας δὲ ταχείας ἀπέστειλαν προκατοψομένας. » Τί σὺ λέγεις; Ἀποδιδράσκειν ὡς κεκρατημένους, (867f) οὓς οἱ πολέμιοι μετὰ τὴν μάχην ἀπιστοῦσι φεύγειν ὡς πολὺ κρατοῦντας; Εἶτα πιστεύειν ἄξιον τούτῳ γράφοντι περὶ ἀνδρὸς πόλεως μιᾶς, ὃς ἑνὶ ῥήματι τὸ νίκημα τῆς Ἑλλάδος ἀφαιρεῖται καὶ τὸ τρόπαιον καθαιρεῖ καὶ τὰς ἐπιγραφάς, ἃς ἔθεντο παρὰ τῇ Ἀρτέμιδι τῇ Προσηῴᾳ, κόμπον ἀποφαίνει καὶ ἀλαζονείαν; Ἔχει δ´ οὕτω τοὐπίγραμμα· Παντοδαπῶν ἀνδρῶν γενεὰς Ἀσίας ἀπὸ χώρας παῖδες Ἀθηναίων τῷδέ ποτ´ ἐν πελάγει ναυμαχίᾳ δαμάσαντες, ἐπεὶ στρατὸς ὤλετο Μήδων, σήματα ταῦτ´ ἔθεσαν παρθένῳ Ἀρτέμιδι. [867] et que le plus grand nombre, à commencer par Léontiadès, (867a) leur général, fut flétri par ordre de Xerxès? Mais c'était Anaxandre et non Léontiadès qui commandait les Thébains aux Thermopyles, comme l'ont dit Aristophane, qui cite les registres publics, et Nicandre le Colophonien. Personne avant Hérodote n'avait su que Xerxès eût fait ainsi flétrir les Thébains. C'eût été pour eux une puissante apologie contre les calomnies de cet historien; et Thèbes eût pu se glorifier d'une flétrissure qui aurait prouvé que Xerxès regardait Léonidas et Léontiadès comme ses plus grands ennemis, puisqu'il faisait mutiler l'un après sa mort et flétrir l'autre de son vivant. Hérodote regarde les indignités (867b) exercées sur le corps de Léonidas comme une preuve évidente que ce roi barbare haïssait mortellement Léonidas ; et cependant il dit que les Thébains, qui favorisaient les Mèdes, furent flétris aux Thermopyles, et que malgré cela ils combattirent pour eux avec ardeur à la bataille de Platée. Je crois que si quelqu'un lui disait, comme à Hippoclidès lorsqu'il eut dansé sur une table les jambes en l'air, que dans ce récit il s'est joué de la vérité, il répondrait comme lui : "Je ne m'en soucie guère". Il dit, dans son huitième livre, que les Grecs, effrayés, avaient résolu de quitter le port d'Artémisium et de se retirer dans l'intérieur de la Grèce ; que les Eubéens les ayant priés de leur donner le temps de débarquer leurs femmes et leurs esclaves, ils n'eurent aucun égard à leur demande jusqu'à ce que Thémistocle (867c) eût donné à Eurybiade et à Adimante, général des Corinthiens, l'argent qu'il avait reçu des Eubéens ; qu'alors les Grecs restèrent à Artémisium, et combattirent sur mer contre les Barbares. Cependant le poète Pindare, né dans une ville qui n'était pas entrée dans la confédération des Grecs, et qu'on accusait de favoriser les Mèdes, s'écrie, en parlant d'Artémisium : "Les enfants de Cécrops ont posé dans ces lieux De notre liberté les fondements heureux". Mais Hérodote, qu'on prétend avoir écrit pour la gloire de la Grèce, regarde cette victoire comme l'effet de la corruption ; il veut que les Grecs y aient combattu malgré eux, trompés par leurs généraux, à qui l'on avait donné de l'argent. (867d) Il ne borne pas là sa méchanceté. Tout le monde sait que les Grecs, après avoir défait sur mer les Barbares, leur abandonnèrent le poste d'Artémisium lorsqu'ils apprirent la défaite des Spartiates aux Thermopyles. Il eût été inutile de rester à tenir la mer après que Xerxès avait forcé les passages et porté la guerre dans le sein de la Grèce. Mais Hérodote suppose que les Grecs, avant d'avoir su la mort de Léonidas, voulurent prendre la fuite: « Les Grecs, dit-il, ayant été fort maltraités, et surtout (867e) les Athéniens, dont la moitié des vaisseaux avaient été endommagés, délibérèrent s'ils ne s'enfuiraient pas précipitamment dans la Grèce. » Passons-lui de qualifier de fuite cette retraite avant le combat, et de faire aux Grecs une imputation odieuse. Il était si attaché à ce terme injurieux, qu'après l'avoir d'abord appelée fuite, il la nomme aussi fuite dans cet endroit, et qu'il répétera encore bientôt le mot de fuite. « Il vint, dit-il, sur un esquif un homme d'Estiée, apprendre aux Barbares que les Grecs s'étaient enfuis d'Artémisium ; et comme ils ne pouvaient le croire, ils tinrent le messager sous bonne garde, et envoyèrent quelques vaisseaux légers à la découverte. » Y pensez-vous, Hérodote, de dire que les Grecs avaient pris la fuite comme s'ils eussent été vaincus, (867f) tandis que leurs ennemis, même après la bataille, ne peuvent croire à cette fuite, et les regardent encore comme beaucoup plus forts qu'eux ? Et le moyen après cela d'ajouter foi à ce que dit d'un particulier ou d'une ville un historien qui d'un seul mot enlève à toute la Grèce une victoire si glorieuse, renverse le trophée élevé par les Grecs, et déclare que les inscriptions placées le long de la côte d'Artémisium en l'honneur de Diane n'étaient qu'une vaine jactance ? Voici une de ces inscriptions: "Vainqueurs des nations qui, du fond de l'Asie, Venaient pour asservir leur illustre patrie, Les enfants de Cécrops, au milieu de ces flots, Des Perses orgueilleux ont détruit les vaisseaux; Et pour éterniser cet exploit mémorable, Ils dressent à Diane un monument durable".


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Dernière mise à jour : 21/11/2007