HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales - Comment on peut se louer soi-même sans s'exposer à l'envie

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[745] (745a) Οὕτω δὴ καὶ πρὸς Ἀλέξανδρον Ἀριστοτέλης οὐ μόνον ἔφη τοῖς πολλῶν κρατοῦσιν ἐξεῖναι μέγα φρονεῖν, ἀλλὰ καὶ τοῖς περὶ θεῶν δόξας ἀληθεῖς ἔχουσι. χρήσιμα δὲ καὶ πρὸς πολεμίους καὶ πρὸς ἐχθροὺς τὰ τοιαῦτα « Δυστήνων δέ τε παῖδες ἐμῷ μένει ἀντιόωσι. » Καὶ περὶ τοῦ Περσῶν βασιλέως μεγάλου δὲ καλουμένου Ἀγησίλαος « Τί δ´ ἐμοῦ γε μείζων ἐκεῖνος, εἰ μὴ καὶ δικαιότερος; » καὶ πρὸς τοὺς Λακεδαιμονίους τῶν Θηβαίων κατηγοροῦντας Ἐπαμεινώνδας « Ἡμεῖς μέντοι ὑμᾶς βραχυλογοῦντας ἐπαύσαμεν. » Ἀλλὰ ταῦτα μὲν πρὸς ἐχθροὺς (745b) καὶ πολεμίους· τῶν δὲ φίλων καὶ πολιτῶν οὐ μόνον ἔστι τοὺς θρασυνομένους καταστορέσαι καὶ ποιῆσαι ταπεινοτέρους, ἀλλὰ καὶ τοὺς περιφόβους καὶ καταπλῆγας ἐξᾶραι πάλιν καὶ παρορμῆσαι χρησάμενον ἐν δέοντι μεγαλαυχίᾳ. Καὶ γὰρ Κῦρος παρὰ τὰ δεινὰ καὶ τὰς μάχας « Ἐμεγαληγόρει ἄλλοτε δ´ οὐ μεγαλήγορος ἦν » καὶ Ἀντίγονος δεύτερος τἄλλα μὲν ἦν ἄτυφος καὶ μέτριος, ἐν δὲ τῇ περὶ Κῶ ναυμαχίᾳ τῶν φίλων τινὸς εἰπόντος « Οὐχ ὁρᾷς, ὅσῳ πλείους εἰσὶν αἱ πολέμιαι νῆες; » « Ἐμὲ δέ γ´ αὐτόν » εἶπε « πρὸς πόσας ἀντιτάττετε; » καὶ τοῦτο δ´ ἔοικε συνιδεῖν Ὅμηρος· τὸν γὰρ Ὀδυσσέα πεποίηκεν ἀποδειλιώντων (745c) τῶν ἑταίρων πρὸς τὸν ψόφον καὶ κλύδωνα τὸν περὶ τὴν Χάρυβδιν ἀναμιμνήσκοντα τῆς αὑτοῦ δεινότητος καὶ ἀνδρείας· « οὐ μὴν τόδε μεῖζον (οἱ) κακὸν ὅτε Κύκλωψ εἴλει ἐνὶ σπῆι γλαφυρῷ κρατερῇ γε βίῃφι· ἀλλὰ καὶ ἔνθεν ἐμῇ ἀρετῇ βουλῇ τε νόῳ τε ἐκφύγομεν. » Οὐ γάρ ἐστι δημαγωγοῦντος οὐδὲ σοφιστιῶντος τοιοῦτος ἔπαινος οὐδὲ κρότον οὐδὲ ποππυσμὸν αἰτοῦντος, ἀλλὰ τὴν ἀρετὴν καὶ τὴν ἐπιστήμην ἐνέχυρον τοῦ θαρρεῖν τοῖς φίλοις διδόντος. Μέγα γὰρ ἐν καιροῖς ἐπισφαλέσι πρὸς σωτηρίαν (745d) δόξα καὶ πίστις ἀνδρὸς ἡγεμονικὴν ἐμπειρίαν καὶ δύναμιν ἔχοντος. Ὅτι μὲν οὖν τὸ πρὸς ἔπαινον ἀλλότριον καὶ δόξαν ἀντιπαραβάλλειν ἑαυτὸν ἥκιστα πολιτικόν, εἴρηται πρότερον· οὐ μὴν ἀλλ´ ὅπου βλάπτει καὶ διαφθείρει ζῆλον ἐμποιῶν πρὸς τὰ φαῦλα καὶ προαίρεσιν πονηρὰν ἐν πράγμασι μεγάλοις ἡμαρτημένος ἔπαινος, οὐκ ἄχρηστόν ἐστιν ἐκκροῦσαι μᾶλλον δ´ ἀποστρέψαι τὸν ἀκροατὴν ἐπὶ τὰ κρείττω τὴν διαφορὰν ἐνδεικνύμενον. Ἀγαπήσειε γὰρ ἄν τις οἶμαι λοιδορουμένης κακίας καὶ ψεγομένης ἐθέλοντας ἀπέχεσθαι τοὺς πολλοὺς ὁρῶν· εἰ δὲ προσλάβοι δόξαν κακία (745e) καὶ τῷ καθ´ ἡδονὰς αὐτῆς πλεονεξίας ἄγοντι προσγένοιτο τιμὴ καὶ τὸ εὐδοκιμεῖν, οὐκ ἔστιν εὐτυχὴς οὕτως οὐδ´ ἰσχυρὰ φύσις, ἧς οὐκ ἂν κρατήσειε. Διὸ δεῖ μὴ τοῖς τῶν ἀνθρώπων ἐπαίνοις, ἀλλὰ τοῖς τῶν πραγμάτων, ἄνπερ φαῦλα, πολεμεῖν τὸν πολιτικόν· οὗτοι γὰρ διαστρέφουσι καὶ τούτοις τὸ μιμεῖσθαι τὰ αἰσχρὰ καὶ ζηλοῦν ὡς καλὰ συνεισέρχεται. Μάλιστα δ´ ἐξελέγχονται τοῖς ἀληθινοῖς παρατιθεμένοις· οἷον τῶν τραγῳδιῶν ὑποκριτὴς Θεόδωρος εἰπεῖν ποτε πρὸς τὸν κωμικὸν λέγεται Σάτυρον, ὡς οὐ θαυμαστόν ἐστι τὸ γελᾶν ποιεῖν τοὺς θεατὰς ἀλλὰ τὸ δακρύειν καὶ κλαίειν· (745f) ἂν δέ γ´ οἶμαι πρὸς τοῦτον αὐτὸν εἴπῃ φιλόσοφος ἀνήρ « ἀλλ´ οὐ τὸ ποιεῖν, βέλτιστε, κλαίειν καὶ δακρύειν, τὸ δὲ παύειν λυπουμένους καὶ κλαίοντας σεμνόν ἐστιν, » ἐπαινῶν ἑαυτὸν ὠφελεῖ τὸν ἀκούοντα καὶ μετατίθησι τὴν κρίσιν. Οὕτως καὶ Ζήνων. Πρὸς τὸ πλῆθος τῶν Θεοφράστου μαθητῶν « ἐκείνου χορός » ἔφη « μείζων, οὑμὸς δὲ συμφωνότερος. » [745] (745a) Ainsi, Aristote écrivait à Alexandre que les maîtres d'un vaste empire n'avaient pas seuls le droit de se croire grands ; que tout homme qui avait des idées pures sur la divinité le pouvait à aussi juste titre. Cette manière de parler convient surtout vis-à-vis des ennemis et des gens malintentionnés. "Ceux qui, dans les combats, s'offrent à ma valeur, Coûtent, par leur trépas, des larmes à leurs proches". On appelait devant Agésilas le roi de Perse le grand roi : « En quoi, dit-il, serait-il plus grand que moi, s'il n'est pas plus juste? » Épaminondas dit un jour aux Spartiates, qui faisaient beaucoup de reproches aux Thébains : « Nous vous avons au moins fait perdre votre laconisme. » C'est surtout à des ennemis, je le répète, qu'on doit parler ainsi. Quelquefois aussi (745b) on peut prendre un ton de confiance à l'égard de ses amis ou de ses concitoyens, soit pour les rabaisser lorsqu'ils affectent des manières hautaines, soit pour les encourager et les animer quand ils s'abandonnent à une crainte pusillanime. Cyrus, partout ailleurs si modeste, parlait avec beaucoup de fierté au milieu des armées et des périls de la guerre. Antigonus, second du nom, était naturellement doux et modéré. Mais, dans le combat naval qu'il livra auprès de l'île de Cos, un de ses officiers lui ayant fait observer combien le nombre des vaisseaux ennemis était supérieur à celui des siens, « Eh! pour combien de vaisseaux me comptez-vous? » lui dit-il. C'est ce qu'Homère entendait parfaitement. Lorsque Ulysse voit ses compagnons (745c) effrayés du bruit et de l'agitation des vagues, auprès du gouffre de Charybde, il leur rappelle son industrie et son courage : "Vous n'êtes pas réduits à ce péril extrème Dont menaçait vos jours le géant Polypbème. Mon courage et ma ruse ont su vous en tirer". Ces louanges ne sont pas celles d'un flatteur, d'un sophiste qui mendie des applaudissements, mais d'un homme qui, par là, donne à ses amis un gage de la confiance que sa vertu et sa capacité doivent leur inspirer. Rien ne contribue davantage au salut (745d) des troupes dans des occasions périlleuses, que l'opinion qu'elles ont de l'expérience et de la valeur de leur général. Nous avons déja dit qu'il n'était pas convenable à un homme en place de contredire les louanges qu'il entend donner à d'autres. Cependant, lorsqu'elles sont capables de nuire et d'inspirer une funeste émulation de mal faire dans des choses importantes, il est à propos de les réfuter, ou plutôt de porter l'attention des auditeurs sur de meilleurs objets, et de leur en faire sentir la différence. Ce qu'on peut, ce me semble, desirer de mieux, c'est que les hommes s'abstiennent du vice quand ils le voient blâmer. Mais s'il est loué hautement, (745e) si, outre le plaisir et les avantages qu'il procure, il obtient encore la gloire et l'estime, il n'est pas de naturel si heureux et si ferme dans le bien qui puisse lui résister. C'est donc moins aux louanges qu'on donne aux personnes, qu'un homme d'État doit faire la guerre, qu'à celles qu'on donne aux choses lorsqu'elles portent sur des objets dangereux. Les louanges perverses corrompent les mœurs, et, en faisant passer pour bonnes des actions mauvaises, elles portent à les imiter. On les fait reconnaître pour ce qu'elles sont en opposant à l'éloge qui vient d'en être fait des louanges bien fondées. Théodore, l'auteur tragique disait un jour à un auteur comique nommé Satyre qu'il y avait bien plus de mérite à faire pleurer les spectateurs qu'à les faire rire. (745f) Mais un philosophe aurait pu dire à Théodore : Mon ami, ce n'est pas une grande merveille que de faire pleurer les spectateurs; ce qui vaut mieux, c'est de les délivrer de la tristesse et du chagrin qu'ils ont. Un homme qui se louerait lui-même de cette manière rendrait service à ses auditeurs, en redressant leur jugement. Ainsi Zénon disait du grand nombre de disciples qu'avait Théophraste : « Son auditoire est plus nombreux, et le mien est plus d'accord. »


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Dernière mise à jour : 16/07/2008