[866] (866a) Ὁ δ´ Ἡρόδοτος ἐν τῇ διηγήσει τῆς μάχης καὶ τοῦ Λεωνίδου τὴν
μεγίστην ἠμαύρωκε πρᾶξιν, αὐτοῦ πεσεῖν πάντας εἰπὼν ἐν τοῖς στενοῖς περὶ
τὸν Κολωνόν· ἐπράχθη δ´ ἄλλως. Ἐπεὶ γὰρ ἐπύθοντο νύκτωρ τὴν περίοδον τῶν
πολεμίων, ἀναστάντες ἐβάδιζον ἐπὶ τὸ στρατόπεδον καὶ τὴν σκηνὴν ὀλίγου
δεῖν βασιλέως, ὡς ἐκεῖνον αὐτὸν ἀποκτενοῦντες καὶ περὶ ἐκείνῳ
τεθνηξόμενοι· μέχρι μὲν οὖν τῆς σκηνῆς ἀεὶ τὸν ἐμποδὼν φονεύοντες, τοὺς δ´
ἄλλους τρεπόμενοι προῆλθον· ἐπεὶ δ´ οὐχ εὑρίσκετο Ξέρξης, (866b)
ζητοῦντες ἐν μεγάλῳ καὶ ἀχανεῖ στρατεύματι καὶ πλανώμενοι μόλις ὑπὸ τῶν
βαρβάρων πανταχόθεν περιχυθέντων διεφθάρησαν.
Ὅσα δ´ ἄλλα πρὸς τούτῳ τολμήματα καὶ ῥήματα τῶν Σπαρτιατῶν παραλέλοιπεν,
ἐν τῷ Λεωνίδου βίῳ γραφήσεται· μικρὰ δ´ οὐ χεῖρόν ἐστι καὶ νῦν διελθεῖν.
Ἀγῶνα μὲν γὰρ ἐπιτάφιον αὐτῶν ἠγωνίσαντο πρὸ τῆς ἐξόδου καὶ τοῦτον ἐθεῶντο
πατέρες αὐτῶν καὶ μητέρες· αὐτὸς δ´ ὁ Λεωνίδας πρὸς μὲν τὸν εἰπόντα
παντελῶς ὀλίγους ἐξάγειν αὐτὸν ἐπὶ τὴν μάχην
« Πολλοὺς μέν, » ἔφη, « τεθνηξομένους »·
πρὸς δὲ τὴν γυναῖκα, πυνθανομένην ἐξιόντος εἴ τι λέγοι, (866c)
μεταστραφεὶς εἶπεν·
« Ἀγαθοῖς γαμεῖσθαι κἀγαθὰ τίκτειν. »
Ἐν δὲ Θερμοπύλαις μετὰ τὴν κύκλωσιν δύο τῶν ἀπὸ γένους ὑπεξελέσθαι
βουλόμενος ἐπιστολὴν ἐδίδου τῷ ἑτέρῳ καὶ ἔπεμπεν· ὁ δ´ οὐκ ἐδέξατο φήσας
μετ´ ὀργῆς·
« Μαχατάς τοι, οὐκ ἀγγελιαφόρος, εἱπόμαν »·
τὸν δ´ ἕτερον ἐκέλευεν εἰπεῖν τι πρὸς τὰ τέλη τῶν Σπαρτιατῶν· ὁ δ´
ἀπεκρίνατο, « κρείσσων ἐγὼ μένων καὶ κρείσσον´ ἐμοῦ μένοντος τὰ
πράγματα, » καὶ τὴν ἀσπίδα λαβὼν εἰς τάξιν κατέστη.
Ταῦτ´ οὐκ ἄν τις ἐπετίμησεν ἄλλου παραλιπόντος· ὁ δὲ τὴν Ἀμάσιδος
ἀποψόφησιν καὶ τὴν τῶν ὄνων τοῦ κλέπτου προσέλασιν καὶ τὴν τῶν ἀσκῶν
ἐπίδοσιν καὶ πόλλ´ ἄλλα τοιαῦτα συναγαγὼν καὶ (866d) διαμνημονεύων, οὐκ
ἀμελείᾳ δόξειεν ἂν καὶ ὑπεροψίᾳ προΐεσθαι καλὰ μὲν ἔργα καλὰς δὲ φωνάς,
ἀλλ´ οὐκ εὐμενὴς ὢν πρὸς ἐνίους οὐδὲ δίκαιος.
Τοὺς δὲ Θηβαίους πρῶτον μέν φησι
« Μετὰ τῶν Ἑλλήνων ἐόντας μάχεσθαι ὑπ´ ἀνάγκης ἐχομένους »·
οὐ γὰρ μόνον Ξέρξης, ὡς ἔοικεν, ἀλλὰ καὶ Λεωνίδας μαστιγοφόρους εἶχεν
ἑπομένους, ὑφ´ ὧν οἱ Θηβαῖοι παρὰ γνώμην ἠναγκάζοντο μαστιγούμενοι
μάχεσθαι. Καὶ τίς ἂν ὠμότερος τούτου γένοιτο συκοφάντης, ὃς μάχεσθαι μὲν
ὑπ´ ἀνάγκης φησὶ τοὺς ἀπελθεῖν καὶ φεύγειν δυναμένους, μηδίσαι δ´ ἑκόντας
οἷς οὐδεὶς παρῆν βοηθῶν; Ἑξῆς δὲ τούτοις γέγραφεν ὅτι
« Τῶν ἄλλων ἐπειγομένων (866e) ἐπὶ τὸν Κολωνὸν ἀποσχισθέντες οἱ Θηβαῖοι
χεῖράς τε προέτειναν καὶ ᾖσαν ἆσσον τῶν βαρβάρων, λέγοντες τὸν ἀληθέστατον
τῶν λόγων, ὡς μηδίσειαν καὶ γῆν τε καὶ ὕδωρ ἔδοσαν βασιλεῖ, ὑπὸ δ´ ἀνάγκης
ἐχόμενοι εἰς Θερμοπύλας ἀπικέατο καὶ ἀναίτιοι εἶεν τοῦ τρώματος τοῦ
γενομένου βασιλεῖ· ταῦτα λέγοντες περιεγένοντο· εἶχον γὰρ καὶ Θεσσαλοὺς
τούτων τῶν λόγων μάρτυρας. »
Ὅρα διὰ τοσούτων ἐν βαρβάροις κραυγαῖς καὶ παμμιγέσι θορύβοις καὶ φυγαῖς
καὶ διώξεσιν ἀκουομένην δικαιολογίαν καὶ μαρτύρων ἀνάκρισιν καὶ Θεσσαλοὺς
μεταξὺ τῶν φονευομένων καὶ πατουμένων ὑπ´ (866f) ἀλλήλων παρὰ τὰ στενὰ
Θηβαίοις συνδικοῦντας, ὅτι τῆς Ἑλλάδος αὐτοὺς κρατοῦντας ἄχρι Θεσπιέων
ἔναγχος ἐξήλασαν μάχῃ περιγενόμενοι καὶ τὸν ἄρχοντα Λατταμύαν
ἀποκτείναντες. Ταῦτα γὰρ ὑπῆρχε Βοιωτοῖς τότε καὶ Θεσσαλοῖς πρὸς ἀλλήλους,
ἐπιεικὲς δὲ καὶ φιλάνθρωπον οὐδέν.
Ἀλλὰ δὴ τῶν Θεσσαλῶν μαρτυρούντων, πῶς περιεγένοντο Θηβαῖοι;
« Τοὺς μὲν αὐτῶν ἀπέκτειναν οἱ βάρβαροι προσιόντας, » ὡς αὐτὸς εἴρηκε,
| [866] (866a) Hérodote, en racontant le combat de Léonidas, en diminue la gloire,
en disant simplement qu'il périt avec tous ses soldats dans un défilé au
pied d'une colline. Mais l'action se passa autrement. Les Grecs
s'étant aperçus pendant la nuit que les ennemis les avaient enveloppés,
ils marchèrent droit au camp des Barbares et pénétrèrent jusqu'à la tente
du roi, à dessein de le tuer et de périr ensuite sur son corps. Ils
arrivèrent en effet, massacrant ou mettant en fuite tout ce qui se
rencontrait sur leur passage. Mais ayant inutilement cherché Xerxès (866b)
dans un camp d'une étendue immense, ils s'égarèrent; et, enveloppés de
tous côtés par les Barbares, ils furent avec peine accablés sous un monceau de traits.
Je rapporterai dans la Vie de Léonidas les actions de courage et les
paroles mémorables des Spartiates ; mais je veux, en attendant, en citer ici quelques
uns. Avant leur départ de Lacédémone, ils célébrèrent des jeux funèbres, en présence
même de leurs parents. Quelqu'un ayant dit à Léonidas qu'il menait bien peu de monde
à cette expédition, il répondit qu'ils étaient bien nombreux pour aller
mourir. Sa femme lui ayant demandé, comme il partait, s'il n'avait (866c)
rien à lui dire : « Mariez-vous, lui dit-il, à un homme de bien, et ayez
des enfants vertueux. » Lorsqu'aux Thermopyles il se vit enveloppé par les
Barbares, il voulut sauver deux Spartiates de sa famille. Il chargea l'un
d'une lettre pour Lacédémone ; mais il refusa la commission, en lui disant
avec colère, qu'il était venu pour combattre et non pour servir de
courrier. Il donnait à l'autre quelques avis à porter aux magistrats; il
lui répondit que c'était la fonction d'un héraut ; et prenant son
bouclier, il se mit dans les rangs.
On pourrait passer à tout autre historien de pareilles réticences. Mais un
écrivain qui a pris la peine de rapporter le trait du bassin d'Amasis,
l'histoire du voleur qui conduisit des ânes chargés d'outres pleines
de vin et qui fit boire les gardes, et plusieurs autres faits aussi
peu importants, (866d) ne peut être soupçonné d'avoir omis par négligence ou
par mépris tant de beaux exploits, tant de paroles remarquables ; c'est de
sa part injustice et mauvaise volonté. Pour en revenir aux Thébains, il
dit que s'ils combattirent d'abord avec les autres Grecs, c'est qu'ils y
furent forcés. Apparemment que, comme Xerxès, Léonidas avait aussi à sa
suite des gens armés de fouets qui obligeaient les Thébains de combattre
malgré eux. A l'entendre, ils étaient forcés de suivre les Grecs, tandis
qu'ils avaient le pouvoir de se retirer et de s'enfuir; et ils étaient
volontairement dans le parti des Perses, dont aucun cependant ne vint à
leur secours. Il dit ailleurs que les autres Grecs s'étant pressés (866e) de gagner le haut
de la colline, les Thébains se séparèrent d'eux, tendirent les mains aux Barbares,
allèrent à eux, et leur dirent avec la plus grande vérité qu'ils étaient
dans leurs intérêts, qu'ils avaient accordé à leur roi la terre et l'eau,
et que, forcés de suivre les Grecs aux Thermopyles, ils étaient innocents
de l'échec que Xerxès y avait reçu. Cette réponse, dont les Thessaliens
attestaient la vérité, satisfit le roi de Perse. Ainsi c'est au milieu des
cris d'une multitude immense de Barbares, de ces bruits confus de soldats,
qui, serrés dans un étroit défilé s'égorgeaient et se foulaient aux pieds
les uns les autres, c'est parmi tant de fuites et de déroutes, que leur
justification a été entendue et les témoins examinés, que les Thessaliens
eux-mêmes (866f) ont plaidé la cause des Thébains, qui, peu de temps
auparavant, les avaient chassés des contrées de la Grèce qu'ils avaient
soumises jusqu'à Thespies, après avoir tué leur général Lattamias.
Pouvait-il après cela y avoir entre ces deux peuples la bonne intelligence
et l'amitié que le récit d'Hérodote suppose? D'ailleurs, comment peut-il
dire que le témoignage des Thessaliens sauva les Thébains, puisque, selon
ce qu'il rapporte au même endroit, les Barbares tuèrent les premiers qui
s'approchèrent d'eux,
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